these are the hands of fate + papanoël

This slope is treacherous and I like it ▬ « Je suis sure que tu serais sexy en robe noire de deuil. » Je levai les yeux au ciel, prenant un faux air indigné. Je me demandais toujours s'il était sérieux, lorsqu'il me taquinait. Est-ce qu'il me trouvait réellement "sexy" ou est-ce qu'il disait ça pour meubler ? Je le regardais terminer sa cigarette sans rien dire, le trouvant toujours aussi séduisant malgré moi. J'avais beau me dire intérieurement que fumer n'était pas bien et que s'encrasser les poumons n'avait rien de charmant, rien n'y faisait : Noël, cigarette au bec, me plaisait. Il avait un petit côté bad boy que j'aimais bien. Au moins, lui, il menait sa vie comme il le voulait et il ne se laissait pas faire par ses parents... Tout le contraire de moi. Puis je m'excusais de sa rupture avec Hendley, non seulement pour m'occuper l'esprit mais aussi parce que j'étais réellement désolée. « Arrête de toujours t'en vouloir, t'y es pour rien... À moins que ce soit toi qui ait supplié tes parents de m'épouser, ce qui ne serait pas étonnant vu le bel étalon que je suis ! » Je me mis à rire, lui lançant un regard faussement méprisant. « C'est ça, ouais... Dans tes rêves. » La bonne humeur semblait revenue et j'en étais ravie. Je n'avais pas envie de passer la soirée à essayer de combler les silences gênants... « C'est vraiment pas de ta faute, et si j'entend encore une phrase à propos de ce sujet, je te clous le bec. » Me clouer le bec, vraiment ? « Je serais curieuse de voir ça, tiens... Tu t'y prendrais comment, exactement ? » Bon, en réalité, je ne doutais pas qu'il parvienne à me faire taire... Ce serait même facile. Je n'étais pas très combative, de toute façon. « J'aime bien ton idée. Et puis il me faudra pas longtemps pour te prouver que je suis un homme indigne, ce sera même trop facile. » Je haussai les épaules, peu convaincue. Devenir Madame Noël Wanderbrooke ne devait pas être si terrible que cela, après tout... Je connaissais plutôt bien Noël. Et ce n'était pas un homme indigne. Fêtard, peut-être. Coureur de jupons aussi. Mais cela ne serait pas suffisant pour demander le divorce. Il me tendit son bras, auquel je m'accrochai sans attendre, et nous regagnions le salon. Après avoir choisi ce que nous voulions manger, j'attrapai le téléphone pour passer commande. « Livraison prévue dans trente minutes », déclarai-je en raccrochant. Puis je lui adressai un sourire. « Tu veux boire quelque chose ? » Je parlais de quelque chose d'alcoolisé, évidemment. Je doutais qu'il veuille rester au jus d'orange toute la soirée et même si je ne tenais pas à ce qu'il se prenne une cuite (qui sait ce qu'il se passerait, cette fois-ci ?), il pouvait très bien boire un ou deux verres sans finir ivre mort. « Je t'accompagne, si tu veux ! » Je venais vraiment de lui proposer de boire un verre avec lui ? Je n'arrivais pas à y croire. Mon Dieu... Cela dit, un verre n'allait pas me tuer. J'en avais bu un avec Aléna, quelques semaines plus tôt, et j'avais gardé tous mes moyens. Boire de l'alcool n'était pas interdit, il fallait simplement connaître ses limites pour ne pas finir par faire n'importe quoi... Comme coucher avec quelqu'un et finir enceinte, par exemple.

