how can we dance when our earth is turning. (sian)

J'en ai assez, assez de constater que les mentalités ne changent pas, assez de vivre avec des gens égoïstes, qui ne pensent jamais à demain. Ouais, je fais partis de ces gens, de cette catégorie de personne qui en a encore quelque chose à faire de l'avenir. Oui, je suis une putain de militante écologique. Oui, je me bagarre pour que le monde soit meilleur, plus sain, en meilleur santé, mais ça, vous ne le comprenez pas. C'est pour ça que je suis là, que mon corps est recouvert de peinture, de slogans en tout genre. « Chose promise, chose due. » Je suis tout de même ravie de voir qu'il y a encore des gens ouverts, Poppy fait parti de ces gens qui aimerait agir, mais qui jusqu'à maintenant ne l'osait pas. « Alors le programme ? » me demande-t-elle pour se rassurer. Je pose alors ma main sur son épaule, sourire en coin. « Ici ma belle, le programme c'est l'improvisation. » Je vois bien qu'elle cherche plus de détails, alors je continue. « Tu marches en suivant la foule, tu chantes, tu t'amuses, tu montres au monde que tu le soutiens. C'est tout. » Elle et moi, nous savons que ce n'est pas tout. Elle est bien placée pour savoir que ce genre de "représentation" finit toujours de la même façon. Les flics débarquent, font des arrestations aléatoires. Je ne compte plus les fois où elle est venue nous chercher au poste avec Thad. « Ah oui, par contre, évites les flics quand même. » lui dis-je avec un petit clin d'oeil en commençant à marcher.

« C’est carrément mieux que les soirées caritatives et autres. » Je pouffe de rire à cette remarque. J'avais eu l'occasion de participer à ce genre d’événement, mais tout y est tellement faux, les gens ne font pas ça par réelle conviction, ils le font simplement pour se faire remarquer, se donner bonne conscience. « On va dire que c'est un peu plus . . mouvementé et surtout plus franc. » avouais-je en suivant le mouvement. Les gens commencent à s'emporter, et je les imite, le coeur battant à cent à l'heure, les chants en tout genre, c'est ça le soutien, c'est ça la vie. Néanmoins, je n'ai pas envie que Poppy se retrouve chez les flics alors je me contiens. Pour elle. « C’est pas comme si on pouvait compter sur quelqu’un pour venir nous chercher en plus. » Ça, je lui accorde et je me marre en imaginant le scénario en sens inverse. « J'crois qu'il nous laisserait pourrir dans ce trou, non mais sérieux, t'inquiètes pas, je ferais attention, c'est promis ! » Grand sourire aux lèvres, je lui en fais la promesse. « Au pire, si tu vois que j'commence à disjoncter, tu me laisses, au moins j'suis sûre que quelqu'un me fera sortir. » Plaisanteries, plaisanteries.

J'avançais, et Poppy me suivait. Du coin de l'oeil, je la regardais, elle est belle la jolie brunette. J'étais heureuse que Thad ait trouvé une fille comme elle. Et dire que les gens s'imaginent toujours que lui et moi, on est un couple. La bile me remonte dans la gorge, rien que l'idée pourrait me faire vomir. Non mais sérieux, j'aurais trop l'impression de me taper mon frère. Bref, il fallait bien un jour ou l'autre que Poppy découvre ce genre d'événement. Elle était mal tombée si elle voulait y échapper. J’apercevais au loin un connard qui jetait son papier par terre, j'étais hors de moi. « Hey connard ! T'as envie que j'te fasse bouffer ton papier ou quoi ? ! » D'ordinaire, j'suis pas quelqu'un d'agressif, mais c'est à cause de ce genre de comportement qu'on en est là. « Quelqu’un ? En particulier ? Quelque chose à annoncer ? » Elle me dévisageait avec ses grands yeux de biche et moi je la regardais, j'avais envie de hurler, hein ? ? C'était un complot ou quoi ? « Oh toi, Thad t'a engrainé dans quoi là ? » disais-je en rigolant, c'était tout à fait son genre. Depuis votre soirée sur la plage, il essayait d'en savoir plus sur ce mec. « J'te jure que s'il t'a fait du chantage pour découvrir l'identité de ce mec, il va bouffer le sable ! » Et j'déconnais pas, il savait que j'étais capable de me défendre.

T'avais peut-être agis de façon excessive, mais sur ce point tu avais toujours été sur la défensive. Tes relations sont constamment catastrophiques, et c'était malheureusement souvent de ta faute. T'avais besoin de réfléchir, de mettre les choses aux clairs, et l'autre soir sur la plage, Thad t'avait prise de court. Connaissant la relation qui les unit, tu avais supposé que Poppy était déjà au courant, tu avais mal supposé. « Il m’a rien dit du tout ! Tu t’es vendue toute seule comme une grande. » Touchée. Tu fuyais son regard, parce que tu savais qu'elle arriverait tôt ou tard à te sortir les vers du nez. « Non, non, je . . oh et puis merde, tu sais qu'il fait chier ton mec quand même ? » Alors, non Sian, tu ne pouvais même pas avoir un soupçon de secret. « Alors, l’identité de ce mec ? » Tu la regardais, interloquée. Elle était déterminée, comme toujours. Tu sortais tes clopes de ta poche, laissant ainsi un certain suspense à cette question. L'allumant, tu marchais, lui tendais le paquet, juste au cas où elle aurait envie aussi. « J'serais ravie de te le dire, mais avant ça, j'ai envie que les choses soient claires dans ma tête, j'ai pas envie de parler trop vite, de me faire des films, et puis d'être deg. Tu vois ? » Tu disais ça avec sincérité, et t'espérais ne plus avoir à revenir sur ce sujet. Et puis, il y avait cette sirène qui commençait à attirer ton attention, merde les keufs.

T'étais pas habituée à afficher tes sentiments, ni à afficher ton couple. T'avais toujours été discrète et c'était mieux ainsi. Tu détestais subir les questions de tes amis, surtout quand ces derniers sont en couples, heureux et que toi, tu patauges pour comprendre tes sentiments. « Si ce n’est pas mignon… ». Bizarrement, ça parvient à te dérider, à te faire même sourire. Si elle savait . . peut-être se dirait-elle que c'est pathétique. Tu regardais ce fourgon débarquer. Toujours de la même façon, toujours habillés de la même façon. Ces foutus combinaison anti-émeutes comme si vous étiez des montres incontrôlables. « On fait rien de mal de toute façon, si ? » demandait la jolie Poppy. Tu secouais la tête de droite à gauche, ou de gauche à droite, qu'importe. « Non, pour le moment, non. ». Mais d'ici quelques minutes, les choses dégénéreraient, comme toujours. « Tant qu'ils ne sont pas agressifs, on n'a pas de raison de se faire embarquer. On a quand même le droit à la liberté d'expression. » ajoutais-tu accompagné d'un clin d'oeil.