DONOVAN, #06 ∇ tu es de ma famille, croisons nos vies de temps en temps.

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tu es de ma famille, croisons nos vies de temps en temps

Il savait très bien que j’allais accepter sa proposition. Ce faux-père me connaissait plus que je ne l’avais cru, et moi je savais précisément pourquoi il avait fait cet effort-là. Il avait la trouille d’être dénoncé, que sa femme connaisse toute la vérité, et je m’en servais très bien. Il avait payé ma caution et maintenant me proposait un endroit pour vivre. Au départ, j’étais sorti dans l’optique de rester dans la rue, de retrouver ce milieu que je chérissais tant. Mais il m’avait dit ces mots : « Et comment aideras-tu ta mère à sortir de cet hôpital psychiatrique, si tu retournes à tes petits trafics ? » Et il n’avait pas tort, l’enfoiré. Il était certain qu’un nouveau séjour en prison ne l’aiderait pas, et en toute honnêteté : je priais fortement pour ne jamais retourner dans ce sinistre endroit. Aussi, si je continuais de consommer de la drogue, quand aurais-je les idées assez claires pour démontrer à ma mère et au monde entier, qu’elle n’était pas folle, qu’elle avait juste des idées noires ? Or, fréquenter la rue comme avant était à coup sûr le meilleur moyen de replonger, dans tous les sens du terme. Oh non, ne vous faites pas trop d’idées, Elijah n’allait pas devenir sage pour autant ! Je n’étais pas un enfant de chœur, ça se savait, et sans doute que je ne le saurais jamais. Mais j’allai faire des efforts jusqu’à ce qu’elle sorte, puis après, on verra.

Donovan. Il s’appelait Donovan Emery, et il était mon demi-frère, que je n’avais bien sûr jamais rencontré. Oh, ça allait certainement lui faire tout drôle de me voir devant chez lui, et en réalité, la situation m’amusait un peu. Moi, je savais déjà depuis des lustres qu’il était du même sang que le mien, alors que lui le découvrait à peine. Certes, sous cet air de je-m’en-foutiste se cachait malgré tout une appréhension. A vrai dire, j’avais toujours regretté d’être fils unique, et m’étais même parfois demandé si ma vie aurait tourné de la même façon avec un modèle masculin à suivre. Modèle que mon père m’avait bien entendu retiré bien avant ma naissance. Alors, si Donovan ne m’appréciait pas ? C’était fort probable, après tout. J’étais grande gueule, de mauvaise humeur le matin, assez énervant aussi. Et moi ça ne me gênait pas ! Mais lui ? Allez fais pas la gonzesse et sonne à cette putain de porte. Ah oui, parce que ça devait bien faire dix minutes que j’attendais sans oser le faire. Je soupirai, m’insultant moi-même de con, puis frappai enfin contre la seule chose qui me séparait encore de lui. Je n’avais même pas songé à ce que j’allais pouvoir lui sortir… un truc comme : hey salut, j’suis ton frère, je sors de taule et tu dois m’héberger, ça passerait, vous pensez ?

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Tu es de ma famille
Croisons nos vies de temps en temps.

Elijah & Donovan

20h le téléphone sonne. Peter Emery au bout du fil, la voix grave, comme à son habitude, mais différente des autres jours, normalement c’était pour se donner un genre, une prestance, un air de JesuismonsieurEmery, pourtant ce soit on sentait qu’elle s’était faite plus profonde, presque tremblante, étrange pour cet homme inébranlable. Il avait eu un débit rapide, en deux minutes seulement Donovan avait vu sa vie chamboulée comme rarement elle avait pu l’être et surtout comme jamais il ne l’aurai cru. Non pas qu’il n’y ait jamais pensé, bien au contraire, le jeune homme avait bien compris que son père était un homme à femmes, qu’il avait probablement trompé sa mère autant de fois qu’il l’avait tenu dans ses bras au cours de leur relation. Peut-être s’était-il calmé avec l’âge, mais dans sa jeunesse, pouvoir et charisme avaient à coup sûr fait tourner les têtes de bien des femmes, sans que jamais celle qui partage sa vie ne le quitte, par peur de se retrouver seule, par cupidité, par fierté ou bien peut-être simplement par amour, qui sait au fond ce qui se trame dans la tête d’une femme, même trompée. Donovan n’avait jamais été dupe et il se doutait bien que son père avait dû mettre quelques-unes de ses maitresses enceintes, mais combien avait-il forcé à avorter, avait-il des frères et sœurs ? Ces questions avaient hanté sa vie depuis l’adolescence, sans jamais avoir de réponse, jusqu’à ce soir. Donovan avait un frère, Elijah.

