a drop in the ocean -r.

Décidément, il était ton toi au masculin, et tu appréciais ça. De toute  façon, en tant que fille qui joue, tu avais plus de chance de trouver un mec qui joue que l'inverse, même si il en existait. Alors forcément, le trouver comme ça, face à toi, tu prenais ça comme un signe du destin. Le destin était une des seules choses en laquelle tu octroyais une croyance profonde., les signes et le destin. C'était peut-être absurde pour certains, tout comme la religion l'était pour toi. Tu as su te détacher de la croyance de tes parents, en voulant croire à ce que tu voulais, à surtout ce que tu voyais. En n'ajoutant rien de plus, tu mis fin à cette discussion puisque après tout, tu n'aurais qu'à voir comment ça se déroulerait en temps et en heure. Voir lequel de vous deux sera le plus mauvais, enfin ça c'est uniquement si vous veniez à perdre, parce que si vous gagnez, ça sera une autre histoire. Lui était prêt à te payer, alors que toi, tu n'avais qu'une envie, rejoindre ton lit. Alors pas question qu'il te donne quoique ce soit, et même si tu avais eu le courage de l'encaisser, tu n'aurais pas accepté. Tu n'attendais rien en retour parce que tu l'avais fait par pur gentillesse et non par attente d'un retour quelconque, il est vrai que ça te faisait plaisir de voir qu'il voulait te renvoyer l'appareil, et te remercier comme il se doit. Alors tu affichas un beau sourire avant d'ajouter. « Bah j'espère bien !  » Et te voilà, un petit sourire, et quelques minutes plus tard, tu es presque à sa hauteur, parce que ton petit escalier te faisait gagner une bonne dizaine de centimètres, mais rien de très important, il était toujours un géant, même si cette fois, sur la pointe des pieds tu pouvais atteindre ses lèvres. Mais tu n'étais pas assez grande pour planter ton regard dans le sien, et le soutenir, comme tu aimais le faire parfois. Non, au lieu de pouvoir contempler le fond de ses pupilles, tu devais lever la tête et attendre qu'il te regarde, que ce soit lui qui décide quand tu pourrais le regarder. C'est un truc qui pourrait vite t'énerver ça, tu ne pourrais jamais vraiment scanner son visage, sonder son regard. Mais il ne tarde pas à baisser son regard vers le tien, toi qui attendait ça depuis une longue minute maintenant. Il ne semblait plus si triste, et même il était soulagé. En l'écoutant, tu te mis à rire, parce que c'était drôle. Tu fis une petite moue à la recherche de ce que tu pouvais bien répondre à ça. Bien que tu imaginais très bien ton Ronflex debout en essayant de lui barrer la route, il ne pourrait pas faire long feu face au brun. « Je suis certaine qu'il en serait ravi même ! » Après réflexion, il ajouta autre chose. Un rendez-vous ? Tu ne savais pas trop, ta vie amoureuse était un champ de bataille. Mais tu n'allais pas dire non, pas après la peine que tu avais pu lui causer, et la joie que tu lui avais procuré après.  « Je.. Oui, avec plaisir, pourquoi pas ! » Tu hochas doucement la tête avec un petit sourire en coin. Sa maladresse te touche presque, il est vrai que tu as l'habitude qu'on soit direct avec toi, et lui, il était hésitant, ça ne voulait pas dire qu'il ne voulait pas dîner avec toi, juste qu'il avait l'air timide. C'était touchant en quelque sorte, que toi, tu sois aussi intimidante. « Pour demain, on se rejoint ici et après je te suis, ou bien ?  » Il t'avait invité, et ça c'était bien, tu n'allais pas le nier mais à côté de ça, il n'avait pas donné d'informations sur l'heure ou bien même sur le restaurant en question, et vous ne vous étiez pas non plus échangé vos numéros donc ça aurait pu être un vrai casse-tête chinois si tu devais du tous les faire demain soir.

