I've lost you now, let me go -r.

Tu venais de boucler ta dernière valise, et tu étais plus que prête cette fois, il n'y aurait pas de retour en arrière possible, en tout cas pour le moment. Tu avais été contacté par un neurologue en Europe, pas le meilleur parce que tu n'avais pas les contacts ni même les moyens pour avoir le meilleur, mais l'un du top cinq. Tu avais rendez-vous pour établir un diagnostic, faire des examens plus poussés et puis peut-être que tu aurais une opération, rien n'était vraiment sûr, mais c'était une chance à côté de laquelle tu ne pouvais pas passer. Même si ta vie se déroulait à Bowen, tu aurais toujours l'occasion de revenir plus tard, ou tu retournerais t'installer chez tes parents, c'était une décision que tu devrais prendre mais pas maintenant. Maintenant, tu n'avais qu'une chose à faire, et c'était de dire au revoir. Certes, tu n'avais pas beaucoup d'amis ici, mais il y avait Emma à qui tu devais absolument dire au revoir, après tu irais voir Liam, parce que même s'il t'a demandé de ne plus l'appeler, tu ne pouvais pas partir sans le voir une dernière fois. Et ce n'était pas les seuls que tu devais aller voir. Il y avait aussi Nelligan. Et ça te faisait très peur, toi qui d'habitude avait une confiance à toute épreuve, là tu te demandais bien où elle avait pu passer. Mais la dernière fois que tu l'avais vu, vous aviez parlé de devenir amis, alors en tant que tel, tu devais le prévenir. Tu te rendis chez lui, hésitant à sonner à la porte, mais après avoir pris une grande inspiration, tu appuyas sur la sonnette. Tu fus rapidement soulagé parce que la porte ne tarda pas à s'ouvrir. « Bonjour, je peux entrer ? Je ne serais pas longue. » Tu sentais ton coeur prêt à rompre quand la porte s'était ouverte, comme à chaque fois que tu le voyais. C'était d'ailleurs ce sentiment qui t'avait permis pendant l'hypnose de te rappeler que tu l'avais vu. Tu avais l'impression qu'il y avait quelque chose de différent et pourtant tu ne saurais dire quoi.

all we need is a spark, a second chance, a lifeline. waiting up in the dark, holding up for a search light. no I don't know why seasons change or how we fell so far, before our hearts go up in flames, let's go throwing stones and stealing cars. let the heat of the sun reignite your memory, because if we just turn and run, let them fire the gun

Le discours était prêt. Pratiqué à plusieurs reprises devant mon miroir, dans l'autobus pour me rendre au boulot, dans ma douche devant la céramique. Dans ma tête, à voix haute, les yeux fermés, nu ou habillé. Chaque occasion de silence et de paix avait été bonne pour visualiser le moment où j'irais voir Tara pour lui dire que j'étais désolé d'avoir mis autant de temps pour réaliser qu'elle était la femme de ma vie. Que je ne me pardonnerais jamais si je ne faisais pas quelque chose pour la ravoir. Que je l'aimais, putain, je l'aimais. Le discours était prêt, mais moi, je ne l'étais pas. Tant de mois s'était écoulés. Même depuis la dernière fois que nous nous étions vus. Cette fois où nous avions tenté de rester amis, où je lui avais assuré que je retournerais à la pâtisserie pour la voir. Je ne l'avais pas fait. Je n'avais pas pu. Je ne pouvais la voir autrement que comme ma moitié. Ma douce moitié. La seule et l'unique. J'avais goûté à tant de lèvres depuis les siennes et pourtant, aucune d'entre elles n'avaient ce goût sucré de celles de Tara. Aucune de ces femmes ne me faisaient virer fou comme Tara. Aucune de ces femmes n'habitaient mes rêves. Que Tara. Juste Tara.

