a drop in the ocean -r.

J'entrai dans cette pâtisserie ouverte depuis à peine deux semaines, dont j'avais été l'un des premiers clients d'ailleurs. Je ne m'y rendais pas à chaque jour, mais quelques fois depuis ces deux semaines il m'arrivait de me laisser tenter par les cupcakes, les gâteaux et autres sucreries si bonnes en bouche et mauvaise pour la ligne ! Étant quelqu'un pouvant prendre rapidement du poids au niveau du ventre, il fallait que je me contrôle. D'autant plus que mon emploi était loin d'être le plus actif et que mes loisirs favoris se passaient devant un écran. À défaut d'être le plus grand sportif de tous les temps, j'avais une assez saine alimentation. Sauf les jours où je passais devant cette pâtisserie. Bref, comme dit plus haut, me voilà les deux pieds de l'autre côté de la force, le côté sombre. J'avais le comptoir-présentoir devant mes yeux avec tous les magnifiques cupcakes tous plus originaux les uns que les autres. Il y avait aussi des tartelettes, des mini-gâteaux et des viennoiseries. Je souris à la jeune blondinette derrière le comptoir. Elle était la propriétaire, je le savais. Elle s'appelait Tara, même. J'avais l'impression que moi je la connaissais, et de n'être qu'un étranger à ses yeux. Certes, elle devait me reconnaître à cause de mes rages gourmandes passagères, puisque son commerce était maintenant devenu le premier sur la liste lorsque celles-ci rugissaient en moi. Toutefois, elle ne savait pas à quel point moi je l'avais remarquée. Je l'avais dans l'oeil. Elle avait un sourire permettant de voir toutes ses dents blanches. Des yeux pétillants de bonheur - sans doute la joie d'avoir réussi à vivre de sa passion. Comme moi. Et même si j'avais toujours préféré les brunes, je devais avouer que sa tignasse ne me laissait pas indifférent. Ce fut donc avec des petites pommettes rouges que je m'avançai vers le comptoir. Des gouttes de pluie roulaient sur ma peau - il pleuvait comme jamais dehors. On entendait même le tonnerre. Mais rien n'avait pu m'arrêter dans ma marche jusqu'à cette pâtisserie. « Bonsoir. » Oui on était en fin d'après-midi, et j'avais cette habitude de dire bonsoir même à cette heure-là. Et c'est au moment où je prononçai ces paroles que je réalisai l'heure qu'il était. J'eus un petit air surpris, puis désolé. « Oh mais j'y pense, on est passé l'heure d'ouverture ... Je ... je suis désolé, la porte était déverrouillée alors j'ai pas vraiment réfléchi à l'heure ... ! » Au moins, je m'en rendais compte et je m'excusais. D'autres clients auraient commandé, et seraient repartis en se fichant bien que cette pauvre demoiselle avait fini sa journée. Elle faisait le ménage avant de rentrer chez elle se reposer.

Longue journée, et longue soirée en perspective. Tu avais ouvert la boutique le plus tôt possible, et là, elle n'était même pas encore fermée, alors que tu aurais déjà dû retourner l'écriteau, il y a une demie-heure. Mais avec le rangement par ci, par là, et puis le ménage, la sortie de certains gâteaux qui venaient tout juste de finir de cuir, tu ne savais plus où donner de la tête, et forcément, tu avais oublié de verrouillé la porte. Tu donnais un petit coup de balai, rapidement, dans tout le magasin, regardant parfois dehors, en soupirant, parce qu'il pleuvait à torrent, et que tu n'avais pas prévu ton parapluie. Tes cheveux allaient friser, et même si dans l'absolu, ce n'était pas le problème le plus important du monde, tu restes une fille, et une fille qui déteste la pluie. Quand la clochette sonna. Un client, à cette heure ? Tu souris, ça t'apprendras à pas verrouillé, et puis tu es si gentille, que tu ne vas pas le mettre dehors comme ça. S'il a tenté sa chance, c'est qu'il avait besoin d'une chose, et toi, si tu pouvais lui donner, alors tu feras tout ce qui est en ton pouvoir pour qu'il l'ait. Quand tu tournas la tête pour voir qui était ce fameux client, tu le reconnu. Tu l'avais vu le premier jour où tu avais ouvert, et depuis deux semaines, tu l'avais vu de manière régulière. « Bonsoir ! » Tu lui fis un beau sourire, rangeant ton balais, et rattachant tes cheveux pour éviter de lui en mettre un dans une pâtisserie, ça serait un manque d'hygiène et tu n'aurais pas l'impression d'être professionnelle. Mais avant même de te dire ce qu'il voulait, il s'excusa pour l'heure tardive, et toi, tu continuais de sourire, en haussant doucement les épaules, ça ne te dérangeait pas plus que ça, surtout quand c'était un client qui venait souvent, et qui était poli. « Oh, ce n'est rien. Dites-moi plutôt ce qui vous ferez plaisir ? » Tu attrapas une boîte, tu savais qu'il allait prendre trois ou quatre pâtisseries, dont un cupcake, c'est ce qu'il prenait à chaque fois, même si là, il ne te restait plus grand chose, et si vraiment, il avait envie d'une chose que tu n'avais plus, tu serais prête à lui en cuisiner une, rien que pour lui.

Étrangement, je vis dans ses yeux qu’elle m’avait reconnu. Moi qui pensais toujours passer inaperçu, voilà que l’une des plus belles filles de Bowen me reconnaissait. En même temps, c’était son commerce et j’étais un fidèle client ; elle ne faisait qu’être la bonne propriétaire qu’elle était. Connaître ses clients, leurs goûts, savoir les écouter. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me sentais affreusement mal et déplacé de me tenir là devant elle, après l’heure de fermeture, et de l’entendre me rassurer en me demandant ce qui me ferait plaisir. D’autant plus que cette question ne me donnait qu’une seule envie : répondre « toi ». Évidemment, ce mot ne sortit pas de ma bouche et cela n’arriverait indubitablement jamais. J’étais bien trop gêné et insécure. Je n’avais aucune confiance en moi. En plus, Tara ne me connaissait pas du tout et à vrai dire, malgré l’attirance que j’avais envers elle, je ne la connaissais pas du tout non plus. Et ce n’était pas du tout mon genre de me lancer dans le vide sans savoir où j’allais atterrir. Bref. « Hum. D’abord tu peux tutoyer tu sais. Enfin, vous pouvez me tutoyer. Est-ce que je peux te … vous … tutoyer aussi ? On a pas mal le même âge je dirais, alors ça me ferait bizarre de … enfin … tu vois. J’veux dire, vous voyez. » Voilà que j’étais rouge comme les cupcakes red velvet qui me faisaient de l’œil. Après avoir eu son accord pour l’emploi de la deuxième personne du singulier, j’hochai la tête en regardant le présentoir. « Est-ce qu’il t’en reste au Oréo cachés en arrière ? Sinon c’est pas grave, j’peux vivre sans et j’prendrais euh … Le red velvet. » Les biscuits Oreo avaient toujours été mon péché mignon, alors foutez-les dans un cupcake et vous venez de faire l’homme le plus heureux du monde.

