| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| Knocking on your door (Rowan) | |
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Invité | Sujet: Knocking on your door (Rowan) Dim 20 Avr 2014 - 22:11 | |
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Knocking on your door
Keelan & Rowan Mais qu'est-ce que c'est que ça ?! J'éteignis le pommeau de douche et regardai un instant l'eau qui sortait de la jointure de la baignoire. Encore savoneuse, je finis de me rincer rapidement, tout en m'inquiétant d'avoir un problème d'étanchéité. En prenant ma serviette, je me dis que si j'avais une petite fuite, ce devait être à cause du carreau cassé dans le coin de la baignoire. J'avais glissé dedans hier, et le carreau avait eu moins mal que ma chevilleà mon avis ! Je plaçai une serviette sur la petite marre qui s'était formée et poursuivis ma journée, pas plus alarmée que ça.
On était samedi matin. La préfecture à quelques vingt kilomètres de Bowen était encore ouverte vu qu'il était très tôt. La grasse matinée, hors de question. J'avais des papiers à mettre en ordre avant de commencer à avoir des ennuis - le visa de travail à renouveler les 3 ans, pour être précise ; le mien n'était pas encore arrivée à échéance mais je préférais être en avance qu'en retard pour être dans les règles. Avec la queue, ma course me prit la matinée, puis je mangeai un sandwich à la volée sur les coup de onze heures / midi avant de faire un petit détour par la plage pour une ballade en solitaire, les cheveux au vent, avant de regagner le centre de Bowen. Vu le ciel d'été qui commençait à s'installer depuis quelques jours, personne ne devait être au cinéma ou en train de se demander quel film voir. Par principe, le vidéoclub ouvrait à 17h le samedi soir. C'est donc juste de dix minutes avant cette heure-ci que je rentrai dans mon lieu de travail, un sourire détendu flottant vaguement sur mes lèvres. J'aimais mon travail. Or celui qui aime son travail n'a pas l'impression de travailler une seule heure, dit un proverbe.
Mon sourire se changea en une petite inspirationde stupeur quand je vis ce que je vis quand j'ouvris, les clés encore sur la porte. Non ! Le spectacle était terrible. Il me laissa muette un instant, inspectant l'ampleur des dégâts. Le sol du Passenger était entièrement recouvert d'une fine couche d'eau. Enfin, fine car l'eau s'écoulait par la porte. Un regard vers mes ballerines et le bas de mon jean bleu très clair me fit remarquer que les deux étaient morts. Et que j'avais les pieds trempés. Je réalisai avec un temps de retard que c'était l'eau derrière qui m'avait offert une petite résistance en ouvrant la porte. Trop stupéfaite, et choquée, pour penser à retirer mes pieds du flots, je regardai bêtement, paralysée, le ruisseau qui s'échappait de mon petit coin d'univers pour se déverser dans une bouche d'égoût non loin sur le trottoir. Puis je me repris soudain et pataugeai dans la marre géanteà petits sauts pour rejoindre l'escalier qui menait à l'étage. Je laissai mes chaussures sur la première marche et entrait en trombe dans ma salle de bain. Pas d'inondation ici. Le tout s'était écoulé par le plafond du guichet du videoclub en-dessous. Dans la précipitation je vérifiai que la machine était éteinte: oui, programme terminé ; les robinets et tout ce qui pouvait causer une fuite était fermé. Mon cerveau tournait à deux-cent à l'heure. Oh mon dieu. Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ? Avais-je bien fermé le pommeau de douche ? Oh mon dieu. Pas un dégâts des eaux. Je venais à peine de payer les impôts trimestriels budgétés au millimètre près, j'avais juste de quoi acheter la bouffe pour le reste du mois. Oh non. Comment j'allais faire pour réparer ça, payer la réparation, sachantque'était fichu pour ouvrir ce soir et je ne sais combien de jours ouvrables seraient perdus. Oh nan. Et les jaquettes ou les DVDs, s'ils sont abîmés ? Et l'ordinateur pour enregistrer les réservations ?! Oh nan. Je bouillai aussi bien intérieurement qu'extrérieurement avec tous les allers-retours précipités que je faisais entrele haut et le bas de mon duplex pour tout transporter dans un lieu sec, sécurisé. Ce serait une catastrophe si je perdais mes disques dans cette affaire. J'avais débranché tout ce que j'avais délectronique en bas, fait des piles de jaquettes et de supports. On aurait dit un déménagement. Et une heure après, j'étais toujours à quatre pates en train d'éponger le sol. Une fois ma tâche terminée, je m'assis à même le sol, adossée à un mur … Complètement épuisée.
