Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
C'était seulement son deuxième jour à Bowen, et cette jeune fille fraîchement débarquée en Australie souffrait légèrement du décalage horaire. C'était également son premier jour de cours dans cette ville qu'elle ne connaissait en aucune façon. Tout ce qu'elle avait eu le temps de découvrir la veille, c'était sa chambre universitaire, ainsi que le parc et le lac où elle s'était longuement baladée. Elle se trouvait maintenant dans des couloirs qui lui semblaient froids et mornes, peu accueillants. Elle croisait des dizaines d'inconnus, tout en ayant l'impression de ne pas appartenir à leur monde. Elle était invisible, elle évoluait sur le campus comme si elle avait été un fantôme, intouchable, hors d'atteinte des griffes de ce monde qui aujourd'hui l'effrayait tant. Autant la journée d'hier s'était déroulée normalement, autant celle-ci faisait partie d'un mauvais jour. Ce n'était pas tant la solitude qui lui tordait l'estomac en un noeud désagréable. Sans doute était-ce simplement l'accumulation. Elle était fatiguée, elle ne connaissait rien ni personne par ici et même si elle ne voulait pas l'admettre, elle était carrément déboussolée.
Effy n'en était qu'à la moitié de sa journée, c'était le temps de midi et la brunette se dirigeait vers la sortie en suivant la masse, lentement, de son habituel pas nonchalant et assuré. Pourtant, intérieurement, elle n'en menait pas large. Elle se sentait mal et cru même sentir une goutte de sueur froide perler dans sa nuque, cachée par sa masse de cheveux foncés qui cascadaient autour de son visage pâle. Eff' ralentit encore, jusqu'à se retrouver dans un couloir presque désert. Elle ferma les yeux un instant, dut s'arrêter sans trop s'en rendre compte et se retrouva le visage collé contre le mur frais, ce qui la soulagea un bref instant. Elle se retourna, dos au mur, et se laissa glisser le long de celui-ci, laissant tomber son sac de cours à terre. Elle pensait à son frère. A Bristol. A ses anciens amis. Leurs défauts, leurs qualités, les vices dans lesquels ils avaient tous plongés. Sa dépression. Ses poignets. Elle avait l'impression que ses cicatrices lui brûlaient la peau et allaient enflammer son être tout entier. Les paupières toujours closes, assise sur le sol et à moitié affalée contre le mur, elle était partagée entre l'envie de pleurer et de hurler.
Ted faisait son possible pour survivre à cette fin de semestre qui était vraiment lourde à porter. Il aurait fini en même temps que tout le monde s'il n'avait pas eu les problèmes de réseau informatique dans sont pavillon, retardant ainsi la fin des cours pour les étudiants d'informatique. Il avait l'impression de toujours être entrain de courir, mais il ne savait pas il courait après quoi exactement. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il était à bout de souffle. Il avait besoin d'air, besoin de retrouver ce qu'il pourchasse exactement en courant comme cela. Heureusement pour lui, ses cours étaient fini pour aujourd'hui. C'est ce qui est bien quand la fin des cours approche pour quelqu'un, ce n'est pas nécessaire d'aller en classe si il n'y a pas d'examen. Avant de retourner chez lui, il devait ramener quelque chose au centre des médias, il passa donc par le pavillon principal. Il constata rapidement que ceux qui commençait l'école pour le nouveau semestre s'achalandait dans les couloirs, plusieurs ne semblait pas venir d'ici. Il bifurqua pour prendre un raccourci, question d'éviter la masse de gens qui se piétinait presque devant lui. Quand enfin il se retrouva dans un atmosphère moins cacophonique, il la remarqua.
Une fille au cheveux sombre était assise parterre, adossé contre le mur. Elle ne semblait pas très bien aller, mais elle ne semblait pas du genre à se laisser approcher facilement. Ted hésita à aller la voir, il pourrait toujours la laisser tranquille et continuer son chemin... Non, il ne pouvait pas se résoudre à faire ça. En plus, il était quand même curieux de connaitre la jeune fille. Il s'approcha doucement.