Tu n'avais pas l'habitude qu'un client te demande de le tutoyer, même du même âge que toi, parce que tu ne trouvais pas ça professionnelle, mais là, il était tard, et lui semblait s'embrouiller, ce qui te fit rire. C'était tellement mignon la manière dont il s'était  embrouillé, dont il avait un peu bafouillé. Si tu le connaissais, tu aurais pu croire que  c'était parce qu'il craque un peu sur toi, mais tu ne savais rien de lui, et peut-être qu'il était toujours comme ça. Quoiqu'il en soit, tu trouvais ça mignon. « Bien sûr que vous.. Que tu peux me tutoyer. » Si tu ne passais pas ton temps à sourire ç tout vas, il pourrait les prendre pour lui, et peut-être que dans le fond, les clients prenaient tes sourires rien que pour eux, et que c'était pour ça que parfois, tu retrouvais des numéros de téléphone, sur le dos de tes cartes. Toi, ça te faisais sourire, parce que y avait rien de mal dans tout ça, si ce n'est donner de faux espoirs à de parfaits inconnus. Même si lui, il serait bien dans ton lit cette nuit. Tu chasses rapidement cette idée de ta tête, afin de lui donner toute ton attention et de l'écouter. « Je vais voir ça de suite ! » Tu tournes les talons afin de disparaître, non pas dans un filet de fumée blanche telle une magicienne, mais juste dans ta cuisine afin de voir s'il n'en reste pas quelques uns dans un des frigo, ou même sur une plaque, prêt à être mis en place. Malheureusement pour lui, c'est bredouille que tu reviens vers lui. « Il n'y en a plus un seul, ils partent trop vite, et je trouve ça fou ! Mais si vous souhaitez, enfin, si tu veux vraiment des cupcakes aux Oreo, j'ai de quoi en faire trois ou quatre derrière.. » Il avait fallu que tu penses au fait que tu serais prête à lui cuisiner ce qu'il demandait, pour qu'il te demande un produit que tu n'avais plus, à croire qu'il lisait dans tes pensées. Ce qui te fit froid dans le dos, parce que s'il savait ça, il savait aussi le reste. Puis te repris doucement en te disant que c'était impossible de lire dans les pensées, et que seul les gens un peu bêtes peuvent y croire, par chance, tu ne te situais pas dans cette catégorie, enfin, c'était ton avis personnel. Tu te doutais qu'il allait refuser, déjà qu'il voulait repartir quand il était entré, maintenant, tu n'allais pas le forcer à accepter, même si toi, ça te faisais plaisir de cuisiner pour quelqu'un, et d'autant plus pour quelqu'un qui apprécie fortement ta cuisine.

J’avais soudainement l’impression, suite à mes balbutiements stupides et timides, que Tara me prenait pour un petit gamin mignon et sans défense. Un animal de compagnie. Un bébé naissant dont on a envie de tenir les pommettes entre nos pouces et nos index pour les pincer gentiment. Pas un homme digne de ce nom ayant de la prestance et de la confidence. Non, ça, ce n’était pas moi. C’était réservé à d’autres hommes, d’autres hommes qui sauraient conquérir le cœur d’une blonde aussi belle et talentueuse. Moi, je n'étais qu’un adorable client parmi tant d’autres. Sans importance autre que pour le business. Dans ma tête je soupirais. Mon corps continuait à jouer le jeu même si c’était perdu d’avance. « D’accord. » Répondis-je tout simplement quand la demoiselle m’autorisa à la tutoyer. Je me fichais bien que ce ne soit pas professionnel. Au moins, ce n’était pas froid. Je demandai donc à la propriétaire de la pâtisserie s’il lui restait des cupcakes aux Oreo à l’arrière, par un heureux hasard. Pendant ce temps, j’observais d’un œil distrait la décoration de l’endroit. C’était joli, simple, mais tout s’harmonisait à merveille. Je me demandais si Tara avait tout fait ce travail par elle-même. Si oui, chapeau. Elle était vraiment une femme aux multiples talents. Une femme à marier. Je rougis à cette pensée, pile au moment où la jeune femme en question revenait vers moi, bredouille. « Oh … oh non, non non non. Je ne voudrais pas … quand même … ce serait … » Ce serait déplacé. Ce serait impoli. D’importuner une femme de cette façon, une femme ayant indubitablement un emploi du temps très chargé. De la retarder. De lui enlever son temps de repos. Et pourtant, comme un grand idiot, j’haussai les épaules et ajoutai : « Enfin à moins … à moins que ce ne soit vraiment pas long et que tu acceptes que je t’aide … au moins … » Je me rendis alors compte à quel point j’avais été trop loin. J’avais tellement eu envie de passer du temps avec elle autrement qu’en la regardant travailler assis à ma table, et j’avais aussi tellement envie de ces foutus cupcakes Oreo, que voilà que je devenais le pire des imbéciles. « Je dois paraître vraiment, vraiment, vraiment intense, là, hein ? J’veux dire, j’adore tes cupcakes, mais de là à … à te demander ça, franchement je me prends pour qui !! » Je rougis encore un peu en fixant mes souliers. « C’est surtout pour arriver à te parler plus que trente secondes que j’ai proposé ça, je crois … » Avouais-je en la regardant, finalement.

Tu attends sa réponse, il a l'air d'hésiter, il ne veut pas abuser de ton temps, et de ta gentillesse sûrement, mais si tu lui proposes, c'est que tu était d'accord avec ça. Tu avais juste à préparer le tris quart des préparations, venir à la première heure pour enfourner, et la boutique serait dirigé par Louis demain. Tu appréciais beaucoup de l'avoir embauché, parce qu'au moins, tu pourrais avoir du temps pour toi, du temps pour surveiller Liam, de manière discrète. Il balbutie, et ne termine pas ses phrases, hésitant, toujours. Et tu lui souris, avant de terminer ce que tu pensais être la fin « Déplacé ? Mais je t'ai proposé, parce que j'ai ce qu'il faut pour t'en faire, s'il avait fallu tout refaire, je ne l'aurait pas fait. » Tu lui fais un petit clin d'oeil, et quand il te propose de l'aider, tu penses vraiment à vider ton esprit, parce que tu voulais qu'il mette la main à la patte. Mais avant ça, tu ouvres le comptoir, afin d'aller verrouillé la porte, tu n'aurais pas aimé voir débarquer un nouveau client. Et tu te mis devant lui, tu te sentais petite, il devait faire une tête de plus que toi. Ta petite fit te sentir mal à l'aise, du coup tu avais installé une petite marche derrière le comptoir, que tu plaçais quand c'était à toi de le gérer. « Allez, suis-moi ! » Tu avances, en tournant la tête pour être sûre qu'il est bien derrière toi, et vous filez en cuisine, afin de lui donner un tablier, et de mettre la main à la pâte. Une fois en cuisine, il hésite à nouveau, il pense aller trop loin, alors que toi, tu trouves ça normal, enfin peut-être pas normal, mais c'est toi qui a proposé, encore, ça aurait été lui, tu l'aurais envoyé chier. Mais ce n'était pas le cas. « Je pense que tu es un client qui dévore les cupcakes aux oreo, et moi, en tant que pâtissière fraîchement installée, je me dois de satisfaire mes clients, afin qu'ils fassent grimper mon chiffre d'affaire ! » Tu ris légèrement, parce que tu ne cherchais pas vraiment l'argent, tu en avais pas mal, mais si tu pouvais éviter de faire faillite, c'était ça de pris. Et quand tu le regardes, c'est ses pieds qu'il fixe, comme s'il était vraiment mal à l'aise. Mais ce fut la dernière chose qu'il te dit, qu'il te laissa perplexe. Tu rougis doucement, tu avais l'habitude qu'on te drague, mais c'était juste pour te mettre dans un lit, et lui, il n'avait pas l'air comme ça. Tu lèves les yeux vers lui, pour lui sourire, sans savoir quoi répondre. Et pourtant, tu arrives à rebondir. « Il ne faut pas avoir peur, j'ai l'air si terrifiante que ça ? »

