(#10) stop staring at my ass !

Trente ans, un âge difficile pour une femme, on se pose des questions sur sa vie, sur ce qu'on veut pour l'avenir. Il avait suffit d'une soirée à mater le journal de Bridget Jones 1 et 2 à Harley pour comprendre qu'elle devait prendre sa vie en main. C'était bien beau de vivre pour le travail, mais à la longue c'était un peu pesant. C'est comme ça, qu'elle s'est retrouvée à remplir un profil sur un site de rencontre en ligne, chose qu'elle aurait juré de ne pas faire il y a encore quelques mois. Dieu sait de combien de personne elle s'est moquée en apprenant qu'ils utilisaient ce genre de site. Elle c'était finalement rendu à l'évidence qu'à trente ans, les bons sont déjà casés avec des gamins, le vanne et le chien. Les petits jeunes c'est pas vraiment sont trucs non plus, elle ne s'est d'ailleurs pas remise qu'un jeune l'appelle « Madame » la dernière fois qu'elle est sortie dans un bar. Plutôt facile à remplir au départ, âge, métier, centres d'intérêts. Elle essaye quand même de vendre un minimum du rêve, parce que les soirées télés avec des plats surgelés c'est tout de suite moins vendeur. Là voilà fan de musique, de cuisine, d'arts, de sports...Autant viser large. Voilà que ça se corce, écrire une description d'elle et de sa personnalité. Quand on est loin d'avoir une personnalité rayonnante c'est difficile de se mettre en valeur. Alors elle improvise « chaleureuse, aime rire et partager avec les autres, optimiste, facile à vivre », voilà quelques expressions qu'elle a utilisé pour se décrire. Personne de son entourage ne serait capable de la reconnaître à partir de cette description, c'est parfait. Il ne lui reste plus qu'à choisir une photo avantageuse, mais sur ce point là elle a un peu de mal. Après trente minutes à hésiter sur le choix de la photo, elle décide d'aller demander à Milo. Se rappelant qu'elle doit également lui demander de changer le mot de passe de son wifi, hurlthebitch, ça a beaucoup fait rire les bébés la dernière fois qu'ils sont passés chez elle. Techniquement, elle ne devrait pas se plaindre, parce qu'elle a une connexion à l’œil, mais c'est plus fort qu'elle. Elle sonne à la porte, restant appuyer bien plus longtemps que nécessaire sur la sonnette, aussitôt la porte ouverte, elle s'engouffre dans l'appartement avec son pc. « J'ai besoin de ton aide pour une mission délicate. ». Elle lui fourre le pc sous le nez. « Faut que tu choisisses une photo, la plus avantageuse si possible ! ». Bien évidemment qu'elle ne va pas lui dire à quoi la dite photo va servir, sinon elle s'exposerait à des remarques et à un foutage de gueule sans fin.

Un bon dimanche, tranquille, rien ni personne pour le déranger. Pas sa femme, pas sa copine, le pied quoi. Les femmes, ils les aiment, bien sûr, il n’est pas fait de ferraille, bien au contraire, mais alors qu’avant il ressentait un manque de présence féminine dans sa vie, il ressent aujourd’hui un trop plein. Deux femmes dans sa vie, c’est trop. Du coup, il est content d’avoir envoyé Mme Bradshaw à l’autre bout de l’Australie pour le temps d’une semaine, préférant qu’elle assiste à la réunion sur « les nouvelles techniques des systèmes d’évacuation des déchets biologiques humains » à sa place. Niveau déchet biologique humain, elle est plus calée que lui. Quant à Lily, ils avaient décidé tout simplement de prendre les choses « lentement », comme elles viennent, histoire de ne pas se presser et rater un virage. Captivé par un téléfilm romantique, il mit du temps avant d’arriver à la porte, n’oubliant pas avant de zapper sur du basket. Forcément, c’est Hurl, l’autre femme de sa vie, bien que ses tendances à agir comme un homme la rendent plus « bro » qu’autre chose. Il arque un sourcil quand il entend mission délicate et qu’il la voit avec son ordi. « Vas-y, on hacke quoi aujourd’hui, le Pentagone ? Le Kremlin ? Oh non je sais, t’as décidé de détourner un avion ? » dit-il, se retroussant les manches en même temps. Il est presque déçu quand elle lui annonce que c’est pour son goût sur plutôt que pour ses capacités informatiques qu’elle fait appel à lui. Pas qu’il n’aurait pas réussi à hacker le Pentagone non.. Il aurait réussi..
« Hmmm.. Une photo avantageuse ?.... Genre comme… »  il se gratte la tête. «  …. Une photo… » Il ne peut s’empêcher de laisser un sourire en coin se former. «  Attends si j’ai bien compris, tu cherches une photo de toi, genre, t’es dessus, et où t’es bien ? Où ça t’avantage et te met en valeur ? … Ca existe ça ? » La répartie de Hurl sera sanglante, mais c’est tellement bon de la faire chier. Et puis c’est elle qui a besoin de lui sur le coup, et pas l’inverse comme quand Milo a besoin qu’elle déplace un meuble parce qu’il y arrive pas, ou encore quand il arrive pas à ouvrir un pot, trouver de la musique potable à écouter, régler sa tnt.. « C’est pourquoi faire de toute façon ? » dit-il, l’air sérieux. « Attends.. Me dis rien. T’as enfin compris que manageuse n’était pas un vrai métier, et tu postules pour un emploi pour avoir enfin les moyens de te payer ta propre connexion internet ?! » Ses yeux sont grands ouverts, le curseur de l’ordinateur pointant vers le symbole qu’une connexion wifi est bien établie. Aucun doute sur le fait qu’elle utilise les ondes de la box de l’appartement 10. Il fait défiler les photos, zoomant parfois sur certaines. Sa mine est concentrée et ses sourcils sont froncés. «  Hurl.. J’avais jamais remarqué mais.. t’as des narines anormalement proportionnées. »