J'attrapai mon téléphone qui trainait à côté de moi. En faisant défiler les noms dans mon répertoire, mon doigt et mon attention s'arrêtèrent sur Rowan. Rowan Wildshire si mes souvenirs sont bons. Je l'avais toujours appelé par son prénom. Bref, quelqu'un de normal aurait sûrement appelé un proche, du genre sa meilleure amie ou ses parents, mais je me disais que je mettrai Emily au courant plus tard – et je n'avais même pas le numéro de téléphone de mes parents. J'avais envie de mettre tout cela derrière moi le plus vite possible, comme si cela pouvait dissiper le cauchemar. Je devais appeler Rowan parce que c'était un expert de la construction, c'était lui qui m'avait rénové cette magnifique petite maison en construisant tout l'étage où je vivais. Je devais l'appeler car il saurait surement quoi faire, d'éventuels travaux ou quoi, mais j'étais aussi vaguement contente de devoir le faire. Malgré les circonstances, je serais ravie de le revoir. Cela faisait des lustres qu'on ne s'était pas vus, ni même croisés en ville ! Pourtant quand nous étions arrivés à Bowen, à peu près en même temps, nous passions des après-midis et des soirées ensemble tout le temps. Cela me paraissait loin, maintenant que j'y pense. C'était bien pourtant. Découvrir la ville, partager ses rêves, ses grands projets, son ambition … Deux fous du boulot qui sortaient pour faire comme tout le monde, sociabiliser dans ce coin de paradis que nous voulions conquérir. En quelque sorte, nous avions tout deux réussi. Un peu en s'entraidant, nos plans respectifs avaient pris forme et tournaient toujours . Je savais même que son cabinet d'architecture marchait très bien. Après … Nous avions pris des chemins différents je suppose. Des amis différents, le videoclub avait vite accaparé tout mon temps et son carnet de commande s'était rempli, si bien que nous nous voyions beaucoup plus rarement.
« Vous êtes bien sur le répondeur de – Rowan ! – Veuillez laisser un message après le bip sonore. Pour modifiervotre message, taper 1, pour … » Bip. Je soupirai et raccrochai, avant de rappeler immédiatement. Pourquoi ? Je n'en sais fichtrement rien. Cette fois-ci j'attendis le bip sonore et laissai les mots sortir de ma bouche sans réfléchir. Pas plus dérangée que ça de contacter à l'improviste quelqu'un à qui je n'avais pas parlé depuis super longtemps. « Hey, Rowan. » Ma voix sonnait surpenamment faible et douce – la fatigue – à mes oreilles mais je continuai. « C'est Keelan. » Pause. « Hum, j'ai un petit souci / rire nerveux / enfin un gros souci au videoclub. Enfin chez moi, y'a … Je sais pas, y'a de l'eau qui a fuité en haut et a tout inondé en bas … Je crois. » Je me grattais le front plissé en même temps que je parlais. Pire message vocal du monde. « Hum bref, je pense devoir faire des travaux. Je t'appelerai pour prendre rendez-vous si besoin … Si t'es pas trop occupé. Je sais plus où tu bosses, d'ailleurs. Quelquechose rue James Cook ... Hum … Voilà. J'espère que tu vas bien sinon ! » Silence, biiip. Je raccrochai, pensive. Oui, j'espèrais qu'il allait bien, même si cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pris de ses nouvelles. Je fermai les yeux, posai mon front sur mes bras eux-même croisés surmes genoux, repliés devant moi.
