Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Il est temps d'oublier ! Dim 9 Fév 2014 - 0:32
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« Après avoir déposé la jeune blonde à la fac, je prends le temps de faire une grande promenade à moto puis je décide de me rendre au bar histoire de descendre quelques pintes de bière.
A près tout je suis à la retraite, j'ai le droit de profiter de mes journées et de mon argent. Je ne vais quand même pas me prendre la tête pour une enfant de 21 ans. Je me gare devant la porte du bar et entre en saluant de la main trois amis assis à une table un peu plus loin.
Je commande une grande bière peut je m'allume une cigarette et les rejoins en me laissant tomber sur la banquette en cuir. À peine posé je suis victime de quelques moqueries de mes potes de beuverie.
- Alors comment ça c'est passé avec la blondasse de la veille? Tu sais la nana du vidéo-club? Elle était chaude hier soir!
Je souffle et lui fais comprendre en un regard que je ne compte pas parler de cette personne aujourd'hui. J'attaque mon apéro bien matinal, sans me rendre compte qu'un jeune homme assis au bar écoute avec attention la conversation que j'ai avec mes collègues.
Après un petit moment de silence, je décide de briser le malaise installé par mon regard mauvais.
- Ça a était, si vous voulez tout savoir disons juste qu'elle est beaucoup moins sage qu'elle peut le laisser croire maintenant on change de sujet où je botte vos petits culs d'Australien.
Les rires de mes amis se font entendre alors que je termine ma bière et me lève pour en commander une nouvelle. Je me retrouve donc à coté du jeune gars qui semblait particulièrement intéressé par mes dires. »
Sujet: Re: Il est temps d'oublier ! Dim 9 Fév 2014 - 1:30
Les joies de la fac, c’était les profs absents. Les profs absents qui ne le signalaient pas. Ce matin, Casey était venu en cours, pour rien. Alors au lieu d’attendre 14h00 la reprise de ses cours de l’après-midi, à ne rien faire à la fac, il décida d’aller prendre un café au bar en face. Il était terriblement accro au café, et s’il pouvait éviter celui du distributeur de l’université, il le faisait sans problème.
Installé au comptoir, il vit entrer un type à l’allure de biker. Pas vraiment le genre de personnes qui peuplaient les côtes australiennes. Intrigué, les premiers mots de la conversation entre lui et ses amis lui parvinrent sans qu’il ne le veuille. Puis le sang de Casey se glaça. La blondasse. Du vidéoclub. Les veines battaient à tout rompre le cou de du brun. Son cœur lui faisait mal. Il le fit encore plus lorsque le biker énonça qu’elle était moins sage que ses allures ne le laissaient supposer.
Casey savait de qui l’homme parlait. Parce qu’il n’y avait qu’un seul vidéoclub dans tout Bowen. Une seule jeune femme blonde qui y travaillait. Emmanuelle, la gérante, était brune. Et Emily Finch était bel et bien le genre de fille d’apparence plutôt sage. Inconsciemment, Casey fixait le gars. Ce nouveau, à l’accent américain que Casey reconnaissait pour avoir passé un semestre aux USA, avait clairement sous-entendu qu’il avait passé la nuit avec Lee.
L’Italien se sentait bouillonner. Son sang frémissait, son corps s’agitait. Son esprit était autant de glace et de feu, il sentait sa mâchoire se serrer, son regard se durcir. Inconsciemment, ses mains s’agrippaient au comptoir. À ce moment, l’Américain vint passer commande. Casey le toisa, ses yeux bruns noirs de colère.
« Alors, c’est ça ton petit procédé quand tu arrives dans une ville pour te faire connaître ? Tu passes la nuit avec une fille charmante, et après tu la laisses se faire traiter de blondasse chaude et tout ce que tu trouves à dire, c’est qu’elle t’a bien amusé au lit ? » l’apostropha-t-il, méprisant totalement cet énergumène qui osait traiter Emily ainsi. « Bravo, c’est réussi comme entrée. Je te félicite ! » continua-t-il avec un rictus de dégoût. « Au moins, on t’oubliera pas. Coucher avec une des filles les plus intègres de Bowen et la traiter comme une putain après, t’inquiètes, j’me souviendrai. » termina-t-il en mordant ses mâchoires pour contenir sa colère.
