footloose + leandro

Sven regardait au loin, le regard dans le vide. Il réfléchissait, les airs de Mozart, Chopin, Beethoven ou encore Wagner traversant sa tête et l’emmenant dans une valse enivrante. Il aime réfléchir dans des endroits insolites pour un travail comme le sien, qui dans l’esprit des plus cartésiens doit se pratiquer sur un bureau, chez soi. Ou pour les plus idéalistes dans une rédaction affolée par les bruits de téléphones et de sonneries. Mais ce n’est pas comme ça qu’il aime travailler et qu’il imagine son job. Il ne fait pas que donner son avis sur un film en y laissant quelques références pointues par ci par là. Non ! Il va plus loin, il est presque dans le film, il replonge dedans, même si celui-ci ne lui a pas plut. Cela lui permet, selon lui, d’être au plus prêt de la réalité cinématographique. Il vient tout juste de voir un film sur le sport, il écrit donc dans un stade son premier jet, sur un carnet abîmé qu’il traîne partout avec lui. Quelques personnes s’entraînent sur le terrain, il les regarde parfois, écrit quelques mots, repense à autre chose. Si le lieu, l’atmosphère et les gens changent, la musique reste pareil à celui qui l’écoute. Du classique, connu pour la plupart, bien que Sven s’y connaisse très bien en musique dite « classique » (terme qu’il trouve inapproprié sachant que le classique n’est qu’une période tout comme le baroque ou le romantisme et non un style à part entière). Il retire ses écouteurs et revient au monde réel. Il a besoin d’en savoir plus sur la soif de victoire, le dépassement de soi qu’éprouve et veulent les sportifs, lui même n’étant pas érudit de sport. Il se lève donc et se dirige vers le bord du terrain pour avoir une petite entrevue avec l’un des sportifs.

Cours, ne t'arrête pas. Contrôle ta respiration, soit maître de ton corps. Dépasse toi, n'abandonne pas ! Mets toutes tes préoccupations de côté, ne pense plus à rien sauf à toi. Ce moment est le tien. La piste est l'image de l'infini, sur lequel chaque coureur découpe sa distance favorite. Chaussures au pieds, musique dans les oreilles rien de mieux pour commencer la journée. Tout oublier, mettre de côté ce retour à la surface de Lee-Lou. Il faut dire qu'elle me trouble, je ne sais quoi penser. Bref aujourd'hui c'est ma journée. Je ne la gâcherais pas pour elle. Le sport, mon seul moyen d'évasion. Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre. Voilà ce qui m'attire dans le sport. Cette rage de vaincre, faire toujours mieux que les autres, me surpasser... Quand arrivé au milieu de piste. Inconsciemment, mon regard se lève. Un homme, assis là bas. Un inconnu, je n'ai jamais vu cet individu auparavant. Écrivant tout en nous regardant. Un recruteur ? Je ne sais pas ! Cependant, si c'est ce que je pense, je me dois de mettre toutes les chances de mon côté pour être repéré. Accélérer, contrôler ma respiration, me donner à fond. Quand soudain, ce mystérieux homme avance dans notre direction. Ma bouteille d'eau positionné à côté de lui. Bonne raison de l'approcher. Il fallait que je saches ce qu'il venait faire ici. J’avançais en marchant vers lui, attrapa ma bouteille d'eau, bu une gorgée. Les écouteurs enlevé des oreilles, la musique coupé. « Alors, vous vous intéressez au sport ? » Appuyé contre la barrière de séparation, buvant une autre gorgée. Je l'avais reconnu, c'était Sven Soderblom, le critique cinéma de Bowen. Que vient-il faire ici ? Je comptais le savoir .

Il voit un type qui s’approche de lui. Sven profite qu’il ne soit pas encore trop prêt pour sortir une cigarette et l’allumer. S’il a une détermination hors pair il n’a jamais réussi à arrêter la cigarette, ou l’alcool. Il a toujours un verre à côté de lui lorsqu’il écrit chez lui. Soit du cognac, du scotch, du whisky, un alcool fort qui a du caractère comme on dit. Il a déjà essayé d’arrêter de fumer, mais il n’a jamais réussi à arrêter sa consommation, même s’il fume moins. Il lève la tête pour recracher la fumée et son regard se dirige à nouveau sur l’homme qui s’avance vers lui. Celui-ci prend sa bouteille et lui demande Si Sven s’intéresse au sport. Le suédois l’observe, il tente de le percer. Il ne parle pas beaucoup en général, il préfère regarder, observer, remarquer, mais il ne peut pas ne pas répondre à sa question. Surtout qu’il va sûrement devoir l’interroger sur le sport. « dans un sens oui… » il ne compte pas lui ressortir toute l’histoire, bien qu’assez courte, du pourquoi il est ici. « je souhaiterais savoir si vous vouliez bien m’accorder un moment pour répondre à quelques questions. »

« dans un sens oui… ». Il n’avait pas l’air très bavard. Le genre d’hommes qui n’étalaient pas leurs vies au premier inconnu. Je ne vais pas m’attarder sur ce sujet. Rester silencieux, c’était l’une des meilleures solutions. J'étais assez curieux de savoir que nous valaient sa présence et pourquoi s'intéressait-il au sport ? Je buvais une énième gorgée après cet ébat sportif. « je souhaiterais savoir si vous vouliez bien m’accorder un moment pour répondre à quelques questions. » Une occasion comme celle-ci ne se présente qu’une seule fois. «Bien sûr,  j’ai tout mon temps je viens de finir mon entraînement. » C’est peut-être le jour où mon rêve se réalisera. J’allais peut être me faire connaître en tant que grand sportif. Qui sait ? Je vais peut-être enfin vivre de ma passion. Finis de rêver, il faut passer à l’action. Ne pas laisser cette occasion s’en aller. « Installons-nous sur les gradins, nous serons plus au calme. » Je prenais ma bouteille et partais en direction des gradins tout en regardant si Mr Soderblom me suivais. « Je vous écoute. » Dis-je en le regardant tout en espérant que ces questions reste du côté sportif et non intime. J'ai cette réputation de dragueur qui me colle à la peau. J'espère  qu'il n'en fera pas allusion. J'attendais avec impatience qu'il me dise pourquoi il est venu ici et j'attendais également ses questions. Je suis de nature curieux et impatient. C'est plus fort que moi.

Sven tire à nouveau sur sa cigarette tout en regardant le jeune homme. Il accepte de répondre à ses questions, il lui propose ensuite d’aller s’asseoir sur les gradins pour être plus au calme. Une idée qui ne déplaisait pas au suédois. Il aimait les endroits posés où l’on peut réfléchir et où on n’est pas dérangé toutes les trente secondes. Il ne comptait pas accaparer le sportif trop longtemps, juste quelques questions toutes simples et il s’en ira. Sven le suit jusqu’au gradins où ils s’assirent. Le jeune homme sortit son carnet ainsi qu’un stylo, nota deux trois mots puis releva son regard vers le sportif. Il finit sa cigarette puis l’écrasa et en profita pour réfléchir à sa première question. « y’a-t-il autre chose que le fait de vouloir vous maintenir en forme qui vous pousse à pratiquer une activité sportive ? » il est vrai que la plupart des personnes font du sport pour maigrir ou garder la ligne, mais ça l’intéressait de savoir s’il y avait plus que ça ou non.