Hey... est-ce que ça va?
Il se dit que c'était probablement pas la meilleure approche, mais c'était tout ce qu'il lui était venu à l'esprit.
Il ne fallait pas qu'elle se laisse entraîner dans cette spirale infernale, elle le savait parfaitement. Mais elle avait l'impression de vivre en permanence sous le joug mental de puissantes contradictions. Un jour elle se sentait euphorique et était persuadée que tout irait bien, maintenant. Un autre, elle était au fond du trou, sachant qu'elle avait déjà tout gâché et que de toute façon, sa vie avait toujours été un gros merdier dont elle n'était pas capable de s'extirper. Parfois, elle se persuadait qu'elle était forte, qu'elle était une battante et qu'elle ne se laisserait pas avoir. Et puis, à d'autres moments, elle se sentait incroyablement faible, si fragile, si incapable de contrôler sa vie et sa destinée. Depuis sa tentative de suicide, Effy était perdue. Qui était-elle vraiment, au fond ? Cette jeune fille souriante et fêtarde vivant au jour le jour tout en contrôlant parfaitement sa vie, aussi bien sa vie sociale que scolaire ? Ou alors était-elle réellement un cas désespéré, condamnée à vivre dans un chaos psychologique jusqu'à ce qu'elle retente de mettre fin à ces jours, et réussisse son coup cette fois ?
S'exhortant au calme, Effy se prit le visage entre les mains. Pas de panique. Tout allait bien se passer, elle n'allait tout de même pas baisser les bras dès le premier jour ! Elle savait très bien s'en sortir toute seule. Ce n'était qu'un sale moment. Non ? Ca allait sûrement passer, bientôt. Dans quelques heures, quelques jours, avec peu de chance quelques semaines. Mais elle allait s'en tirer, c'était de sa faute après tout, à toujours s'imaginer qu'elle était au plus mal, à toujours se laisser aller à la déprime et à l'auto-destruction. Peut-être était-elle simplement trop pessimiste, il fallait qu'elle arrête de se sentir victime de sa propre existence.
Une voix masculine fit sursauter Eff', qui releva brusquement la tête et braqua deux yeux couleurs azur sur un étudiant aux cheveux bruns. Perplexe, elle reprit vite le dessus, son regard se durcit quelque peu et son visage resta de marbre. Tout allait pour le mieux. Elle pouvait très bien s'en sortir toute seule, pas besoin d'un bon samaritain. Sinon sa réputation de dépressive suicidaire allait la suivre jusqu'en Australie, et dès le deuxième jour. Shit quoi.
« Très bien. »
Répliqua la jeune fille sans ciller, plongeant son regard captivant dans celui de l'inconnu. Son ton s'était fait un peu plus sec que ce qu'elle n'aurait voulu, mais il était trop tard, les mots étaient sortis. Elle se sentait pitoyable, assise par terre, la respiration presque haletante. Mais son expression restait impénétrable, comme si elle voulait clairement signifier à cette personne qu'elle n'allait sûrement pas le laisser entrer dans son esprit. Toutefois, elle savait que c'était un peu injuste. Après tout, il était juste venu voir si elle allait bien. Après, elle allait encore se demander pourquoi elle restait toujours toute seule dans son coin.
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Sujet: Re: Breathe me. † Ted Sam 2 Mai 2015 - 3:41
Breath me.
Ted & Effy
Quand elle releva les yeux vers lui, il fût immédiatement intimidé par ses yeux d'un bleu perçant. Il avait l'impression qu'ils lui lançaient des éclairs. Il était tenté de rebrousser chemin, de la laisser tranquille, après tout elle venait de lui dire qu'elle allait bien, d'un ton qui l'avait un peu blessé. Mais il était incapable de partir, il avait l'impression d'avoir les pieds prit dans le ciment. Sa petite voix intérieure lui criait de rester. Il se gratta la nuque et jeta un regard aux alentours. Ils étaient vraiment seuls dans le corridor.
