Analeigh •• I didn't know you had a boyfriend !

L’école, j’adorais ça. Enfin adorer n’était pas exactement le terme approprié. J’aimais bien parce que je faisais partie des premières de ma classe, parce que tous les jours je voyais mes amis et aussi parce que je le voyais lui. Il s’appelait Dylan et depuis quelques temps, on commençait à traîner pas mal ensemble. On se mettait à côté en cours, on jouait ensemble pendant les récréations. Parfois, ils nous arrivaient de nous tenir la main. Je l’adorais vraiment. C’était l’une des rares personnes avec qui je pouvais être timide. Je n’en avais pas parlé à maman. Qu’est-ce que je pouvais lui dire, de toute façon ? J’étais trop jeune pour comprendre ce que la notion de couple était. Et puis, on était juste amis. Des amis proches certes, mais pas plus que ça. D’ailleurs ce jour-là, j’avais prévu de ne pas manger avec lui à la cantine pour une fois. Je devais manger avec ma bande d’amies. Des filles que je connaissais depuis la petite section maternelle et que j’adorais par-dessus tout.

La sonnerie qui signifiait la fin de l’école du matin retentit. Je me dirigeais donc vers mon casier pour y déposer quelques affaires et en prendre d’autres. Dylan vint me parler. Mes copines partirent en direction de la cantine pour me réserver une place. Je parlais pendant une petite dizaine de minute avec Dylan avant qu’il ne parte en direction de la sortie pour rejoindre son père qui venait le chercher. Je le regardais partir, puis fermait mon casier. Ma maman arrivait en face de moi, se mit à genoux et me fis un bisou sur la joue. Pour me taquiner, elle me lança que mon ami avait l’air gentil. J’eus un sourire et j’avais envie de jouer la carte de l’innocence mais je savais que ça ne marcherait pas. Pas avec elle en tous cas. Je lui souris, lui fis un bisous sur la joue puis répondis simplement :

« Ouais il est super sympa. D’ailleurs faudra qu’on l’invite à la maison. »

Indirectement, j’avais demandé à ma maman qu’on invite Dylan. D’un autre côté, elle n’avait pas le droit de me refuser ça. Ou si jamais elle refusait, je pouvais toujours utiliser une excuse du genre « il m’aide pour mes devoirs », ce qui pouvait être vrai puisque j’étais dyslexique. Il pouvait très bien m’aider à corriger mes rédactions lorsque je confondais les lettres. Puis, pour changer rapidement de sujet, je lui demandais :

« Au fait, d’habitude t’es pas dans ce couloir-là. Tu fais quoi là ? »

J’avais un don pour changer de sujet. Mais ça se voyait assez facilement lorsque je voulais éviter de parler de quelque chose. Ce n’est pas que je ne voulais pas parler de Dylan à ma mère mais j’avais simplement envie d’avoir mon jardin secret. Tout le monde à des secrets, alors pourquoi moi j’en aurais pas ?

A l’école, je m’entendais bien avec à peu près tout le monde. Je ne détestais personne. J’avais du mal avec certains de mes camarades mais je n’avais pas envie de les tuer non plus. De toute façon, on ne peut pas plaire à tout le monde et on ne peut pas aimer tout le monde. Il faut bien se faire une raison. Quoi qu’il en soit avec Dylan, on s’entendait à merveille. On était presque tout le temps fourré ensemble. Après qu’il soit parti en direction de la sortie de l’école pour retrouver son père, je vis ma mère débarquer. Je lui fis part de mon désir d’invité Dylan à la maison. Elle finirait par accepter de toute façon. Ou sinon je trouverais bien une excuse pour que ma maman accepte de l’invité. Quoi qu’il en soit, je lui avais demandé ce qu’elle faisait de ce côté-là de l’école. Elle n’était jamais ici d’habitude. Je lui avais même fait un bisou, devant tout le monde. Non, je n’avais pas honte. Pour moi, c’était presque normal de faire un bisou à ses parents. Il n’y avait rien de honteux là-dedans. Mais certains de mes camarades, sont légèrement rebelles. Ils ne veulent pas faire comme tout le monde. Il faisait bien ce qu’il voulait. Moi, si je voulais autrement, je ferais autrement. Elle me proposa alors qu’on aille manger ensemble. J’avais dit à mes amies de me réserver une place mais tant pis. Je souris à maman et lui refit un bisou sur la joue, avant de répondre :