Mais je n'étais pas prêt à lui dire ce discours. J'étais nerveux, parce que j'avais peur qu'elle m'en veuille de ne pas avoir tenu ma promesse d'aller la revoir. Apeuré qu'elle ait finalement décidé de tourner la page sur moi, pour de bon. Remarquez, j'aurais compris. Je ne l'aurais pas accepté, mais j'aurais compris. Parce que j'avais été con, je m'étais perdu, égaré du chemin, mais maintenant je voulais plus que tout lui montrer que j'étais retourné sur le droit chemin. Celui sur lequel elle marchait. Celui qui nous mènerait à ce futur qu'on s'était amusé à nous imaginer. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je ne me sentais pas prêt. Alors j'enfilai mon chandail de Doctor Who et mes shorts gris, et je me préparai à aller travailler. Encore une heure à attendre ici, à flâner et à espérer des jours meilleurs que les dernières semaines, les derniers mois. J'allais mieux, certes, mais je ne manquais jamais l'occasion de m'apitoyer sur mon sort. Jusqu'à ce qu'on sonne à la porte. De toute façon inoccupé, je me rendis en un coup de vent jusqu'à la porte et je l'ouvris.

Tara. Je n'eus même pas le temps de prendre conscience de la surprise qui m'habitait que celle-ci s'empressa de demander si elle pouvait entrer, que ce ne serait pas long. « Bonjour, euh ... oui ... je ... je ... oui, rentre, bien sûr, bien entendu ... » Balbutiais-je en m'écartant de l'entrée afin qu'elle puisse passer. Je refermai la porte. J'avais un sourire niais, gêné, inconfortable, nerveux. « C'est drôle, je ... je voulais justement aller te voir cette semaine. Pour te parler. Mais ... mais vas-y d'abord, si t'es venue jusqu'ici, ça doit être important. » Dis-je en l'invitant d'un signe de main à s'asseoir au salon si elle le désirait. Je ne le savais pas encore, mais j'allais à tout jamais regretter de l'avoir laissée parler la première.

Tu ne te doutais pas une seconde que ta vie allait basculer. Que tu faisais peut-être les mauvais choix, mais tu avais pris ta décision, et maintenant un retour en arrière était assez impossible. Peut-être que s'il était venu te voir avant, tout aurais été différent, et même là, tu n'en avais aucunes certitudes, parce que cette opération était ta chance. Ta chance de recommencer à vivre, ta chance de te faire de nouveaux souvenirs, ta chance d'avoir une vie heureuse et de pouvoir t'en rappeler chaque fois que tu ouvriras les yeux. « On dirait que j'ai eu plus de courage que toi » Tu te mis à rire, un peu jaune, parce que tu n'étais pas là pour lui annoncer une bonne nouvelle, enfin, c'en était une, mais pas sur le coup. Sur le coup, ça ressemblait plus à un coup de massue. Tu t'asseyais juste en face de lui, posant les yeux un peu partout, pour découvrir son intérieur, toi qui n'avait jamais eu la chance de venir chez lui, même si entre temps, il avait déménagé, tout cela n'était que du détail. Mais maintenant qu'il vivait avec deux filles, la déco n'était peut-être pas à son goût, par contre, elle était au tien. Assez chic et sobre, sans trop de chichis de filles. Tu regardas un peu tes pieds aussi, en te triturant les doigts. Ca devait faire une bonne minute que tu le faisais attendre. Tu relevas le visage, en soufflant un bon coup, avant de cracher le morceau. « Bon, je me lance, si je suis venue te voir ce matin, c'est pour te dire que je quittes la ville quelques temps, j'ai eu un rendez vous avec un neurochirurgien, et on va faire une séries d'examens et de tests pour savoir si j'ai le bon profil pour une opération.. » Tu le fis d'une traite, sans reprendre ton souffle parce que si tu faisais une petite pause, pour chercher les bons mots, tu n'aurais pas été capable d'aller jusqu'au bout, mais maintenant que tout était dit, les dés étaient lancés.

