(marla) where them girls at

« .. et après la vendeuse m’a conseillée un autre fond de teint un peu plus pâle parce qu’elle m’a dit que ma peau était pas assez foncée pour celui-là, et moi, je savais pas, du coup je lui ai demandé qu’elle m’explique tout ça, j’y ai passé au moins vingt-minutes, je te jure, vingt-minutes, c’était super intéressant. Peut-être je devrai y retourner et lui demander quelle formation elle a faite pour faire ce métier et savoir tout ça… Non parce que c’était vachement intéressant. Et imagines rien que deux secondes ! Des réductions sur tous le maquillage que je veux.. Puis le nombre de vie que je pourrai sauver ! Je serai une héroïne ! Car crois-moi, y a plein de filles là-dehors qui savent vraiment pas se maquiller. … Ou s’habiller ! Je pourrai faire .. Tsais comment tu dis là quand t’aides les gens à s’habiller.. ah oui ! Styliste ! Je pourrai être styliste ! Nan franchement je sais pas, c’est une vraie idée à laquelle je devrai penser…. »  Ruben  tourne dans tous les sens sa bière, mimant une mer déchainée dans son verre avec sa Heineken. Le soleil tape fort sur sa nuque et bientôt, il devra même changer de place. « Ruben, est-ce que tu m’écoutes ? Ca t’intéresse pas ce que je dis c’est ça? » Pas le moins du monde. Tout ce qu’il entend depuis toute à l’heure c’est « blablablablablabla » avec une voix excitée, le tout couvert par le son de puissantes vagues qu’il essayait de s’imaginer. Enfin, avant qu’elle ne commence à lui demander si il l’écoutait. En même temps qui écouterait ses pseudos envies de nouvelle carrière. Dans tous les cas elle le fera pas, elle se bougera pas d’un doigt. Puis, sauver des vies en vendant du maquillage ? N’importe quoi. «  Mais bien sûr que ça m’intéresse, dis pas ça. Et alors, tu me le montres ce fond de teint ? »  Elle le regarde, convaincue par son mensonge puis lui donne un regard bête. «  Oh bah non au final j’ai été m’acheter une doudoune magnifique. J’ai craqué, la fourrure était trop trop trop trop trop trop trop douce » Inutile de demander si elle était trop trop trop trop trop trop trop chère car la réponse était oui. Mais bon c’était Ruben qui régalait,  mois-anniversaire oblige. Il s’empêche de rouler des yeux car si il n’avait pas passé la soirée ensemble hier et si elle n’était pas douée pour ce qu’elle lui avait fait à ce moment-là, il ne se serait pas empêcher de lui dire « Une doudoune … ? Alors qu’il fait pas souvent froid ici ? T’as pas de cerveau ou quoi ??! » Mais à la place, il dit, avec le plus de conviction qu’il peut y mettre : «  Ah … C’est chouette.. ». Il tourne la tête et deux secondes plus tard, il reconnait quelqu’un qui se dirige dans leur direction. «  Goodwin ! Comment tu vas ? Tu te joins à nous ? » dit-il, jovialement.

Il ne faut pas dix minutes avant que la tornade Marla ne fasse son effet. Il hausse les épaules quand elle lui demande s’il va bien. Déjà, il attend de voir sa réaction face à sa copine, sachant que chaque moment où elles se rencontrent est « épique ». Pour lui tout du moins. L’animosité qu’il peut y avoir entre deux femmes l’étonnera toujours. Et dans le cas de Marla et sa copine, elle est plutôt grande. Il soupire en écoutant son amie. Il a envie de rire en quelques sortes, parce qu’elle a raison de lui faire remarquer le mauvais goût de cette doudoune, mais en même temps, c’est de sa copine qu’elle parle. Grr. Il est tiraillé alors, parce que c’est un copain presque attentionné, il donne à Marla son plus beau regard désapprobateur et méchant. Enfin, sa copine se lève finalement, pratiquement au bord du suicide à en juger son regard. « Eh bien.. T’as raison.. Je vais.. elle m’a laissée le ticket de caisse, je vais aller la rendre. » Elle lance un regard à Ruben, ils s’embrassent et il lui glisse dans l’oreille « trouves toi autre chose qui te fasse plaisir, hein ? ». Oui, il est sympa et l’aime pas mal dans le fond. Il se retourne quand Marla, l’air plus détendue que jamais, lui adresse la parole. « On fait aller. Avec cette histoire de fête du kangourous, j’ai du taffe, une fois que ce sera fini, je sais pas vraiment ce que je vais faire. » Il reprend de sa bière, l’avenir, il s’en fout un peu. Il vit pour le moment le Ruben, l’instant présent. C’est vrai qu’un boulot stable ce serait pas du luxe, surtout avec la petite amie dépensière qu’il a « Et toi alors ? » Il la regarde, c’est fou comme cette petite le fascine. « T’es pas tendre avec elle. Je te reconnais bien là. Je me demande d’où tu tiens ce côté-là sérieux. Pas de tes parents en tout cas. » dit-il, rigolant d’un rire gras.

