Une petite dose de vitamine D et ça repart ♦ Sara

Cela faisait maintenant quelques mois que Sara était revenue à Bowen et que Charlie avait donc retrouver sa meilleure amie. Elle avait mis quelques temps à se remettre de ce retour. Et aujourd'hui encore, cette histoire lui paraissait tout simplement incroyable. Pendant des mois, elle n'avait attendu qu'une seule chose c'était que Sara revienne. Charlie ne voulait pas croire qu'elle avait perdu sa meilleure amie pour toujours. Et alors qu'elle avait enfin entamé le pénible chemin du deuil, Sara était réapparue. En chair et en os. Vivante.
Ce que Charlie retenait de cette folie était que, comme elle en était déjà persuadée, la vie est bien trop courte pour se prendre la tête pour rien. Elle avait retrouvé sa meilleure amie et elle allait en profiter. Bien évidemment, Sara n'était pas au meilleur de sa forme après la tragédie qu'elle venait de vivre, mais Charlie était là pour elle, elle le serait toujours. Elle -même avait été secouée par tous ces évènements, mais comme à son habitude, elle cachait autant qu'elle le pouvait ses sentiments. Elle voulait être forte pour Sara, la soutenir, l'épauler et l'aider à retrouver sa joie de vivre.

Puisqu'aujourd'hui le soleil brillait, Charlie se dit qu'il serait une bonne idée d'aller faire un tour à la plage. Elle passa donc chez Sara afin de la convaincre de venir avec elle. Sara n'était -comme Charlie s'en doutait- pas très motivée à l'idée de sortir. Mais Charlie comptait bien la convaincre.
Allez Sara, regarde ce soleil ! lui dit-elle en pointant le ciel à travers la fenêtre. Il faut absolument qu'on en profite! Et puis, tu auras même pas à parler ou te bouger. Je nous conduis à la plage, on s'allonge, au soleil, tu peux écouter de la musique si tu veux, et voilà! Ton teint te remerciera! Et puis, ça fait du bien au moral. Elle la regardait avec insistance et avec un petit sourire en coin pour tenter de l'amadouer tout en attendant sa réponse, qui se faisait un peu tardive. Finalement, après avoir parlementé brièvement, les deux jeunes femmes se mirent en route pour la plage. Une fois arrivée Charlie déroula une serviette et s'installa en tailleur sur celle-ci et ferma les yeux en profitant d'un rayon de soleil qui lui caressait le visage. Franchement, ça fait pas du bien de profiter du soleil comme ça?

Alors que, comme son habitude, Charlie arrivait de très bonne humeur, souriante et  pleine de vie, Sara à l'inverse ne semblait elle pas très enjouée... Comme bien trop souvent depuis son retour... Avant le drame, Sara n'était pas du tout, elle était rayonnante, pleine de vie, toujours de bonne humeur et prête à sortir à n'importe quel moment de la journée. charlie était attristée de voir sa meilleure amie dans cet état qui la rendait méconnaissable et depuis le retour de Sara à Bowen, elle faisait de son mieux pour tenter de la faire retrouver cette joie de vivre qui la définissait si bien. Mais elle savait bien que le chemin serait sûrement long et compliqué, voire torturé. Malheureusement, la patience n'était pas vraiment une vertu que possédait la chère blonde. Alors, elle faisait de son mieux...

Quand elle avait fait la remarque sur le teint de Sara, elle l'avait dit comme ça, bêtement, sans trop vraiment la viser. Mais apparemment, cela avait piqué la petite brune. Charlie la regarda alors dans les yeux. Elle voyait ses cernes foncés, son visage creux et terne, tout comme ses cheveux. Charlie essaya de cacher son inquiétude et sa compassion.  Désolée... mais bon, tu vas bien reconnaître que quelques rayons de soleil pourraient te réchauffer et redorer le teint et te donner meilleure mine. Ce serait quand même pas du luxe non? Pense à tous les gens sous la grisaille qui rêvent d'un petit rayon de soleil de rien du tout et à tous ces enfants de la lune, qui doivent fuir le soleil comme la peste! Tu vois, faut en profiter! lui répondit-elle alors en ajoutant un petit clin d’œil et un large sourire à Sara. Et non, évidemment que tu as pas le choix, quelle question! Tu sais très bien que je te tirerais jusqu'à la plage s'il le fallait. Heureuse d'avoir réussi à convaincre Sara sans trop de peine, elle attendit donc que celle-ci prépare ses affaires et elles prirent le chemin de la plage.