T'es sûr? Je veux pas être chiant, mais j'avais l'impression que tu aurais bien besoin d'une personne à qui parler. Je peux toujours être dans les patates, mais normalement je ne me trompe pas.
Il voulait pas l'envahir dans sa bulle non plus, il savait comment ça pouvait être énervant de se faire harcelant quand on ne se sent pas bien. Si jamais elle continuait d'insister que tout allait bien, il allait respecter son choix.
electric bird.
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Sujet: Re: Breathe me. † Ted Sam 2 Mai 2015 - 12:16
Le regard vrillé dans celui du jeune homme, elle l'observa longuement sans ciller. Elle hésitait entre ramasser ses affaires, se lever et s'en aller, ou bien rester assise là assise comme une pauvre faible, ce qu'elle avait bien l'impression d'être en ce moment. Bah... De toute manière, les couloirs étaient déserts en ce moment, tout le monde était parti manger un morceau à la cafétéria ou bien en ville. Elle ne perdait pas grand chose à rester là jusqu'au prochain cours, ça lui laisserait au moins le temps de se calmer.
Effy ne put réprimer un petit sourire amusé en entendant l'expression employée par le garçon. Tout petit, le sourire hein. Mais amusé quand même. Elle baissa un instant les yeux, prit une inspiration puis les releva vers l'inconnu.
« Tu ne comprendrais pas. Alors quel est l'intérêt ? »
Sa voix s'était quelque peu adoucie, teintée d'une touche d'ironie. Ses iris bleu azur ne quittaient pas ceux du jeune homme, comme si elle cherchait à le persuader autant qu'elle tentait de se persuader elle-même qu'elle n'avait besoin de personne. Ou plutôt, que personne n'était capable de l'aider. Tout bien réfléchi, c'était plutôt ça. Elle rejetait les gens non pas parce qu'elle ne voulait pas d'eux, mais parce qu'ils ne pouvaient rien faire pour elle. C'était eux qui auraient du ne pas vouloir d'elle. Parce qu'après, elle finissait inévitablement par tout détruire.
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Sujet: Re: Breathe me. † Ted Dim 10 Mai 2015 - 0:18
Breath me.
Ted & Effy
Il se demandait vraiment ce qu'il faisait encore là, il avait réellement toute les raisons de partir, il ne la connaissait même pas! Mais il était encore là, à se tenir debout devant elle comme un parfait crétin. Pendant qu'elle continuait de le regarder avec ses yeux électrisant, il tenta d'articuler une réponse.
C'est vrai, je risque de ne pas comprendre, mais il y a une maigre chance que oui, qu'est-ce qui te dit que je ne comprendrais pas, que je n'ai pas déjà vécu la même chose?
Il hésita un peu avant de continuer, il se sentait un peu effronté, malgré que son ton de voix était calme.
Et même si je n'ai aucune idée de comment tu te sens, parfois on a pas besoin d'une personne qui comprend, juste d'une oreille pour nous écouter.
Il fit un sourire maladroit. Ça faisait un moment qu'il n'avait pas fait ça, proposer de l'aide à quelqu'un. Le temps et la motivation lui avait manqué, il était cet autre Ted qu'il détestait depuis trop longtemps déjà.
electric bird.
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Sujet: Re: Breathe me. † Ted Dim 10 Mai 2015 - 2:39
De son côté, Effy n'était pas le moins du monde déstabilisée. Pour le moment, elle essayait de faire taire cette petite voix dans sa tête qui lui soufflait que ce n'était pas totalement désagréable d'avoir quelqu'un qui se préoccupe de vous. Elle n'avait pas besoin de ça, elle avait la situation sous contrôle. Bon d'accord, pour le moment. Ce n'était peut-être qu'une question de temps avant que les choses ne dégénèrent à nouveau, comme c'était le cas à chaque fois. Mais elle devait bien s'avouer... Non, pas du tout, elle n'avait rien à avouer ! Si ? La Effy si mature qu'elle était, celle qui avait déjà enduré tant de choses et vécu tant d'expériences, se sentait tout à coup comme une lycéenne perdue et idiote. Peut-être était-ce la simplicité avec laquelle ce garçon envisageait les choses qui lui faisait ressentir ça. Comme si la vérité était aussi simple que ce qu'il venait de décrire.