This slope is treacherous and I like it ▬ Bien évidemment, Noël accepta ma proposition. De toute façon, je ne crois pas qu'il puisse refuser un verre à qui que ce soit... Je lui adressai un sourire lorsqu'il me dit que ce n'était pas à lui de décider si je devais boire ou non. Il était mignon. « Ce n'était pas vraiment une question. C'était rhétorique. Une manière habile de te faire comprendre que j'avais envie de boire, quoi. » L'expression amusée et le sourire collé aux lèvres, je m'éclipsai vers la cave de mon père pour y chercher une bouteille. Je n'y connaissais tellement rien que j'étais paumée... Pour moi, elles se valaient toutes. J'attrapai finalement une bouteille de vin blanc et regagnai le salon pour la présenter à Noël après avoir pris deux verres dans le vaisselier. « Ça te va, ça ? » Ma mère en buvait toujours quand ses amies venaient dîner à la maison. Je supposais donc que ce n'était pas très fort - et que je pourrai en boire sans risque. « Si tu veux quelque chose de plus fort, ne te gêne pas », ajoutai-je alors. Il était bien plus habitué à l'alcool que moi, il avait peut-être envie de quelque chose de plus alcoolisé. « Pourquoi une soudaine envie de boire de l'alcool ? » Je posai mes yeux sur lui, haussant doucement les épaules. « J'en sais rien... Je suppose que j'en ai marre de jouer les petites filles modèles à longueur de temps. » Autrement dit, j'en avais marre de me priver de tout pour faire plaisir à mes parents. Et j'avais compris, notamment grâce à Aléna, que l'acool n'était pas forcément mauvais... Il suffisait de ne pas en abuser.

Après avoir essayé d'ouvrir cette foutue bouteille quatre fois de suite, je déclarais forfait. Comment mon père faisait-il pour y arriver aussi facilement ? C'était complètement dingue. Prenant mon air embêté le plus adorable dans l'espoir de le faire craquer, je levai les yeux vers Noël et plantai mon regard dans le sien. « Tu peux le faire, s'il te plait ? » J'espérais qu'il y arriverait mieux que moi. Il avait intérêt, d'ailleurs, sans quoi nous serions incapable de boire du vin lorsque nous serions mariés... « Je te préviens, la seule fois où j'ai bu de l'alcool, j'ai couché avec un inconnu et je me suis retrouvée en cloque... Alors fais gaffe à toi ! », dis-je avec un sourire amusé au coin des lèvres. J'ignorais comment je parvenais à plaisanter avec ce sujet-là... Peut-être que le tourner en dérision m'empêcher de m'effondrer de pleurer toutes les larmes de mon corps. Peut-être que j'avais besoin de relativiser et de me dire qu'au fond, ce n'était pas si grave. Et même si ça l'était, la vie continuait et je devais arrêter de me torturer l'esprit inutilement. Le passé était le passé. Je devais vivre le présent et me concentrer sur l'avenir sans regarder en arrière. C'était le seul moyen d'avance.

This slope is treacherous and I like it ▬ Je n'avais pas l'intention de prendre l'habitude d'aller chercher à boire dans la réserve de mes parents. En fait, je n'avais pas l'intention de me boire mettre à boire... Je voulais juste profiter un peu de cette soirée, voilà tout. Je savais très bien que mon côté "petite fille modèle" reprendrait vite le dessus et que je regretterais probablement d'avoir ouvert cette bouteille, mais pour une fois, je voulais profiter de l'instant présent sans penser aux conséquences. Noël ouvrit la bouteille d'un geste plus qu'habile et je lui lançai un regard impressionné. « Wow. Impressionnant. T'es né avec une bouteille à la main ? », plaisantai-je. C'est vrai, il faisait cela avec tellement d'aisance qu'on aurait pu croire qu'il avait passé sa vie à déboucher des bouteilles... Ce qui ne devait pas être très loin de la vérité, en fait. Je savais qu'il adorait boire et qu'il ne se gênait pas pour cela. Il nous servit deux verres et je pris le mien en souriant, priant intérieurement pour que mes parents ne débarquent pas à ce moment là. Quoi que boire un verre de vin n'était pas si dramatique... Ma mère le faisait de temps en temps, après tout. « Que tu es bête ! Puis à mon avis mes spermatozoïde sont tellement alcoolisé qu'ils seraient incapable de trouver