La plage était quasi déserte en ce jour de semaine et il était encore assez tôt dans la journée. Le soleil caressant son visage, Charlie était aux anges. C'était bien souvent tout ce qu'il lui fallait pour se sentir bien, cette sensation du soleil chauffant sa peau était une de ses sensations préférées. Et c'était également ce qu'il lui avait manqué lors de l'année qu'elle avait passée à Paris. Sara, elle, semblait moins enjoué que Charlie face à cette situation. Baby steps... Après tout, elle était sortie et ce sans rechigner. C'était déjà une bonne chose. Puis, pendant que Sara se tartinait de crème solaire, Charlie enleva ses vêtements et s'allongea sur le dos en bikini afin de parfaire son bronzage, déjà bien présent. Je devais mais j'ai fait pas mal d'heures supp ces derniers temps et du coup, je serais allée bosser pour rien aujourd'hui donc on m'a donné ma journée. Dommage pour toi,j'ai toute ma journée de libre et j'ai bien envie que tu me tiennes compagnie. Tu sais que je m'ennuie sinon. lui répondit-elle en riant légèrement et en tournant la tête vers elle pour attendre sa réaction. Charlie n'était pas quelqu'un de très solitaire. Bien entendu, elle appréciait ses moments de solitude, mais elle avait souvent besoin de voir quelqu'un la journée. Elle ne pouvait pas rester deux jours chez elle sans parler à quelqu'un sans quoi elle avait l'impression de devenir folle et/ou dépressive.  T'as fait quoi de beau depuis qu'on s'est vu l'autre jour? Les deux jeunes femmes s'étaient vues il y a maintenant 3 jours, Charlie avait passé beaucoup de temps au travail et n'avait pas beaucoup eu le temps d'aller voir Sara. Elle lui avait écrit, bien entendu, mais comme à leur habitude, elles ne s'étendaient jamais dans les détails à l'écrit, préférant discuter en face à face.

Charlie rit à la taquinerie de Sara. Tiens, un petit aspect d’elle d’avant qui faisait surface, cela lui faisait plaisir à entendre et à voir. Sara était quelqu’un de jovial et drôle, elle adorait taquiner Charlie qui, parfois, pouvait prendre la mouche très rapidement et se mettre dans tous ses états, ce qui avait bien souvent fait rire la petite brune. Mais cette fois-ci, Charlie rit et secoua légèrement la tête de gauche à droite. Oui, je sais, j’ai vu le tien, je me suis dit que j’avais du retard ! rétorqua-t-elle en faisant une petite grimace à Sara pour la taquiner en retour. Tu sais bien que je fais partie de ces australiennes bien clichées et superficielles qui ne peuvent pas avoir la peau claire, c’est trop la honte ! dit-elle ensuite. Autodérision quand tu nous tiens. Charlie tenait à sa peau hâlée, et elle savait que cela renforçait son cliché d’Australienne et de fille superficielle qui aimait être toujours tirée à quatre épingles et modeuse. Mais cela n’était qu’une façade, Charlie avait grandi depuis le lycée et ne jugeait plus sur le physique ou les apparences comme elle avait eu la fâcheuse tendance à le faire auparavant… Nell pouvait en témoigner. Même si lui n'était, au final, pas beaucoup mieux.
Charlie fut touchée par le remerciement que Sara lui adressa quand celle-ci lui dit qu’elle comptait passer la journée avec elle, mais évidemment, comme elle n’était pas vraiment du genre à tomber dans le sentimental et à étaler ses sentiments, elle sourit légèrement et fit un petit signe de la main qui illustra ses propos. Non mais me remercie pas, c’est normal ! J’ai envie de te voir alors je t’embarque. Et puis, ça m’a manqué ces journées entre filles quand même. Avec le boulot, c’est pas toujours évident alors quand on a le temps il faut qu’on en profite ! Hé oui, les deux jeunes femmes n’étaient plus étudiantes, Charlie croulait parfois sous le travail alors il devenait parfois de plus en plus difficile pour les deux amies de passer beaucoup de temps ensemble, comme lorsqu’elles étaient plus jeunes. Depuis que Sara avait disparu, Charlie avait encore plus envie de passer du temps avec elle, premièrement pour l’aider à remonter la pente après tous ses événements mais aussi parce qu’elle s’était rendue compte que la vie était courte et que l’on pouvait perdre ses amis du jour au lendemain, et elle comptait bien ne plus jamais reperdre Sara. Ou du moins, pas avant qu’elles aient 90 ans.