La blondinette accepta volontiers mon offre de l'aider. J'étais ravi. Je n'étais pas un as en cuisine, mais pour avoir grandi aux côtés de Victoria, je savais me débrouiller. J'avais confectionné quelques plats et desserts sous la supervision de mon amie d'enfance. Je savais donc que je n'allais pas complètement me couvrir de ridicule devant Tara. Juste un peu. Juste assez pour que ce soit adorable et non pathétique. En passant de l'autre côté du comptoir, suivant la demoiselle, je remarquai le petit tabouret devant la caisse. J'eus un petit rire amusé, légèrement moqueur mais de façon amicale. « Je ne dois pas t'aider dans ton complexe. » Dis-je en pointant le tabouret, et faisant surtout référence à ma grande taille. Je faisais plus de six pieds, alors forcément, la blondinette avait l'air d'une enfant à mes côtés. C'était l'effet que je faisais à pas mal de monde, en fait. Même de taille moyenne, une femme paraissait naine lorsque côte à côte avec moi. Bref, j'entrai dans la cuisine et je regardai autour de moi, balayant la salle du regard. Tout était si beau et propre. Son certificat d'hygiène devait bien être étampé d'un A+. La blondinette me tendit un tablier que j'enfilai sans plus tarder, avant d'aller laver mes mains au lavabo. Je lui fis finalement part de mon opinion sur moi-même, comme quoi je me trouvais déplacé d'avoir proposé ça. Elle me rassura en me disant qu'elle ne désirait qu'une chose : satisfaire ses clients. « C'est réussi. Et j'crois pouvoir parler pour tout le monde. Enfin, sans vouloir me prendre pour le roi du monde ... » Ajoutais-je maladroitement. J'avais vraiment de la difficulté à trouver les mots justes sans me mettre les pieds dans les plats. Je devais vraiment donner une piètre impression de moi-même. Puis je lui avouai que ma proposition était plus le reflet de mon envie de bavarder davantage avec elle. Étrangement, elle rougit. Habituellement, c'était moi qui rougissais. Pas les femmes à qui je m'adressais. Je secouai la tête à sa question. « Non, non ! Pas terrifiante. Enfin ... plutôt ... intimidante, je dirais. » Je lui souris, gêné, encore et toujours. Au moins, elle était elle aussi un peu gênée, si on se fiait à la couleur de ses pommettes. « Tu es une ... une vraiment ... ravissante femme. Avec un beau sourire, une business naissante qui roule, tu es intelligente et gentille. Enfin t'es ... et moi j'suis, qu'un ... qu'un testeur de jeux vidéo qui se croit encore dans sa phase d'adolescence, quoi ... » J'aurais voulu revenir trente secondes à l'arrière pour ne pas avoir prononcé ces dernières paroles. La couvrir de compliments pour ensuite me rabaisser ? Typiquement Nelligan, ça. Je ne m'aimais pas, certes, mais ce n'était pas une raison pour aller m'en plaindre à la fille qui m'intéressait. C'était perdu d'avance.
 

Grillée. Tu n'avais pas pensé qu'il pouvait le voir, et pourtant, il était de la couleur du comptoir de manière à ce qu'il se fonde dans le décor, enfin, c'est ce que tu croyais, mais vu qu'il l'a vu, ça ne devait pas être si vrai que ça. Tu lui lances alors un grand sourire, essayant de garder ta gêne pour toi. C'était le seul sujet qui te mettait mal à l'aise, ta petite taille. Celle qui t'a empêché de travailler dans le mannequinat. Même si une autre porte s'est ouverte à toi avec le théâtre, mais être mannequin c'était un rêve de petite fille, un que tu ne pourras jamais comblé. Tu continues de sourire, il n'y avait rien de plus à dire, tout était là, il avait tout compris. Dans la cuisine, tu tournes un peu en rond, à la recherche de ce dont tu as besoin. Tu attrapes donc le paquet de farine et celui de sucre, avant de lui tendre afin qu'il mette enfin la main à la pâte. Tu avais juste la base à faire, car le cœur en oreo, tu en avais encore un peu, tu en faisais toujours plus que les muffins de base, au cas où, et parce que ça prenait plus de temps à faire. Et pour le nappage, tu les faisais presque tous au chocolat, et ça aussi tu en avais pas mal. « Alors il faut que tu mette 150g de farine, et 90g de sucre dedans ! » lanças-tu en lui montrant un saladier. Pendant ce temps, tu n'avais qu'a attraper un œuf, et le casser. Et tu lui tournas le dos une minute, ou deux, peut-être, le temps de faire fondre 50g de beurre et de finir de préparer ce qu'il te fallait pour ta pâte. Une fois que tout est mesuré, tu mets tout dans un plat et tu lui tends ainsi que le fouet. A force de fouetter, tu avais pris des muscles, mais dans le milieu de l'après-midi, tu étais incapable d'en refaire, parfois tu demandais à Louis de le faire pour toi, et là, ça serait ton client. « Tu fais des 8, et tu remues doucement, pour que tout se mélange et obtenir une pâte homogène. » Tu t’assoies sur le plan de travail et tu le regardes faire en souriant. C'est agréable pour une fois de voir quelqu'un faire ce que tu fais tous les jours, même si tu adores ça et que tu avais envie de lui voler le plat pour le faire toi-même, non pas parce qu'il faisait ça comme un pied, mais parce que tu n'avais rien à faire, dans ta propre cuisine, chose qui n'arrivait jamais. « Si jamais tu veux devenir pâtissier, moi je t'embauche direct ! » Tu lèves la tête pour trouver son regard, même s'il semble être fixé sur ses mains, et surtout sur ses mouvements avec le fouet. Il ne te connait ni d'Adam ni d'Eve, et pourtant il trouve que tu es une femme ambitieuse et courageuse. Il est vrai que tu as du courage et du cran pour t'être lancée dans cette aventure, mais tu es aussi très motivée, tu te coupes un peu du monde afin de pouvoir cuisiner autant et surtout, tu dors peu. Mais ça, il ne le sait pas, ça il ne le voit pas, parce que tu caches bien les apparences, mais même ton beau sourire se fragilise par la fatigue, il y aura bien un jour où tu ne pourras plus te cacher derrière un masque. Tu l'écoutes parler de lui, et presque tu serais jalouse de sa vie, toi aussi tu aurais adoré avoir un tel métier, ou tu es pépère, même si ça doit faire plusieurs jours que t'as ni touché à ta console, ni à ton ordi. Et que ça te manque un peu, que t'as envie de te poser, et de jouer sans voir le temps passer, comme quand tu étais adolescente. Tu le regardes avec un air un peu sévère, mais sans pour autant prendre un ton méchant, ou moralisateur. « Ce n'est pas parce que tu test des jeux vidéos que ça fait de toi un adolescent ! Moi je trouve que tu as un métier de rêve, tu te lèves quand tu veux, tu bouges pas de chez toi, et tu gagnes un salaire raisonnable. En gros tu fais un métier que des millions de jeunes veulent. » Tu n'étais pas une grande connaisseuse, tu avais les jeux de bases, enfin si on peut dire qu'il y a une base dans les jeux vidéos, mais on va dire que ceux qui étaient populaires, tu les achetais pour essayer, et te faire ton opinion. D'ailleurs, ta curiosité te titilla. « D'ailleurs à quoi tu joues en ce moment ? »