le bon chemin et d'arriver au bout. » Mes yeux se posèrent sur lui alors que je levai les sourcils, prenant un air étonné. Je lui avais dit de faire attention que je ne lui saute pas dessus malgré moi et lui, il répondait en me parlant de ses spermatozoïdes... Comme s'il comptait me laisser faire si je tentais quoi que ce soit. « Tu es en train de me dire que si je cherchais à abuser de toi, tu te laisserais faire sans broncher ? » Mes yeux étaient toujours fixés sur lui et je faisais mon possible pour garder mon sérieux. Finalement, j'éclatai de rire. Je voulais juste le taquiner un peu... Comme d'habitude. « Relax, je plaisante. De toute façon, je ne tenterai rien avec toi. Même si j'étais super bourrée ! » Bon, là, je m'avançais un peu trop... Je n'en savais rien. Si j'avais été capable de m'abandonner dans les bras d'un garçon que je connaissais à peine quelques années plus tôt, qu'est-ce qui me garantissait que je ne recommencerais pas avec Noël ? Cela dit, je ne comptais pas boire plus que de raison. J'allais juste avaler un verre et je garderai les esprits clairs. Enfin, plus ou moins clair... Je n'avais toujours pas oublié que, pour une obscure raison, mes lèvres s'étaient posées contre celles de mon presque mari quelques minutes plus tôt. Je levai finalement mon verre, hochant la tête lorsqu'il décida de trinquer à notre mariage annulé. Il ne l'était pas encore mais si nous commencions à baisser les bras, nous n'étions pas sortis de l'auberge... « À notre mariage annulé », répétai-je avant de porter mon verre à mes lèvres pour en avaler une petite gorgée. À peine le vin eut-il pénétrer dans ma gorge que je grimaçai malgré moi. Ce n'était pas un alcool fort, peut-être, mais ce n'était pas super bon pour autant... Je ne fis aucun commentaire, cependant. Je n'avais pas envie que Noël se moque de moi et de mon inexpérience en matière d'alcool. J'ingurgitai une autre gorgée pour essayer me familiariser avec le goût du vin blanc, tout en pensant à ce que l'avenir nous réserverait. Je dois avouer qu'à force de passer du temps avec Noël, je commençais à vraiment l'apprécier. Je l'avais toujours bien aimé, nous étions amis depuis le jardin d'enfants et nos parents se connaissaient depuis toujours... Mais nous nous étions peu à peu perdus de vue. Cette proximité soudaine avait ravivé notre amitié et à présent, je dois dire que l'idée de l'épouser n'était plus si horrible. C'était un garçon bien. Gentil, drôle, plutôt intelligent... Et drôlement séduisant, je le reconnaissais sans mal. Toutes les filles de Bowen m'envieraient s'il finissait par me passer la bague au doigt. Lâchant un soupir, je posai les yeux sur mon verre. L'alcool me faisait délirer. Nous n'allions pas nous marier. Nous recherchions activement une solution pour éviter que ces noces ne se concrétisent et voilà que je me plaisais à m'imaginer ma vie de femme mariée... N'importe quoi. Je ne voulais pas me marier. Et surtout pas avec Noël. Je ne devais pas me laisser embobiner par mes parents. Ni par l'alcool. Ni par quoi que ce soit d'autres, d'ailleurs. Nous n'étions pas amoureux. Il avait Hendley. Nous devions trouver une solution pour nous sortir de tout cela. Point à la ligne. « Ça te dérangerait tant que ça de m'épouser ? » J'avais sorti cela sans vraiment m'y attendre. Comme si mes pensées avaient pris le dessus et que mon cerveau n'avait rien pu contrôler. Pourtant, je ne me sentais pas honteuse. Cette fois-ci, je ne me confondrai pas en excuses et je ne rougirai pas. C'était une question on ne peut plus sérieuse, même si elle était déroutante et inattendue. Et même si je connaissais déjà la réponse. Évidemment que cela le dérangerait ! J'étais Maybelle Goodwin. Une fille sympa et rigolote, la bonne copine à qui on peut se confier... Mais certainement pas celle dont on tombe amoureux ou qu'on épouse. Une girl next door par excellence. Décidant d'affronter le regard de Noël, je posai à nouveau les yeux sur lui, scrutant son visage avec attention. Mon expression était neutre. Je ne plaisantais pas mais je n'étais pas accablée pour autant. J'attendais juste une réponse honnête.

