true love kiss.

Elle s'appelle Lily-Anaëlle, mais depuis le premier jour, je l'appelle Naëlle, je trouve ça plus joli. Elle est belle, elle est grande et blonde, elle est plus agée que moi mais paraît bien plus jeune que les deux chiffres inscrits sur le bas de sa carte d'identité. J'n'ai pas craqué sur elle le jour où mes yeux se sont posés sur ses lèvres, son regard azur et sa silhouette enchanteresse. Non, j'ai craqué sur elle récemment, lorsque je l'ai vue discuter avec un autre homme. J'ai alors senti en moi comme une chaleur dérangeante, presque agaçante ; j'apprendrai bien plus tard qu'il s'agissait d'un sentiment de jalousie. Mais j'suis bien trop naïf pour m'en rendre compte. Elle m'a complètement ensorcelé. Elle travaille dans cette librairie dans laquelle je me rends souvent, nous avons tout de suite sympathisé. Faut bien avouer que je suis un client plutôt régulier, j'adore venir bouquiner et puis, depuis que je la connais, j'ai une raison de plus pour y venir aussi souvent. Spike ne la connait pas, je ne lui en ai jamais parlé et je crois qu'il me tuerait s'il savait que mon coeur bondissait dans ma cage thoraxique à chaque fois que mes yeux se posent sur elle, derrière son comptoir. Elle ne porte pas de lunettes, ni de tunique ou de tailleur, elle est d'une simplicité exacerbante, j'aime ça. Quand je la regarde, je souris bêtement, d'un naturel presque stupide. Mais notre relation n'a rien d'officiel. On ne sait encore jamais embrassé... sauf dans mes songes et dans mes rêves. Oui, car depuis quelques jours, je rêve d'elle de plus en plus. Son corps contre le mien, mes mains plaquées contre ses hanches, son regard irrigué de ce brasier envoûtant. Alors j'ai décidé de franchir le pas... Tremblant, je lui ai donné rendez-vous au Charlie's Factory. On y est jamais venu ensemble mais je sais qu'elle apprécie l'endroit. Non, je ne la suis pas, mais il m'arrive de la croiser parfois, de l'observer en souriant et de repartir. J'aimerais plus que ça... parce qu'aujourd'hui, je me sens seul, complètement seul. Malgré la présence de Spike à mes côtés, j'ressens l'envie de partager plus qu'une discussion avec Naëlle. Alors j'l'ai invitée, et lorsque je me pointe au lieu de rendez-vous, je me surprends à paniquer. Si elle ne venait pas ? Si elle changeait d'avis ? Doutant de mon sex appeal pourtant évident, je rejoins la queue en scrutant les tables, elle n'est pas encore là. Mais bon, j'ai dix minutes d'avance aussi ! Alors je prends mon mal en patience, je m'achète un café et m'assied à une table. J'ouvre le roman que je dévore actuellement (les hauts de hurlevents) et bois une première gorgée de mon café. C'est mon livre qui me rassure, cette stabilité constante... je ne suis pas tout seul ! Et brusquement, je sais qu'elle va venir, alors je souris, sans quitter mon livre des yeux un seul instant.

Ta vie était un vri champ de bataille. Entre Jeremy qui s'était barré, tu ne sais où ; ta relation compliquée avec Milo, surtout depuis ta grossesse, même si maintenant, tu l'as perdu, tu ne savais plus où tu en es. Trop compliquée la vie quand on sort de la librairie. Heureusement que tu as cette boutique. C'était ton bébé , ton concon. Quand tu y entre, tu te sens revivre, comme si tous tes problèmes disparaissaient. Tu te sentais en sécurité. Et puis la boutique marchait plutôt bien, tu avais su développer la clientèle, et la conserver. Ce qui faisait ta fierté. Et puis il y avait Jools. Il était un peu comme un rêve. Ce charmant jeune homme, qui sort de nul part et qui passe sa vie à la librairie. Tu avais tout de suite établi un bon contact avec lui. Toi, qui étais d'un naturel timide, tu changeais du tout au tout une fois derrière ton comptoir. Parce que tu es là pour transmettre ton savoir, pour donner des conseils sur les livres. C'était ta passion et la transmettre te permettait d'être heureuse. Il t'as invité à prendre un café et tu as acceptée. Parler et voir quelqu'un d'autre te ferais du bien, tu le savais. Il t'as dit 10h, et ton réveil indique moins dix. Tu n'étais pas très en avance, mais c'était ta première sortie depuis.. Te ne t'en souviens même plus. Dernièrement,  tu t'étais un peu laissé aller, mais tu avais envie de reprendre ta vie en main, après tout tu n'as que 24 ans. Certes, tu as connu plusieurs échecs, mais tu as encore la vie devant toi pour se laisser aller.  Tu pris du temps pour te faire une beauté, et te rendre compte que les produits surfaits, ce n'était pas pour toi. Tu aimais être naturelle, et rien ne pourrait changer ça. Le temps de se démaquiller, tu étais encore plus en retard. Mais en retard, pour en retard, tu pouvais bien prendre 5 minutes supplémentaires. Tu presseras le pas sur le chemin de la boulangerie, mais pas trop, pour ne pas avoir les joues rouges et l'air essoufflé. Tu t'en voulais de le faire attendre. Une fois sur place, tu le repère vite, un jeune blond qui lit un livre, ce n'est pas money courante. « J'adore ce livre ! » Les Hauts de Hurlevents, ce que tu avais pu dévorer ce livre. Tu te posas face à lui avec un béant sourire sur le visage. Étrangement, cette sortie te réjouie. « Pardonne mon retard, c'est la première fois. » Tu es anxieuse, parce qu'il est charmant et qu'il te plait. Tu as peur de passer pour une gourde.