« Je sais que tu ne comprendrais pas. Et parce que j'ai de l'empathie, je ne voudrais pas profiter de ton oreille serviable et attentive car avec ce que je pourrais dire, elle risque de saigner. »
Répliqua Effy d'une voix où le sarcasme était bien perceptible, mais on sentait que ce n'était qu'un jeu amical. Elle se releva, pour faire face à ce jeune homme aux yeux noisette qui insistait tant pour qu'elle s'ouvre à lui. C'était une attention plutôt touchante venant d'un étranger, elle-même n'étant pas du genre à aller vers les autres pour les réconforter. Elle était altruiste, mais à sa façon bien à elle, discrète, invisible même. Elle haussa un sourcil, attendant la réaction du jeune homme, se demandant s'il insisterait encore. À vrai dire, il avait piqué sa curiosité, plus par sa gentillesse et son initiative. Elle avait l'impression qu'en parlant avec lui, il aurait pu nous faire croire au pays des bisounours. Ce qui était plutôt cool.
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Sujet: Re: Breathe me. † Ted Dim 10 Mai 2015 - 6:43
Breath me.
Ted & Effy
Ahhh du sarcasme. Là elle rentrait vraiment dans ses cordes. Il sentait qu'il avait réussit à l'amadouer un peu, la bête ne semblait plus aussi sauvage. Il haussa les épaules.
Et bien crois le ou non, mais oreilles on survécu à bien pire. Le nombre d’imbécillité que les gens peuvent dire dans une journée, par exemple. Et ça parait que tu ne m'as jamais entendu chanter.
C'est avec un sourire narquois qu'il s'assit à coté d'elle. Il fouilla dans son sac pendant quelques secondes pour ensuite en sortir un grosse barre de chocolat. Il se tourna vers elle et lui tandis le chocolat.
Fan de chocolat?
Il avait décider qu'il s'installait à coté d'elle, sans être trop près non plus, il ne voulait pas envahir sa bulle. Et si finalement elle était toujours réticente, elle pourrait toujours lui dire de partir.
electric bird.
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Sujet: Re: Breathe me. † Ted Dim 10 Mai 2015 - 13:31
Effy haussa les sourcils, soutenant le regard du jeune homme avec un sourire en coin. Elle réprima un petit rire, il avait l'air plutôt marrant celui-là.
« Très bien. Tu me chantes une petite chanson, et peut-être qu'on pourra entamer une conversation. »
Décida la jeune fille en défiant le brun du regard. Au moins, elle se sentait moins pitoyable maintenant qu'ils étaient assis à deux dans ce couloir. Elle vit le jeune homme sortir une tablette de chocolat et lui en proposer. Elle haussa les épaules et acquiesça.
« Paraît que c'est bon pour le moral. »
Répliqua-t-elle en prenant un petit bout du chocolat qu'il lui présentait, et en mangea un morceau, sans perdre son sourire en coin.
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Sujet: Re: Breathe me. † Ted Dim 10 Mai 2015 - 20:15
Breath me.
Ted & Effy
Ted était un peu perplexe, il ne s'attendait pas à devoir chanter. Mais bon, le ridicule ne tue pas. Il entreprit un beat de musique en tapant sur ses cuisses. Il commença a chanter maladroitement "In the Air Tonight" de Phil Collins. Il ne connaissait que le refrain, donc sa prestation ne fut pas très longue, mais il termina en force avec un "solo de drum" digne des grands nom de la musique, ou pas.
Je t'avais prévenu! En passant moi c'est Ted.