Puis, innocemment, Charlie demande à Sara comment elle avait occupé ses journées depuis qu’elles s’étaient vues. Oui, c’était bien une façon de savoir si Sara n’avait pas passé son temps à broyer du noir, renfermée chez elle. Sara lui parla alors de ses séances chez le psy, si pénibles pour elle, mais nécessaires pour qu’elle puisse reprendre le travail –mais Charlie pensait que c’était aussi plus qu’utile pour son moral. Avec ce qu’elle avait vécu, une thérapie était bien évidemment nécessaire…Je sais que c’est pénible pour toi, mais d’un côté, tu crois pas que ça t’aide aussi ? Peut-être pas en ce moment, mais tu verras certainement un moment où ça t’aidera à aller mieux… Il te reste beaucoup de séances ? Accroche-toi, pense à ton travail. C’est sûr que ça te fera du bien de reprendre. Ça change les idées le travail mine de rien. Et ça évite de broyer du noir toute la journée chez soi. Même si bon, parfois, ça peut en rajouter des soucis…. ! Charlie pensa alors à une femme avec qui elle avait dû travailler récemment et qui n’avait été qu’une vraie… emmerdeuse. Il n’y avait pas d’autres mots. Charlie avait été aussi diplomate que possible mais elle avait frôlé la crise de nerfs et n’avait eu qu’une envie : dire ses quatre vérités à cette femme et finir le travail sans elle, ce qui était bien entendu, impossible. Et si Charlie avait vraiment un accrochage avec cette femme, elle aurait bien pu perdre son poste. Alors, elle avait pris sur elle, fait beaucoup de sport pour extérioriser et avait réussi à finaliser le projet, non pas sans de longues discussions (tout de même un peu agitées) et un bon nombre de concessions. Puis Sara évoqua ses parents et Woody. Ah, comment vont tes parents ? Et Woody ? ça fait longtemps que je l’ai pas vu d’ailleurs ! Vous vous êtes vus quand ? Vous avez fait quoi ? Charlie était curieuse, elle pouvait parfois donner l’impression de mener un réel interrogatoire, mais elle ne s’en rendait pas toujours compte. Elle était seulement intéressée. Elle n’avait vraiment pas vu Woody depuis un petit bout de temps. Elle le regrettait d’ailleurs, durant la période où Sara avait été déclarée disparue puis morte, les deux amis de longue date s’étaient rapprochés. Avant, ils étaient amis, mais surtout grâce à Sara. Sans elle, la dynamique n’était pas la même, mais face à ces temps douloureux, Woody et Charlie semblaient être les deux seuls à se comprendre et avaient essayé de se soutenir, de tout faire pour s’aider à maintenir la tête hors de l’eau et à ne pas trop sombrer dans la dépression. Mais depuis le retour de Sara, ils ne s’étaient pas vraiment vus, elle se demandait comment il allait et ce qu’il devenait. Il faudrait qu’elle prenne de ses nouvelles rapidement.

Charlie était pour une fois un peu libérée de son travail et avait de suite sauté sur l’occasion pour aller tirer Sara de chez elle et de la forcer à passer la journée avec elle. Alors que Charlie racontait donc cela à sa meilleure amie, celle-ci ajouta qu’il manquait des margaritas afin de pouvoir trinquer. Charlie sourit.
Oh oui, c’est vrai ça ! Ce sera la suite de notre programme alors. Ou alors, ce soir, on sort et on pourra trinquer maintes et maintes fois à nos –toujours- belles paroles ! lui répondit-elle en riant légèrement. Charlie était bien entendu toujours la première à être partante pour un petit verre ou une bonne fiesta. Une manie de son adolescence et vie d’étudiante qu’elle avait bien du mal à perdre. Charlie est ce que l’on appelle une bonne vivante et, qui plus est, déborde toujours d’énergie, le sport et les fêtes étaient pour elle ses échappatoires afin d’évacuer le stress que lui apportait son travail.