Je suis perdu dans mes pensées, dans ma lecture. Je n'entends plus rien, comme à chaque fois. Je suis captivé par ce que je lis, j'aime ça, j'aime ce silence environnant. En fait, lorsque je pose mes yeux sur les pages noircies d'un bon bouquin, il m'arrive parfois de ne pas réussir à m'en décrocher. Je peux passer des heures, comme ça, coupé du reste du monde. Et Dieu sait que j'aime ça. Néanmoins, c'est la voix suave et chaleureuse de Naëlle qui finit tout de même par me faire lever la tête. Je lève les yeux vers elle, secoué par sa simplicité et par tant de beauté. Nos yeux se croisent et mon coeur manque un battement... je sais pas pourquoi, je ne comprends pas pourquoi ! Pourquoi elle me fait tant d'effet. Je souris doucement à sa première remarque. « J'ai été bien conseillé. » Je lui lance un clin d'oeil, faisant mention du fait qu'elle n'y ai pas été pour rien dans le choix de mon livre. D'ailleurs, je me rappelle parfaitement bien de la manière dont je suis tombé sur cet ouvrage. Peu importe, je ferme ce dernier et le pose sur la table. Elle s'excuse pour son retard, je ris doucement en reprenant une goutte de mon café. « T'excuse pas, j'ai pas eu beaucoup à attendre. » Je baisse mes yeux, soudainement, je me sens intimidé. Oui, j'avais pensé à la voir en dehors de la librairie, mais jamais je n'avais pensé à ce dont nous pourrions discuter... Merde, je soupire. Je lève les yeux vers elle et je tente, maladroitement, de trouver un sujet de conversation. « Tu ne travaille pas aujourd'hui ? » Ouais, c'est pourri comme première question...

Tu souris à sa remarque, il n'a pas complétement tort. En même temps, tu adules tellement ce livre que tu ne peux pas le proposer. Il t'a emporté tellement loin, que tu as envie de faire partager ton voyage avec les autres. Quoiqu'il en soit, il ne t'en voulait pas. Te voilà rassurer. La pression et la peur que tu avais, se relâchaient. Tu étais libre et détendue, prête à attaquer ce rendez-vous, parce que soyons clair, il s'agissait d'un rendez-vous. L'idée même que tu puisse en avoir un te paniquait, mais il fallait rester zen, il n'allait pas te manger. Quoique, l'idée ne te déplaisait pas. Sa question te dérouta, c'est vrai que tu ne savais pas quoi dire et que pour démarrer, cela ferait l'affaire. « Je fais l'école buissonnière » Tu ris à ta bêtise, c'est vrai qu'être son propre patron implique des avantages, et des désavantages, mais si tu ne veux pas te lever aujourd'hui, tu peux rester coucher et tu préviens tes employés. C'était bien la première fois d'ailleurs que tu refusais d'y aller. Plus sérieusement, tu te mets à réfléchir sur le jour, et tu reprends.  « Je ne commence que cet après-midi. Et toi, ta distribution s'est bien passé ? Pas de chien enragé qui t'a poursuivi ? » Ta question est aussi naze que la sienne, ta timidité reprend le pas. Damn. Doucement, tu te lèves et t'excuse auprès de Jools. Mais tu as besoin d'un remontant. Tu vas au comptoir et commandes un café, ça te fera du bien. Tu retournes à sa table, la conversation n'est pas encore partie, quand ça ne parle pas livres, tu as du mal. Tu as peur de te sentir idiote, avec des questions idiotes. « Vendredi soir il y a une petite expo à la libraire, qui retrace l'oeuvre des sœurs Brontë, si ça te tente ! » Et te voilà repartie. Ça fait des mois que tu prépares ce moment, les sœurs Brontë, c'est une chouette expo qu'il y aura là. Tu rêves déjà à la lecture de certains poèmes, que tu as choisis.