Emily. Emily avait passé la nuit avec ce type. Bordel ! Elle avait tant changé que ça ? À la colère se mêla une tristesse, une tristesse qui lui piquait l’âme. Puis… Puis franchement ! Avec un type comme… Lui, là ? Ah ouais, c’est clair. Il était loin de l’égaler. Peut-être qu’elle avait divorcé parce qu’elle le trouvait pas assez viril, au fond ? C’était ça qu’elle voulait, un type barbu avec des muscles qui lui fasse l’amour et la voit comme une belle petite allumeuse ? Un type qui ne relevait même pas les insultes professées injustement à son égard, un bon vieux macho de la vieille qui la considérait comme une belle poupée à caresser ? Et qui, surtout, surtout, ne voulait pas s’éterniser sur le sujet. Passons à autre chose, c’était qu’une bagatelle cette affaire, demain ce sera une autre. C’était ça qu’elle cherchait maintenant, Emily Finch ? Casey avait envie de pleurer. De rage. D’humiliation. D’impuissance. De tristesse. Il était blessé, véritablement blessé. Au fond, elle n’avait sûrement pas fait cela contre lui. Il n’aurait d’ailleurs jamais dû être au courant. Mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir meurtri et humilié. Il avait envie d’aller la voir, de lui parler. Ce qu’il lui dirait ? Aucune idée. Mais il était trop en colère pour laisser cela passer. Bordel elle avait couché avec un biker qu’elle connaissait pas, un type qui n’avait pas une seule once de respect pour elle, qui la traitait comme une nouvelle conquête à ajouter sur sa liste et… Et elle l’avait fait, voilà tout. Elle avait couché comme ça. Avec quelqu’un qui la voyait juste comme un objet sexuel. Effectivement. C’était pas exactement ce qu’il était, elle devait le trouver trop douillet et gentil, trop idiot et maladroit, trop intellectuel et pas assez sexuel ? Un certain dégoût montait en lui. Il se mordit les lèvres puis tourna la tête vers l’Américain et lui lança :
« Et alors, cette nuit ce sera qui ? Après la blondasse chaude du vidéoclub, tu vas tester la brune enflammée ? Ou p’têt que les brunes c’est pas ton genre, alors tu vas aller voir si la serveuse blonde est aussi excitée à servir des boissons qu’au pieu, c’est ça ta vie ? » ajouta-t-il dans un accès de colère.
Il n’était pas du genre à se battre, et il ne se battrait pas, il avait toujours été celui qui l’on frappait et qu’on laissait moisir dans un coin. Mais cela ne l’empêchait pas d’être vraiment en colère. Et d’avoir peur, d’une certaine façon. Ce type débarquait d’on ne savait où. Il couchait direct avec Emily, la plus adorable des filles qui soient. S’il avait réussi à séduire Lee, il pouvait le faire avec n’importe qui. Et puisqu’il fréquentait les bars, Casey avait eu une pensée angoissée pour sa cousine. Il espérait qu’elle ne tombe pas sur ce type. Il n’avait pas intérêt de toucher et à Emily et à sa cousine.
Invité
Sujet: Re: Il est temps d'oublier ! Dim 9 Fév 2014 - 1:52
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« Je ne pense pas que cette journée sois la plus agréable possible pour le géant au sang chaud. Il avait fait plein de promesse, en arrivant ici. Je ne coucherai plus avec n'importe qui en l'honneur de ma petite fille partie trop tôt, je ne toucherai plus à une arme à feux, et je vais arrêtez de frapper les inconscients qui ne se rendent pas compte qu'il parle à la mort elle même. Sans me venter, je peut vous assurez que mon tableau de chasse le plus impressionnant n'est pas celui avec mes conquêtes féminine, mais plutôt le nombre de personne que j'ai tué lors de ma vie de criminelle. Je suis un repentit comme ont dit, mais je n'ai jamais rien contre le fait de donner une bonne leçon à un jeune sans cervelle.
Tiens en parlant de jeune sans cervelle, en voila un exemple parfait. Qu'elle chance de tomber sur un "ami" de ma nouvelle amie. Je n'ai rien contre celle que j'appelle la petite princesse au cheveux blond. Je n'ai rien fait de plus qu'amuser mes copains qui ne m'aurai pas lâcher tant que je ne leurs aurait pas donner un os à ronger. Je n'ai même pas dit avoir coucher avec elle d'ailleurs. Et puis pourquoi je devrais me justifié devant un petit homme qui pense avoir le droit de m'adresser la parole? Mes amis assis derrière moi connaissait très bien ma façon de procéder, et il connaissait surtout le club de motard pour le qu'elle j'ai travaillé toute ces années. Et si leurs visages se sont transformé, c'est parce qu'ils ont compris que les choses allez très vite tourné mal pour monsieur le protecteur de ces dames.
