hold me in your arms (camily)

Emily se précipita dans l'entrée pour mettre une veste et attraper son sac, le cœur lourd. Elle venait d'avoir une conversation avec Casey et il n'allait pas bien. Pas bien du tout. L'état de sa cousine se dégradait à vue d’œil, il se sentait impuissant face à sa détresse et il avait décidé de l'appeler elle, son ex-femme, pour dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Le fait qu'il continue à se confier à elle la touchait. Ils avaient réussi l'exploit de rester amis - les meilleurs amis du monde, même - malgré la fin chaotique de leur vie à deux. N'en pouvant plus d'entendre la voix affectée de son ex-mari au bout du fil, Emily avait lancé un « J’arrive. » avant de raccrocher rapidement. Il était vingt-trois heures passées mais elle s'en moquait totalement. L'heure n'avait aucune importance, il avait besoin d'elle. Elle conduisit le plus rapidement possible pour arriver au plus vite puis frappa à la porte une fois devant l'appartement de Casey. Il lui ouvrit sans tarder et elle n'attendit pas plus longtemps avant de se jeter à son cou et le serrer très fort dans ses bras. Elle faisait toujours cela quand il n'allait pas bien. Il avait toujours dit que ses câlins étaient magiques et qu'ils avaient le pouvoir de l'apaiser instantanément. Elle espérait que cela n'avait pas changé. Ils ne s'étaient pas étreints de cette façon depuis tellement longtemps qu'elle ne parvenait même pas à se souvenir de la dernière fois... Il faut dire que les contacts physiques étaient devenus rares - voire même inexistants - pendant les dernières années de leur mariage. Elle ferma les yeux, le serrant encore plus fort, puis elle le relâcha finalement après de longues minutes passées à le garder contre elle. Elle le regarda avec attention. Il avait l'air épuisé. Il devait cruellement manquer de sommeil. Elle caressa doucement sa joue avant de briser le silence : « On va aller s'asseoir et tu vas tout me raconter en détails, d'accord ? » Elle lui adressa un petit sourire avant de se diriger vers le canapé pour qu'ils puissent discuter tranquillement. Il n'avait aucune crainte à avoir avec elle ; il pouvait tout lui dire, elle l'écouterait avec la plus grande attention du monde. Comme elle l'avait toujours fait.

Emily avait mis fin à leur étreinte à contrecœur. Elle aurait bien aimé pouvoir garder Casey contre elle un peu plus longtemps mais il avait certainement besoin de parler de tout cela. Tout garder pour soi n'était pas bon et elle serait là pour lui. Toujours. Quand il la remercia de s'être déplacée, Emily lui offrit un petit sourire amical. « C'est normal. » Elle avait assuré cela avec conviction. Oui, c'était normal. Ils étaient peut-être divorcés mais ils n'en restaient pas moins proches pour autant. D'une certaine manière, ils étaient même plus proches qu'ils ne l'avaient jamais été. Et elle répondrait toujours présente s'il avait besoin d'elle, il pouvait en être certain. Elle le connaissait assez bien pour savoir qu'il n'avait pas envie de parler pour l'instant, certainement pour se laisser un peu de temps histoire de prendre du recul sur cette soirée mouvementée. Et elle ne le forcerait pas à se confier tant qu'il n'en aurait pas envie. Le simple fait d'être à ses côtés et de ne pas le laisser seul lui allait. Et puis, il pouvait compter sur elle pour qu'elle lui change les idées par tous les moyens. Emily trouvait toujours quoi dire ou faire pour le faire sourire. Enfin, généralement. « Non merci, ça va » répondit-elle avec un sourire sans prendre la peine de préciser qu'elle avait ingurgité une bouteille entière de jus de carotte peu de temps avant de venir le voir. Elle se pinça légèrement les lèvres avant de froncer le nez, un peu gênée. « Par contre, t'aurais pas des kiwis ? » Ne lui demandez pas pourquoi, ces temps-ci, elle avait envie de kiwi.  C'était sûrement ça, les "envies bizarres" que l'on avait lorsqu'on était enceinte... Du jus de carotte et des kiwis. Eh bien, elle restait raisonnable même dans ses excès. Sa main se posa malgré elle sur son ventre qui était légèrement plus rond que la semaine précédente. Rien de bien flagrant mais elle, elle voyait la différence. Se dire qu'un bébé était en train de former à l'intérieur de son organisme lui faisait peur. Elle prenait beaucoup plus soin d'elle depuis qu'elle savait qu'elle attendait un enfant. Elle mangeait mieux (et à des heures plus régulières), dormait plus (et bien plus tôt), faisait attention de ne pas faire trop d'efforts pour ne pas compromettre l'évolution du bébé... Bref, elle commençait déjà à changer. Et malgré la fatigue, l'anxiété et les maux en tout genre dont elle souffrait, elle se sentait étonnamment apaisée. Elle pencha légèrement la tête pour regarder Casey, une moue contrariée sur le visage. « Assieds-toi. » Elle le poussa à s'installer confortablement sur le canapé puis elle s'éclipsa dans la cuisine. Elle ouvrit plusieurs placards avant de trouver ce qu'elle cherchait : de quoi lui faire un bon café. Ce n'était peut-être pas très recommandé vu qu'il était déjà très énervé mais elle était persuadée qu'une bonne tasse de café chaud lui ferait du bien. Pendant que le café s'écoulait de la cafetière, elle s'approcha de la corbeille de fruits dans l'espoir d'y trouver un kiwi... Mais non. Tant pis, elle lui demanderait d'en acheter pour la prochaine fois où elle viendrait. Elle retourna au salon avec la tasse dans les mains, la posant finalement sur la table basse. « Une grande tasse de café noir sans sucre. » Elle lui sourit avant d'aller chercher une petite boite en plastique dans son sac à main, posé non loin d'eux. « Et... Il me restait quelques cookies faits maison, je me suis dit que ça pourrait te faire plaisir alors tadaaaam ! » Elle posa la boite contenant les quelques biscuits à côté de sa tasse puis s'assit à nouveau près de lui. « T'es pas obligé de me parler maintenant. On a le temps. De toute façon, je compte bien passer la nuit ici, hors de question que je te laisse tout seul. Tu vas m'avoir sur le dos un bon moment, mon pote ! » Elle lui adressa un sourire malicieux puis, sans trop savoir pourquoi, déposa un baiser sur sa joue. Elle était ravie de voir qu'ils étaient toujours aussi proches malgré toutes les épreuves. Et l'idée de passer une soirée avec lui la ravissait.