Elle ignore ses propositions sur l'objet de la mission, de toute façon si elle avait eu besoin de quelqu'un pour quelque chose d'aussi périlleux, Milo aurait été son dernier choix. C'est limite si ce n'est pas elle qui vient écraser les araignées quand Monsieur en trouve dans son appartement. Et voilà qu'il se fou de sa gueule, elle le savait que c'était une mauvaise idée, mais malheureusement elle n'avait personne d'autre à qui demander depuis le départ de Nate. « Aha très drôle, choisi seulement la moins pire si tu préfères. ». Un vrai gamin celui-là. Pire encore, c'est une vrai fouine, elle reste silencieuse, pas moyen qu'elle lui dise pourquoi elle a besoin de cette photo. « Exactement, t'es tellement intelligent, impossible de te cacher quoi que ce soit. Nouvelle connexion internet, nouvelle voiture, nouvel appart, du genre très très loin de toi et où y a aucun autre appartement libre à proximité. ». Elle l'avait déjà menacé de déménager par le passé, très souvent même et à chaque fois il insinuait qu'il la suivrait. En toute honnête, il y avait de grande chance qu'il ne déconne pas et qu'il soit capable de le faire. Elle le fusille du regard quand il ose critiquer son physique, alors que monsieur avait pris quelques kilos ces derniers temps, peut-être à cause de tout le champagne qu'il buvait avec une certaine blonde. « C'est nouveau ça, la dernière fois c'était que tu pouvais jouer au jeu des 7 erreurs avec les deux côtés de mon visage, de mieux en mieux. ». Exaspération, elle lui reprend violemment le PC des mains et va se poser sur le canapé. « Vu que t'es incapable de faire quoi que ce soit... ». Elle passe d'une photo à une autre et s'arrête finalement sur une. Elle fait signe à Milo de s'approcher, elle lui montre l'écran. « Celle là est comment ? Elle fait pas trop pouffe qu'a juste envie de se faire sauter ? ».