Deux ou trois minutes passèrent, à moins que ce soient d'interminables secondes qui s'écoulent pendant que je craque peu à peu. Epuisement. Néanmoins je m'empêchai de m'endormir là, par terre et crasseuse comme une souillon. Ca me ramenait trop en arrière. Je montai machinalement me changer pour le premier t-shirt blanc que je trouvai, une chemise à carreaux et un pantalon noir. Oui, tout était noir. Il fallait que ça tombe sur moi. Plus de place pour s'asseoir nulle part, et l'eau qui pour une mystérieuse raison était revenue détremper mon studio. Machinalement encore, je repris le sac que j'avais en partant ce matin, un oreiller (hein?) et claquai la porte en prenant mes clés de voiture. Je roulai jusqu'à la maison où habitait Rowan, ou tout du moins s'il n'avait pas déménagé. Pourquoi tant d'empressement ? Aucune idée. Il n'allait rien faire pour mon problème dans l'immédiat ; il devait être dans les … allez, vingt heures ? De même, aucune idée. Le soleil commençait à décliner mais je n'y prêtai aucune attention. Pas plus qu'au fait que sonner chez les gens comme ça ne se fait absolument pas. Je ne prêtai attention à rien. Arrivée, je me garai sur le trottoir d'en face puis, l'esprit embrumé, allai appuyer sur la sonnette. Driiiing. Ah, quelle journée. |
| | | Invité | Sujet: Re: Knocking on your door (Rowan) Mar 22 Avr 2014 - 11:52 | |
| L'horloge au dessus de la porte de son bureau affichait midi. Il était enfin temps pour lui de rentrer se reposer un peu. Dormir quelques heures plusieurs jours par semaine commençait sérieusement à le peser. D'un côté, ce projet en cours lui rapportait bien. Mais les conséquences, il les ressentait bien. Bien heureux d'avoir terminé sa part du boulot pour aujourd'hui, il salua furtivement ses clients avant de filer à sa voiture et rentrer chez lui tout aussi vite. Il jeta ses clés sur le buffet à l'entrée, sa veste sur le divan de l'autre côté, retira son appareil auditif qu'il portait pour conduire - juste au cas où il devrait entendre les sirènes des urgences, ou un quelconque klaxons - et le déposa sur la table basse avant de se laisser tomber comme une pierre sur les masses moelleuses et confortables du canapé du séjour. Enfin.
Il était bien là. Quelques minutes, les yeux fermés. Ca faisait tellement de bien... Partir... Se laisser tomber dans les bras de Morphée... Quand soudain, il ouvrit les yeux. Quelque chose s'était introduit dans son pantalon. Non. Ce n'était que son portable qui vibrait dans la poche de son pantalon. Les yeux de nouveau clos, il fouilla d'une main paresseuse sa poche pour en ressortir son téléphone. Il approcha l'appreil de son visage puis ouvrit un œil timide pour voir de quoi il s'agissait. Keelan. Keelan ? Mieux que la caféine, ce nom avait eu le don de faire redresser le jeune Wilshire. Keelan … Bon sang, ça remontait à tellement longtemps. Son cœur battait tellement fort à ce moment là, curieux de savoir ce qui l'aurait poussé à le contacter. Il avait manqué son appel, mais elle avait laissé un message sur son répondeur. Il jeta un coup d'oeil à l'heure. Vingt heures ! Impossible... Il n'avait fermé les yeux que quelques petites minutes ! Sans réfléchir et dans l'empressement, il lança son répondeur pour découvrir le message, mais il se rendit compte qu'il n'entendait rien. Le malin avait oublié son appareil auditif qu'il lui aurait été bien utile à ce moment là. Hop, d'une main rapide et agile, il l'attrapa et l'enfila à son oreille droite. Assez rapidement pour ne pas manquer une seule syllabe du message.