This slope is treacherous and I like it ▬ Comme je l'avais prédit, mon charmant fiancé me balança en pleine figure que je l'avais embrassé quelques instants plus tôt, se perdant dans une théorie complètement bidon selon laquelle j'étais incapable de résister à ses charmes. Quoi qu'au final, ce n'était peut-être pas si bidon que cela... Seulement, il était hors de question que je m'avoue à moi-même que Noël me plaisait - et encore plus hors de question de le lui dire à lui. Pour toute réponse, donc, je me contentais de lever les yeux au ciel. Comme à chaque fois qu'il jouait le garçon ultra-prétentieux et un brin mégalo. « Non mais de toute façon, même si tu te jetais sur moi, je ne te laisserais pas me violer. Parce que déjà tu le regretteras, mais surtout parce que tout ça, c'est mal sain.... Mal sain avant le mariage ! » J'esquissai un léger sourire. Mes parents m'avaient éduquée dans l'idée que commettre le péché de chair avant le mariage était une terrible erreur. J'ignorais si j'étais d'accord ou non mais je savais que je ne voulais pas me jeter dans les bras du premier venu juste pour me débarrasser de ma virginité... Enfin, pseudo virginité. Même si j'étais heureuse qu'Arthur soit entré dans ma vie, je regrettais d'avoir vécu ma première fois de cette façon... Je refusais que ma "deuxième première expérience" se passe dans des circonstances similaires. Je voulais prendre mon temps, attendre la bonne personne. Ce n'était pas forcément pas croyances religieuses, mais pour par peur. Je redoutais le moment où je devrais me donner à un garçon plus que tout au monde. Je mourrais d'envie de répondre à Noël que même quand nous serions mariés - si nous finissions par nous marier, ce qui n'était pas tout à fait sûr -, il aurait bien mieux à faire que de passer ses nuits en ma compagnie. Qu'il y aurait probablement des filles bien plus jolies et beaucoup moins ennuyantes qui se presseraient à sa porte (Hendley en tête) et que le fait que nous portions le même nom ne changerait rien. J'étais persuadée que je n'étais pas désirable. Non seulement pour Noël mais également aux yeux de tous les garçons de cette bonne vieille Terre. Seulement, j'étais incapable de le dire à voix haute. Je n'aimais pas parler de sexe, que ce soit de près ou de loin. Ce n'était pas tabou mais j'étais gênée dès qu'on évoquait le sujet sérieusement. En grande partie parce que j'étais inexpérimentée malgré mes vingt ans - et que cela me complexait un peu. Puis, sans trop savoir pourquoi ni comment, je lui posais cette question sortie de nulle part et totalement inattendue, comme si j'espérais secrètement qu'il m'annonce qu'il serait ravi de m'épouser. Ça te dérangerait tant que ça de m'épouser ? J'ignorais le genre de réponse que je cherchais. J'ignorais ce que je voulais entendre, j'ignorais même ce que cette question voulait réellement dire... Peut-être était-ce mon estime de soi proche du zéro pointé qui ressortait. Sûrement, même. J'avais probablement besoin qu'il me rassure, qu'il me dise que son désir de ne pas m'épouser n'avait rien de personnel et que je ne le dégoûtais pas totalement. Ou peut-être pas. « Je pense pas que ce sera horrible. Je pense pas que ça va changer quelque chose à ce qu'on est . Enfin, tu vivras avec moi, tu pourras profiter de ta vie à fond. » Je fronçai un peu les sourcils. Croyait-il vraiment en ce qu'il disait ? Même mariée avec lui, je n'en profiterai pas pour faire n'importe quoi. Profiter de ma vie à fond ? Ce n'était pas pour moi. Je n'allais pas me mettre à sortir, ni même à boire de l'alcool régulièrement. Et encore moins à sortir avec des garçons. C'était peut-être idiot, mais mariée de force ou non, je comptais honorer mon rôle d'épouse. Peu importe que je sois amoureuse ou non. « Enfin May... je ... suis perdu. Et si je n'ai rien déballé à mes parents sur toi, c'est que je suis