Les deux jeunes femmes évoquèrent ensuite la thérapie que suivait Sara. Celle-ci disait que ses séances étaient pour elle pénibles. Charlie essaya alors de la motiver en lui expliquant que cela était très certainement utile pour elle et que si elle ne s’en rendait pas compte maintenant, elle le remarquerait certainement plus tard. Charlie ne disait pas seulement ça pour rassurer et motiver Sara, elle le pensait aussi. Mais Sara ajouta alors plus de détails sur son ressenti de ses séances. Elle dit qu’elle ne refoulait rien mais évoqua la fin de son mariage, et la peur qui l’envahissait tous les jours, ajoutant qu’elle n’avait pas l’impression que ce psy l’aidait. Charlie se retrouva maintenant un peu muette. Elle ne savait pas quoi dire pour réconforter Sara, pour l’aider à vaincre cette peur et la rassurer, et cela lui faisait beaucoup de peine. Elle voulait être là pour sa meilleure amie, pour la soutenir, pour lui dire que tout allait bien se passer, mais bien souvent elle avait l’impression que cela était bien trop peu et qu’elle était inutile.
Pense à ton travail alors, et dix séances, ça va vite passer… Et sinon, est-ce-que tu peux changer de psy ? Si tu sens, qu’il ne te convient pas, c’est peut être mieux ?
Puis, afin de ne pas trop parler de souffrances, Sara parla de sa famille et de Woody. Charlie sourit lorsque Sara raconta que ses parents étaient très heureux de retrouver leur fille. Un peu le même sentiment que Charlie donc, même si bien entendu, le fait de perdre un enfant n’était pas comparable au fait de perdre sa meilleure amie. Charlie était ravie pour eux. Mais elle tiqua un peu face à une expression que Sara utilisa pour parler de Woody. « On réécrit l’histoire »… le tout ponctué d’un sourire très lumineux. Charlie fronça.
On réécrit l’histoire ? Ça veut dire quoi ça ? Mais oui, il était vraiment mal quand on a appris ta disparition. On s’est rapproché d’ailleurs à cette époque. On se comprenait, on se soutenait… Mais j’ai un peu honte, parce que depuis ton retour j’ai pas vraiment pris le temps de lui parler ou de le voir… Donc je dis oui aux retrouvailles à 3 ! Compte sur moi pour te trouver les nouveaux lieux branchés, j’ai continué à arpenter les clubs et les bars de la ville tous les week-ends ! dit-elle en riant. Et à l’époque de la disparition de Sara, elle les avait parfois arpenté dans un bien mauvais état et non pas vraiment dans le but de s’amuser, mais seulement d’oublier. D’oublier sa peine, son chagrin, sa douleur et le manque. Mais depuis, elle avait retrouvé sa joie de vivre et son envie perpétuelle de sortir pour s’amuser. Elle n’avait plus qu’à motiver Sara et Woody.