21h la tête entre les mains, dans sa cuisine. Il tentait d’assimiler et d’accepter la nouvelle. Celui qui avait été fils unique pendant vingt-sept longues années, celui qui avait toujours rêvé d’un camarade de jeux, pour grimper aux arbres, se lancer une balle, se chamailler voir se foutre sur la figure, celui aurait adoré chaperonner une petite sœur un peu trop aventureuse, celui tout simplement qui avait ressenti le manque d’un lien fraternel toute sa vie venait d’apprendre qu’il n’était plus seul, qu’il ne le serait plus jamais, un grand vide s’était fait en lui, plusieurs sentiments contraires se mélangeaient et pourtant il avait l’impression de ne rien ressentir de concret. Le jeune homme sortait de prison le soir même, bien entendu Peter s’était retenu de lui dire pour quel motif il avait été incarcéré, il était plus jeune que lui et surtout, il était seul, n’avait aucun endroit où dormir et Donovan se devait de l’accueillir si celui-ci se présentait à sa porte. Il était certain que tout ce plan avait été bien ficelé par monsieur Emery et que ça n’était fait que pour servir ses propres intérêts, comme il avait dit à Donovan « Tu ne voudrais pas que ta mère souffre de l’annonce de cette erreur de jeunesse, elle est fragile, il serait inutile de lui faire plus de mal et de la décevoir encore une fois de plus… » Le lourd poids de ces paroles mettait clairement Donovan face à ses propres erreurs, qui avaient déçues ses parents et même si c’était totalement injuste que son père se serve de cette excuse, ça avait fonctionné. Quelle drôle de requête, qui en vérité n’en était pas une. De la part de son père rien n’était demandé, tout avait un motif plus ou moins obligatoire et sans appel, ça avait toujours été le cas et, à priori, même adulte, le jeune blond se trouvait encore sous les ordres de cet homme.
Donovan venait d’informer Victoria, sa jeune épouse, de la nouvelle, comme lui, elle fut plus que surprise et, tout comme lui, elle allait devoir se résoudre à voir débarquer un inconnu dans sa demeure, ils ne savaient pas quand il arriverait, ni combien de temps il resterait chez eux, quelle tête il avait, ni s’il était potentiellement dangereux ou même dans quel état d’esprit il se trouvait. Pourtant elle n’avait rien dit, elle l’avait pris dans ses bras et bercé comme pour le rassurer, ils verraient, ils en avaient vu d’autre, de pires histoires, ils s’en débrouilleraient très bien, après tout, ça n’était probablement pas un sérial killer… Tu as toujours tes réflexe de boxeur, au cas où ? Ils avaient ri, un rire jaune, bien entendu.

21h30 ou pas loin… on frappa à la porte. Le cœur qui cogne un battement de trop dans la poitrine, le regard inquiet, perdu, qui croise celui, tout aussi perdu mais bienveillant de Victoria. Elle l’embrasse sur les lèvres et lui indique qu’elle va préparer la chambre d’ami. Discrète, la jeune femme préfère laisser Donovan seul pour rencontrer son frère inconnu. Elle lui offre cet instant d’intimité et notre homme ne l’en aime que plus, d’être présente mais de savoir se retirer quand il le faut.
Il dénoua son nœud de cravate, puisqu’il n’avait pas eu le temps, ni l’esprit de se changer, l’homme d’affaire portait toujours son costume de travail, tiré à quatre épingles, mais se voulait un peu plus décontracter pour ouvrir la porte. Il prit encore quelques secondes pour se donner une prestance puis se dirigea d’un pas décidé vers l’entrée, il ouvrit la porte l’air serin, bouillant de l’intérieur, pleinement conscient que sa vie allait changer à la seconde où il croiserait le regard du jeune homme derrière. « Bonsoir… » Il ne trouva rien de plus à dire, après tout, il ne savait rien de cet autre, ni s’il se savait attendu. Il scrutait son visage, ses expressions, sa réaction.

