• Nelligan • The first.

life is sweet in the belly of the beast and with her song in your heart, it can never bring you down. lost in a maze of a thousand rainy days, but when I heard her voice, oh it led me to the end because when she sings I hear a symphony and I'm swallowed in sound as it echoes through me. i'm renewed, oh how I feel alive and through autumn's advancing, we'll stay young, go dancing

   Elle était partie. Tara était partie, comme ça, sans me donner quelques jours de préavis ou un temps pour m'en remettre. D'un moment à l'autre, elle disparaissait de ma vie. De bonnes raisons l'avaient poussée à retourner en Europe. Une chance de retrouver sa mémoire à court terme. Une chance de retrouver une vie normale et, peut-être, de pouvoir me revenir pour qu'on vive enfin notre belle histoire d'amour que nous n'avions jamais pu démarrer à cause de son stupide accident. Nous nous aimions d'un amour digne du coup de foudre et nous n'avions jamais vraiment pu en profiter. Juste des premiers baisers timides et des sourires volés. Rien de plus. Ce n'était même pas allé plus loin qu'elle était déjà partie.

Une semaine déjà s'était écoulée, je ne comptais plus les jours parce que j'avais perdu la notion du temps, mais approximativement c'était bien cela. Ce soir, j'avais eu besoin de sortir prendre l'air. Depuis qu'elle m'avait annoncé son départ, j'étais retombé dans mes habitudes de peine d'amour que j'avais prises depuis le mois d'octobre, mois durant lequel Tara et moi nous étions laissés à cause de sa condition. Depuis, j'avais nourri l'espoir que nous puissions être ensemble de nouveau, mais cet espoir venait de m'exploser en pleine face depuis son départ d'Australie. Bref, je déambulais sur la place de la ville, gardant cette fois-ci mes états d'âme pour moi. Pendant des mois j'avais broyé seul ou accompagné, minant le moral même de mes amis. Je ne voulais plus retomber là-dedans. Alors je faisais semblant d'aller bien et je ne parlais que rarement du départ de Tara.

Je fus rapidement sorti de mes pensées quand j'entendis un bruit lourd pas loin de moi. Je baissai les yeux vers un sac par terre, dont toutes les babioles s'étaient éparpillées sur le sol de la place. C'était Candice, la petite voisine de mon enfance et de toute mon adolescence, qui venait de s'agenouiller pour tout ramasser, en vain. Je me dépêchai d'aller la rejoindre et je ramassai un tube de rouge à lèvres puis quelques pièces de monnaie que je lui tendis, moi aussi à genoux, à côté d'elle. Je lui souris.  « Quand cesseras-tu d'être aussi maladroite ? » La taquinais-je, comme à mon habitude.

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Je levai les yeux au ciel en secouant la tête quand Candice lança, probablement très sarcastique, que j’étais un vrai comique. « T’as juste pas d’humour. » Malgré ces petites piques amicales, nous étions tous les deux tout aussi souriants. Toujours ravis de nous voir, peu importe dans quel contexte nous nous croisions. Souvent, c’était lors de réunions des gosses du quartier, parfois, comme là, c’était par pur hasard. Rares étaient les fois où Candice et moi décidions de sortir juste l’un et l’autre. Après tout, elle était autrefois principalement l’amie de ma sœur, et moi celui qui les embêtait ou qui les gardait. Certes, aujourd’hui cela avait changé, mais étrangement je me voyais mal l’inviter à prendre un verre. Pourtant, nous nous entendions à merveille et j’étais persuadé qu’elle serait une amie en or même quinze ans plus tard. Elle était si souriante, pleine de vie, amusante, intelligente et surtout … vraiment très agréable à regarder. Mais ça, Candice ne le savait pas. « J’suis charitable pour les personnes qui en valent la peine. Si j’t’avais pas connue, moi aussi j’serais resté à siroter mon verre. Mais bon, puisque j’te connais, je sais que t’es pas si mal, au fond, et que tu mérites qu’on ait un peu pitié. » Lui répondis-je avec un air amusé. Finalement, voyant que tous ses effets personnels étaient rangés dans sa sacoche, je me relevai en même temps qu’elle, fourrant alors mes mains dans mes poches, ne leur trouvant plus d’utilité.

[font=Sans-serif]Tu trouvais ça tout de même un peu étrange comme situation, tu avais devant toi le mec qui te gueulais dessus lorsque tu faisais une bêtise, celui à qui tu n'osais pas répondre, celui qui t'avait déjà fait à manger lorsque maman n'était pas là et j'en passe … Et pourtant, aujourd'hui, vous avez l'air si proche, même avec une aussi grande différence d'age, elle est loin l'époque où tu lui lâchais un petit 'bonjour' avec de jolies joues rouges. Tu ris. «  Haha, imagine si j'avais réellement aucun humour … Mais qu'est-ce que je serais ?! » Dis-tu en essayant d'imaginer la chose, c'est vrai qu'à tes yeux l'humour était hyper important, surtout pour t'entendre avec les autres, tu avais horreur des personnes sans humour, elles étaient tellement ennuyante … Discuter de choses sérieuse, c'est bien, mais rire de temps en temps ça ne fait de mal à personne. Tu cales correctement la lance de ton sac autour de ton épaule, nettoyant tes lunettes de soleil -elles aussi tombées par terre- avec un bout de ton t-shirt, tu les reposes ensuite sur le haut de ton crâne tout en écoutant ce qu'il était entrain de te dire. «  Ah, je vois, donc en fait t'es un sacré hypocrite ! » Fis-tu en riant, oui rire est important avec ce genre de phrase, tu ne voudrais pas qu'il te prenne au sérieux … « On va boire un verre ? »

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Évidemment qu'à moi aussi cela faisait bizarre. La gamine qui se foutait toujours les doigts dans le nez, la gamine qui courait parfois en petites culottes dans la maison en criant des obscénités qu'elle ne comprenait sans doute même pas, la gamine qui avait toujours de la sauce à spaghetti partout autour de la bouche, la gamine qui pleurait parce qu'elle ne voulait pas aller se brosser les dents avant d'aller dormir. Sacrée Candice. Plus du tout la même image que j'avais d'elle, maintenant, même si les souvenirs ne s'effaçaient pas pour autant. « Pas mon amie en tout cas ! » Conclus-je lorsqu'elle s'imagina sans humour. Je n'aimais pas les gens peu rayonnant. J'avais besoin, dans ma vie, de positivisme, de sourires, de rires, de joie. Pour cela, Candice était une très bonne candidate. Un moment passé avec elle emplissait toujours nos cœurs de bonheur. Bref, une fois Candice bien retournée dans son équilibre, le sac sur l'épaule et moi droit comme un piquet devant elle, et après avoir ris un bon coup à ma pseudo-hypocrisie, la jeune femme m'invita à prendre un verre. J'hochai la tête avec entrain. « Ouais ! Tiens, c'est moi ou bien je t'ai jamais vue saoule, toi ? » J'avais donc en tête de lui faire prendre bien plus qu'un seul verre ! Après tout, quoi de mieux que l'ivresse pour réellement mettre derrière cette époque où nous n'étions pas du tout du même monde ?