S’imposant à moi réellement comme un chef de cuisine, Tara me pointa le saladier en me donnant des ordres quant aux ingrédients et leur quantité respective nécessaire à la recette des cupcakes. « Oui, chef ! » Lançais-je en faisant le mouvement de salut au-dessus de mon front, en riant évidemment. J’aimais bien qu’elle soit aussi à l’aise avec moi. Cela m’aidait à l’être moins aussi un peu plus. J’étais facilement intimidé, surtout par ce genre de femme, mais la blondinette semblait si décontractée et « cool » que je ne pouvais que l’être à mon tour. Enfin, peut-être pas « cool », mais au moins plus relax. Je pris donc une tasse à mesurer et je m’empressai de mixer les ingrédients ensemble, à l’aide d’une cuillère de bois que j’avais trouvée bien rangée dans son panier. Tara était de dos à moi. Honteusement, je me surprenais à relever les yeux vers elle pour la détailler du regard. Je me ramenais rapidement à l’ordre, mais quand même. Je ne pouvais nier l’attirance que j’éprouvais envers cette femme. Toutefois, la mater littéralement dans son dos me mettait très mal à l’aise face à moi-même et je me forçai donc à me concentrer rien que sur ma tâche : mixer. De toute façon, Tara ne mit pas longtemps à me rejoindre. Elle me prit le saladier et versa le contenu dans sa préparation à elle. Elle m’expliqua ensuite comment fouetter le tout ensemble. Je me mis à la tâche, m’efforçant de faire des 8 tels qu’indiqué. Pendant ce temps, la demoiselle s’assit sur le comptoir et me regarda en souriant. Cela me gêna un peu, alors encore une fois, j’eus recours à l’humour afin de cacher mon inconfort. « J’essaierais bien de t’impressionner en sortant mes muscles mais le truc c’est que j’en ai pas, et en plus, bordel c’est vraiment dur à brasser cette pâte … » Pour le moment ça allait, mais je me doutais bien que dans une ou deux minutes j’allais avec les bras en compote et j’allais devoir lui donner le relai. Non, quand même pas. Je ne voulais pas perdre la face à ce point-là devant une femme qui m’intéressait autant ! La demoiselle me rassura cependant bien vite, me disant que si je voulais devenir pâtissier, elle m’embaucherait directement. J’éclatai de rire. « Tu ne sais pas dans quoi tu t’embarquerais ! » J’étais le roi de la maladresse, donc le roi des dégâts. Sa cuisine ne tarderait pas à être transformée en champ de bataille et tout le monde me détesterait – les clients autant que les employés. De fil en aiguille, la discussion nous emmena à discuter de ma profession à moi, soit testeur de jeux vidéo. Tara défendit tout de suite mon métier, alors que je le rabaissais moi-même comme une sorte de justification. « Ouais mais tu l’as dit. Ce sont des jeunes qui voudraient ce métier. Tout le monde pense que je suis encore un gamin, un immature mais … J’suis aussi adulte que tout le monde, avec mes taxes, mes impôts et mon loyer à payer ! » Dis-je en souriant et en haussant les épaules, tout en ne cessant jamais de mélanger. Puis, la jeune femme me demanda à quoi je jouais en ce moment. Cet intérêt qu’elle démontrait de façon sincère m’étonnait. Positivement, bien sûr. « Euh … enfin techniquement j’ai pas trop le droit d’en parler puisque le jeu est pas encore sorti mais … Je suis sur un contrat pour une compagnie américaine … ils, ils font une sorte de jeu de combats basé sur la légende de Zelda. Ça s’appelle Hyrule Warriors. Alors moi je test, je passe mes critiques, et quand c’est constructif ils modifient en conséquence. » Avouais-je avec une certaine pointe de fierté. « Tu … tu connais un peu le monde des jeux vidéo ? » Me risquais-je à demander, avec un certain espoir que je venais véritablement de rencontrer ma femme idéale.

