[LIBRE] - And I wish I was a comet.

La nuit commençait à tomber sur Bowen, le ciel se dégradait de l'azur au bleu nuit. Les lampadaires étaient encore éteints mais les commerces se fermaient et les commerçants croisaient les habitants s'apprêtant déjà à profiter de leur soirée grâce aux températures clémentes de l'air australien. Elle allait. Sur la promenade bordant la plage, Raphaëlle se baladait seule – elle appréciait ces heures d’aube et de crépuscule, l’atmosphère y était toujours chargée de mystère, tout devenait plus sensible, les corps étaient plus réceptifs au monde. Le long du trottoir, sa jupe d’un bleu marine voletait au rythme de ses pieds qui filaient sur le sol, chaussés de rollers noirs. Le vent soulevait ses cheveux et agitait son chemisier crème. Arrivée depuis peu à Bowen, elle n’avait pas pris le temps d’explorer la ville, cherchant seulement à mémoriser le chemin de son appartement à son travail, de son travail au supermarché, du supermarché à chez elle. Elle connaissait à présent le quartier principal mais ne s’était pas aventurée ailleurs. Épuisée d’avoir patiné pendant presque deux heures – les rollers n’étaient qu’un moyen pour Raphaëlle de continuer  à patiner et danser sans aller sur la glace, elle ne pouvait se résoudre à bannir de sa vie les patins – la jeune blonde s’arrêta. Elle ne savait absolument pas où elle se trouvait, jamais encore elle n’était allée dans ce quartier et l’assistante funéraire ignorait totalement quel chemin prendre pour rentrer à son appartement – bien qu’elle ne veuille pas y retourner pour l’heure, elle désirait simplement se repérer. Tournant la tête, Raphaëlle aperçut une silhouette sur la plage – la seule dans les parages. Elle déchaussa ses patins et les tenant de sa main gauche, alla fouler le sable de ses pieds. Arrivée à hauteur de la personne, la Française demanda : « Bonsoir, excusez-moi, dans quel quartier sommes-nous ici ? » essayant de ne pas trop faire entendre son accent. Sa voix était claire et douce – une cascade au printemps.

La jeune femme blonde à qui elle s'était adressée se retourna, lui répondant aimablement. C'était toujours un risque : s'adresser à un inconnu. Ne pas connaître ses réactions, risquer de déranger, se confronter à un caractère fermé et asséché, violent. Avant, elle aurait eu peur. Elle n'aurait jamais osé se manifester. Ce progrès la satisfaisait. Elle sourit à son interlocutrice et répondit : « Je suis arrivée il y a quelques jours, je n'étais pas encore venue jusque Eastern District. C'est donc ici ! » Elle avait entendu parler de ce fameux quartier touristique mais n'avait pas eu l'occasion de s'y aventurer. Observant les alentours du quartier, elle reporta son attention sur la jeune femme. « Vous habitez à Bowen depuis longtemps ? » interrogea-t-elle. Faire la conversation et découvrir des personnes dans cette ville - autre que les morts qu'elle enterrait et leurs proches éplorés - ne serait pas de refus.