Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
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Sujet: to build a home -r. Lun 24 Aoû 2015 - 4:44
Au milieu, une grande fontaine dans laquelle jouait des enfants sans se soucier des panneaux interdisant formellement la baignade. Même se tremper les pieds, ne serait-ce qu’une seconde, pouvait vous coûter quelques dizaines de dollars d’amende. C’est qu’au centre de cette fontaine, une statue du capitaine James Cook se dressait fièrement, avec son teint vert-de-gris, et personne ne devait se trouver devant l’opportunité de, peut-être, oser y peindre un graffiti quelconque. Longeant la fontaine, des bancs sur lesquels des hommes et des femmes étaient assis, certains un livre à la main, d’autres un sandwich à la bouche. Autour se trouvaient les immeubles les plus vieux de la ville, et des restaurants avec leurs terrasses ouvertes jusqu’à l’heure où le Bonhomme Sept Heures prenait sa retraite jusqu’au lendemain.
Isaiah, lui, passait par là par hasard en cette fin de journée. Il venait d’aller porter la facture à un client qui lui avait acheté un meuble, une table plus précisément, faite de bois de cerisier. Le jeune homme avait passé tellement d’heures sur cette commande qu’il avait voulu aller récupérer son argent le plus rapidement possible. Il s’arrêta un moment au centre de la place de la ville, juste pour respirer un peu, et s’amuser de la naïveté des gamins qui se jetaient de l’eau au visage en riant d’un rire cristallin. Il s’imprégna de cette innocence et s’adoucit face à la race humaine. Ils faisaient souvent des conneries, les hommes, mais au fond d’eux se cachait un enfant. Tous des enfants.
De l’autre côté de la fontaine, une longue tignasse blonde. Un visage à reconnaître parmi mille autres. Un regard à vous fracasser le cœur contre un mur de briques. Un corps sculpté à la perfection, un corps que jamais Isaiah n’aurait pu reproduire de son art parce que ce corps était tout simplement unique. Isaiah fronça les sourcils un moment, et plissa légèrement les yeux, comme si cela allait réellement rendre sa vision plus précise. Malgré l’eau de la fontaine qui faisait un mince mur de brume entre eux, Isaiah conclut qu’il ne faisait pas fausse route. Ezekielle Wakefield était à Bowen. « EZEKIELLE ! » Il avait machinalement mis ses mains devant sa bouche, tournées vers l’extérieur, comme pour amplifier le son de sa voix. Il n’avait pas réfléchi. Il avait laissé parler son cœur, ses désirs. De toute façon, sa raison aurait bien tôt fait de rejoindre le fil de pensée de ses sentiments. Tout son être était en harmonie, en accord : il ne laisserait pas filer Ezekielle. Pas cette fois.
La blonde se retournait de tous les côtés, cherchant à trouver qui venait de l’interpeller de cette façon. Isaiah, lui, restait planté là où il était, la laissant chercher. Il s’amusait de la voir aussi confuse. Puis leurs regards se croisèrent. Le sourire d’Isaiah se fit plus grand, plus large, plus brillant. Plus heureux. Ils se regardèrent comme ça un moment, hébétés par la vue de l’autre. Leurs pas minimisèrent la distance entre eux au même moment. Ils marchèrent rapidement l’un vers l’autre sans se lâcher du regard. Quand ils furent assez près, Isaiah se jeta dans les bras de la jeune femme et le serra contre lui. « On s’est toujours dit qu’on se reverrait au bout du monde. Je ne savais pas que le bout du monde était Bowen. » C’était elle, le bout de son monde. La fin. Le but ultime. Ce vers quoi il avait toujours marché. Ce vers quoi il s’était toujours tourné. Sauf qu’il ne le savait pas encore. Parce qu’Isaiah était bien trop ancré dans ses principes, ses idéaux et ses refus de la conformité, pour se rendre compte de ce qui se trouvait juste sous son nez.