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« Bonsoir… » qu’il me dit. J’étais plutôt rassuré de savoir que cet inconnu qui partageait pourtant mon sang, ne savait pas non plus quoi faire pour engager une quelconque conversation. Je mis même un moment avant de répondre, un peu perturbé même si je ne souhaitais pas le lui montrer. « Salut. J’suis Elijah. » Je ne savais pas trop si mon paternel avait dit à Donovan que j’allais passer. Mais vu la tête qu’il tirait… je supposais qu’il était au courant. « T’es sans doute Donovan. » Qui d’autre ça pourrait être ? Il ressemblait à son père, ce gars. Sans doute que ça m’énervait un peu d’ailleurs parce que moi je n’avais pas beaucoup d’airs de famille avec cet homme aux multiples aventures. Et je ne savais même pas si j’en voulais ou non, parce qu’au fond je n’avais rien de commun avec eux : ni le mode de vie, ni l’éducation, rien. D’ailleurs, je jetai un bref coup d’œil à l’intérieur de sa baraque. Elle semblait grande, contrairement à ma cellule où même à mon ancien logement que je partageais avec ma mère. Je dus faire mille efforts pour me retenir de pousser un soupir d’agacement. C’était ainsi : j’étais envieux de ceux qui réussissaient et par conséquent, jaloux aussi. Mais je n’en dis rien. En tout cas pas pour le moment. « Bon, je suppose qu’il t’a mis au courant, sinon tu ferais pas une tronche pareille. Je me doute que je dérange, et je sais pas combien de temps je vais rester. Crois-moi que je prends pas vraiment de plaisir à venir ici, j’aime mieux me débrouiller seul. Mais là… bah j’peux pas. » Fierté masculine. Pourquoi lui aurais-je dit qu’au fond, ça me faisait plaisir d’avoir un frère, quelqu’un avec qui je pourrais peut-être m’entendre et qui n’était pas qu’un camé ? Il n’avait pas besoin de l’entendre, d’autant que ça n’était certainement pas réciproque. Voyant qu’il me regardait un peu bizarrement, je souris, amer. « Et t’en fais pas va, je suis pas un serial killer, ni un assassin. J’ai fait des conneries mais c’est du passé, puis y’a pire comme bêtises. » Je n’avais jamais tué personne, moi ! Ma marchandise, je ne dis pas… mais ce n’était pas mon rôle de dire à mes clients comment consommer, voire limite d’éviter de le faire. De la thunes en moins, voilà tout ce que ça m’aurait fait.

A première vue, j’avais tout sauf l’air d’être réceptif et sympathique. Sans doute que je ne l’étais pas. Il fallait dire que je n’étais pas vraiment d’humeur, à cause de ma tante et du fait qu’elle ait foutu ma mère dans un hôpital psychiatrique. Mais en réfléchissant un peu, j’allais vraiment lui faire peur et ce n’était aucunement mon intention. Alors, dans le but de me radoucir, je soupirai un peu, passai une main dans mes cheveux. « Bon, j’suis désolé. Je suis crevé, j’ai pas passé une très bonne journée, et je devrais pas être aussi désagréable que ça. Je recommence. Moi c’est Elijah, et même si c’est assez bizarre…. J’suis plutôt content de rencontrer le fils qu’il a élevé. T’as eu plus de chance que moi. » Je souris tristement. « Mais c’est pas bien grave. Tu lui ressembles en tout cas. Pour le physique. » Je ne savais pas comment ils étaient au niveau du caractère et l’un et l’autre, alors.