Il la regarde taper dans sa bière, sans gêne. Il vient d’offrir une doudoune qui lui coutera sûrement la moitié de sa paye, et pourtant, il ne peut s’empêcher de lui grimacer. Il sourit quand elle lui parle de son taff’, c’est gentil. C’est dingue le contraste entre la mini-bitch de y a deux minutes et maintenant. Ah oui, la petite n’a pas encore d’appartement. Il lui proposerait bien d’emménager chez lui mais pas dis que les parents de Mlle la laisse venir habiter dans un presque deux pièces, avec une kitchenette aussi petite que les chiottes du bar où ils se trouvent. « T’as raison. C’est bien d’aller à l’université et tout. J’espère que t’es sérieuse. Rends papa fière ma petite. » dit-il, ne pouvant s’empêcher de lui ébouriffer les cheveux. Il se demande à quoi ça ressemble l’université, s’il était plus intelligent, il aurait aimé y aller, malheureusement, c’est pas ses F du lycée qui le porteront très loin sur un campus. « Ce n'est pas bien de parler des parents des autres ainsi... Et puis sincèrement, faut bien qu'un de nous deux le soit, toi t'es même pas "tendre" avec elle. Tu es aveugle, aveugle et stupide. Tu rencontrerais une vache qui sait dire bonjour, tu l'a trouverais aussi séduisante et intelligente. » Ruben s’étrangle, il a l’habitude de ce genre de discours. De la part de Marla, mais pas que. De ses parents, de ses potes parfois, même s’ils comprennent ce que Ruben voit en sa copine. Oui, ils voyent très bien à quoi elle ressemble, elle est pas très belle, mais elle est pas trop vilaine non plus. Il roule des yeux, prêt à sortir ce qu’il répond toujours à chaque fois que quelqu’un aborde ce sujet. Le sujet de sa girlfriend. « Tu la connais pas comme moi je la connais. » Ouep, bien envoyé Ruben. Il sourit, tout en essayant de garder un petit air désapprobateur . C’est toujours un sujet sensible décidemment. Il ne comprend pas pourquoi ils se sentent tous obligés de critiquer ses copines. Peut-être parce que c’est toutes des folles dingues qui essayent de le contrôler comme elles peuvent. Néanmoins, Ruben ne voit pas ça. Il est aveugle. « Puis très franchement, cites moi une seule de mes copines que t’as bien aimé. Et me parle pas de Shauna. Elle compte pas, on est resté deux jours ensemble. » Shauna, une copine à Marla qu’elle lui avait présenté. La seule fois qu’il est sorti avec une fille aussi jeune. Il les préfère plus vieille.

Maybelle ? ce nom lui dit vaguement quelque chose. Vaguement parce que sa capacité d’écoute avec les femmes dépasse rarement les 60%, y a bien quelques informations qui passent à la trappe. Il acquiesce comme s’il savait exactement de quoi elle parlait, pire, comme s’il savait exactement ce qu’elle ressentait. En apparence, Ruben est un bonne oreille, c’est que du cinéma. Derrière il divague complètement, fait des micro-siestes, enfin, il est absent quoi.
Sa réponse a l’effet escompté, voir l’effet qu’elle obtient toujours : elle exaspère Marla. Il ne peut s’empêcher de sourire fièrement, il a trouvé le parfait argument. « Tu parles pas comme ça à ton aîné toi !» dit-il, hurlant presque, pour déconner bien sûr. Y a qu’elle pour lui parlait comme ça. Si elle venait pas de sortir du ventre de sa mère, il le prendrait mal. De la stupidité carrément. Pff, c’est juste qu’elle est jalouse de ses copines qui sont pas mal, ou mieux, qui ont le privilège de sortir avec lui. Enfin, il arrive à lui clouer le bec puisque le long silence parles de lui-même. D’une façon il est content parce que ça lui donne raison, d’un autre côté, c’est flippant. Aucune ? Sur toutes les filles qu’il s’est fait ? Quand même, il veut bien admettre, avec une pointe de recul, que certaines étaient pas commodes, de vraies bitch, ou avec de lourds antécédents psychiatriques, mais quand même. Enfin il est sorti avec une étudiante en fac de lettres ! En fac de lettres ! Une intello ! Ce n’est pas rien. Elle pourrait avoir la décence de la citer. Il rigole avec elle, parce que pour le moment, la conversation reste sur un ton léger. « Que veux-tu.. J’aime pas la solitude. J'ai besoin de chaleur humaine moi. Je me rabas sur ce qu’a une paire de nibards et voilà. » Il rigole, tout en finissant sa bière. Peut-être s’en recommandera-t-il une un peu plus tard, pour le moment, Marla lui doit toujours une gorgée de sa commande à elle. Il reprend, avec un air songeur. « Puis vrai visage, qu’est-ce que ça veut dire sérieux. Franchement, ça me parait bien trop dur de cacher sa vraie nature pendant tout le temps que je sors avec elles. Toi, ton vrai visge ce serait quoi ? » Il sourit malicieusement, lui tapotant sur le bout du nez. « Parce que moi je connais qu’une Marla. Mais peut-être devrais-je me méfier de ton vrai visage ? Ptêtre qu’en fait, t’es aussi folle que celle avec qui je sortais en automne 2011 ? Hein ? Et ça c’était dla folle de compet’. »