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Sujet: Re: to build a home -r. Mer 26 Aoû 2015 - 5:08
This is a place where I don't feel alone This is a place where I feel at home And I built a home, for you, for me
Sous les doux rayons du soleil, elle marchait d'un pas lent sur le petit sentier de pierres qui la mènerait à la place de la ville, le coeur de Bowen. Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais le dépliant un peu abimé du petit motel dans lequel elle avait dormi cette nuit vantait les monuments et les décors de cet endroit. Apparemment, il fallait avoir visité cette place publique afin de réellement connaître la ville australienne. Lunettes soleil sur le nez et joli chapeau de paille sur la tête, elle observait chaque détail autour d'elle. À travers les minces failles de son chapeau, les rayons criblaient ses boucles dorées, qui brillaient sous le mouvement de la brise. Ezekielle observait les statues, puis les monuments, lisant les petites planches où un bout d'histoire avait été inscrit, détaillant les oeuvres. Au loin, elle pouvait entendre des cris, des rires, mais pas n'importe lesquels. C'était ceux d'enfants, qui s'amusaient. Cela la faisait sourire. L'insouciance d'un enfant lui rappelait parfois la sienne, ou du moins, celle qu'elle voudrait encore avoir. La chance de ne pas avoir à s'inquiéter pour payer ses factures, pour le boulot. De ne pas avoir à se questionner à savoir si elle a fait les bons choix.
Doucement, elle suivit le petit chemin et rejoint rapidement la source de ces rires enfantins. Quelques enfants, tous d'âges différents, s'amusaient près de la fontaine. Certains les pieds dans l'eau, d'autres à la recherche de cailloux - ou plutôt de monnaie, sous les reflets de l'eau. À cet instant, elle eut une pensée pour sa petite soeur. Plus jeunes, Thiago et elle se rendaient souvent au parc près de chez elles. Il s'y trouvait une fontaine où les deux soeurs avaient tellement passé de temps. Ezekielle sourit. Elle replaca l'une de ses mèches derrière son oreille et regarda à l'horizon. Toutes les fois où la jeune femme était songeuse, elle avait tendance à regarder à l'horizon, comme si elle fixait quelque chose, alors qu'elle ne voyait rien. Rien, excepté ses pensées, ses questionnements, dans sa tête.
Entre le chant des oiseaux et les discours des habitants autour d'elle, la jeune femme avait bien cru entendre quelqu'un l'appeler par son prénom. Elle prit ses lunettes de soleil dans ses mains et tourna la tête rapidement autour d'elle, à la recherche d'un visage connu. Toutefois, elle n'y voyait aucun repère. Ezekielle en avait l'habitude, après toutes ces années à parcourir les quatres coins du monde seule, ou presque, elle s'était faite à l'idée de ne plus croiser de visages qui lui rappelleraient instantanément des souvenirs. Cette voix, pourtant, elle pouvait la reconnaître. Parmi des milliers, elle pourrait toujours la reconnaître. Puis il était vrai qu'Ezekielle savait bien qu'il était ici, ou qu'il y serait à un moment donné. Son regard se dirigea de l'autre côté de la fontaine, sur le corps d'un homme à la chevelure brune. Ce doux visage qu'elle avait caressé du bout des doigts, ce grand sourire qui ne pouvait que la faire sourire à son tour. Ezekielle avança rapidement vers lui, ne pouvant s'empêcher de le fixer et de sourire bêtement. Rapidement, le jeune homme l'enserra entre ses bras. Elle passa ses bras autour du cou du jeune homme, le serrant si fort. Isaiah. «On s’est toujours dit qu’on se reverrait au bout du monde. Je ne savais pas que le bout du monde était Bowen.» Inconsciemment, Ezekielle avait fermé les yeux. S'il n'avait pas été question de leur rencontre, Ezekielle n'était pas convaincue qu'elle aurait poursuivi sa conquête, son rêve. Sa présence avait changé tellement de choses. À ces paroles, elle ne savait quoi répondre, si ce n'était qu'elle n'aurait jamais atteint le bout du monde sans lui. «Le bout du monde, c'est toi et moi». Elle sourit tendrement et éloigna sa tête juste assez pour pouvoir le regarder, les bras toujours à son cou. Doucement, elle lui murmura: «Tu m'as manqué». Ils avaient déjà parlé de l'Australie, de Bowen, mais cela semblait si loin. Ezekielle n'avait pas compté sur ces paroles. Elle n'avait jamais su où elle irait réellement, ni ce qu'elle ferait. Puis le dernier droit de son périple, elle l'avait parcouru seule, loin de lui, loin de leurs soirées enlacés à regarder les étoiles et à rire ensemble. Et pourtant, au fond d'elle, elle avait eu envie d'y croire, juste une fois. Croire qu'une vie posée, stable, c'était possible pour elle. Près d'Isaiah, elle avait eu envie d'y croire.