Il se disait que ça serait pas banal qu'elle sache son nom, après tout, il venait de faire l'idiot devant elle. Il lui sourit tandis qu'elle prenait de chocolat.
Et contre les attaques de détraqueurs aussi!
Il ne savait pas si elle allait comprendre sa référence à Harry Potter, mais bon. Ses traits s'étaient adoucis depuis qu'elle souriait, ses yeux ne transmettait plus la même émotion sauvage. Il se surprit à penser qu'elle était jolie.
electric bird.
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Sujet: Re: Breathe me. † Ted Dim 10 Mai 2015 - 23:28
Effy écouta le joli petit chant du jeune homme, se mordant la lèvre pour ne pas rire vers la fin. Un vrai petit comique celui-là. Elle haussa un sourcil, le regard vrillé dans celui du brun, et mima un petit applaudissement discret avec un sourire ironique (comme ça : http://giphy.com/gifs/applause-clap-skins-dP0DpVyS2MU12 ). Elle mordit à nouveau dans le carré de chocolat, ses iris bleutés allumés d'une petite flamme joyeuse agrémentée de malice.
« Quelle chance, je pourrai m'en sortir en cas d'attaque. »
Fit-elle avec humour en guise de réponse. Elle avait plutôt intérêt à connaître la référence, cela aurait été honteux de ne pas connaître le contenu d'un livre écrit par une romancière originaire du même pays qu'elle.
« Moi c'est Effy. »
Se présenta-t-elle à son tour avec son habituel petit sourire en coin indéchiffrable.
Ted ne connaissais pas d'autres Effy, et il se dit que cette fille semblait aussi unique que son prénom. Il lui tendit la main en guise de salutations plus officielles.
Enchanté de faire ta connaissance, Effy.
Il avait de la difficulté à ne pas pouffé de rire, la scène lui semblait trop cliché. Maintenant qu'il avait réussi à faire baisser les murs qu'elle avait placé autour d'elle, il serait plus facile de lui venir en aide.
Maintenant que je suis, techniquement parlant, plus un parfait inconnu puisqu'on vient de se présenter formellement, est-ce que je peux t'aider de quelconque façon?
Il disait bien sur cela avec un fond d'humour tout en essayant d'avoir l'air sérieux. Il ne voulait pas qu'elle se sente attaquer non plus. Mais il savait reconnaître un cœur lourd quand il en voyait un. Combien de fois avait-il écouter les confidences de gens en détresse? Mais ces derniers temps, il avait plus l'impression qu'on lui disait grand chose.
Eff' posa son regard bleuté sur la main que lui tendait Ted, et après deux secondes d'hésitation, accepta de lui serrer, comme s'ils concluaient un pacte, par cette simple présentation. Elle la retira aussi rapidement que la politesse lui permettait, elle avait l'impression qu'une étincelle avait chatouillé le bout de ses doigts lorsqu'elle avait touché ceux du jeune homme. Pour tout dire, elle n'était pas une grande adepte des contacts physiques, elle se sentait mal à l'aise. Pas gênée, sûrement pas, juste... C'était inconfortable. Mais avec Ted, c'était plus facile d'accepter, il semblait si naturellement joyeux et positif, que ça suffisait à la convaincre même en ce moment où elle n'était pas la plus apte à sociabiliser.
La manière dont son interlocuteur présentait les choses lui tira un sourire amusé. Il disait ça avec tellement de naturel, d'une voix détachée et un peu ironique, comme si un gosse vous expliquait la vie, avec autant d'entrain que s'il allait assister à un match de foot de son équipe favorite. Intérieurement, ça la faisait rire.