Tu ne saurais dire si c'est parce que tu es allemande à l'origine, mais tu as toujours eu le contact facile. D'aussi loin que tu te souviennes, tu allais très facilement vers les autres, tu étais même la première à accueillir les gens. Très souvent plus facilement vers les garçons que les filles, même si les filles, tu t'entendais plutôt bien avec elle, mais dans le fond, petite, t'étais un garçon manqué, tu voulais jouer aux petites voitures toi, et non pas avec les barbies, ou les poupons. Et c'est peut-être ça encore aujourd'hui qui te fais sentir si à l'aise en présence d'un garçon, alors que certains font l'autruche ou paraissent pour des cruches. Toi de ce côté là, t'étais capable d'accoster un parfait inconnu sans avoir peur, sans être gênée, sans te soucier de savoir si tu vas le déranger ou non. Toi tu profites et tu vis ta vie à fond, même si maintenant, tu es féminine, tu n'as pas oublié le petit gars qui sommeil en toi. Tu l'écoutes te dire qu'il sortirait bien ses muscles, mais qu'il en a pas, et tu ris, parce que c'est drôle, et non pas pour se moquer de lui, parce qu'il n'y a rien dont tu peux rire à ses dépends, enfin, pour l'instant. « Crois-moi, on s'y fait à force. » Ça tu pouvais bien le dire, parce que depuis le temps que tu les mélangeais tes pâtes, tes bras étaient devenus du béton, mais c'était une bonne chose, maintenant, tu n'avais plus trop besoin de demander à un homme de le faire parce que toi, tu n'avais pas la force. Tu avais envie de rire en le voyant mettre plus d'une seconde à faire son 8, mais tu ne voulais pas lui donner l'impression que tu te moquais de lui, alors tu te retenais. « Je suis sûre que tu serais un pâtissier d'enfer, et crois-moi, j'ai le nez pour ça ! » A nouveau, tu lui souris, parce que c'est toujours mieux pour accompagner tes remarques. Bon, il lui faudrait un temps d'adaptation parce qu'on ne devient pas chef pâtissier du jour au lendemain suite à un claquement de doigt, mais il avait du potentiel pour faire un excellent commis, et un futur chef. Ou peut-être que tu divaguais à cause de la fatigue, tu ne saurais le dire. « Eh bien moi je ne trouve pas que tu ais l'air d'un ado attardé, au contraire, tu fais même très mature malgré ton métier, et ça, c'est un plus pour toi ! » C'était peut-être bizarre de lui dire les choses ainsi mais après tout c'était ce que tu ressentais, ce que tu percevais de lui, et tu peux dire que tu te trompais rarement, bien que ce soit déjà arrivé. Tu lui fis un petit clin d'oeil pour aller avec ton propos, sans trop savoir pourquoi, c'était instinctif, comme si le clin d'oeil était la chose à faire après avoir dit ça. Ce que tu ne comprenais pas c'était pourquoi tu agissais si bizarrement. Et tu doutes de comprendre un jour.D'un coup, tu te sentais comme ses filles que tu avais critiqué une bonne partie de ta vie. Ça devait être la fatigue. « Je te fais la promesse de ne pas dévoiler ce que tu vas me dire, parce que faudrait pas que tu perdes ton travail à cause de moi. » Tu souris, et l'écoutes parler de ce jeu, et si tu étais dans un dessin animé japonais, tes yeux seraient devenus des étoiles qui brillent. Là, il ne pouvait pas trop le voir, ni même le savoir, mais clairement, tu aimerais y jouer toi aussi. « Wahou ! C'est impressionnant, surtout le fait qu'ils peuvent changer certains détails grâce à ta critique. » blablabla « Je ne sais pas si je peux dire que je suis une connaisseuse, mais j'ai presque toutes les consoles nintendo depuis ma plus tendre enfance, Zelda et Pokémon ont bercé ma jeunesse, et me berce encore ! Et mon éditeur favori c'est Square Enix, les Final Fantasy et compagnie sont géniaux ! » Tu t'étais limite enflammée lors de ton discours, il allait te prendre pour une folle furieuse. Et encore, tu n'avais pas tout raconté. Une petite pause, le temps d'avaler ta salive et de reprendre ton souffle, et te voilà repartie de plus belles. « Bref, je peux dire que j'aime bien jouer, après, je n'aime pas toutes les sortes du jeux, mais je les essaye quand même, pour dire de pas mourir bête, et de me faire ma propre opinion, parce que c'est important pour moi de ne pas lire des commentaires d'adolescents et de me dire que tel jeu sera nul parce que 98 % des ados l'ont pas aimé, et qu'au final, j'en serait accro, ou alors que tel jeu c'est pas pour les filles, que si les filles veulent jouer, elles n'ont qu'à acheter les sims, c'est vrai quoi, moi aussi j'ai le droit de monter des guerriers ou des paloufs sur WoW. » Tu te stoppas avant d'aller plus loin, tu ne voudrais pas être grossière et passer pour ce que tu n'es pas, après tout lui il n'y était pour rien dans tout ça, tu ne savais même pas s'il avait des préjugés sur les filles qui jouaient ou non, et même si c'était le cas, tu ne le savais pas, puisqu'il ne t'avait pas partagé ton point de vue à ce propos, donc pas la peine de l'accuser avec ton doigt et de lui hurler dessus en le traitant de macho et de misogyne. Tu passes ta main dans tes cheveux avant de lui reprendre le saladier. Pendant que tu parlais, tu en avais presque oublié ta pâte, et elle était prête depuis au moins 5 bonnes minutes. Le pauvre, il ne devait plus avoir de bras. Mais bientôt tu auras un robot pour faire tout ce travail à ta place. En attendant, tu devais le faire. Tu posas la pâte dans 4 moules avant de mettre ta plaque au four 10 minutes, pour que tes muffins cuisent. « Pour résumer, on va dire que j'aime bien jouer, oui ! » Tu lui adressas ton plus beau sourire, avant de te rasseoir sur ton plan de travail.