Le destin, j’y croyais aussi. Et le fait qu’elle ait ce soir accepté de fermer boutique plus tard rien que pour moi, et qu’en plus elle avait décidément pas mal les mêmes intérêts que moi dans la vie, je prenais ça pour un signe. Je me disais que peut-être que pour une fois, la vie s’était décidée à me sourire, moi qui attendais l’amour depuis si longtemps. Bon, je n’allais pas monter sur mon nuage le plus haut du ciel tout de suite, il ne fallait pas que je me fasse trop d’idées, mais quand même, je me laissais déjà un peu bercer par de douces illusions – en espérant que ce n’en étaient pas, des illusions, justement. Alors quand la demoiselle m’embrassa après m’avoir dit que son prétendu petit ami n’était qu’une peluche, mes rêveries cessèrent d’en être et prirent un goût des plus réels. Des plus agréables. Tout comme le goût de ses lèvres, d’ailleurs. Je me maudissais toutefois d’avoir été trop surpris pour pleinement profiter de ce baiser. Je n’avais pas eu le temps de l’apprécier comme il se devait, et j’espérais secrètement avoir la chance de me rattraper. Je proposai donc un rendez-vous. Notre premier rendez-vous. Après un baiser de ce genre, je ne pouvais qu’être plongé dans mes espoirs infinis. Je ne voyais pas pourquoi Tara aurait posé ses lèvres sur les miennes, autrement. Une femme désintéressée ne ferait pas ce genre de choses. C’était une action intime, lourde en significations, non ? À moins que je sois trop vieux-jeu et que pour moi un baiser soit plus que ce que c’est aujourd’hui … Ce ne serait pas surprenant, me connaissant. En même temps, je prenais quand même ma chance, parce que dans ma tête un baiser restait un baiser. Un geste doux, romantique et beau.

Pourtant, je sentis une certaine hésitation de la part de Tara. Quelques longues secondes s’écoulèrent entre ma proposition et sa réponse. Durant ce court laps de temps qui me parut pourtant s’éterniser, j’eus envie de rentrer dans le plancher, de disparaître en fumée ou de prendre la poudre d’escampette. Heureusement, la blondinette finit par répondre à l’affirmative. Une vague de soulagement s’empara de moi. Décidément, ce soir, elle jouait avec mes émotions qui étaient bien parties dans les montagnes russes. En même temps, son simple hochement de tête, son « pourquoi pas » et son sourire en coin me laissaient deviner que ce n’était peut-être pas la proposition qui la réjouissait le plus dans sa journée. Rien pour me mettre en confiance pour demain soir. « D’accord … » Répondis-je avec un sourire quand même content qu’elle ait dit oui, malgré mes doutes quant à sa sincérité. La belle me questionna alors sur le où, le comment et le pourquoi, moi qui avais été si vague dans mon invitation. Je secouai la tête : « Ah oui, euh, oui faudrait convenir de tout ça évidemment … Euh j’ai pas encore vraiment d’idée pour le restaurant alors disons euh … oui ici, on se rejoint ici, et je t’y emmènerai ensuite … alors disons euh … vers 18h ? À moins que t’aies l’habitude de dîner plus tôt ou plus tard ? Je sais pas, peu importe, comme tu veux … » L’art d’avoir l’air encore plus taré que depuis le début de cette rencontre ! Maintenant il allait falloir que je réfléchisse toute la soirée et toute la journée demain à mon plan de match pour la soirée. Le plus difficile serait de trouver le restaurant parfait pour un premier rendez-vous, et pour l’impressionner, question de la convaincre que j’étais un bon choix, parce que visiblement, elle n’était pas du tout certaine de la tournure des événements. Bref, après avoir convenu l’heure, je regardai mes cupcakes, puis elle, qui avait l’air fatiguée. « Bon, dans ce cas je te dis à demain, et je te souhaite une bonne nuit. Encore désolé de t’avoir fait travailler plus tard mais crois-moi, je vais déguster et apprécier tes cupcakes avec le plus grand respect et la plus grande joie. » Je lui souris, puis hésitai à lui donner un baiser rien que sur la joue, et finalement je renonçai. Je reculai donc, redisant : « À demain. » comme pour m’assurer qu’elle n’oublierait pas, et je quittai finalement sa pâtisserie.