- Enchanté je m'appelle Maddox. Retiens bien mon prénom, tu comprendra dans cinq minutes pourquoi tu viens de commettre une erreur monumental. Et j'aime qu'on se rappelle de mon prénom quand on se réveille.
Je pose tranquillement, machinalement comme un robot mon bonnet sur le bar laissant tomber mes cheveux derrière mon dos puis je retire ma veste en cuir et l'envoi à ma place. Je vide mes poches, et pose le contenue sur ce même bar puis je termine par posé mes lunettes de soleil, qui m'avait coûté une fortune. Je me tourne vers le jeune suicidaire et m'approche doucement avant de l'attrapé par le col, comme je le fera à un jeune enfant effronté à qui je laisse une dernière chance.
- Déjà avant de me juger je vais te demander de te présenté. Sa s'appelle la politesse et sache que des cette instant à chaque fois que tu me manquera de respect je vais monter en tension et quand je serai au bout, je vais te sortir de ce bar, et t'attacher à ma moto pour t'offrir la promenade de ta vie. On reprend à zéro maintenant si tu veux bien.
Je me retrouve donc la, en débardeur devant ce jeune gars, a qui je ne donnerai pas plus de 20 ans. Mes bras devait être trois fois plus grand que les siens, et mes 2 mètres le faisait paraître pour un petit Hobbit du Seigneur des Anneaux. Mes multiple tatouage à l’effigie du gang de moto n'avait pas l'air de lui faire comprendre qu'il était en face d'un homme qui avait tuer pour moins que sa.
- Ne me parle plus jamais d'Emily en face. Quoi qu'il se soit passé entre vous sa ne me regarde pas et j'en est en réalité rien à foutre, de votre passé commun. Les histoires d'amour sa me donne envie de gerber tu comprend puceau de service? Seconde chose, avant de faire l’affronter devant quelqu'un assure toi qu'il n'est pas plus de sang sur les mains que tu n'en aura jamais dans toute ta misérable vie. Tu a quelque chose à ajouter?
Un de mes amis se lève et se prépare à se jeter sur moi pour m’empêcher de mettre mes menaces à exécution. Je n'en est aucunement envie, pour le moment du moins... »
Sujet: Re: Il est temps d'oublier ! Dim 9 Fév 2014 - 20:03
« Les gens sont comme ça, méchants avec ceux qui perdent. » — Baricco.
Maddox. L’homme se présenta. Faux-couvert de politesse, surtout vu la suite des évènements. Il menaça Casey et se mit soudain en mouvement, des gestes aux allures de vieux films, réminiscence d’antiques figures cinématographiques – la lente mise à nu avant la bataille, la carrure qui se dresse tel le pelage d’un félin, les canines saillantes, le bond en tension.
La poigne de l’Américain prit Casey par le col et le hissa hors du sol. Le jeune brun rit intérieurement. C’était donc ça. Le prendre par le cou et le menacer, lui faire peur, être à deux doigts de le frapper ? La suite sembla aller dans cette optique. Il reprocha à Casey de ne s’être pas présenté et de lui manquer de respect, avant de proférer une sordide menace – ces fameuses représailles de bikers, les corps traînés sur le sol pendant des kilomètres, acte qui se voulait assurance de force et de pouvoir – de masculinité, nom occulté de la supériorité, l’alpha qui se dresse contre le groupe, le règne de la poigne.
L’homme, sûr de ses gros bras et de son imposante musculature, n’hésita donc pas à poursuivre son sermon. Casey n’avait plus à lui parler d’Emily. Entre temps, il n’hésita pas à l’insulter gratuitement, sans porter attention aux sens de ses mots – le signifiant propre se perdait, se déformait, la sémantique évoluait dans le langage selon son degré, acquérait une portée plus incantatrice que révélatrice. Il envoyait à Casey des images de sang et découvrait ses babines, des manigances gargantuesques pour inspirer effroi et avanie, réduire en poussière la trempe subreptice dont le musicien avait transitoirement fait preuve.