De mon côté c’était tout à fait le contraire de Tara. Les autres garçons ne m’avaient jamais beaucoup aimé. Enfin, évidemment cela dépendait desquels. Les garçons ayant les mêmes intérêts que moi pour les jeux vidéo et le médiéval – oui, ma passion de gosse – s’entendaient plutôt bien avec moi. Nous faisions même des jeux de grandeur nature dans la forêt, avec des épées en mousse et des boucliers en bois. Les belles années. Mais pour toutes ces raisons aussi j’étais ridiculisé par tous les autres garçons de l’école. Les sportifs, les beau gosses, les clowns de la classe, les populaires. Ils se moquaient tous des hommes comme moi. Alors que les filles s’étaient toujours montrées plutôt douces à mon égard. J’avais donc eu une tendance forcée, si on veut, à me tenir davantage avec des filles que des garçons. Tout cela à l’exception des jeux vidéo en ligne, puisqu’on y retrouve plus de garçons que de filles. Là, j’avais beaucoup d’amis virtuels de sexe masculin. Un peu du sexe féminin, mais pas en masse. C’est d’ailleurs exactement pour cette raison que j’étais si étonné d’entendre le discours de Tara sur les jeux vidéo. Et quand elle commença à s’expliquer davantage sur ce qu’elle aimait ou ce qu’elle n’aimait pas, je fus encore plus allumé par elle. Je n’en croyais pas mes yeux et mes oreilles. La perfection ? L’aurais-je trouvée ? Pourtant, la perfection n’existait pas. Qu’est-ce qui clochait chez elle ? Rien, apparemment. Mais c’était impossible. Impossible que la femme de mes rêves se trouve directement devant moi. Que je sois dans sa cuisine, en train de faire des cupcakes, tout simplement. Si j’avais écouté mon cœur, je me serais approché d’elle et je l’aurais embrassée avec passion dès que j’entendis le mot Pokémon. Mais j’écoutai ma tête, ma raison, et je restai là, comme un piquet, à la contempler. À mon tour d’avoir les yeux brillants digne d’un manga japonais. Je n’avais même pas songé à l’interrompre tant j’étais captivé par ses paroles. Alors je la laissais parler, parler et parler, et je me délectais de ces mots. Je ne fus même pas capable de répondre quoi que ce soit lorsqu’elle s’arrêta pour me prendre la pâte des mains et la verser dans des moules allant au four. Elle me ramena sur Terre en concluant finalement tout son monologue. Je sortis de mon état de transe positive. « Wow … je … et pas Wow comme World of Warcraft non je veux dire … Wow comme wow … t’es … wow. J’ai pas de mot. » Je secouai la tête, mais mon sourire niais et envoûté ne partait pas de mon visage, et mes pensées ne se faisaient pas plus claires. Je penchai la tête, le regard suspicieux. « Dis-moi, est-ce que t’as un défaut ? Non parce que attends là … t’es … t’es canon, intelligente, ambitieuse et EN PLUS, tu joues à des jeux vidéo ?? … Si c’est pas un rêve, attends mais j’t’épouse là, tout de suite. » Puis j’éclatai de rire, gêné. « Désolé, c’est juste que … c’est … c’est rare de tomber sur une fille qui a les mêmes intérêts que moi. C’est la première fois que je … que je connecte genre, autant, de cette façon-là. » Je baissai la tête vers le plan de travail, encore gêné par tout ce que je venais de dire. C’est que les émotions étaient trop fortes, je ne savais plus où donner de la tête. Je ne savais plus comment me raisonner. Voyant que nous avions une dizaine de minutes avant de sortir les gâteaux, je m’assis à mon tour sur la table de travail, à côté d’elle. « Et tu sais, les Sims, c’est pas nécessairement pour les filles hein. J’ai beaucoup joué, moi aussi. Le plus drôle c’était quand le Sims se baignait et que tu supprimais l’échelle pour remonter à la surface … » Les Sims se laissaient alors mourir d’épuisement à force de nager mais ça, tout le monde l’avait essayé au moins une fois. Moi, plusieurs. Je regardai furtivement ma montre et constatai qu’une heure était passée. « Je me sens mal, ton copain doit t’attendre chez toi, et moi j’te fais rester à des heures pas possible dans ton commerce … » Technique afin de savoir toute la vérité sur son statut amoureux. Subtil ? Pas tant que cela. Rendu là, je m’en fichais complètement.

Tu ne l'avais pas regardé une seule seconde tout le long de ton discours, et pourtant tu aurais du, tu aurais vu sa tête se décomposer à l'entente d'un mot ayant un rapport avec les jeux vidéos, comme si il hallucinait, mais tu t'attendais à ce genre de réaction, parce que c'était toujours comme ça, les garçons te regardaient de travers dès que tu parlais de consoles, et cherchaient à te rattraper à la moindre bêtise que tu pourrais dire dessus pour te montrer que eux, ils savent tout, et que toi tu fais juste semblant. Bon, ils rigolaient moin en voyant certains de tes comptes. A ce moment là, c'est toi qui avait le revers de la médaille et tu le savourait pleinement. « T'as jamais vu une fille jouer ? Je peux te garantir que c'est en expansion, à nous les MMORPG ! » Ton rire partit tout seul. Tu étais assez fière de toi, et tu ne voulais pas non plus être un méchante avec lui, lui ne le méritait pas, lui était différent de tous les autres garçons. Mais tu ne savais pas encore pourquoi, peut-être à cause de sa gêne, ou de sa timidité, qu'il faisait qu'il était craquant à te draguer sans vraiment le faire parce qu'il n'avait pas le cran suffisant pour se lancer. « Je suis très impulsive, j'agis sur des coups de têtes et c'est pas toujours réfléchis, donc c'est pas forcément que positif, je suis une compétitrice, mais quand j'y vais, j'y vais à fond et je suis assez mauvaise perdante, mais après ça je ne sais pas. Et on sait tout que la perfection n'existe pas, c'est un mythe comme le Graal ! » Tu lui fais un clin d'oeil. Il  vient se poser à côté de toi, et même assis, tu te sens si petite, il te dépasse encore, et c'est logique, mais tu avais pensé que assis, ses longues jambes pourraient disparaître et votre différence aussi, mais non, ce n'était pas comme ça que ça fonctionnait. Et heureusement que tu ne pensais pas tout haut, souvent, tu avais ce genre de réflexions, qui te feraient passer pour une vraie blonde, mais souvent, tu les gardais pour toi. « Ne t'excuses pas, tu n'as rien fait de déplacé ou de mal, au contraire, tu réagis différemment et c'est assez plaisant. Généralement on me traite de menteuse, jusqu'à ce que je leur prouve, mais c'est agaçant de voir qu'on refuse de vous croire quand on dit qu'on joue uniquement parce que je suis une fille. » Tu plongeas ton regard dans le sien, lui qui te regardait vraiment pour la première fois depuis qu'il avait mis le pied dans ta boutique. Et restas comme ça une longue seconde, si longue qu'elle était devenue une heure pour toi, ou au moins quelques minutes parce que le four se mit à sonner pour indiquer la fin de la cuisson. Tu baissas ta tête rapidement en te levant pour aller éteindre ton four et sortir tes gâteaux. Le temps avait filé à une vitesse, même toi tu étais surprise. « Tu es cruel, je ne l'ai jamais fait, moi j'essayais de les maintenir en vie le plus longtemps possible et à chaque fois, mon Sims était cuisinier, bon, j'ai mis le feu à plusieurs de mes maisons.. » Tu laissas ton moule refroidir le temps d'une bonne minute, afin de ne pas te brûler, même si tu en avais l'habitude, et tu touchais au plus vite du bois pour ne pas porter malheur, parce que tu n'avais jamais crée d'incendie dans la vie réelle et qu'il était important pour toi que ça continue ainsi. « Ne t'inquiètes pas, Tom est très patient, et il dormira déjà quand je vais rentrer ! » Tu lui adressas ton plus beau sourire, s'il croyait qu'il allait t'avoir comme ça, toi qui était joueuse et qu'il voulait voir jusque où il était prêt à aller, tu étais bien obligée de le tester, mais sans aller trop loin non plus. Ce serait dommage de perdre une chance pour une bêtise dite trop tôt ou trop maladroitement. Pour le moment tu étais occupée à sortir tes muffins et à attendre sa réaction, bien sagement.