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Elijah & Donovan

Donovan restait planté là, un peu bête, la porte grande ouverte devant ce frère inconnu. Il attendait une parole, quelque chose. Il scrutait son regard, son attitude, le garçon n’était clairement pas à l’aise non plus. Physiquement ils n’avaient pas grand-chose en commun au premier abord, les cheveux, vaguement, peut-être… En vérité il n’était pas très doué pour analyser ce genre de choses. Il finit par se présenter. Un vague rictus se dessina au coin des lèvres de Don, presque un sourire hésitant, mais vite disparu. « Ouais, je suis Donovan tu as frappé à la bonne porte, entre, ne reste pas dehors. » Il se poussa pour laisser entrer Elijah, après tout ils n’allaient pas faire connaissance sur ce pas de porte et puis on voyait que le jeune homme observait la maison. Il ne devait certainement pas venir du même milieu social que Don, sinon il ne se trouverait pas ici ce soir, alors la vue de cette grande maison, dans ce quartier huppé, ça pouvait surprendre, impressionner, agacer aussi, Don pouvait le comprendre, lui qui avait toujours rêvé de ne pas se faire remarquer, d’avoir la vie la plus simple possible, non pas qu’il se plaigne de l’opulence dans laquelle il vivant, mais disons que pour le coup, c’était raté pour la discrétion. Disons juste qu’être un Emery comportait quelques obligations et il se devait de tenir son rang.

Finalement son frère se fit plus loquace, il semblait vouloir se justifier de se trouver ici, c’est certain que Donovan avait bon nombre de questions qui lui brûlaient les lèvres, pourtant il n’appréciait pas le ton qu’employait le gamin. Il se montrait presque agressif, pourtant il allait devoir comprendre que s’il était là contre son gré, Don n’avait pas tellement le choix de l’accueillir aussi, ils se trouvaient tous les deux, trois avec Victoria, coincés ensemble alors il allait devoir changer de ton. Pourtant notre blond se montra ferme mais sans agressivité, sans hausser le ton, il était d’une nature calme, le genre qui évite les problèmes tant qu’il le peut. « Hum, on va se calmer maintenant si tu veux bien. Il ya encore une heure j’ignorais ton existence et a priori on est tous les deux dans cette galère. Je n’ai pas demandé à jouer le babysitter. Après si tu ne veux vraiment pas rester je peux toujours te payer un hôtel… mais j’imagine que si Peter t’a indiqué à moi c’est pour une raison. Alors je veux bien t’accueillir, je ne suis pas ton ennemi. Et en ce qui concerne ton passage en prison, ça ne me regarde pas… même si c’est toujours bien de savoir que tu n’as tué personne… » Petit sourire mi soulagé mi amusé. « Tout ce que je veux c’est que tes histoires ne passent pas le pas de cette maison. » En effet, Donovan n’avait pas à savoir les raisons de son incarcération, s’il voulait lui en parler, il serait à l’écoute, mais il ne le pousserait pas… après tout lui non plus n’était pas toujours respectueux des lois, en témoignent les quelques sachets d’herbe caché dans sa chambre. Mais il ne voulait pas que les ennuis d’Elijah deviennent les siens.

Les paroles de l’ainé semblèrent apaiser le cadet qui se relâchait au fur et à mesure, Donovan était d’une nature bienveillante et les gens le ressentaient. Il remarqua que son frère passait la main dans ses cheveux, ce qui l’amusa, c’était l’un de ses tiques lorsqu’il était mal à l’aise, peut-être un premier air de famille… c’est fou ce qu’on pouvait penser comme conneries. Il finit par se présenter, plus calmement. « Content de te connaitre Elijah. Mais je crois que tu te trompes sur le sujet… ou du moins qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise place finalement. J’ai souvent rêvé de vivre loin de Peter, c’est un homme bien trop influant, tyrannique je dirais… tu n’as rien loupé le concernant. Non pas que j’envie ta situation… même si je ne la connais pas… disons que ça à plutôt l’air d’être la merde pour toi. » Il fit une moue interrogative, gênée avant de se gratter l’arrière du crâne. « Oh génial, merci, c’est vrai que je ne passe pas inaperçue dans la rue, le fils de Mr Emery… je crois qu’on ne connait même pas mon prénom finalement ! » Il rit finalement, bien plus naturellement. « Dépose tes affaires dans l’entrée, Victoria te prépare la chambre d’amis, viens avec moi au salon, on sera plus à l’aise. Tu veux boire quelque chose ? » Il l’invitait déjà à s’installer sur un canapé.