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Sujet: Re: to build a home -r. Dim 30 Aoû 2015 - 23:40
Dans un simple murmure, suite aux premières paroles d’Isaiah, Ezekielle lâcha que le bout du monde, c’était elle et lui. À ces mots, Isaiah ferma les yeux, un sourire à la fois nostalgique et rêveur au visage. Sans vraiment qu’il ne prenne conscience de ce qui se passait en lui, les paroles de la blonde résonnaient dans sa tête comme une infinie mélodie, traversant son système nerveux jusque dans tout son corps. Puis, Ezekielle s’éloigna légèrement de leur position initiale de retrouvailles, pour que leurs visages se retrouvent l’un devant l’autre, à une proximité qui ne leur avait jamais posé de problème. Encore aujourd’hui, Isaiah et Ezekielle agissaient comme s’il n’y avait qu’eux tout autour, et qu’aucune règle sociétale n’existait sur ce qu’ils avaient le droit de faire ou non. Leurs propres règles. Ça avait toujours été aussi simple. D’une douce voix dont Isaiah avait souvent rêvé depuis son retour de son périple à travers le globe, la jeune femme lui murmura à quel point il lui avait manqué. Isaiah hocha la tête. Il comprenait. Il posa ensuite son front sur celui de la jeune femme, devant légèrement pencher la tête vu leur différence de grandeur. « Tu m’as manquée à moi aussi, ma plus belle Ezekielle. » Oui, Ezekielle était la plus belle femme qu’il avait rencontrée dans sa vie, et Dieu sait qu’il en avait rencontré un tas durant ses années de backpacking. Elle avait cette liberté qui émanait de tous ses gestes. Elle était une œuvre d’art vivante. Avec ses cheveux dorés qui descendaient en cascade jusqu’à sa poitrine. Avec ses yeux rêveurs, pensifs, absents, mais toujours si présents en sa compagnie. Avec son corps harmonieux, ses mouvements fluides et si bien orchestrés. Avec ses lèvres qu’Isaiah ne se retenait jamais d’embrasser lorsqu’il en avait envie, quand ils avaient fait un bout de voyage ensemble. Aujourd’hui, malgré l’absence de règles entre eux, il avait préféré prendre son temps. Il ne savait pas où Ezekielle en était avec sa vie, avec tout ça, avec eux deux.
Puis, une fois ce moment intime passé, le jeune homme s’éloigna réellement d’Ezekielle, ne manquant toutefois pas d’attraper sa main pour continuer de la toucher malgré la distance de leurs visages. Un seul contact avec la jeune femme pansait toutes ses blessures. Isaiah fronça alors les sourcils d’un air intrigué. « Alors, qu’est-ce qui t’amènes dans mon petit patelin, Ezekielle ? Ne me dis pas que tu es venue tenter de me convaincre de repartir avec toi jusqu’en Alaska ? » Ils n’avaient jamais été en Alaska, mais Isaiah avait lancé cette idée spontanément, réfléchissant à un endroit si lointain. Parce qu’en réalité, Isaiah n’arrivait pas à concevoir que la jeune femme aurait pu venir jusqu’à Bowen pour s’installer ici, si près de lui. Ils étaient des êtres si libres, ils s’étaient toujours dit que ni l’un ni l’autre n’avait le droit d’attendre quoi que ce soit de la part de l’autre. Ils faisaient ce qu’ils voulaient, avec ou sans l’autre. Ça avait toujours été comme ça. Ezekielle et Isaiah n’avaient jamais voulu se passer les chaînes autour des poignets et des chevilles malgré l’indéniable amour qui planait autour d’eux. Isaiah avait conscience de ces sentiments, de ce qui les unissait, ce lien fort qu’il ne retrouverait jamais avec personne d’autre. Mais l’idée qu’Ezekielle soit revenue le chercher pour d’autres motifs que l’aventure ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Dans sa tête, Ezekielle et lui demeuraient des vagabonds, incapables de se poser, que ce soit le cœur ou les pieds. Des nomades du monde, des nomades d’amour.