« Hey Rowan. C'est Keelan. » Un petit sourire se dessina sur ses lèvres au jeune homme. Entendre sa voix depuis tout ce temps, c'était de bons souvenirs qui lui revenaient en mémoire. Bien que sa voix paraissait faible et fragile, il attendait la suite avant de se faire des idées, et elle ne tardait pas à venir. « Hum, j'ai un petit souci... enfin un gros souci au videoclub. » Son sourire s'affaissa aussitôt. Les sourcils légèrement froncés, il écouta avec la plus grande attention la suite du message, comme si un message caché très important y était dissimulé. « J'éspère que tu vas bien sinon ! » Un long silence puis le bip sonore marquait la fin du message. J'espère que tu vas bien sinon... Il revint convenablement en position assise puis posa sa tête sur ses deux mains. J'espère que tu vas bien sinon... Quel ami il faisait là … Il ne lui avait pas donné de nouvelles, ni pris des siennes. Le travail avait tellement occupé son temps qu'il délaissait tout le reste qui n'en était pas moins important. Keelan était l'une des premières personnes qu'il avait rencontré en débarquant seul à Bowen. Elle était sa première cliente, puis était devenue son amie. En fait, il l'aimait bien cette fille. Il l'aimait beaucoup. C'était devenu son repère à ses débuts pendant un certain temps. Après la vie en avait décidé autrement. Quel minable il faisait là..
Il souffla un bon coup, puis se concentra. De l'eau dans son vidéoclub... Qui aurait fuité de l'étage du dessus... Il se souvenait très bien de l'appartement qu'il avait entreprit de construire pour elle, les plans qu'il avait dessiné pour optimiser au mieux l'espace habitable. Vu comme ça, la cause de « l'inondation » semblait évidente, mais il préférait encore aller voir ça et constater les choses par lui-même pour se faire une meilleure idée. Il se leva, attrapa sa veste qui n'avait pas bougé d'un poil depuis, son téléphone, ses clés et s’apprêtait à partir lorsqu'il passa devant un miroir. Bon sang, il ne ressemblait à rien. Rowan au réveil. Il passa rapidement une main dans ses cheveux pour aplatir les épis qui s'étaient formé pendant sa sieste puis sur sa chemise pour rétablir un semblant de chemise repassée. Qu'importe. A cette heure-ci, plus personne ne prêterait attention à sa chemise, pas vrai ? Driiiiiiiiiiiiiiiiing Il fronça les sourcils. Décidément, de surprise en surprise. Qui pouvait bien venir sonner chez lui à cette heure-ci ? Il s'approcha de la porte, et jeta un œil à travers le judas, et … Il posa une main sur la poignée et ouvrit enfin la porte. « Keelan » Un sourire hésitait à se faire une place sur son visage. Partagé entre la joie de la retrouver et la vue de son visage décomposé et fatigué. « J'allais te voir justement. Je venais tout juste d'écouter ton message parce que j'étais en train de .. enfin bref. » En train de roupiller comme une marmotte ? Pas classe, non. Pas classe du tout … « Comment tu vas .. ? » |
| | | Invité | Sujet: Re: Knocking on your door (Rowan) Lun 28 Avr 2014 - 19:04 | |
| La porte s'ouvrit et je levai les yeux à l'entente de mon nom. Hum ? J'étais sur une autre planète, ou tout du moins je voulais le croire pour éviter de me rendre des compte à moi-même. Non mais quelle sans gêne, débarquer à l'improviste chez lui, après des années limite sans le voir ... J'oubliai tout cela et ne sut quoi dire, là sur le pas de sa porte. J'étais venue jusqu'ici mais mes pensées pratiques s'étaient évanouies en le voyant. Etrange, non ? Cela me fit presque un choc de le voir si près de moi, entendre sa voix ... Cela avait quelque chose de très rassurant. A croire que mes problèmes allait s'envoler juste parce qu'il était en face de moi. Je lâchai un pathétique « Ah ? » emprunt d'étonnement. J'étais vraiment surprise qu'il vienne me voir avant même qu'on fixe une heure et date, et qu'en plus il sorte de chez lui au