Elle sourit à mes remarques, c'est ce que j'aime aussi chez elle. Est-ce qu'elle se moque de moi ? Je ne crois pas, remarque-t-elle mon malaise ? Sûrement, aussi faut-il avouer que mes joues sont rouges et que mes yeux sont fuyants. Je ne sais plus me comporter avec une fille, je ne l'ai pas fait depuis trop longtemps. Et pourtant, j'en éprouve une certaine satisfaction. Etre ici avec elle me paraît plus naturel soudainement que d'être enfermé avec Spike toute la journée. Spike... je me demandais bien combien de temps je tiendrais sans penser à lui. Rapidement, je secoue mon visage, je me concentre sur Naëlle ! Juste Naëlle. « Malin ça... » J'étouffe un petit rire à sa réponse. C'est vrai qu'elle est son propre patron... je l'envie d'ailleurs. Moi aussi j'aimerais ne pas avoir à me lever le matin et à travailler selon mes priorités et mes envies. Mais la seule option de société qui me vient à l'esprit, là, de suite, c'est une boutique d'antiquité et, allez savoir pourquoi, ça demanderait trop d'investissement pour moi tout seul. Je n'en ai pas les moyens... même si secrètement, j'en rêve souvent ! « Le métier de facteur n'est pas si dangereux tu sais,e t puis, si tu voyais ma tête au réveil... je pense que les chiens ont bien plus peur de moi que le contraire. » J'hausse les épaules en souriant. Elle se lève subitement de la table et se dirige jusqu'au stand. Je la regarde se déplacer en enviant brusquement son jean... Dieu que j'aimerais être à sa place ! Pervers !!! Je secoue mon visage et passe une main dans mes cheveux. Elle s'est rassise devant moi. Mes yeux percent les siens et un sourir se dessine sur mon visage lorsqu'elle m'annonce la venue d'une expo. Je ne connais pas bien les artistes dont elle me parle mais j'adore les expositions, en règle générale. Mon visage s'illumine. « Ce serait avec plaisir. Je dois pouvoir me libérer... » Je souris bêtement avant de poursuive. « Je ne les connais pas spécialement, mais si tu aimes... c'est que ça doit vraiment être de bons auteurs. » Les goûts littéraire de Naëlle ne sont plus à défendre, tu le sais très bien. Tu bois une nouvelle gorgée de ton café et tu détournes ton regard. « Je suis content que tu aies accepté de venir... j'avais peur que tu n'refuses. Après tout, on n'se connait qu'à travers certains ouvrages, c'est pas grand chose. » Je pose mes yeux dans les siens sans me départir de mon sourire. « Tu es très très belle ce matin. » Combien de temps déjà sans avoir dragué une nana ?! trop longtemps.

Jools nuança sa réponse, son métier ne semblait pas aussi dangereux que ce que tu pensais. « On aurait osé me mentir ? » Tu prends un air outrée, tu étais persuadée que des chiens couraient après le livreur de journal. Ce ne devait être que dans les films, pour mettre un peu d'action dans la vie de ce pauvre livreur. Ça devait être ça oui. « Elle est très bien ta tête. » Tu lui glisses ce compliment le plus naturellement possible. Tu essayes de ne pas rougir. Toi et les hommes, tu n'as jamais réussi à draguer et tu songes à prendre des cours avec les coachs. Ça pourrait être drôle et ça pourrait te permettre de sortir, de profiter plus souvent de ta vie. « Tu ne les connais pas ? Et pourtant, tu lis le livre d'une d'elle. » Tu souris, tu ignores si c'était voulu, une espèce de note d'humour que tu n'aurais pas remarqué, parce que toi et l'humour, c'est simple, ça fait douze. Ou s'il était bien sérieux, après il pouvait lire le livre s'en s'être penché sur la biographie de l'auteur. Tout le monde n'est pas comme toi, ma pauvre. Au pire, tu t'en rendra bien vite compte. Il se mettra à rire en te regardant avec un air de dépit ou tu ne sais quoi, pour te le faire comprendre.Quoiqu'il en soit, il avait parlé de se libérer, ce qui te donnerai l'occasion de le revoir vendredi. Cette idée te plaisait, au point que tu songeais déjà à aller faire les boutiques pour trouver une belle robe. « Je n'avais aucune raison de refuser cette invitation !  » A vrai dire, tu en avais beaucoup, tu aurais pu rester enfermée chez toi, et couchée sous la couette, à maudire ta vie. Mais tu étais là, face à lui, à sourire bêtement sans vraiment savoir pourquoi tu agis de la telle sorte.  Son compliment te retournes. Tu vires au rouge, et le fait qu'il est accentué la chose en doublant le « très » te remplis le cœur. Cela faisait bien longtemps qu'on ne t'avais pas dit une aussi belle chose. « Merci. » Tu bafouilles parce que tu te sens gênée, tu lui retournerais bien le compliment, mais ça ne ferait pas un peu trop ? Elle ne voudrait pas passer pour une désespérée. « Ça te tenterai d'aller voir les koalas ? » Tu as ce regard d'enfant, parce que c'est un rêve d'enfant et que tu n'as jamais eu le temps d'aller les voir. Et puis Jools avait peut-être envie de découvrir ça aussi ?