Casey n’avait pas paniqué. Casey n’avait pas hurlé, ni sué, ni tremblé. Il n’avait pas des yeux écarquillés, ceux que les bêtes effarouchées avaient à raison face aux hommes qui les chassaient, une vieille pensée religieuse de supériorité coulant encore dans leur sang moisi, et si son cœur battait plus fort, il n’était pas celui du condamné. Car rien de nouveau ne s’esquissait dans cette sorte de saynète – au fond tout n’était qu’une belle bouffonnerie à l’image de ces tableaux espagnols qui se jouaient dans les corrals – ce n’était qu’un esclandre revisité, actualisé. La thématique était nouvelle mais la réaction de son adversaire était identique en tous points aux mœurs de ses anciens fantômes. Le mécanisme de son tempérament n’était donc pas une suite d’arcanes sibyllins, Casey pouvait subodorer ses agissements sans s’empêtrer dans d’abscons raisonnements. On l’avait déjà pris par le cou. On l’avait déjà menacé. On l’avait déjà frappé. Il connaissait la méprise et la violence, la supériorité qui animait les rivières pourpres de ces âmes-là, le sens de la solution par la suppression. Des années à subir de telles brimades. Être aujourd’hui piégé dans les poignes d’un tel mastodonte ne lui faisait pas plus peur que lorsqu’il était empoigné contre un mur, à sept ans, encadré par trois ou quatre de ses camarades. Il avait même moins peur. Car il avait évolué, car c’était un terrain familier, et qu’il était tellement dégoûté de la logique assassine de ces individus qu’il était hors de question de leur offrir une quelconque satisfaction en exprimant de la terreur.
« Oui. Oui j’ai quelque chose à ajouter. » articula-t-il difficilement, la respiration compressée, au terme du monologue de Maddox.
Il le regarda dans les yeux. Il ne le provoquait pas. Ce n’était pas des yeux qui défiaient, c’était un regard qui dialoguait.
« Se présenter, ce n’est pas, techniquement, de la politesse. C’est donner à l’autre un signe distinctif pour se reconnaître, éviter les confusions. » rectifia-t-il tout d’abord. « Ne plus parler te parler d’Emily en face ? Il me semble que c’est plutôt à toi de le faire. Je ne lui pas manqué de respect, contrairement à toi. Quant à l’histoire d’amour dont tu parles, je n’ai jamais désiré évoquer un tel sujet, d’où sors-tu cette ineptie ? Bien sûr que non, cela ne te regarde pas. Là-dessus nous sommes tout à fait d’accord. Je ne comprends pas pourquoi tu me dis de ne pas évoquer un éventuel passé commun – je n’ai jamais dit qu’on a partagé quoique ce soit ensemble – puisque je n’en ai absolument pas l’intention, et je ne l’ai certainement pas fait. » corrigea-t-il encore.
« Ce n’est, par ailleurs, pas le propos. Le propos, c’est que vous venez d’arriver en ville. Vous couchez avec une fille. Pour cela, d’accord, aucun problème. Mais le souci se trouve en ce que vous la laissez se faire insulter par vos amis, et vous poursuivez cette insulte, alors même que vous ne la connaissez pas. Emily est quelqu’un de très bien, quelqu’un qui a peut-être même vécu une vie plus dure que la vôtre. Ne la méprisez pas. Elle est forte, ce n’est pas la fille fragile que l’on croit. Ce n’est pas non plus la fille facile dont vous faites le portrait. Comment, en la méprisant autant sans la connaître, vous osez me demander d’avoir du respect à votre égard quand vous-même n’en manifestez aucun pour une inconnue respectable avec qui vous avez passé la nuit ? » l’interrogea-t-il en défendant Lee et passant au vouvoiement. Puisqu’il voulait du respect, il le vouvoierait.
En outre, Casey s’interrogeait. Il était sûr que Maddox était arrivé en ville dans les jours précédents, sinon il l’aurait vu avant. En ce cas… Comment avait-il pu se faire des amis ainsi ? C’était un laps de temps terriblement court. Curieux.
« Vous me dites que vous avez plus de sang sur les mains que je n’en aurai jamais dans ma misérable vie. Soit. Si j’entre dans votre raisonnement, ne pas tuer, c’est avoir une vie misérable ? Je vous présente mes plus plates excuses pour oser penser que la vie des êtres appartient à chaque individu et que les supprimer ne règle pas un problème mais ne fait que l’éluder. Vraiment, mes plus plates excuses. » ajouta-t-il, reprenant le discours du biker.