moment où j'arrivai à sa rencontre. Je remarquai alors qu'il avait sa veste sur le dos, et ne pus m'empêcher de sourire d'un milimètre, je ne sais pourquoi les histoires de timing parfaits m'avaient toujours impressionné. Peut-être parce que question timing, j'étais la personne la moins chanceuse du monde ? Je trouvais son initiative adorable et, au fond de moi, cela me fit chaud au coeur qu'il s'empresse à venir me voir. De même la suite m'intriguait. En train de quoi ? Ma curiosité glapit mais je ne dis rien, je me dis que ce serait indiscret de demander. Il y six / sept ans, j'aurais poser la question avec malice, me faisant toute une liste de réponses plus stupides les unes que les autres dans ma tête. A vingt ans j'étais encore une adolescente immature qui ne vivait globalement que pour rire, et Rowan faisait partie des personnes que je taquinais le plus. Mais maintenant, je sentais comme une distance creusée par le temps entre nous, et cela m'empêchait d'avoir une attitude si familière avec lui. J'avais presque l'impression de sonner chez un bel inconnu, une nouvelle personne, et pourtant sa voix sonnait si coutumière, si agréable à mes oreilles que j'avais retrouvé mon ami en une fraction de seconde. Et par tout cela j'étais comme étourdie, désorientée par la rapidité des choses et mes pensées qui tentaient de suivre le rythme. Je repris brutalement pied avec la réalité quand il me demanda comment j'allais. D'une nébuleuse de pensées contradictoires, Je tombai au contact de mes soucis. Sa question me prit au dépourvu. Pourtant, c'était la question la plus banale du monde, non ? Mais je ne m'étais absolument pas préparée à répondre, faisant complètement abstraction de la détresse qui s'était emparée de moi jusque là. Et paf. Elle me revint en pleine figure à l'appel de ces trois petits mots. Sans m'en rendre compte, j'avais baissé les yeux, comme si j'avais honte d'avouer que ça allait très mal. Que tout allait mal et que je ne savais pas comment m'en sortir. Que je m'en voulais de débouler chez lui sans le prévenir, de ne pas avoir insisté pour l'appeler, de ne pas l'avoir appelé tout court, de l'avoir laissé sans nouvelles, de ... Mais qu'est-ce que je pensais ?! Je m'en voulais à présent de beaucoup de choses à son sujet, mais ce n'était absolument pas là le problème. Mais pourquoi je pensais à ça maintenant au lieu de l'énorme chantier à quoi devait ressembler ma maison et au fait que tout ce que j'avais de précieux en ma possession pouvait tomber à l'eau - au sens littéral - ce moment ?! Je fermai carrément les yeux tant il me parut difficile d'articuler la moindre réponse tant je me perdais mentalement. « J ... Je ... » peinai-je seulement à dire alors que je voulais m'excuser auprès de lui de tant de choses, mais mon esprit faisait des aller-retours entre ça, ce cafouillage que je réalisais tout juste et ne comprenais pas qui en tout cas avait fait que j'avais perdu tout contact avec lui, et, plus proche, le désastre qui noyait ma maison et mes projets de dépense en général - la semaine dans le parc national de Namagdi avec Emily !? - en ce moment même. Mes pupilles couraient à présent d'un point à un autre, cherchant désespérément quelque part où se raccrocher. Je m'y repris encore à deux fois en fermant les yeux pour tenter de clarifier mes impressions et répondre correctement, pas à côté de la plaque comme j'avais envisagé de le faire. Mais j'eus pour seul résultat de sentir les larmes me monter aux yeux en visualisant monchez moi inondé, mes pélicules filmiques étalées dans l'eau, fichues, et tous ces espoirs auxquels je m'apercevais que je devait renoncer. Putain. Ca va bien, ma vie. Ca va super bien. Nickel chrome. Je gère, Rowan. Au top ! ironisai-je intérieurement. Que ça aille effectivement mal ou non, je prenais toujours les choses avec humour. Cela surprenait