Invité | Sujet: i am no king, i have no throne. (sloan) Lun 8 Juin 2015 - 23:39 | |
| I'm just trying to be the best me I can be. Oh when I fall down, it's just me and the ground.
Billie aurait dû se douter que la journée serait mauvaise, bien-sûr qu'elle aurait dû ! Elle avait commencé par louper son réveil, ce qui faisait qu'elle serait forcément en retard pour son job à mi-temps de secrétaire dans le journal local de Bowen. Puis, après s'être levée brusquement en faisant bondir un D'Artagnan furieux toutes griffes dehors, elle avait enfilé les premiers vêtements qu'elle avait eu à porter de main. Et maintenant qu'elle se tenait face à son patron, visiblement mécontent et désespéré, elle se surprit à penser qu'elle aurait peut-être dû faire attention à sa tenue - quitte à être encore plus en retard à son travail. Virée, Mademoiselle Cox, vous êtes virée. Merde, il avait l'air plutôt sérieux en disant ça et Billie-Barbara avait déjà épuisé son stock d'arguments pour qu'il la laisse garder son travail. Certes, c'était pas vraiment le métier idéal et elle était carrément exploitée pour le salaire de misère qu'elle gagnait, mais bon sang, elle avait vraiment besoin de ce travail. Et puis, franchement, elle avait fait attention à ne pas être vulgaire au boulot - au seulement quand la photocopieuse lui donnait des envies de meurtres et que ses supérieurs n'étaient pas dans les parages. Elle s'était pliée à leurs codes vestimentaires sans trop grincer des dents. Elle avait même fait semblant de sympathiser avec ses collègues. Minute. Mais bien sûr ! C'étaient forcément ses bonnes à rien de journalistes en carton qui l'avaient incriminé parce qu'elles étaient des midinettes jalouses et langue-de-vipère. C'était quand même pas de sa faute si l'apprenti-journaliste-dont-elle-avait-oublié-le-nom s'obstinait à lui apporter un café. Tous les matins. Et uniquement à elle. Son supérieur, bien soigné dans son costume de petit bourge, se tenait toujours face à elle et lui débitait la liste des raisons du pourquoi elle était virée. Faut croire qu'elle était longue cette liste vu que ça faisait bien dix minutes que l'homme monologuait tout seul et Billie avait cessé de l'écouter depuis sept longues minutes. Elle ferma les yeux, pour les rouvrir plusieurs secondes plus tard et pousser un immense soupir désabusé. Une crise de panique l'avait surprise la veille au soir, la laissant vidée et pantelante au beau milieu de son matelas deux places. De fait, elle avait passé une nuit horrible et s'était réveillée en retard. Et ceci entraîna cela, elle se retrouva à faire face à son supérieur qui la virait. Bien malgré elle, elle ne put empêcher les mots qu'elle tentait vainement de refouler au fond de sa gorge. « Vous savez quoi ?! » Son patron se tut aussitôt - surpris d'être coupée par l'employée qu'il était en train de mettre à la porte de sa petite entreprise. Les yeux curieux des personnes présentes sur les lieux se tournèrent vers l'exclamation. « Peut-être que vous le savez pas, que personne ne le sait, mais que je suis en réalité en train de créer une nouvelle mode chez les secrétaires ! Peut-être que bientôt, dans quelques années ou même avant, les femmes qui travaillent comme secrétaire arrêteront de s'habiller comme des maîtresses d'écoles des années cinquante ou comme des caricatures de la secrétaire porno. Qui sait, elles apprécieront peut-être de pouvoir s'habiller avec la liberté que je leur aurai apporté. » Son supérieur lui jeta un coup d’œil critique en avisant sa tenue. Jean slim aux genoux troués, débardeur noir aux empreintes blanches de mains sur la poitrine, paire de tennis. Bon, d'accord, ça ne faisait pas très secrétaire. Mais après tout, elle travaillait aussi bien dans cette tenue que dans son tailleur de grand-mère chic. Et puis, c'était une exception. Forcément, il avait fallu que les vêtements qu'elle enfile à la va-vite ce matin soit de ce genre-là et pas ce tailleur trouvé d'occasion sur internet qu'elle utilisait pour certains de ses jobs. Ses yeux bleus étincelèrent un court instant et le cercle ambre qui s'enroulait autour de sa pupille sembla presque doré sous le coup de ses nerfs mis à rude épreuve. « Si je deviens célèbre pour avoir redonné un coup de neuf, vestimentairement parlant, aux secrétaires, je serais ravie de vous crachez à la gueule quand vous viendrez me réclamer une interview. » Elle pivota brutalement sur ses talons, ses tennis gémissant sous le mouvement, et traversa la pièce pour atteindre la porte d'entrée du bâtiment. « On ne vous retient pas, Mlle Cox. » C'est cela, oui. La jeune femme eut beau le penser relativement fort, elle préféra ne rien dire à voix haute. Elle s'était déjà assez donnée en spectacle comme ça et habituellement ce n'était pas son style de faire des scènes, vraiment pas. Au moment où elle passa la porte pour définitivement quitter les lieux, elle percuta quelqu'un avec violence. Oui, aujourd'hui était une mauvaise journée. « Outch, putain merde fais chier ! » Oui, quand elle avait les nerfs à vif et un quota d'heures de sommeil affreusement bas, Billie-Barbara était quelqu'un de particulièrement vulgaire. |
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