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Je rigolai aussi, plus par nervosité qu’autre chose, lorsque Tara me dit qu’elle avait eu plus de courage que moi. Je n’avais jamais eu de courage, de toute façon, c’était chose connue. Trop timide, trop peu de confiance et d’estime de soi. J’avais toujours peur d’être rejeté, alors je préférais regretter de ne rien avoir fait. Jamais je n’allais autant regretter qu’aujourd’hui de ne pas avoir pris les devants plus tôt. Tara prit finalement place en face de moi, tout d’un coup très –trop- silencieuse. J’avais la gorge nouée, le cœur serré. Avec son attitude, j’avais comme la forte impression que ce qu’elle s’apprêtait à me dire n’allait pas me réjouir. Que ce n’était pas ce à quoi je m’attendais en revoyant Tara. Elle regardait tout autour, découvrant ce nouveau chez-moi partagé avec deux autres femmes. Ce chez-moi qui ne m’apparaissait pas vraiment comme mon chez-moi. J’y étais un intrus, un réfugié des cœurs brisés. Pendant ce temps-là, moi j’attendais, les jambes bien posées sur le sol, ancrées dans le plancher, les mains posées sur mes genoux. J’étais tendu, angoissé, impatient. Mais silencieux, laissant tout son temps à Tara. Puis elle prit une grande inspiration et m’envoya cette gifle monumentale en pleine gueule. Quelques temps, c’était vague, mais à voir la gravité de la situation, je doutais qu’il s’agisse de quelques jours à peine. J’avalai difficilement, retroussai les manches de mon chandail nerveusement et demandai, en bégayant : « Q-Quelques temps ? C-Combien de temps ? » Enfin, je décidai de sortir ma tête de mon nombril et je réalisai que c’était bien, pour Tara, de rencontrer un neurochirurgien. C’était une belle nouvelle. C’était sa chance de retrouver une vie normale. Peut-être pourrions-nous tout recommencer là où nous l’avions laissé, après. C’est alors un regain d’espoir qui m’anima. « Je … je peux t’accompagner, je … tu ne devrais pas aller seule dans un endroit que tu ne connais pas pour une chirurgie aussi importante ! » J’ignorais par contre qu’il ne s’agissait pas d’un endroit inconnu pour elle. Qu’il y aurait des gens, plus importants que moi, pour la soutenir au travers de cette épreuve. Que j’allais devoir rester derrière, et lui souhaiter de guérir, d’aller mieux, d’être heureuse. Loin de moi. Sans moi.

Tu ne te sentais pas très bien, tu n'étais pas à l'aise, mais en même temps, c'était le meilleur endroit où le faire, personne pour vous regarder, pour vous juger, pour avoir des idées toutes faites sur ce que vous pouviez vous dire. Tu aurais aimé lui dire que dans une semaine tu serais à nouveau prêt de lui, prête à partir en Nouvelle-Zélande, à fonder la famille dont vous rêvez, et avoir une vie de pur bonheur, mais tout ça n'aurait été que mensonges. Tu ne savais pas combien de temps ça prendrait et tu ne voulais pas lui donner une date, de peur qu'il t'attende. Il devait vivre sa vie, et toi la tienne. « Des semaines, des mois voire peut-être une année, ça dépend du traitement à faire juste avant, de l'attente pour l'opération parce que ce n'est pas une opération qui se fait tous les jours, il y a pas mal de préparation et après il y a le temps de rémission, et ça c'est si tout se passe bien, parce que ce n'est pas une opération sans risque. » Tu fis un petit sourire en l'écoutant, il étais prêt à la folie juste pour toi, et toi, tu ne savais pas quoi dire. Tu ne savais pas si c'était une bonne idée, et en même temps, tu aurais été tellement heureuse qu'il t'accompagne. Mais si ça ne marchait pas, et que ça te prenait un an de ta vie, toi, tu ne t'en souviendrais pas, mais lui, oui. Il aurait perdu un an à avoir de l'espoir pour rien au final, et au fond de toi, c'était une chose que tu ne voulais pas. « Je ne serais pas seule, il y a aura ma famille, et puis l'Europe est un endroit que je connais assez bien, on partait souvent en vacances avec ma famille et puis j'y ai fait quelques représentations aussi. » Tu avais fini par baisser le regard, te triturant toujours autant les doigts, tu te demandais si tu finirais par les arracher à force de tirer dessus, mais ils semblaient tenir bon. Et avec tout ça, tu n'avais toujours rien dit sur sa demande, alors qu'il n'attendait peut-être que ça. « Et puis ce n'est pas que je ne veuilles pas que tu m'accompagnes, ça serait vraiment génial, mais on ne sait pas combien de temps ça va prendre, et tu as toute ta vie ici, ça serait de la pure folie de tout quitter juste pour moi.. »