Elle fut ravie de le voir heureux grâce à sa tasse de café et ses cookies. Ce n’était pas grand chose mais savoir qu'il était sensible à ses petites attentions lui faisait plaisir. Je vais devoir te supporter toute une nuit ? Emily lui flanqua un léger coup de poing dans le bras avant de plisser les yeux, l'air faussement mauvais. « Eh ouais. C'est dur la vie, hein ? » Elle jeta un coup d’œil au chien de Casey puis hocha doucement les épaules. « Sharma va devoir apprendre à partager. De toute façon, votre relation est trop fusionnelle alors... » Elle cherchait à faire rire un peu Casey, même si elle n’était pas sûre d'y arriver avec des plaisanteries de ce genre. Il y eut un silence puis Casey commença subitement à lui raconter ce qui l'avait bouleversé à ce point. Emily reprit son sérieux, écoutant chacun de ses mots avec grand intérêt. Elle ignorait comment faire pour le réconforter mais elle ne comptait pas le laisser comme cela. Sans pour autant l'interrompre, elle passa sa main derrière de son ex-mari pour lui caresser le dos, cherchant à l'apaiser un peu. « Je suis désolée. » Elle l'était vraiment. Certes elle ne portait pas vraiment Maybelle dans son cœur mais elle n'était pas méchante au point de souhaiter la mort de quelqu'un. Savoir qu'elle était mal au point de vouloir en finir la touchait. « Si elle n'a pas pu aller au bout, c'est bon signe non ? Ça veut dire qu'elle n'avait pas vraiment envie d'en finir. C'était plus un appel au secours qu'autre chose à mon avis. » C'était un raisonnement idiot, elle le savait. Elle savait que les suicides survenaient toujours subitement. On n'y pensait pas une seconde avant et puis on franchissait le pas pour telle ou telle raison. Et il était trop tard. « T'es pas impuissant. D'après ce que tu m'as raconté, tu es l'une des seules personnes à être là pour elle alors je crois qu'au contraire, tu lui es d'une grande utilité. C'est sans doute grâce à toi qu'elle n'a pas sauté le pas. » Elle lui adressa un léger sourire pour lui montrer qu'elle était sincère. Elle ne disait pas cela seulement pour le réconforter. Elle le pensait vraiment. « Elle devrait peut-être voir un psy ? » Elle n'était pas étudiante en psychologie pour rien. Elle était persuadée que se confier à un professionnel qualifié pourrait l'aider. Se confier faisait vraiment du bien.