« Si bien sûr que je veux aller manger avec toi. Je mangerais avec mes copines demain, t’inquiètes pas. » Je lui souris. Ca me faisait vraiment d’aller manger avec elle, pour une fois. D’habitude, c’était seulement le soir où je mangeais avec elle. Le midi, ça changeait et je trouvais l’idée plutôt cool. Je lui demandais alors : « On va manger où ? »

J’attendais la réponse de ma mère. Je ne savais pas si on allait manger à l’extérieur ou si on allait manger à la cantine. J’espérais qu’on n’aille pas à la cantine. Je détestais ce qu’il nous servait. C’était pas de la grande gastronomie. Et ça commençait à ma saouler de manger des légumes à moitié cuits ou de manger des viandes pas bonnes. Je me forçais toujours à manger un peu mais parfois, c’était vraiment dégoûtant. Enfin, je ne sais pas, ils ne peuvent pas embaucher des gens qui savent faire la cuisine, au lieu d’embaucher des gens qui ont simplement à faire réchauffer des plats congelés. Ce que je ne trouvais pas à la cantine, c’était les batailles de nourriture. On en faisait parfois, c’était drôle. Généralement, je trouvais toujours le moyen de me planquer pour ne pas me tâcher. Toujours dans le couloir, j’attendais la réponse de ma maman.

J’étais content que ma mère vienne me chercher pour qu’on mange ensemble. J’adorais manger avec mes amis c’était quelque chose de sûr mais j’adorais aussi manger avec ma maman. Je la voyais le soir mais j’aimais bien la voir en journée. J’avais cette chance de pouvoir voir ma mère durant mes journées à l’école. Certains pouvaient penser que j’étais encore une gamine de trois ans et demie mais je me moquais de ce que les gens pouvaient penser. Dans le fond, ce n’était que de la jalousie mal placée. Quoi qu’il en soit, j’avais vraiment envie de lâcher mes amies pour aller manger avec elle. Ca faisait un moment qu’on n’avait pas mangé à l’extérieur de l’école juste elle et moi. Je lui souris quand elle me dit qu’on pouvait aller prévenir mes amies. Je répondis simplement :

« Ouais j’veux bien. »

Je lui souris et on se dirigeait toutes les deux vers la cantine car elles étaient déjà à table. J’allais vers leur table et fit une grimace en voyant ce qu’elles avaient dans leurs assiettes. Je détestais la nourriture de la cantine. Ce n’était pas bon. Surtout qu’aujourd’hui, c’était poisson et épinard. Autrement dit tout ce que je détestais. Heureusement qu’aujourd’hui, je ne mangerais pas avec elle. Bref, après leur avoir dit que j’allais manger avec ma mère en dehors de l’école, je redescendis en direction du hall d’entrée. Ma mère me fit ensuite part de son idée d’aller dans ce restaurant que j’adorais et qui n’était pas loin de l’école. Je lui souris. Elle savait vraiment me faire plaisir. Je répondis tout en tapant dans mes mains pour lui montrer que j’étais contente :

« Oh oui, ça serait vraiment cool qu’on aille là-bas. » Je marquais une brève pause puis ajouta : « J’prendrais une mousse au chocolat en dessert parce qu’elles sont trop bonnes là-bas. »

J’avais les yeux qui pétillaient, un peu comme si j’allais aller à Disney World. J’adorais aller manger à l’extérieur, j’étais vraiment contente. A peine avais-je finis ma phrase, que je commençais à me diriger en dehors des bâtiments avec ma mère. Tout en continuant de travers la cours de récréation pour sortir de l’école, je demandais à ma mère :

« Je rentre avec toi ce soir, hein ? »

Question de pure rhétorique parce que je n’allais pas rentrer toute seule mais j’avais besoin d’être rassurée. Et j’aimais entendre ma mère me dire qu’on rentrerait toutes les deux. J’attendis sa réponse, tout en lui prenant la main. C’était une habitude lorsqu’on était dans la rue.