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Si elle m'avait donné une date, je m'y serais attaché comme un gosse presse un ourson en peluche contre son coeur. J'aurais fait des  croix sur mon calendrier après chaque jour passé sans elle, après chaque jour me rapprochant d'elle. Ce serait devenu ma raison d'avancer. Dit comme ça, j'avais l'air de l'homme le plus désespéré du monde, mais comprenez que j'étais tombé amoureux. Cela n'arrivait pas si souvent, dans ma vie. En vingt-neuf ans d'existence, les femmes que j'avais aimée se comptaient sur une seule main. Deux doigts, peut-être même, si je voulais vraiment être honnête avec moi-même. Alors quand une femme comme Tara entrait dans ma vie, croyez-moi que je n'étais pas pressé de la voir en repartir. Et là, c'était bien trop tôt, pour moi qui aurait préféré la garder auprès de moi jusqu'à ce que nous ayons tous nos cheveux blancs. Malheureusement, à sa réponse, je compris qu'aucune date ne pouvait être fixée. Qu'un éventuel retour n'était même pas forcément assuré. J'avalai difficilement, hochant la tête rapidement, deux coups, baissant les yeux en haussant les sourcils. « Quels sont les risques ? » Demandais-je. Après tout, nous parlions d'une opération au cerveau. Si quelque chose tournait mal, Tara pourrait perdre la vie, j'imaginais bien. Et l'idée qu'elle disparaisse alors qu'elle se trouvait à des kilomètres de moi me tourmentait. C'est alors que je proposai d'aller avec elle, pour la soutenir tout au long de cette épreuve et pour être là à son réveil aussi, lors de sa rémission. Elle refusa. Je me laissai tomber vers l'arrière, mon dos se perdant dans le coussin derrière moi. « Ah. D'accord. Tant mieux si ta famille est là. Ça me rassure de savoir que tu seras bien entourée. » J'eus un mince sourire, parce que visiblement j'étais déçu qu'elle ne tienne pas à ce que je sois là. Tout de suite, la blonde sembla comprendre mon sentiment puisqu'elle m'assura que ce n'était pas qu'elle ne veuille pas, mais qu'elle ne voulait pas que je laisse tout derrière. J'haussai les épaules. « Je n'ai plus grand chose à quitter. » Aucun boulot me tenant à coeur, pas un logement qui m'appartenait vraiment. Mais certes, j'avais ma famille ici, et mes amis. C'était bien la seule chose qui aurait pu me retenir. Mais j'aurais été prêt à prendre mes distances d'avec eux pendant un an s'il le fallait. Ils m'attendraient, je savais. Mais si je restais, Tara ne m'attendrait peut-être pas. « Mais je comprends. Ce serait de la folie. Après tout, on ne se connaît pas tellement, on ne sait même pas si on aurait survécu à ce second rendez-vous ! » Répondis-je, faussement blagueur, parce que cet humour en était un de protection. Pour mieux survivre à ce refus de la suivre jusqu'au bout du monde pour la savoir saine et sauve.