prêt à me marier avec .. toi. » Je pris quelques secondes pour imprimer ce qu'il venait de dire. Il était perdu. Et prêt à se marier avec moi. Wow. Je ne savais pas vraiment quoi répondre à cela. Moi aussi, j'étais perdue. J'étais incapable de mettre des mots sur ce que je ressentais réellement pour Noël. « Le grand, beau et fort Noël Wanderbrooke serait-il en train de tomber sous mon charme - qui est ravageur, soit dit en passant ? » L'humour pour dédramatiser, encore et toujours. Cela dit, j'étais perturbée par ce qu'il avait dit. Et je ne savais pas comment interpréter son discours. Cela voulait-il dire qu'il était perdu entre Hendley et moi ? Non, impossible. C'était probablement par rapport à nos parents, qu'il disait cela. Il devait être perdu entre son envie de ne pas m'épouser et le désir de mariage de ses parents. Oui, c'était ça. Quoi d'autre, de toute façon ? Je ne pouvais pas rivaliser avec Hendley. Je levai les yeux vers lui, plantant mon regard dans le sien. Et une fois de plus, je restais à le regarder sans rien dire, me perdant dans ses yeux absolument magnifiques. Je n'avais jamais vraiment remarqué que son regard était si beau, allez savoir pourquoi. Si j'écoutais mon instinct, je poserais une nouvelle fois mes lèvres sur les siennes. Mais j'avais bien trop peur des conséquences de mes actes pour le faire sans réfléchir. Je devais arrêter de divaguer comme cela... C'était ridicule. « On va trouver une solution. Et tu retrouveras Hendley. Et tu te marieras avec elle parce que vous êtes faits l'un pour l'autre. Et je serai super contente pour toi. » J'avais beau afficher un sourire de circonstance, prononcer ces quelques phrases m'avait coûté un bras. C'était comme si les mots se coinçaient à l'entrée de ma gorge ; les faire sortir de ma bouche était douloureux et sans trop savoir pourquoi, mon cœur s'était compressé à l'idée de voir Hendley porter ma robe de mariée. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond chez moi. Je ne pouvais pas être en train de tomber amoureux de Noël. C'était impossible. Je n'en avais pas le droit. Ma vie sentimentale était déjà bien assez chaotique comme cela, pas besoin d'en rajouter en ayant le béguin pour mon hypothétique futur mari... Cette pensée me fit sourire amèrement. Depuis quand une jeune fille devait-elle s'en vouloir d'avoir des sentiments envers son fiancé ? « Bon... Il arrive quand, le livreur ? J'ai super faim, moi ! », lâchai-je soudainement pour essayer de masquer mon embarras. Je devais être rouge comme une pivoine à cause de toutes ces pensées parasites qui interféraient dans mon cerveau. Des sentiments pour Noël... Et puis quoi encore ? Ding dong. La nourriture, enfin ! Je me précipitai vers la porte d'entrée pour prendre notre commande et la régler. Manger me ferait du bien. Au moins, j'aurais l'esprit occupé. Et la bouche aussi. Ce qui m'empêcherait d'embrasser Noël par mégarde une fois de plus. Revenant dans l'entrée avec un sac chargé de bonnes choses, je posai le tout sur la table basse. « À table ! »

This slope is treacherous and I like it ▬ « Sincérement, tu penses qu'Hendley et moi,on est fait l'un pour l'autre ? » Après une courte réflexion, je haussais les épaules. S'ils étaient faits l'un pour l'autre ? Je n'en avais aucune idée. Peut-être, oui. Ou peut-être pas. Je savais simplement que d'après ce qu'il me disait, Noël était amoureux d'elle. Mais j'ignorais s'ils étaient faits pour être ensemble ou non. « J'en sais rien, Noël. Mais si vous êtes faits l'un pour l'autre, je suppose que vous finirez ensemble quoi qu'il arrive. » J'esquissais un petit sourire, même si je n'étais pas totalement certaine de ce que j'avançais. J'étais sûre (ou presque sûre) que Nicholas était mon âme sœur, le garçon pour lequel j'étais faite. Et pourtant, j'étais tout aussi persuadée que nous nous finirions jamais ensemble.