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Un certain malaise s’était emparé de moi. Fini le gars sûr de lui, qui se foutait de tout et n’avait besoin que de sa mère pour être heureux. Fini le taulard qui se faisait passer pour le gros dur, fini tout ça. Finies les apparences. Pourquoi ? Je ne pouvais tout simplement pas me permettre ce genre de choses avec lui, un membre de ma famille, avec qui je partageais un peu de sang. Squatter chez quelqu’un ne m’aurait habituellement pas dérangé, au contraire, si ça me permettait de ne pas payer de loyer ! Mais actuellement, l’enjeu était trop important pour tout faire foirer. Il s’agissait davantage de ma mère que de moi, bien sûr. Pour me trouver un boulot, il me fallait une situation plus ou moins stable, un toit sous lequel vivre. Et Donovan m’offrait ce toit, bien qu’à contrecœur – ce que je concevais bien. Alors, pour ma mère, et aussi un peu pour moi il fallait l’avouer, je m’étais adouci, m’étais plus convenablement présenté afin de ne pas me faire détester par ce frère inconnu. C’était dur, je vous assure. Mais peut-être qu’au fil du temps, je prendrais l’habitude d’être agréable. Enfin… il ne fallait pas trop rêver non plus. « Je préfère ta place, largement. Parce que même si tu ne le supportes plus et que tu décides de couper les ponts, t’as un toit et du fric. C’est pas franchement mon cas. Mais si tu veux, on peut convenir qu’il y a un juste milieu. » Sa maison s’énervait. Et les gens comme lui en général aussi. Pour leur richesse, le fait qu’ils n’aient pas besoin de trimer pour manger. Pourtant, ils avaient beaucoup d’autres soucis, certainement. Mais en bon égoïste que j’étais : je n’y pensais jamais.
J’étais entré dans la maison, observant un peu tout autour de moi. Il fallait avouer que c’était bien décoré, et j’avais rarement eu l’occasion de me trouver dans ce genre de lieux. Comme il me l’indiqua, je déposai mon maigre sac dans le couloir. Il contenait quelques affaires qu’on m’avait rendues à ma sortie de prison. Ni came, ni clopes, pour ne pas être tenté. Puis comme Donovan avait dit : mes problèmes ne pénètreraient pas cette maison et je mettrais un point d’honneur à respecter cette clause. Je lui devais bien ça, à ce brave type qui accueillait un ex-taulard chez lui, sans se soucier de ce qui avait pu causer son incarcération. « Cela dit j’avais bien compris qu’il était tyrannique. Je parie qu’il ne t’a pas laissé le choix de ma venue… et j’suis désolé, pour ça. Si je pouvais, je ferais autrement. » Mais fait est que je ne pouvais pas. Malheureusement. « T’as déjà songé à exister au-delà de cet homme-là ? J’veux dire, à ton âge, il serait peut-être temps. Fin je te donne pas de leçons, mais moi ça m’énerverait qu’on me connaisse pour ce que je ne suis pas, à savoir ton père à qui tu n’as pas l’air de ressembler. » Je haussai les épaules, il allait peut-être mal prendre ma réflexion mais j’étais de nature franche. « Ouais, je veux bien boire quelque chose… un verre d’eau ou… ou une bière, si t’as. » Je ne savais pas trop comment briser la glace entre lui et moi, alors je lançai un banal : « C’est joli, ici… » En même temps, en comparaison avec ma piaule minuscule… « Qui est Victoria, en fait ? »

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Elijah & Donovan

Bien entendu ils se jaugeaient, s’observant du coin de l’œil sans en avoir l’air, c’était de bonne guerre, Elijah observait aussi cette demeure qui allait, pour un temps, devenir la sienne, il semblait ne pas être à l’aise en même temps, comment l’être, quand on est obligé de demander l’hospitalité à un parfait un inconnu. Donovan, lui tentait de paraitre détendu, mais la découverte de celui qui semblait être son total opposé l’intriguait, l’intimidait aussi, lui qui était d’une nature peu avenante. Alor qu’il déposait ses affaires, Elijah lui rétorquait qu’il préférait sa situation de fils légitime avec l’argent et tout le package, c’était un point de vu logique, il ne rejetait pas cela, il se savait privilégier et il savait, à l’opposé de son frère, que lui avait des racines, connaissait son histoire, son passé, ses ancêtres c’était une chance certes, mais la contrepartie de cette vie d’opulence et de stabilité avait un prix bien lourd lorsqu’un était le fils de Peter Emery, peut-être le gamin le saurait-il un jour, le comprendrait même, bien que Don ne le lui souhaitait pas. « Non, il n’est pas du genre à demander… il impose… » petit rire contrit. « Mais ne t’en fais pas, ça ne me gêne pas de t’avoir, il faudra juste qu’on … s’habitue l’un à l’autre. »

