Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Elle regardait mais elle ne voyait pas. - AZRA' Mar 2 Oct 2012 - 21:31
“ Elle regardait mais elle ne voyait pas. ”
La fin de journée arrive enfin, je n’en peux plus, les journées deviennent interminables. De plus les urgences ce n’est vraiment, mais alors vraiment, pas ma tasse de thé. J’ai toujours refusé d’entrer dans un moule, de pouvoir être catalogué, c’est pour ça que j’ai fait le choix de partir en Irak, dès que j’ai eu mon diplôme en poche. Cela m’a permis de m’éloigner de mes parents, plus loin aurait été difficile, et ça m’a aussi permis d’éviter toute routine durant mes deux années là-bas. Mais en contre parti j’ai perdu beaucoup. Ma sœur, ma naïveté, mon mari, tout ce que j’avais de plus cher à mes yeux je l’ai perdu, alors si c’était à refaire je pense vraiment que j’y réfléchirais à deux fois avant de me lancer dans cette aventure. Puis l’hôpital ce n’est pas si mal, il y a des personnes attachantes autant parmi les patients que parmi l’équipe médicale. Puis le lieu n’est pas trop grand, ça évite d’avoir l’impression de travailler à la chaîne. J’ai le temps de parler avec les patients, de les écouter, de les aider. Je me sens utile malgré tout, même si cette pensée est idiote. Je réfrène un bâillement en mettant ma main devant ma bouche, me frottant légèrement les yeux par la même occasion il est vraiment tant que j’aille me coucher, avant de faire n’importe quoi. Je regarde l’heure avant de me diriger vers les vestiaires afin de récupérer mes affaires. Au moment où je m’apprête à pousser la porte, une voix m’interpelle derrière moi, je refrène un soupire tout en me retournant. « So’ tu pourrais t’occuper de la patiente de la chambre 143 ? Il y a une urgence qui vient d’arriver et je dois aller au bloc ! » Je m’apprête à riposter alors qu’elle s’éloigne déjà en hurlant « Merci, tu es un amour… » Non je suis juste trop idiote…
La main contre le bois froid de la porte du vestiaire, mon cœur balance. Récupérer mes affaires pour rentrer chez moi ou m’occuper de ce dernier patient ? Je lâche la porte et retourne sur mes pas. Je passe par l’accueil récupérer un dossier, juste au cas où, puis je me dirige vers la chambre 143 où le patient est censé attendre. J’ai toujours trouvé ça idiot de faire attendre les personnes dans les chambres. Personnellement j’aurais peur qu’un médecin entre pour m’annoncer le pire. Puis en tant qu’infirmière je ne sais jamais avec quel genre de patient je vais me retrouver enfermer. Ah l’administration. Je me surprends à lever les yeux au ciel en secouant la tête, vieux tics de ma mère… Je pousse la porte de la chambre, pour y découvrir une jeune femme, frêle. Elle ne doit pas être plus âgée que Shiloé, ma petite sœur. Elle ne lui ressemble en rien, mais je ne sais pas elle dégage un je ne sais quoi qui me fait penser à Shilo’. « Bonsoir, je suis l’infirmière qui va s’occuper de vous… » Ca se voulait protocolaire, mais ai-je le choix ? Pourtant elle n’avait pas besoin d’une telle précision, ma blouse parle pour moi non ? Je lui souris légèrement en déposant le dossier sur le bureau avant de m’approcher d’elle. « Qu’est-ce qui vous amène ici ? » Ma voix se veut posée et rassurante, un sourire toujours ancré sur les lèvres. Il y en a qui vienne aux urgences pour un simple rhume, alors si c’est ça je préfère éluder rapidement la question. Et dieu que ça m’arrangerai de n’avoir à faire qu’une ordonnance pour enfin obtenir ma sacro-sainte liberté…