Je ne doutais aucunement des connaissances de Tara. J'avais bien souvent vu des filles jouer bien mieux que des garçons à des jeux vidéo. Certes, mon égo en prenait un coup lorsqu'il s'agissait de moi, mais j'étais ainsi même en face d'autres garçons. J'étais très compétitif dans les jeux vidéo, parce que je considérais que c'était mon seul "talent" dans la vie, alors je voulais être le meilleur, le premier. C'était mon seul moyen d'avoir une certaine estime de moi. Bref, tout cela pour dire qu'en écoutant Tara, j'étais loin d'être en train de chercher LA faute qu'elle commettrait, l'erreur qu'elle dirait à propos de quelque chose. Jusqu'à maintenant elle avait tout bon et, de toute façon, même si elle disait une fausseté, je n'allais pas la juger. On disait tous des bêtises de temps en temps. Peu importe, ce n'était même pas le cas. Tara ne faisait pas semblant rien que pour m'épater, non je faisais affaire avec une vraie connaisseuse là devant moi. Voilà pourquoi j'avais la mâchoire au sol. J'éclatai de rire lorsqu'elle s'exclama que les MMORPG allaient bientôt appartenir aux femmes. Je souris. « Non mais j'ai déjà vu des filles jouer, sur tous mes jeux en fait mais ... enfin ... jamais en face de moi. C'est ... très plaisant en fait, de finalement rencontrer une fille presque aussi fan que moi. » Presque parce que moi j'en avais fait mon job de vie alors qu'elle était en cuisine. Mais ça ne lui enlevait rien. Je lui souris lorsqu'elle avoua être mauvaise perdante. « Bon alors si tu tiens autant que moi à la victoire, on devrait faire équipe toi et moi ... on va dominer les game rooms. » Lançais-je comme idée. Et puis, ça me tentait bien, de m'allier à Tara dans les jeux qui le permettaient. Même qu'elle pourrait venir chez moi et on pourrait jouer un à côté de l'autre, ensemble .... Oh merde, là je m'emportais et je commençais à rêvasser. Ou plutôt fantasmer, même. Par chance elle ne lisait pas dans les pensées parce qu'elle allait se dire que j'étais plus vite en affaires ! Je dois avouer que j'étais tombé assez rapidement sous son charme mais ... qu'y avait-il à ne pas aimer chez elle ? Dites-le moi car moi, je ne trouvais pas. Bref, assis sur le comptoir, Tara me confia trouver assez agaçant qu'on ne la croit jamais quand elle disait être une joueuse, tout simplement parce qu'elle était une fille. J'hochai la tête en balançant mes longues jambes devant moi. « T'as raison, c'est con. C'est un monde majoritairement de gars mais ça veut pas dire qu'on doit exclure les filles ... Mais bon des connards un peu sexistes y'en aura toujours ... Les gamers on est pas tous comme ça, promis. » Je lui souris. Puis nous parlâmes un peu des Sims, parce que malgré tout ce qu'on pouvait en dire, ce jeu avait un certain cachet et j'avais passé quelques heures à y jouer. « En autant que tu ne fais brûler que la maison des Sims et pas la tienne ou ton resto', moi, ça me va. » Lançais-je en riant. Finalement, sentant premièrement que je commençais à m'attacher un peu trop à la blondinette et deuxièmement qu'il se faisait effectivement tard, je glissai subtilement - ou pas - un questionnement quant à si le petit ami de Tara l'attendait chez elle. Un certain Tom, qu'elle m'apprit. La déception avait dû se lire dans mon visage car elle s'empara de tout mon corps. Je venais de tomber de mon nuage. De très haut, en plus. « Oh, je vois. » Je tentai quand même de lui sourire. Je descendis finalement du comptoir. « Bon, on est prêt à les garnir, ces petits gâteaux ? » Si je restais plus longtemps avec elle, j'allais réellement développer des sentiments pour elle et c'était mauvais, parce qu'elle était prise, et je n'étais pas un briseur de couple. Et je ne voulais pas non plus me faire du mal en étant pleinement conscient de ce dans quoi je m'embarquais. Peut-être que si je laissais passer le temps un peu, j'allais pouvoir laisser la surprise et la joie du moment s'estomper et alors j'allais pouvoir devenir un bon ami de Tara. Là, pour ce soir, j'étais trop emballé et c'était mauvais signe. C'est pourquoi je voulais terminer ces gâteaux au plus vite ; sans avoir l'air grossier toutefois.

Tu étais la première gameuse qu'il voyait en vrai, ça te donnait un grand sentiment de fierté, pour une fois que tu étais la première fois de quelqu'un sur quelque chose. C'est donc un avec un grand sourire que tu lui réponds du tac au tac. « Profites alors ! » Mais sans prendre la grosse tête après tout, ce n'était pas une première fois comme on en voyait tous les jours, c'était même assez exceptionnelle, dans ta vie en tout cas. Mais rien qui allait te faire sauter au plafond non plus. Sa proposition te plaît, en plus ça fait un bon moment que tu n'as pas touché à un jeu et qu'il faut t'y remettre au plus vite, ça te manque trop, rien que d'en parler ça te met l'eau à la bouche, comme si on te parlait d'un bon rôti. « Je suis partante mais je te préviens, si je foire, ce qui arrive parfois parce que j'suis pas forcément la meilleure, je te mettrais tout sur le dos, quand je suis mauvaise perdante, c'est vraiment mauvaise, mais au moins, t'es prévenu ! » Au moins c'était dit, il n'aurait pas de surprise en voyant que tu l'accuses d'avoir fait n'importe quoi alors qu'en réalité c'était toi. Mais peut-être que vous serez tous les deux de très bons joueurs et que tu n'auras même pas besoin de t'énerver sur ce pauvre garçon, après tout, qui sait ! « J'espère qu'un jour ils ouvriront les yeux, qu'un jour ils changeront enfin leur mentalité. » Tu lui fis un grand sourire, sans répondre à ce qu'il disait ensuite. Toi aussi tu espérais mais on ne sait jamais à l'avance ce qui peut se produire. En revanche sa réaction suivante était tout bonnement à mourir de rire, mais tu ne pouvais pas tout gâcher maintenant, il fallait que tu joues le jeu jusqu'à la fin, tu ne sais pas encore comment ça finirait mais tu avais ta petite idée et puisque tu étais joueuse tu voulais prendre le risque de tout perdre, et même de te brûler s'il le fallait. « Oui, vite alors ! » Tu attrapes tes muffins afin de couper les chapeaux, et de faire un petit trou de forme cylindrique afin d'y glisser ton cœur. Puis tu remets le chapeau avec de la pâte pour qu'il puisse tenir en place. Et une fois que tous sont remplis, il ne reste plus que la décoration. Sur ce coup, pour ce qui est des finitions, il n'y a que toi qui puisse le faire, parce qu'après tout t'es là pour ça et qu'il avait quand même bien mis la main à la pâte. Assis, il devait te regarder, ou bien ses pieds parce qu'il devait se sentir bête par rapport à ta réponse, il devait s'y attendre, mais avait pu espérer jusqu'au bout. Et toi grande sadique que tu es, tu le faisais languir. Peut-être qu'un jour tu connaîtrais ça, peut-être qu'un jour toi aussi on te fera attendre, toi aussi on te trompera sans envergure, mais pour le moment ce n'était pas le cas et tu ne savais pas à quel point ça pouvait être méchant, voir blessant. « Hé voilà monsieur ! » Tu lui montras la plaque avec les 6 beaux cupcakes que tu venais de finir, plus qu'à les emballer pour qu'il puisse le emporter et le tour était joué ! « Suis-moi ! » Tu tiens ton plateau fermement, il serait dommage qu'il arrive malheur à ses petits gâteaux qui sortent à peine du four, tout en te dirigeant vers la salle principale, la salle de vente, afin de les emballer et de lui donner son dû. « Eh voilà, six beaux cupcakes au oréos, offerts par la maison ! Par contre je te préviens, je crois que demain matin, exceptionnellement, je serais fermée mais reviens quand tu veux et même après la fermeture s'il le faut ! » Tu lui tends son paquet et tu lui fais un clin d'oeil. Avant de lui tourner le dos et d'aller fermer vite fait les portes de la cuisine, et de prendre la caisse avec toi parce qu'il serait imprudent de faire autrement. Et quand tu reviens, il est toujours là, avec son paquet dans les mains, à sourire un peu niaisement. C'était le bon moment pour toi. Tu poses ta caisse, et attrapes ta petite estrade que tu ramènes juste à côté de lui, et tout en te tenant à son bras droit, tu te hisses du mieux que tu peux sur la pointe des pieds, pour déposer un baiser au coin de ses lèvres, puis de le regarder fixement dans les yeux. « En réalité Tom, est une grosse peluche, sortie tout droit de Pokémon, c'est un Ronflex, je l'ai depuis ma plus tendre enfance, et même s'il est un peu vieux, j'aime dormir avec parfois, donc il ne risque pas de te casser la gueule, ou bien même d'être jaloux ! » Tu lui souris à nouveau, attendant de voir sa réaction, en priant pour qu'il ne lâche pas son paquet, parce que là, t'aurais pas la foi de lui en refaire une fournée.