Au fure et à mesure des secondes, je sens mon coeur se détendre, mes muscles aussi. C'est ça, la confiance ? Cette confiance qu'on attrape à savoir jouer des mots et du naturel ? Je suis content d'être en face de Naëlle, elle me fait sourire bêtement sans vraiment que je comprenne pourquoi. Lorsqu'elle me parle de l'auteur du livre que je lisais, je rougis doucement. Quel abruti, prendre un bouquin sans se soucier de son écrivain, c'est comme acheter un album sans savoir qui l'a produit. Je détourne mon regard en riant doucement. « Ahah, j'avais même pas fait attention... » Je plonge mes yeux dans les siens en savourant cet instant. J'ai l'air vulnérable, n'est-ce pas ? J'aime ça. J'aime le fait qu'elle me rende si nerveux et si angoissé. Finalement, c'est peut-être ça, qu'on appelle un coup de coeur, parce que clairement, c'est ce que je ressens pour elle. Lorsqu'elle m'invite à cette soirée, je peux pas m'empêcher d'imaginer déjà quelques scènes en souriant. M'offrira-t-elle son premier baiser ? Ce serait cool qu'on y soit présent comme un couple... j'aimerais beaucoup, mais en serais-je seulement capable ? Je reste ancré à ses iris sans jamais me départir de ses iris. J'aime la contempler, j'aime la regarder. Je trouve ce bonheur simple, et désuet, tout comme moi. Et puis, brusquement, elle me pose une question qui me laisse perplexe ! Les Koalas ? Ou ça ? Je détourne mes yeux en faisant mine d'en chercher alentours mais je n'en vois aucun. Veut-elle simplement qu'on bouge ? Qu'on marche un peu et qu'on aille ailleurs ? Ne supporte-t-elle pas d'être vue ici en ma compagnie ? J'hausse un sourcil en replongeant mes yeux dans les siens. « Tu veux aller où ? » Je suis curieux de le savoir.

Tu le trouvais attachant. D'autres ce seraient moqués de lui parce qu'il lisait un livre sans même en connaître l'auteur, mais pas toi. Parce que toi tu le comprenais, tu savais ce que c'était de se lancer dans un livre et de le dévorer. Et de tellement le dévorer que tout ce qui compte à tes yeux, c'est l'histoire. L'auteur l'a écrite oui, mais c'est toi avec ton petit cerveau, qui l'imagine, en fermant les yeux. Et puis quand tu as finis, tu regarde l'auteur. Tu t'intéresses de plus près à ses œuvres. « Je connais ça.. » Tu lui lance un petit sourire pour lui faire comprendre qu'il n'est pas seul. Que toi, tu es dans le même cas, que tu sais. Sa réaction quand tu parles des koalas te troubles. Pourquoi lève-t-il les yeux ainsi ? Peut-être a-t-il mal compris, ou alors tu t'es mal exprimé. Mais sa question, la seconde d'après, laissait entendre que c'était bon. Ou tout du moins qu'il avait compris ce que tu avais demandé. « Tu es nouveau à Bowen, et je pensais que tu n'avais peut-être pas encore eu le temps de voir les koalas. Enfin, si ça ne te tente pas, on peut juste aller marcher un peu, je me ne vois pas rester assise toute la matinée ! » Tu souris une fois de plus, un peu gênée de vouloir l'obliger à bouger, après tout, peut-être que lui était bien assis. Mais toi, tu sens un malaise, il est charmant, et le fait qu'il te fixe, te rends perplexe. Tu as envie de te cacher, de disparaître. Tu n'as pas l'habitude qu'on te regarde aussi longtemps, ou même qu'on te regarde tout court. Tu sais te rendre invisible pour que les gens t'oublient et qu'on te laisse en paix. Tu aimerais qu'on fasse plus attention à toi. Et pour une fois qu'on te regarde, tu n'es pas satisfaite.