Son ton n’était pas agressif. Il exposait des faits. Il était plus calme que doux, mais absolument exempt de colère. La réflexion apaisait Casey. Il ne cherchait pas à provoquer ou faire enrager Maddox, il engageait une discussion, la colère s'était atténuée, il reprenait son ordinaire attitude affable.
« Supprimer les gens par la violence, ça neutralise certes la personne, mais ça ne règle pas les conflits que l’on a avec soi-même. Ce n’est pas parce que vous ferez le vide autour de vous que votre âme en sera guérie. Vos démons vous hanteront toujours intérieurement. Pour assainir son existence, il ne faut pas éradiquer. Il faut s’interroger. » continua-t-il alors, un cheminement intellectuel se créant dans l’esprit de Casey au fur et à mesure qu’il interprétait les réactions impulsives de Maddox.
Maddox était nouveau en ville. Il a le look de ces bikers de films. Stéréotype ambulant de ces hommes qui règlent tout par la violence. L’Australie n’est pas exactement une terre de violence. L’homme venait des USA, Casey l’entendait à son accent. Il en est parti. S’il est venu dans une ville telle que Bowen, c’est qu’il désire changer, non ? Changer d’atmosphère. Trouver du repos. Peut-être même se changer lui-même, se reposer, s’apaiser.
« Ce n’est pas en poursuivant des actes de violence que vous trouverez le calme que vous semblez être venu chercher à Bowen – on ne vient pas à Bowen pour son ambiance festive, on y vient pour son calme, la mer. Et on ne se calme pas en s’échauffant le sang. Me frapper ne servira qu’à alimenter une vieille rumeur en vous, à faire gronder vos démons, non pas à réduire leur colère. Vous allez me frapper, me foutre votre point dans ma figure, me traîner sur votre moto. Très bien. Je me retrouverai à terre, en sang, me tortillant de douleur. Et alors ? Vous rirez, serez satisfait de m’avoir flanqué cette raclée, et je ne m’approcherai plus pour ne pas me faire frapper de nouveau. Et après ? Est-ce que vous aurez réglé votre âme pour autant ? Est-ce que vous vous serez remis en question ? » questionna-t-il. « Il est vrai, j’ai été moi-même plutôt méprisant à votre encontre, sous le coup de la colère, car je ne conçois pas que l’on insulte ainsi une personne aussi respectable qu’Emily. Je vous présente mes excuses. » dit-il avec sincérité. « Mais si vous, vous me frappez. Est-ce que vous aurez réfléchi au manque de respect que vous avez eu envers Emily, alors que vous exigez de moi un respect que vous-mêmes vous n’appliquez pas ? Est-ce que ça va vous faire voir le monde autrement ? Non. Vous allez me frapper, vous retournerez à votre vie. Vous vous affaisserez de nouveau face aux provocations de vos amis. »
Le ton de Casey était de plus en plus calme. Sa tension baissait. Il n’était pas du tout à l’aise serré par le col à cause de Maddox, mais il parvenait à maîtriser sa voix – entraînement de plusieurs années, merci les ennemis du collège.
« Parce que c’est cela : c’est de la soumission. Ne pas hausser la voix et dire qu’Emily n’est pas une blondasse chaude mais une jeune femme adorable, pleine de vie, surprenante, avec qui vous avez partagé de chouettes moments, c’est se soumettre au diktat de la pseudo-virilité masculine. Vous avez préféré dire qu’elle était beaucoup moins sage que les apparences l’avaient suggéré, sous-entendant donc que vous avez passé une nuit agitée avec elle au lit, et clore le sujet, affichant ainsi l’image d’un homme fort, d’un homme qui réussit à coucher avec de belles jeunes filles, d’un homme qui n’a pas affaire à des saintes nitouches mais à des petites tigresses, ce qui renforce donc votre virilité, votre pouvoir, votre charisme, aux yeux de vos amis, et ainsi vous confère un certain statut dans votre petite société de bikers, vous permet d’avoir plus d’influence, plutôt que de demander de respecter quelqu’un. De respecter l’âme et le corps de quelqu’un. De rappeler qu’Emily n’était pas qu’un corps que vous avez baisé, mais un être vivant qui pense, a des opinions, des réactions. Quelqu’un comme vous, comme vos amis, comme nous. »
Casey n’était pas le garçon sans cervelle que Maddox pensait être. Casey réfléchissait sur le monde et les comportements – il n’était pas en anthropologie pour rien. Ses voyages l’y avaient aidé, lui avaient ouvert l’esprit. Étudier les cultures lui montrait diverses voies, diverses manières d’être. Et ainsi, Casey pouvait déchiffrer les logiques des relations humaines.
