LELA (+) Un jour, ce sera ton tour

La nuit avait été plutôt courte, mais je n’allais certainement pas m’en plaindre, puisque c’était pour la meilleure des causes; suite à de nombreuses heures de travail, de douleurs, de contractions qui semblaient ne plus en finir, j’avais finalement, à presque deux heures du matin, mis au monde notre fils à Alexis et moi, Dillan. Sitôt qu’il eut pointé le bout de son nez, ce petit garçon avait fait notre joie à mon fiancé et moi, et un moment rempli d’émotions s’était ensuivi, moment que je ne saurais jamais oublié tant il était beau, tant il était unique, tant il était magique. J’avais eu la chance de voir Alexis prendre son fils dans ses bras pour la première fois, et ça, c’était probablement le plus beau souvenir que j’avais de ce moment. Suite à la naissance du petit Dillan, nous avons décidé de garder la nouvelle pour nous pendant une bonne partie de la nuit. Une fois que le matin arriva, je proposai à Alexis de retourner à la maison non seulement pour revoir Analeigh et l’emmener à la maternité plus tard dans la journée, lorsqu’elle serait de retour de l’école – puisque même si nous l’avions tous les deux oublié, c’était la rentrée scolaire aujourd’hui, malgré tout – mais également pour dormir un peu, le pauvre devant probablement être épuisé. J’en avais aussi profité pour dormir quelque peu à mon tour, même si ce n’était pas chose facile, entre Dillan qui pleurait et les visites des médecins et infirmières pour faire des contrôles de routine. Toutefois, je pus tout de même retrouver un peu de forces, ou du moins, suffisamment pour dire que j’étais capable de faire autre chose que dormir et m’occuper de mon nouveau-né. Quelques minutes après avoir ouvert les yeux, je décidai de regarder l’heure, et remarquant que c’était là une heure raisonnable, je pris alors mon téléphone, et j’appelai mes parents dans un premier temps pour leur annoncer la nouvelle, me voyant très mal les appeler dans la nuit avec le décalage horaire entre Tahiti et ici. Puis, sans aucune hésitation, je cherchai la seconde personne que je voulais prévenir dans mes contacts, à savoir ma petite sœur Lela. Plutôt que de l’appeler, je lui envoyai un message qui disait : « Coucou ! Dis-moi, tu pourrais venir à l’hôpital, chambre 202, dès que tu as un moment ? Quelqu’un voudrait te rencontrer. » Un petit sourire au coin des lèvres, j’envoyai le message, puis je reposai mon téléphone sur la petite table à côté de mon lit d’hôpital, en profitant pour me lever afin d’aller voir mon fils, qui dormait juste à côté dans un petit lit, non sans guetter si jamais un bruit de vibration sortirait du téléphone pour me prévenir d’une réponse de la part de ma sœur.

Quelques instants après avoir envoyé un message, une petite vibration se fit entendre, me faisant comprendre que j’avais probablement une réponse. Rapidement, je m’approchai alors de la table de chevet, et je vis une réponse qui me parut positive de ma sœur. J’esquissai alors un sourire, puis sitôt, je retournai auprès de mon petit garçon, considérant le fait que quelques instants auparavant, je l’avais vu remuer dans son sommeil. Je lui chuchotai alors des mots doux afin qu’il continue à dormir, sauf s’il avait besoin de boire ou bien faire changer sa couche. Ce ne fut toutefois pas le cas, et progressivement, il se calma, continuant alors à dormir tout doucement. Cependant, je ne bougeai pas. Je n’osais pas bouger, considérant qu’il avait enroulé sa main toute menue autour de mon petit doigt, ce que je trouvais tout simplement adorable. Après, je ne sus pas combien de temps je restai dans cette position, mais ce fut suffisant pour que je sois toujours dans cette même position lorsqu’on frappa à la porte. Je tournai alors la tête, voyant ma petite sœur apparaître, les bras chargés d’un gros sac comme si elle revenait de faire les courses. Je ne lui demandai pas tout de suite ce qu’il contenait, bien que j’avais un petit doute, et je me contentai de lui faire un large sourire, malgré ma fatigue, lui disant : « Bonjour vous ! », faisant allusion au bébé qu’elle portait dans son ventre, elle aussi. Puis, je la laissai jeter un œil à ma petite merveille, me doutant bien que c’était la première chose qu’elle voudrait voir. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c’était totalement compréhensible, et il était certain que je ferais probablement la même chose une fois qu’elle aurait eu son enfant. J’eus alors un plus grand sourire lorsqu’elle me dit qu’il était mignon, et je répondis à sa question par la positive en hochant la tête, puis en chuchotant doucement : « Oui, c’est mon petit homme de ma vie… » Je regardai alors mon fils, tendrement, et perdue dans mon émerveillement, je ne réagis pas tout de suite, puis je me rendis compte que je n’avais pas vraiment présenté mon bébé à Lela comme il se le devait. Je dis alors : « Dillan, voici ta tata, Lela. Je suis sûre que tu vas l’adorer… » Je regardai ensuite ma sœur, et je dis : « Ça te dirait de le prendre un peu ? »

Je ris doucement lorsque Lela rectifia le coup, affirmant qu’elle préférait se faire appeler « tatie » et non « tata » comme je l’avais fait précédemment. Honnêtement, ça ne me dérangeait pas du tout, puisque tout ce que je voulais, c’était que mon petit garçon connaisse et apprécie sa tante. Pour le moment, cela semblait plutôt bien parti, et je ne pourrais certainement pas en être plus ravie. Je voulus alors pousser ce premier contact un peu plus loin en proposant à ma petite sœur de prendre son neveu dans ses bras pour la première fois, mais je pus sentir celle-ci un peu hésitante dans un premier temps. Elle m’expliqua par la suite que ce qui l’embêtait était le fait qu’elle manquait d’expérience. Limite, elle semblait craindre l’idée de prendre ce petit être tout petit, tout fragile. Je pouvais comprendre ce sentiment que j’avais ressenti avant aujourd’hui, mais malgré tout, je ne reculai pas pour autant, affirmant alors dans un sourire : « Bien sûr. Je suis sûre que tu ne lui feras pas de mal, et puis, il va falloir que tu t’y fasses un jour, ce sera ton tour bientôt. » Après, si elle ne se sentait pas confortable une fois que je lui aurais donné Dillan, alors j’ajusterais en conséquence, mais je voulais au moins qu’elle tente le coup ne serait-ce qu’un peu. Sans attendre plus longtemps, au risque de voir Lela hésiter une nouvelle fois, je me penchai sur le petit berceau, puis je passai une main sous la tête du bébé, et une autre sous ses fesses avant de le lever doucement pour le coller contre ma poitrine pendant un instant. Tandis que je faisais cela, je n’oubliais pas ma sœur pour autant, et lorsqu’elle me parla des cadeaux, je me permis de lui sourire, et lui dire : « Vraiment ? C’est trop gentil ! Bien sûr que je veux bien les voir après. » Après quoi ? Après que Lela ait pris son neveu dans ses bras, évidemment ! J’ajoutai alors, quelques secondes après, désignant un petit fauteuil qui se trouvait dans la pièce d’un signe de tête : « Si tu veux, tu peux t’asseoir, je te le donnerai dès que tu seras installée. »