Ce que tu aurais aimé ne jamais avoir à lui annoncer ton départ, mais pouvait-il exister une belle jistoire d'amour sans souvenirs ? Tu n'y croyais pas, et lui non plus, c'était d'ailleurs pour cela que vous vous étiez quitté, tu ne voulais pas qu'il souffre de ta maladie et toi, tu ne pouvais pas en souffrir plus, parce que ne pas se souvenir, c'était déjà assez pénible comme cela. « Je n'en sais pas tellement plus à vrai dire, ils ont parlé de risque mais ils n'ont pas développer, je pense qu'ils m'en diront plus une fois sur place. » Tu venais de lui mentir, bien sûr que tu les savais les risques, même s'ils ne t'en avaient pas parlé, toi, tu avais fait des recherches et même si ça t'avait fait froid dans le dos, tu ne pouvais pas prendre le risque de l’inquiéter, tu voulais le préserver des mauvaises pensées et des mauvais tourments qu'il pourrait subir si tu lui disais la vérité. « Je ne vais pas te contredire, tu as vu que les bons côtés, tu aurais sans doute changé d'avis en me voyant jouer, et m'énerver.. Au final, il vaut mieux rester sur une bonne impression, non ? » Tu avais fini par te lever, juste debout sur tes pieds, tu n'avais pas encore osé faire un pas vers la porte, faire le premier pas qui t'éloignerais de lui pour un bon moment, ça semblait si dur à imaginer et pourtant ça te déchirer le cœur, à coup sûr, c'était un moment qui resterait encré avec l'hypnose. Tu baissas doucement le regard vers lui. « Je ne vais pas traîner plus longtemps, j'ai un avion à prendre bientôt, mais tu voulais me dire quelque chose avant non ? »

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J'hochai la tête. Je ne connaissais pas encore assez Tara pour savoir qu'à ce moment précis, elle me mentait. Parce qu'en réalité, malgré tout l'amour que je lui portais aveuglément, nous n'avions passé que quelques heures ensemble. Ces heures-là m'avaient permis de tomber sous son charme, de me construire un monde autour d'elle. Mais pas de la connaître du bout de mes doigts. Pas de connaître quel tic elle avait lorsqu'elle racontait un mensonge. Alors j'avalai aisément le fait qu'elle ne connaissait pas les risques plus que cela. J'accueillis même cette réponse les bras grands ouverts, puisque je n'avais de toute façon pas envie de connaître ces risques. Je passerais le reste de ma vie à m'imaginer si tel ou tel scénario s'était produit, dans le cas où Tara ne me donnerait plus de nouvelles. J'osais espérer qu'elle resterait en contact. Mais qui sait. La vie ne semblait pas vouloir me réserver de belles surprises, ces derniers temps. Je ne me faisais plus de faux espoirs. Je tombais encore plus bas à chaque fois.

J'eus un rire lorsque Tara me dit qu'en apprenant à nous connaître mieux, j'aurais sans doute moins aimé ce que j'aurais découvert. « J'en doute fortement (...) Mais oui. Il vaut mieux rester sur cette bonne impression. Sur ces beaux souvenirs. » Le goût de ses lèvres, son rire, nos projets de voyage, nos discussions philosophiques (ou pas), ses cheveux blonds et soyeux. Je voulais garder cette image de Tara, et non pas cette fin tragique qui me déchirait de l'intérieur. Tara s'était levée, regardant l'heure, faisant toujours dos à la porte de sortie. Comme si elle ne voulait pas se résigner à y avancer. Je ne voulais pas non plus qu'elle lui fasse face. C'est alors que la jeune femme me rappela que j'avais quelque chose à lui dire, et que c'était le moment, puisqu'elle avait un avion à prendre. Je rougis légèrement. J'avalai difficilement. Je baissai les yeux en secouant la tête en signe de négation. « Je ... Non. Ce ... ce n'était pas important, finalement ... » Mon coeur me criait de la retenir, de tout lui dire. Lui confier mon amour, mon regret des mois passés, ma volonté de travailler sur moi, sur nous, de me battre pour nous. Mais je ne le fis pas. Parce que mes mots auraient compliqué les choses. Tara avait pris sa décision. Je ne pouvais pas me permettre de venir jouer dans sa vie de cette façon. J'avais déjà créé une trop grande tempête. Il était temps de nous laisser retrouver le calme. « Au revoir, Tara. » Et j'espérais que ce n'était que ça. Un au revoir.