Charlie proposait à sa meilleure amie de sortir ce soir, ce que celle-ci refusa. Charlie ne fut pas bien surprise.. Elle se doutait bien que ce serait déjà trop pour Sara. Mais elle essayait de faire de son mieux pour que tout soit « comme avant » et Charlie étant toujours prête à sortir… elle avait tenté sa chance. Sara faisait alors une petite moue de chien battu, ce qui fit sourire Charlie. Elle n’en voulait évidemment pas à Sara et n’était pas déçue par sa réponse. Elle comprenait que c’était trop pour elle. Certes, elle la poussait quelques fois à sortir et à toujours aller un peu plus loin mais elle ne voulait pas non plus brusquer sa meilleure amie.
Je m’en doutais un peu… Mais bientôt on pourra refaire la fiesta comme avant ! Mais une journée à la plage c’est déjà bien cool ! dit-elle en lui souriant. Et c’était vrai, Charlie était bien contente de passer une journée tranquille avec Sara. Ados, elles passaient souvent beaucoup de temps ensemble et la plupart du temps elles ne faisaient rien, si ce n’est aller bronzer à la plage – comme aujourd’hui- ou alors à traîner en pyjama toute la journée à regarder des films et des séries ou à feuilleter des magazines avec leur album préféré du moment en fond d’ambiance. Et Charlie avait toujours adoré ça, et elle aimait toujours ça. Parfois, Sara avait un effet apaisant pour Charlie. Elle qui avait toujours besoin de courir partout ou d’aller se défouler pour se débarrasser de son trop plein d’énergie ou d’émotions pouvait , grâce à Sara, passait une journée tranquille, à ne rien faire et ce qui ne l’empêchait pas de se détendre pour autant. Bien au contraire. Sara était bien l’une des personnes qui pouvaient d’ailleurs faire accepter à Charlie une journée pareille. Les journées cocooning ne sont pas forts. Sauf en présence de sa meilleure amie.
Les deux amies parlèrent de la thérapie de Sara, qui n’était toujours pas enchantée à l’idée d’y passer encore quelques séances. Charlie essaya de la motiver et de lui faire voir le bon côté des choses tant bien que mal. Charlie rit à la proposition de Sara : une fois ses séances finies, après un ou deux verres, Sara se confierait à elle, qui ferait alors office de psy.
Quand tu veux ! J’ai déjà de l’expérience dans ce domaine ! Tu vas voir je suis super bonne psy après quelques verres d’ailleurs. Je pourrais refaire le monde aussi ! ajouta-t-elle en riant.
Charlie tiqua légèrement face à l’expression de Sara à propos de Woody. Elle la questionna donc, mais celle-ci resta mystérieuse et dit qu’ils ne faisaient que rattraper le temps perdu. Oh ok… Oui, on s’est pas mal vu durant les moments… difficiles.. dit-elle en grimaçant. on se comprenait. Et c’était cool d’avoir quelqu’un qui comprenait ce que je ressentais. Et qui vivait la même chose… Enfin bon. C’est du passé maintenant hein ! N’y pensons plus !dit-elle alors, un peu mal à l’aise et triste en repensant à la période où Sara n’était plus là. Charlie avait été très déprimée. Au tout début elle n’était même pas reconnaissable et puis elle n’avait pas supporté ce regard de pitié et de soi-disant compréhension que les gens lui adressaient. Alors elle s’était construit une carapace. Elle donnait l’impression d’être forte, de ne pas se laisser abattre… alors que la plupart du temps, elle finissait à pleurer des heures dans sa chambre sans pouvoir s’arrêter ou alors elle sortait et faisait n’importe quoi, finissant souvent dans un très piteux état. Elle n’était pas vraiment très fière de cette phase et espérait que Sara ne l’apprendrait pas. Woody était celui qui l’avait souvent récupéré à la petite cuillère mais elle lui faisait confiance, elle savait qu’il ne dirait rien. Mais elle ne pouvait pas contrôler les autres et les rumeurs qui circulaient toujours de bon train à Bowen… Elle espérait donc que cela ne remonte jamais jusqu’à Sara. Non pas qu’elle jugerait Charlie, mais elle se sentirait sûrement coupable, bien que cela ne soit pas du tout de sa faute et Charlie voulait éviter cela à tout prix.
Charlie regarda Sara qui avait maintenant les yeux plein de larmes. Elle ajouta qu’ils comptaient beaucoup pour elle, et essuya une larme. Charlie sentit alors sa gorge se resserrer en voyant sa meilleure amie pleurer et face à sa petite déclaration. Certes, ce n’était pas grand-chose mais elles n’étaient pas du genre à se dire « je t’aime » à tout bout de champ. Et puis Charlie avait bien cru perdre sa meilleure amie, ne jamais la revoir sans même avoir eu le temps de lui faire ses adieux comme il le fallait. Et jamais elle n’avait été aussi consciente de l’importance de Sara dans sa vie que lorsqu’elle avait cru l’avoir perdue. Elle retint alors ses larmes mais sa gorge était si serrée que cela s’entendait à sa voix.
Oh Sara… arrête, tu vas me faire pleurer! On va avoir l’air de deux idiotes si on se met à pleurer comme des madeleines ici !dit-elle en riant légèrement, un peu gênée. Compte sur moi ! Dès que t’as envie d’y aller, tu m’appelles et je cours venir te chercher avant que tu changes d’avis ! Mais ce week-end je ferai peut être une petite soirée chez moi, avec Nell, Ted, Lily, Woody, peut être Léo s’il peut aussi et puis toi si tu veux bien. Ce serait cool non ? . Elle lui proposait espérant qu’elle dise tout de même oui à une petite soirée entre amis. Tous se connaissaient depuis… quasiment toujours. Tout le monde serait content de se voir et l’ambiance ne serait pas bizarre. Simplement comme avant !