Elle accepta de venir passer une soirée, ou une journée peu importe, à jouer à des jeux vidéo avec moi. Étant quand même quelqu'un qui aimait le soleil et la nature, je préférais toujours m'adonner à ce passe-temps durant mes soirées, surtout que mes journées de boulot était passées à l'intérieur à tester des jeux dans le même genre. J'avais besoin de sortir le bout de mon nez dehors, de temps en temps, quand même. Autant pour ma santé physique que mentale. Enfin, nous verrions ; si Tara n'était disponible que les journées, je m'ajusterais. Je doutais toutefois que ce soit le cas, vu l'horaire de sa pâtisserie, elle devait avoir un horaire similaire au mien. Il serait donc très facile de trouver un moment commun pour nous deux. Cette idée me ravissait. Cela voulait dire que nous allions nous revoir, et peut-être souvent même, si ça lui disait. En tout cas moi, ça me disait. Cette femme me faisait tourner la tête, mais dans un étourdissement plus qu'agréable. Je rigolai quand elle parla du fait qu'elle était mauvaise perdante. J'étais pareil. « J'fais pareil, j'vais me trouver des excuses et te reprocher des mauvais moves que t'auras même pas forcément faits ! » Je continuai à rire un peu. « Tant qu'on se prend pas trop la tête et que ça se termine pas mal, moi, j'vois aucun inconvénient à ce que tu sois mauvaise perdante ... » Après tout, cela ne faisait que me prouver qu'elle prenait les jeux tout aussi au sérieux que moi. Et qu'elle m'offrirait une compétition solide. Je n'allais donc pas avoir à jouer un peu moins bien qu'à mon habitude rien que pour ne pas la froisser. Je jouerais avec elle comme je jouerais avec n'importe qui en ligne. Ça m'allumait, ça, chez une femme.

S'en suivit une petite conversation très brève sur l'existence d'un petit ami dans la vie de Tara, ce qui eu comme effet de ne me donner qu'une seule envie : rentrer chez moi et manger mes cupcakes aux Oreos en jouant à des jeux vidéo pour oublier ce moment magique que je venais de passer. Parce que de m'en souvenir en sachant que la blondinette était dans les bras d'un autre pendant que j'étais seul avec mes cupcakes, ça allait me détruire, c'est certain. La blondinette s'activa donc lorsque je lui dis qu'il était temps de terminer ces fameux petits gâteaux. Je la regardai faire, n'étant pas assez bon pour faire parti de l'étape de la décoration. J'attendais patiemment, un mince sourire un peu rêveur et déçu à la fois sur les lèvres. Elle m'extirpa de mes pensées quand elle s'exclama "hé voilà monsieur!" en me montrant les six magnifiques et appétissants cupcakes qu'elle venait de me faire rien que pour moi. « J'ai hâte de les manger, ils ont l'air délicieux, comme toujours !! » Encore plus vu qu'ils étaient faits sur mesure, si on peut le dire ainsi. Je suivis Tara jusqu'au comptoir, où elle emballa le tout et me le tendit en me disant que c'était offert par la maison. « Mais non, je peux pas accepter ça, quand même ! T'as déjà fait bien assez ... » Mais elle insista. Je souris. « Je te revaudrai ça. » Je l'aurais bien invitée à souper en échange, mais sachant maintenant qu'elle avait un petit ami, c'était une option impossible. La demoiselle tourna ensuite les talons pour se rendre à la cuisine, probablement pour fermer le tout. J'avais deux choix : m'enfuir à toute vitesse et ne jamais revenir, ou attendre là comme un con et ne pas savoir quoi dire. Ma politesse et ma gentillesse m'obligèrent à rester là : déguerpir après tout ce qu'elle avait fait pour moi ce soir aurait été d'une méchanceté démesurée. Et puis, ce n'était pas sa faute si elle était en couple. Après tout, le contraire aurait été étonnant. Quand elle revint, je relevai la tête vers elle, ma boîte de cupcakes entre mes deux mains. Je devais avoir l'air d'un enfant qui ne sait pas trop où se mettre.

Et là, tout se passa tellement vite. Tara attrapa sa petite estrade et l'amena jusqu'à mes pieds. Elle y monta et déposa un baiser au coin de mes lèvres. Je rougis d'un seul coup, et mon coeur manqua quelques battements. Mes jambes tremblaient. Encore plus lorsqu'elle m'expliqua que Tom était en réalité un Ronflex, ce géant Pokémon des plus paresseux qui bloquait chaque putain d'entrée vers une nouvelle ville. Je n'arrivais pas à y croire. Et ce baiser voulait dire quelque chose, non ? Je devais l'interpréter positivement, n'est-ce pas ? Je souris. « Est-ce que ça ... est-ce que ça veut dire que tu veux bien lui donner des raisons d'être jaloux, à ton Ronflex ? » Demandais-je un peu niaisement. Puis je me repris et proposai quelque chose de plus convenable, mon idée initiale : « En échange de ces cupcakes, je t'invite au restaurant ? Disons ... demain soir ? Si ... si tu veux, si t'es libre ... et si c'est pas trop tôt. » Je rigolai nerveusement. Ce que je pouvais être malhabile !