« Frapper et coucher avec des filles, ce n’est pas plus glorieux et masculin que réfléchir et se rendre compte que pleurer n’est qu’une propriété, non pas un attribut. Se vouloir masculin n’a pas plus de sens qu’espérer toucher le ciel. Ça n’existe pas. Vous n’avez pas besoin, pour exister, à vous montrer fort et à menacer, à insulter et sortir vos gros bras, gonfler les pectoraux et chercher à impressionner les autres. Vous voulez du respect ? Ce n’est pas le respect que les gens vous offrent en retour de votre comportement, les gens sont à des milles de vous respecter. Ils vous fuient. Ils vous fuient, vous qui exigez respect et neutralité, quand vous-mêmes ne faites preuve d’aucune de ces qualités. » exposa le jeune Italien à l’homme qui le menaçait et lui reprochait d’être impoli. « Vous m’avez menacé, insulté, jugé, exactement ce que vous me reprochez. Qu’en savez vous si j’ai plus ou moins de sang sur les mains que vous ? C’est un jugement de valeur, cela. Et me dire que je suis puceau pour m’insulter, est-ce du respect ? Être puceau, premièrement, n’est pas une tare. Il n’y a rien de ridicule à ne jamais avoir ressenti de désir pour quelqu’un, ou à n’avoir pas su le susciter chez autrui. C’est une alchimie qui ne se développe pas entre tous les individus. En me traitant de puceau, vous prouvez que vous estimez qu’un homme se doit d’être fort, de protéger les jeunes femmes, que l’homme doit avoir une sexualité développée pour mériter le titre de mâle. Hors, les femmes ne sont pas une entité mais un sexe, et certaines sont bien plus fortes que vous, certaines sont capables de vous envoyer valser plus que ce que vous ne comptez faire avec moi. J’en connais, croyez-moi. » développa le musicien.
« Elles n’ont pas besoin d’être protégées, elles ne sont pas des princesses enfermées dans une tour d’ivoire, à préserver de l’horrible monde. Elles sont. C’est tout. De même que les hommes ne se doivent pas être des kilos de muscles prêts à assommer et tuer toute menace extérieure de leur entourage et à répandre leur semence pour perpétuer le nom. On peut simplement évoluer dans le monde. Être puceau, ça n’empêche pas à quelqu’un d’avoir une existence. On n’a pas moins de vie dans l’âme parce qu’on n’a jamais eu de rapport sexuel. Courir, courir ça peut suffire à vivre. Lire, jouer de la musique, regarder le ciel, ce peut être plus fort de vie qu’avoir un rapport sexuel : selon l’émotion ressentie, il y a parfois plus d’intensité dans le regard émerveillé de quelqu’un face à la neige que dans un accouplement. En outre, vous vous fourvoyez, je ne suis pas puceau. J’ai bel et bien déjà fait l’amour. Plus d'une fois avec Emily, par ailleurs. » précisa-t-il pour corriger Maddox et ses préjugés, lui qui critiquait Casey.
« Maintenant, si vous voulez me frapper, allez-y. » lui déclara Casey le plus sérieusement du monde. Et il l’était. Il était sérieux. Qu’il le fasse.
« Je m’en fiche. Je m’en fiche parce que vous ne seriez pas le premier, et que je ne m’estime pas vaincu parce que quelqu’un m’a foutu un poing dans la gueule et m’a mis à terre. » détailla-t-il, honnête. « Je n’ai pas votre force physique. Pourquoi estimerais-je avoir perdu une bataille quand le combat est évidemment inégal ? Frappez-moi si cela vous chante. Pour autant, rien ne sera réglé. » intima l’étudiant à l’Américain qui le menaçait.