Ils passèrent au salon, Donovan aurait bien payé pour savoir ce qui se passait dans la tête du jeune homme dont les yeux furetaient chaque recoin de la maison. Il se demandait s’il était au moins heureux, soulagé de se savoir logé, d’avoir un lien familial sur lequel il pourrait compter. Mais peut-être avait-il d’autres frères et sœurs, il ne savait rien et ça le frustrait. « J’suis pas tellement le genre de gars qui envoie tout valser. J’ai une vie ici, des amis, c’est pas aussi simple. J’ai tout quitté, une fois, j’suis parti un an en Thaïlande, Peter m’aurait ramené ici par la peau des fesses s’il avait pu, mais j’ai tenu bon. Je ne serais pas rentré s’il n’y avait pas eu cette fille… il y a toujours une fille dans ce genre d’histoire… alors j’ai repris ma vie, je suis moins dévoué à mon père, mais il fait partie de mon existence, il m’a donné mon job, l’argent que je possède je lui dois… » Il aurait pu continuer longtemps avec la liste des choses qu’il devait à son père, mais s’eut été trop long, pompeux, inutile. Alors il se décida à arrêter, il disparut dans la cuisine un instant pour en revenir avec deux bières fraîches qu’il décapsula. Il en tendit une à Elijah, il le remercia d’un hochement de tête pour le compliment sur la maison avant de s’assoir dans un canapé en face de lui. « Victoria, c’est la fameuse fille, ma femme. Tu partageras cette maison avec elle aussi. Je ne te connais pas, je ne juge pas, mais si tu dois le respect à une seule personne ici, c’est à elle. » Il s’était montré ferme et presque autoritaire dans cette dernière requête qui n’en était pas vraiment une, il ne supporterait pas que ce gamin qui semblait ne pas avoir sa langue dans sa poche mais un avis sur tout soit incorrect avec Victoria. Parce qu’elle avait accepté d’ouvrir sa porte à l’inconnu, à la minute où elle avait appris la nouvelle, sans rien savoir de son histoire, simplement qu’il était le frère de Donovan.

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Je l’enviais dans un sens. Mais dans l’autre, j’étais plutôt fier de réussir à me débrouiller seul. A gérer ma vie comme je l’entendais. Je ne dépendais de personne, même si ma mère dépendait de moi. Tandis que lui… s’il avait envie de s’en aller, de tout plaquer pour recommencer ailleurs, il ne pouvait pas. Son père, notre père, était trop affluant pour ça. « Si t’arrives à t’habituer à la prison, c’est que tu peux te faire à tout. » fis-je en haussant les épaules, d’un air tout à fait stoïque. Puis, comme si j’avais peur de le blesser en lui disant ça, j’ajoutai : « Enfin, je pense que ce sera beaucoup moins compliqué de s’habituer au fait de ne plus être… tout seul. Fin, j’parle pour moi. J’ai pas beaucoup de famille dans le coin. » Et la seule que j’avais était soit en hôpital psychiatrique pour ma mère, ou ne m’avait soit pas voulu chez elle pour ma tante. Au final, j’étais sans doute mieux ici. « J’avoue que je me suis demandé comment il t’avait convaincu. C’est sûr que ça va plus vite quand y’a pas besoin de demander l’avis de l’autre personne. Ca te nuira, tu sais ? » Je lui fis un sourire narquois. C’était un problème, ça aussi. Être sous l’emprise de quelqu’un ou de quelque chose, ça m’était arrivé. Il était bien dur de s’en défaire. Mon père, comme la drogue ou la clope, avait probablement un effet néfaste sur la santé de Donovan, et il avait bon nombre d’inconvénients, bien plus que d’avantages. A la différence qu’au moins, mon cher frère avait une vie stable.