Avec l’accord de ma mère j’étais allé dire à mes amies que je mangeais avec cette dernière. Elles ne s’étaient pas moquées de moi. En même temps, j’avais la chance d’avoir des amis sur qui compter. Je les connaissais depuis que j’étais scolarisée et on a toujours été là l’une pour les autres. Oon s’amuse, on rigole, on est soudée et c’est vraiment ça le plus important. Après m’avoir souhaité un « bon appétit », j’avais fait de même bien que leur plat de la cantine n’avait pas l’air terrible. J’étais ensuite allée rejoindre ma mère pour qu’on aille au restaurant. Je lui avais aussi fait part du fait que je prendrais certainement une mousse au chocolat en dessert. Ma mère me dit que je devais finir mon assiette avant. J’avais pris l’habitude de finir mes assiettes pour avoir un dessert. Et en général, je le faisais sauf quand je n’aimais pas ce que je devais manger. Et encore de temps à autre, il m’arrivait de me forcer. Surtout en ce qui concernait les plats de la cantine. Quand parfois, j’avais vraiment faim et que ce qu’ils nous servaient était loin d’être bon, je me forçais. Je n’allais pas non plus crever de faim parce que je n’aimais tel ou tel plat. Je souris alors à ma mère et lui répondis :

« Comme d’habitude. »

En sortant de l’école, j’avais pris la main de mère. Certains pouvaient trouver ça honteux mais pas moi. Je faisais partis de ces enfants qui assument complètement d’être vu avec leur mère. Certes, en grandissant, j’allais certainement changer d’opinion mais pour l’instant ça ne me gênait vraiment pas. Bref, quoi qu’il en soit on commençait à se diriger vers le restaurant en question. Mine de rien, je commençais réellement à avoir faim. J’avais ensuite demandé à ma mère si c’était bien avec elle j’allais rentrer. Il arrivait parfois qu’elle ait énormément de travail et donc, il arrivait que je ne rentre pas avec elle. C’est surtout pour me rassurer plus qu’autre chose. Je répondis donc :

« Nan pour rien, c’était juste pour savoir. On sait jamais. »

Je lui souris puis on finit par arriver au restaurant. Il y avait un peu de monde ais le serveur nous trouva une table près d’une fenêtre. Il nous tendit les menus. Je commençais à tourner les pages pour voir si j’allais prendre le même plat que d’habitude ou non.

Du haut de mes six ans, je ne comprenais pas toujours les histoires d’adulte. Je ne comprenais pas pourquoi parfois, ils se hurlaient dessus. Pourquoi ils ne cherchaient à parler calmement. Quand j’avais entendu la dernière dispute entre mes parents, j’avais eu mal dans le sens où je les entendais se hurler dessus. Après être revenu de colonie, mon père n’était plus là et bien que je me moque complètement du fait qu’il se retrouve seul, je pensais à lui parfois. Je ne voulais pus le revoir c’était quelque chose de clair, net et précis mais il m’arrivait de me demander s’il pensait à moi de temps en temps. Si ça lui arrivait de regretter son comportement envers moi aussi. Est-ce qu’il se ferait pardonner un jour ou préférerait-il ne pas faire cet effort ? De toute façon, il finirait par se trouver une nouvelle famille. J’évitais de parler de tout ça avec ma mère parce que de un, je ne voulais pas qu’elle se sente coupable ou je ne sais quoi et de deux, vu comment ce dernier s’était comporter avec moi, il ne méritait même pas qu’on parle de lui. Bref, ma mère me dit alors que si un jour, elle devait finir plus tard et donc ne pas rentrer avec moi, je serais la première au courant. Je lui souris puis on atteignait tranquillement le restaurant. Un serveur nous installa à une table près d’une fenêtre et je me plongeais presque automatiquement dans mon menu. A croire que je n’avais pas manger depuis huit jours. Parfois, je m’imaginais quand je serais grande et que je ne serais plus abonnée au menu enfant. J’étais ersuadée que plus tard, je serais le genre de fille à aller au restaurant régulièrement et de prendre un plat différent à chaque fois. En pensant à ça, je tournais les pages sans vraiment lire ce qu’il y avait d’écrit. Je revins alors à la page du menu enfant qui proposait soit un hamburger/frite, soit un steack/frite ou soit des saucisses/purée. Lorsque ma mère me demanda ce que je voulais prendre, je répondis tout en posant mon menu sur la table :

« J’veux une saucisse/purée mais dis, on peut prendre une assiette de frite en plus qu’on se partage à deux ? » Il est vrai que j’aurais pu prendre carrément un plat qui servait des frites mais bon, j’avais envie de changer. Seulement, j’aimais trop les frites pour faire l’impasse dessus. J’attendis la réponse de ma mère, puis ajouta : « Et toi, tu prends quoi ? »

Je lui souris puis reporta mon attention sur le menu tout en écoutant la réponse de ma mère. Je tournais les pages pour trouver les boissons. J’allais sûrement opter pour un jus de fruit ou une limonade. Enfin si ma mère m’autorisait à prendre une boisson, bien évidemment.