« Je vous en voudrai toujours d’avoir manqué de respect envers Emily et vous n’aurez pas réparé cet affront, vous l’aurez aggravé – vous qui réclamez politesse et respect dans le monde. Vous retournerez avec vos amis, à ricaner et mépriser le monde, à penser que blesser, c’est une preuve d’existence et d’affirmation de soi. Or, vivre, vivre c’est apprendre. » poursuivit Casey.
Il voulait que Maddox réfléchisse. Qu’il comprenne que la force ne faisait qu’abolir et qu’elle ne réparerait jamais les maux et les douleurs. Que s’il désirait se soigner d’injustices qu’il avait vécues, de pertes d’être chers, ce n’était pas en frappant qu’il se sentirait mieux.
« Apprendre, découvrir le monde, les gens, c’est ça vivre. En les supprimant, rien de cela n’est possible. Si un jour vous avez des enfants, ou si vous en avez eu, n’avez-vous pas remarqué cela ? Combien ce qui anime l’âme des enfants, ce qui fait qu’on les dit innocents – en vérité, c’est une chimère d’adulte, l’innocence enfantine n’existe pas plus que le mensonge adulte du Père Noël – c’est leur soif d’apprendre et de découvrir, leur questionnement sur le monde ? » interrogea Casey.
« Si à Bowen vous voulez rompre avec la violence qui semble vous habiter, nouer avec le calme australien, alors vous devez apprendre à apprendre. » conseilla le jeune homme.
« Comme les enfants. Oublier vos préjugés sur les êtres et le fonctionnement humain. Tout ce en quoi vous avez foi n’est qu’un tissu de cultures. Les cultures ne font pas le monde, elles l’éloignent. Vous pouvez apprendre. Vous pouvez ne plus avoir à cambrer le dos face à des potes grossiers qui vous obligent à être méprisant envers les autres pour exister, comme ceux qui sont là. » dit Casey en désignant les types à la table. « Vous pouvez prendre goût à la découverte, comme un petit garçon s’amuse à attraper des papillons, comme une petite fille pose ses yeux sur le monde et s’émerveille, demande au cours d’une ballade nocturne « Hé, papa, pourquoi les étoiles brillent ? ». Vous le pouvez. » assura Casey, son visage esquissant légèrement un sourire de réconfort.
« Vous le pouvez seulement si vous n’avez pas peur de vivre. » déclara l’étudiant. Parce que frapper, c’était facile. Mais courir dans une rue pour sentir le vent et enlacer la vie, c’était quelque chose que peu osaient ressentir. Casey avait mis longtemps à le faire. « Seulement si vous avez la force nécessaire pour découvrir, comme la petite fille cherche à comprendre les étoiles. » continua-t-il en reprenant l’image de la petite fille.
Il prenait cette image, parce que cela lui rappelait son voyage en Inde et les enfants auprès desquels il avait passé son mois. Tous ces êtres plein de vie qui lui avaient appris la vie plus que jamais personne ne l’avait fait ici à Bowen, ou nulle part ailleurs dans le monde. Les enfants étaient les seuls vrais vivants de l'humanité. Si seulement Maddox pouvait avoir lui aussi cette image là, un enfant qui vit, une fillette qui s'émerveille, alors peut-être pourrait-il aller à rebours de toute la propagande machiste dont il avait le cerveau plein. Peut-être entraperceverait-il la vie. La vie, celle qui fait palpiter les âmes et rire, pas la destruction des êtres qui fait mourir l'âme avant même d'avoir une balle dans la tête. Vivre, avait-il le cran de choisir la vie ?
« Alors, que choisissez-vous ? Prendre la petite fille par la main et vous laisser bercer par le monde ? Ou bien me foutre votre poing dans la figure ? » termina Casey, attendant un coup. Ou bien une vie.
Qu'il le frappe, en somme. Ce ne serait jamais que l'éternelle histoire de sa vie. On s'y accoutumait. On finissait par y croire. Casey Kennington réfléchissait trop, baragouinait à perte. Un bon coup dans sa petite tête d'angelot, ça faisait du bien et en plus, ça le faisait taire, y'avait rien de plus apaisant qu'un Casey muet. Qu'il le frappe. Vraiment.
« C'est comme un hurlement géant mais qui ne s'arrêterait jamais de crier, et ce qu'il crie c'est : "bande de cocus, la vie c'est quelque chose d'immense, vous allez comprendre ça oui ou non ? Immense !" » — Baricco.