Sa maison me dérangeait vraiment, me démangeait limite. Je m’y sentais mal à l’aise, c’était pas ma place ici. Mais je n’allais pas jouer le difficile, surtout qu’il fallait bien avouer que ça allait être reposant de vivre ici. En train d’observer la décoration, j’écoutais à moitié ce que Donovan me disait. Mon esprit raccrocha quand il parla de Thaïlande. J’adorais entendre parler de cultures que je ne connaissais pas, j’avais toujours eu une grande envie de voyager mais jamais les moyens malheureusement. « C’est beau, comme pays ? » J’étais un peu ailleurs, il me fallut un instant pour me rappeler que ce n’était pas ce genre de questions qu’il fallait poser pour montrer qu’on s’intéressait aux gens. La sociabilité et moi… Je m’apprêtais à en poser une autre quand il partit à la cuisine pour nous chercher les bières. Je souris à la vue de celles-ci, ça faisait longtemps que je n’en avais pas bues. Puis il me parla de la fameuse Victoria, et il semblait plus que sérieux. Je hochai la tête. « Ne t’en fais pas, Donovan. Je suis peut-être un gros con, mais je respecte les femmes. Et je te respecte aussi. Il me faut juste un peu de temps. Enfin je crois. J’suis pas fan des gens riches tu sais. Puis ici, je me sens pas très bien, tout en sachant que ma mère doit subir des soins dont elle n’a pas besoin. Alors je resterais pas longtemps ici. Dès que je peux nous payer un appart, je m’en vais… » Mais je ne savais absolument pas combien de temps ça prendrait en réalité. J’ouvris la bière et en bus une gorgée. Ca faisait un bien fou. « Je serai poli avec elle. Je suppose qu’elle compte pour moi. Et la famille est importante chez moi, alors je ferai le maximum pour que tout se passe bien. Après tout, c’est d’ma faute si je débarque dans vos vies. »

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Le gamin semblait avoir un avis sur tout et connaitre la vie, il était tout en conseil pour son ainé, Donovan en souriait dans sa barbe, certes Elijah avait peut-être une expérience de vie intense, mais son passage par la case prison donnait à croire qu’il avait dérapé plus d’une fois. Le sage Donovan n’avait peut-être pas pris autant de risques au cours de son existence et il donnait l’impression d’être materné et totalement manipulé par son père, mais lui était resté intègre et ça c’était un choix, une preuve de respect de lui-même et des autres. Il ne jugeait pas son jeune frère, ça n’était pas son rôle mais il lui semblait que son jugement à lui n’était pas réellement approprié, pourtant il n’en dit rien, se contentant de sourire lorsqu’ils s’installaient au salon. « Tu peux rester le temps qu’il faudra ça ne me dérange pas, la maison est assez grande pour ne pas qu’on se marche dessus et que tu te sentes libre de tes actes. Tu auras accès à tout, la cuisine, je te donnerai une clé, tu seras parfaitement indépendant. Si tu as besoin de quoi que ce soit il ne faudra pas hésiter. Je peux t’aider aussi dans des démarches administratives, bref, sens-toi libre. Nous ne sommes pas ce genre de personnes riches qui prennent les autres de haut, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. » Il lui sourit tout en levant sa bière pour trinquer, trinquer à leur rencontre, à leur futur vie ensemble, qu’il ne soit que de passage ou qu’il s’attarde un peu, qu’il se révèle ou qu’il reste secret, il était prêt à apprendre à connaitre son frère. La curiosité commençait à le tirailler, il voulait en savoir plus sur lui mais ne voulait pas le brusquer. Pourtant il parlait de sa mère, il l’avait mentionné plusieurs fois, tout comme son attachement à la famille, c’était intéressant et ça donnait à penser que ce gamin s’en sortirait, les liens familiaux aidaient à sortir la tête de l’eau et même s’il semblait n’avoir que sa mère, il s’y accrochait, peut-être qu’il s’attacherait aussi à un lien fraternel avec Don, même s’il était bien trop tôt pour y songer. A l’inverse, même s’il avait toujours rêvé d’avoir un frère, notre blond n’était pas tellement porté sur sa famille, moins il voyait ses parents, mieux il se portait, il tentait plus que tout de s’éloigner de ce lien toxique qui l’enchainait à son père, sa mère, elle était passive et effacée derrière cet homme bien trop influant. « Ta mère est malade ? Tu n’as qu’elle comme famille ? » Il tentait d’y aller doucement, pour ne pas braquer celui qui semblait être comme un lion en cage dans cette maison bien trop rangée pour lui.

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