Hurl n’a jamais été très photogénique, mais décidément, la situation est bien pire que ce qu’il ne  le craignait. Si seulement ses narines difformes étaient l’unique problème… C’est sans compter sur son irrécupérable sourire figé. Il rigole quand elle lui dit de sélectionner la moins pire, franchement, il ne pensait pas faire autrement. « Arrêtes Hurl…. J’aime pas quand tu me complimentes comme ça. Ca me gène sérieux. » dit-il, un énorme sourire en train de se dessiner sur sa tête toute entière, ignorant complètement au passage le moment où elle raconte comment elle déménagerait sur Mars. Car oui, il n’y a que sur Mars qu’elle pourrait se débarrasser de lui. Il a détesté le film Gravity. Il ne peut contenir un rire quand elle lui parle de sa réflexion passée. Parfois son humour est tellement haut, beau, réfléchis, intelligent, qu’il parvient à se faire rire lui-même, tout seul, et sans aucune raison apparente. Ca s’appelle le génie. Alors qu’il s’apprêtait à se lever pour aller se chercher un coca il revient pour voir cette fameuse photo où Hurl a envie de se faire sauter. «  Tu vois, cette fille sur la photo, on dirait qu’elle baiserait pour un dragibus. » Il sourit. «  Étrangement, elle te ressemble Hurl. C’est fou ce que le monde est petit. Tu m’avais cachée que t’avais une sœur jumelle ? Elle a un nom ? Une adresse ? Un numéros de  téléphone ? parce que si elle est célibataire, j’irai bien la voir avec un ptit paquet de haribo dans les mains moi… » dit-il, sifflotant. Finalement, il se lève et part dans le petit placard adjacent à sa chambre. Il en revient, deux minutes plus tard avec un grand drap blanc et deux espèces de poteaux. Il met le tout en place pour que ça tienne. «  On va en refaire une hein, y a rien de bien dans ton pc. Mis à part deux trois films pornos que je t’ai téléchargé y a une semaine. Je me suis dit que ton célibat devait être une période pas facile. » Il rigole de son rire gras de gars désolant tout en trouvant un énorme ventilo qu’il positionne en direction du tabouret de bar qu’il vient de poser au centre de ce qu’il appellera dans deux secondes, son shoot. « On va te faire un petit shoot. J’ai même un gros ventilo et tout. »

« Un dragibus ? ». Air effrontée. La furie lui monte au visage illico, crazy Hurl est de sortie. Même si elle avait promis à sa mère de dire moins d'insanités et de se comporter comme une vrai lady, c'était mission impossible en présence de Carrie... Milo Bradshaw. Sa fureur se déversa, en commençant par une violente claque derrière la tête, vu le peu de neurones qui lui reste c'est pas si dramatique. « Moi, mon double et toutes mes personnalités on t'emmerde ! ». Pour bien appuyer ses paroles, elle lui adresse un double doigt d'honneur. C'est son sourire niais à la con qui l'énnerve plus que tout, elle se demande vraiment à quel moment elle a cru que ce serait une bonne idée de venir lui demander à lui. Comme si pouf comme par magie il avait grandi, muri. « Je plains ta meuf sérieusement, je sais qu'elle est blonde et tout, mais quand même. Elle a du courage. ». Malgré que monsieur ne soit plus célibataire ça ne l'empêche pas de continuer à faire des remarques déplacées à Harley. Le voilà qui se barre faire je ne sais quoi, ce qui lui laisse le temps de se calmer un peu.   Pourquoi elle a choisi ce moment-là pour arrêter de fumer ? « Si t'es parti te branler, je te jure que je t'arrache les couilles ! ». Suffisamment fort pour qu'il entende, probablement les voisins également. Elle regarde ce qu'il a ramené sceptique, revenant à la conversation seulement à la mention du porno. Oui, Harley est obsédé comme ça. « D'ailleurs t'as des goûts bizarres en la matière, parce que celle avec le nain était vraiment perturbante. ». Elle regarde le ventilo, puis Milo, puis le ventilo, puis Milo avant d'exploser de rire. Elle se tord sur le canapé, incapable de s'arrêter. « C'est.. ». Elle a du mal à articuler, limite si elle risque pas de se pisser dessus à chaque seconde. « C'est... ». Elle se tient le ventre, ça commence à faire mal. « C'est vraiment.. on dirait un vieil obsédé qui veut prendre des photos de petites filles. ». Et c'est reparti de plus belle, le truc vraiment frustrant quand quelqu'un rigole alors que y a rien de vraiment drôle. « C'est ta tentative la plus moisie pour me voir à poil sérieusement. Et dieu sait ce que t'as été lourd. ». Néanmoins, la perspective de le voir se prendre pour un photographe professionnel est assez drôle, puis faut le dire c'est un peu le rêve de toutes les filles de participer à leur propre photoshoot. Finalement elle finit par se lever et prendre théatricalement place sur le tabouret, faisant virevolter ses cheveux au passage. « Je te préviens, pas de photos nus, pas de gros plans sur mes seins et aucun commentaire sur ma symétrie faciale sinon tu redeviens PDG dans la seconde capiche ? ». Pour appuyer ses paroles, elle prend une pause à la con, imitant les gonzesses dans les mazines photos, mais échouant  parfaitement.