Kennington au pouvoir !

L’ambiance dans l’avion était la même que celle lorsque j’étais partie, je laissais derrière moi un monde que j’avais appris à aimer. Lors de mon départ, c’était mes parents et mon frère, lors de mon retour ma tante, mon oncle, mon cousin et mes cousines. Je laissais des amis dans les deux cas, j’étais prise de nostalgie et d’anticipation positive à l’égard de l’endroit où j’allais. J’avais pris l’avion plus qu’une fois dans ma vie, mais pour partir définitivement ou revenir, ce n’était pas la même chose qu’un retour de voyage où on grimace de quitter le soleil des Îles Galápagos. On m’avait dis d’être prudente lors des deux voyages, mais de m’amuser. Je revenais cette fois-ci. Je sortais de l’avion puis j’attendais mes bagages et je contenais ma joie de revoir mes proches. Casey m’avait dis qu’il m’attendrait, donc je n’ai pas fais de grosse cérémonie concernant l’envie que mes deux frères et mes parents soient là. J’ai la génétique de mon côté, je suis une nomade : une vraie. J’avais abordé mon look de teigne dans l’avion : des pantalons jogging gris et un t-shirt noir humoristique. Mes cheveux tombaient en cascade dans mon dos et avaient un frisé légèrement négligé dû à ma sieste dans l’avion. J’aurais pu faire un effort, mais le cœur ne m’en disait pas. J’avançais dans mes Ugg avec ma valise une fois que je l’avais trouvée. Alors que je m’étais pratiquement négligée à cause du vol, lui était tout chic. J’en étais misérable. Je m’approchais de lui à grande vitesse et je l’enlaçais quelques secondes après qu’il ait dit mon prénom. « Casey, comment vas-tu? » lui demandais-je en le resserrant contre moi. Son odeur n’avait pas changé, elle était davantage masculine et âgée, mais toujours la même à mes yeux. Je me décollais finalement et je lui offrais de prendre ma valise parce que je suis une vraie teigne. Je lui offrais mon plus beau sourire alors que je m’étirais, encore victime des courbatures de l’avion. « Rappelle-moi de convaincre maman de m’économiser une place affaire la prochaine fois… Ceci dit, je suis très contente de te revoir. »

J’allais m’installer chez nos parents quelques jours, le temps de me trouver un appartement et de repartir véritablement. J’avais déjà commencé à fouiller les petites annonces de mon côté afin de trouver quelque chose de bien. Je recommençais les cours dans quelques semaines et j’avais désormais l’occasion de frapper mon frère pour son divorce… Ce que je fis dans l’immédiat. « Et ça, c’est pour ton ex-femme. » Grand sourire, j’étais encore une gamine pour lui et je venais de lui prouver irréfutablement.

Voir la silhouette de sa petite sœur plaqua un grand sourire sur le visage de Casey. Il était heureux de sentir la jeune fille là dans ses bras, après si longtemps. Pour une fois, ils n’allaient pas se quitter dans deux ou trois jours. Pour une fois, Anastasia était là, bel et bien là, et il n’avait pas cette amertume habituelle qui planait toujours dans sa tête lors de leurs retrouvailles en pensant au départ. Sa sœur était de retour à Bowen, pour de vrai !

« Très bien ! » répondit-il en souriant. Comment ne pas aller bien en ce jour ? « Et toi ? Tu n’es pas trop fatiguée ? »

Alors que la demoiselle réclamait une place affaire pour la prochaine fois – comment ça, elle parlait déjà de prochaine fois à peine arrivée ?! – et qu’il prenait sa valise qu’elle lui tendait, il répliqua :

« Une place affaire, voyez-vous ça ! » s’exclama-t-il. « Et le jogging en classe affaire c’est admis tu crois ? » la taquina-t-il – le passe-temps préféré de tous les grands frères du monde, c’est bien connu.

« T’avais peur d’avoir froid ? » renchérit-il, faisant soudain attention à ses chaussures. Lui aurait crevé de chaud là-dedans, bien qu’il ne fasse pas non plus 30 degrés aujourd’hui.

Alors qu’il l’embêtait, il ne tarda pas à avoir la monnaie de sa pièce… Allez, bam ! Un petit coup son divorce. Casey pinça ses lèvres et hocha la tête, un sourire entre l’amer et le gêné aux coins des lèvres.

« Ça va, ça va, je sais bien… Et t’es un peu en retard hein ! Maman m’a déjà passé des dizaines de savons. J’ai besoin d’une autre couche je t’assure. »

Il ébouriffa les cheveux d’Anastasia en soupirant. A priori, il n’en avait pas fini avec les reproches, sa sœur s’y mettait aussi. Et elle avait certainement raison, le divorce avec Emily était l’une des plus grandes idioties de sa vie. Mais la blonde méritait d’être séparée de l’ordure qu’il avait été. Et lui, il avait pu voyager et était plus mature qu’avant – il avait aussi plus de cheveux, mais c’était une autre histoire. Peut-être qu’elle voudrait bien de lui de nouveau en s’apercevant qu’il avait changé et était plus digne d’elle désormais ? Enfin, il était loin de tout ça, pour l’instant leur dernière rencontre n’avait pas été très concluante.

« Bon ! On va peut-être sortir d’ici, j’en connais qui attendent impatiemment de voir ta tête ! » lui dit-il en l’entraînant vers la sortie.