« T'emballes pas. J'ai dit qu'on pourrait entamer une conversation, pas qu'on causerait de mes problèmes. »
Répliqua la jolie brune en haussant un sourcil, soutenant le regard de Ted sans ciller, l'emprisonnant dans ses iris couleur iceberg. Néanmoins, il avait été gentil avec elle, et bizarrement elle n'avait pas tellement ressenti l'envie de l'envoyer sur les roses. La plupart du temps, quand elle pétait une case et qu'elle se sentait aussi mal, elle envoyait balader tous ceux qui l'approchaient, que leurs intentions soient bonnes ou non. Un prof de l'université en avait fait les frais l'autre jour, son empathie l'avait plus énervée qu'autre chose. Il ne fallait pas le prendre personnellement, Eff' était comme ça, dans toute sa complexité. Mais avec Ted, il avait été plus facile de prendre sur soi et de garder son calme, comme s'il était impossible de le remballer méchamment. Ouais, c'était vraiment ça, on aurait dit un bébé tout mignon que vous ne pouviez tout simplement pas blesser, même si vous en aviez envie. Alors elle lui devait bien une toute petite, une micro explication.
« Je te l'ai dit, tu ne comprendrais pas. Personne ne peut m'aider. »
Eff' finit par baisser les yeux à la fin de sa phrase. Instinctivement, ses doigts s'étaient glissés sous ses bracelets, caressant la peau nue de ses poignets, barrés de cicatrices. Elle les cachait, pas par honte, mais parce qu'elle préférait ne pas les voir. Garder ça profondément enfoui, quelque part, et les ressortir quand elle en ressentait les besoin. Les caresser doucement, comme on caresse un chiot, pour se rassurer, se rappeler, ou bien se donner des idées.
Il avait lui aussi sentit cette étincelle en lui serrant la main. Il était toujours aussi captivé par la couleur éclatante de ses yeux. Il s'était peut-être un peu trop emballé en lui demandant toute suite ce qui n'allait pas, Il avait un peu peur d'avoir franchit un ligne qu'il n'était pas sensé franchir. Il réussi tout de même à garder une allure décontracté.
C'est pas grave, on est pas pressé.
C'était pas totalement vrai, mais il pouvait se permettre de traîner un peu avant de retourner chez lui. Il se prit un morceau de chocolat. Le calme du corridor fût perturber le temps qu'un étudiant le traverse. Il reprit la parole une fois qu'il soit disparu de l'autre coté de la porte du bout.
Tu peux aussi me parler un peu de toi, en général.
Il savait déjà son nom, et qu'elle ne venait pas du coin vu son accent, mais mise à part cela, il ne savait rien d'elle.
Effy esquissa un sourire amusé, teinté de malice. Ça la faisait marrer, la réponse de Ted était enjouée et donnait l'impression qu'il ne voulait pas insister, mais il indiquait clairement qu'il ne comptait pas oublier ce sujet, mine de rien. La jolie brune ne releva toutefois pas cette remarque, se contentant de ce petit sourire un peu perturbant.
Le jeune homme proposa alors de parler un peu d'elle, ce qui lui valut un regard en coin indéchiffrable. Parler d'elle... Voilà qui était un défi de taille. Mais rien comparé à celui de la connaître, dans toute sa noirceur et sa complexité, sans avoir envie de se barrer en courant. Réaction qui aurait d'ailleurs été légitime. Plus les gens restaient éloignés d'elle, mieux ils se portaient. On le lui avait déjà dit et elle ne pouvait le nier. Elle était une bombe a retardement. Un putain de cheveu dans la soupe, aussi. Une croûte que vous ne pouviez vous empêcher de gratter, tout en sachant pertinemment que ça vous fera plus de mal que de bien, et que vous devriez mieux ne pas y toucher. Voilà ce qu'elle était. Malgré elle. Mais c'était une partie d'elle.
« Que veux-tu savoir ? »
Demanda la jeune femme pour toute réponse, tournant son électrisant regard océan vers son interlocuteur. Il semblait si gentil et attentionné... Elle ne pouvait définitivement pas prendre son sac et se barrer comme ça sans mot dire. Il aurait sûrement mieux valu pour lui. Et avec quelqu'un d'autre elle l'aurait fait. Mais la présence de Ted ne l'embêtait pas, ne l'oppressait pas, ce qui était déjà un exploit en soi, et étonnamment parvenait même à l'apaiser un peu.