les gens que quelqu'un de sérieux comme moi prenne tant de choses à l'humour. La dédramatisation, c'était ma drogue. C'est ce que je préconisais à mes amis quand je devais leur remonter le moral ! Et pourtant j'étais trop à bout de nerfs pour avoir le recul de le faire moi-même maintenant, à l'oral tout du moins. Incapable d'évacuer la tension par un quelquonque aute moyen, je ne sais ce qui me prit soudain à laisser couler de longues larmes chaudes sur les côtés de mes yeux, et en même temps j'avançai d'un petit pas et levai l'énorme coussin carré que je serrai comme une folle dans mon poing depuis tout à l'heure sans même le remarquer et l'écrasai contre le torse et le cou de Rowan sans aucune précaution. Et là-dessus je plaquai mon front dans le tissu mouelleux, respirant de façon saccadée à cause de l'épaisseur du coussin dans laquelle j'enfouissai tout mon visage. Je sanglotai sans rien contrôler et tapai même le coussin et Rowan par la même occasion de mon poing sans force, comme un gamin qui rage contre son mur parce que ses parents lui ont refusé un caprice. Impuissant. Je tentai de m'exprimer plusieurs fois mais rien ne sortait de ma bouche et je retenais mes sanglots de faire du bruit. On entendait plus que ma respiration car je tremblotante, et le monde autour de moi s'était écroulé, volatilisé. J'en avais oublié jusqu'à là où j'étais et la présense de Rowan l'espace d'un instant, et je m'en rappelai lorsque ma main droite, ayant fini de cogner l'oreiller, s'agrippa à la manche de sa chemise. Une inspiration bruyante de plus et je parvins à dire avec un peu la même voix plate qu'au téléphone, comme un constat (bien inutile) : « Ca va pas. » J'avais vraiment du mal à l'accepter. Même à Rowan. Je ne supportai pas d'avoir l'air faible et déprimée. C'était ... Je ne sais pas, un interdit personnel. Depuis que j'étais partie de chez mes parents, et que j'étais tombée au plus bas, je n'avais presque jamais pleuré. Je ne m'en souvenais pas en tout cas, j'effaçai ces moments noirs de ma mémoire pour ne garder que les bons à l'esprit. Enfin, d'habitude. J'étais miss Bonne humeur, bon sang ! La rigolote de service qui se faisait une fierté de redonner le sourire aux plus déprimés. Ca, c'était moi. Pas celle qui pleurnichait sur l'épaule d'un ami qui n'en était pas un, pas vu depuis des années. Pas celle qui osait se laisser abattre tout court par un petit revers de fortune. Je refusais ! ... Ce qui me faisait d'autant plus culpabiliser d'apparaitre comme ça devant Rowan. J'étais affreusement gênée d'être prise sur le fait d'une passade de larmes. De ça aussi je m'en voulais maintenant. Raaaah ! Je ne voulais pas décoler ma tête de l'oreiller ou lâcher l'étoffe de sa chemise, je ne voulais pas rouvrir les yeux et me voir dans un miroir, ni être vue, je ne voulais simplement pas reprendre un attitude normale, me reprendre. Je voulais juste continuer de renier des vérités qui m'asssaillaient petit à petit et tout oublier. Et j'avais l'impression que cet état d'occultation provisoire de tous mes problèmes, que j'imaginais fondre avec mes larmes, était le seul qui me convienne pour l'instant. Je me sentais pitoyable et désemparée, voire en train de faire n'importe quoi, mais je n'en avais juste plus rien à faire. J'étais prête à m'endormir debout sur lui, pourvu que la réalité ne vienne plus m'importuner. La tension diminuant, je me trouvai au bout d'un moment assez lucide pour prendre conscience que j'étais ridicule de fuir les problèmes. Ils n'allaient pas se résoudre comme par magie pendant que je pleurais. Mais qu'importe. Je voulais juste ne plus bouger. ... Après un moment (je ne sais combien de temps, cela avait pu durer cinq inestimables secondes comme cinq minutes, je n'en avais aucune idée), je soufflai: « Ca va mieux. » |
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