Heureusement pour nous, le livreur nous apporta enfin de quoi nous rassasier et le repas m'empêcha de penser. J'essayais de me concentrer sur la nourriture qui se trouvait devant moi, d'échanger quelques banalités avec Noël pour nous éviter de tomber dans une discussion trop profonde - ou déprimante. Le repas se passa sans encombre et, après avoir rempli notre estomac, je proposais à Noël de rester avec moi pour regarder un film. Je n'avais pas envie d'être seule en attendant le retour de mes parents et pour une raison qui m'échappait, sa présence me rassurait. « Comme je suis sympa, je t'épargne les films de filles », dis-je joyeusement en me penchant vers le meuble de DVD pour trouver un film qui nous conviendrait à tous les deux. Finalement, mon choix se porta sur Retour Vers Le Futur. C'était marrant, pas prise de tête et généralement, les garçons adoraient autant que moi. « Popcorn ? » Je n'attendis pas sa réponse et filai dans la cuisine pour préparer un énorme saladier de popcorns. L'espace d'une seconde, je m'imaginais que ce serait sûrement le genre de soirée que l'on passerait tous les deux si l'on finissait par s'unir pour le meilleur et pour le pire... Et ce n'était pas si mal. « C'est parti ! », fis-je en revenant dans le salon après avoir posé les popcorns sur la table basse. Une fois le film lancé, je pris place sur le canapé, près de Noël. Après trois quarts d'heure, le sommeil se fit sentir et sans réellement m'en rendre compte, je tombais dans les bras de Morphée... Et sur l'épaule de Noël, par la même occasion. C'est fou comme on peut s'endormir rapidement sans s'en apercevoir...

La porte qui claque un peu. Des bruits dans l'entrée. La voix de ma mère qui s'exclame joyeusement : "Regarde comme ils sont mignons". J'ouvrais les yeux, encore un peu sonnée de cette sieste improvisée et tomba nez-à-nez avec... le visage de Noël. Il s'était visiblement assoupi, lui aussi. Et sa tête s'était posée contre la mienne. Ma main était calée contre lui et je me sentais terriblement gênée de cette proximité aussi soudaine qu'inconsciente. Je me reculais vivement, réveillant Noël malgré moi. Puis je tournais la tête vers mes parents, toujours plantés à l'entrée du salon. Mon père avait un regard froid, sans aucune espèce d'expression, comme à chaque fois qu'il me regardait. Mais ma mère, elle, était heureuse. Sourire aux lèvres, yeux qui pétillent, elle semblait ravie que sa fille ait enfin trouvé un garçon bien. Moi, j'étais terriblement mal à l'aise et j'étais sûre que mes joues étaient écarlates. Ce qui était idiot puisque nous étions censés être amoureux. S'enlacer en dormant était on ne peut plus normal pour un couple, non ? On ne devait pas avoir à en rougir. Même si au fond de moi, je savais que tout cela n'était que du cinéma - et rien que du cinéma. Nous n'avions pas l'habitude de étreindre lorsque nous étions en tête-à-tête. « Désolée, on s'est endormi sans le vouloir. » Un sourire forcé étira mes lèvres alors que je me levais du canapé, ignorant soigneusement de croiser le regarde mon cher et tendre fiancé. « Alors, c'était bien ? » Ma mère se lança dans un monologue sur leur soirée, qui s'était apparemment bien passée, puis je reportais finalement mon attention sur Noël. Mes yeux se sont ancrés dans les siens et une fois de plus, je me suis promis de ne plus jamais faire ça. Croiser son regard me faisait toujours un effet étrange... J'avais tendance à oublier qu'il était aussi séduisant. « Bon eh bien... Merci de m'avoir tenu compagnie. » Moyen de lui faire comprendre qu'il était temps qu'il s'en aille. Mon père aurait été capable de lui proposer de rester encore un peu, pour boire un verre ou discuter "entre hommes". Et ce n'était pas possible. J'étais bien trop embarrassée pour supporter sa présence. « On se voit demain ? », demandai-je avant de déposer un baiser sur sa joue, laissant mon père le raccompagner jusqu'à la porte. Je ne le verrai pas le lendemain. J'avais dit cela pour sauver les apparences, pour que notre mascarade continue et que mes parents ne se doutent pas que nous ne voulions pas vraiment nous marier. En réalité, j'avais dans l'idée de l'éviter le plus possible. Cette soirée avait été étrange et incroyablement dangereuse. D'abord ces baisers, puis ce rapprochement étrange pendant que nous dormions. Qui sait ce qu'il se passerait la prochaine fois ? Il fallait que je me remette les esprits en place. Je commençais vraiment à débloquer !