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Sujet: Re: to build a home -r. Ven 11 Sep 2015 - 18:34
Cette proximité, ce regard brillant plongeant dans le sien, Ezekielle ne savait qu'apprécier ce moment. Il hocha la tête en guise d'approbation, puis déposa son front contre celui de la jeune femme. À cet instant, c'était comme si plus rien autour existait. Elle savait bien, pourtant, que le temps continuait d'avancer et que les êtres, près d'eux, ne s'arrêtaient pas pour autant de vivre. Chaque seconde auprès d'Isaiah, elle aurait souhaité qu'elles ne se terminent jamais. «Tu m’as manquée à moi aussi, ma plus belle Ezekielle.» Ses paupières se fermèrent doucement, malgré elle, puis elle sourit. Ces mots sonnaient si doux à ses oreilles. Ezekielle avait toujours eu confiance en elle, elle appréciait la personne qu'elle était, autant physiquement qu'intérieurement. Avoir été une toute autre personne, ces mots lui auraient probablement paru faux, forcés. Mais inités par Isaiah, ils prenaient un tout autre sens. À ses côtés, Ezekielle se sentait bien, tellement bien. Il lui procurait ce sentiment de n'avoir plus rien à gagner, à conquérir. Elle l'avait lui et c'était tout ce qui comptait. Ils n'avaient jamais tout à fait mis de mots sur ce qu'ils étaient ni sur ce qu'ils formaient, cela lui était bien égal.
D'une main, elle caressa doucement son cou, sa nuque. Ils se défirent de leur emprise, puis Isaiah prit sa main. Ezekielle glissa ses doigts entre les siens. «Alors, qu’est-ce qui t’amènes dans mon petit patelin, Ezekielle ? Ne me dis pas que tu es venue tenter de me convaincre de repartir avec toi jusqu’en Alaska ?» lui avait-il lancé, froncant les sourcils. Son air intrigué lui décrocha un sourire. C'est vrai, qu'est-ce qui l'avait amenée ici? Peut-être l'envie de tout arrêter, de mettre sa vie sur pause et de voir autre chose, l'envie de découvrir de fond en comble un pays qu'elle n'avait jamais visité, le désir de «prendre des vacances» de son périple autour du monde. Ce serait mentir de ne s'arrêter qu'à ces raisons futiles. Au fond d'elle, bien enfoui, Ezekielle savait très bien ce qui l'avait menée à se poser à Bowen. Bien sur, elle souhaitait découvrir un mode de vie autre que le sien, un mode de vie plus raisonnable pour une jeune femme de son âge. Il était aussi vrai qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de visiter l'Australie et qu'elle en avait alors la chance. Il faut dire que les semaines, voir les mois qui les avaient jusqu'à maintenant séparés, y avaient joué un rôle précis. Ezekielle avait songé à d'autres endroits, d'autres lieux, puis revenait toujours au même questionnement... «Et pourquoi pas Bowen?» Après tout, c'était une occasion en or que de se poser dans un pays complètement inconnu, en y ayant au moins un point de repère. «L'Alaska ne t'intéresse pas, alors?» Elle rigola et regarda au loin quelques instants. «J'avais besoin de changement, je crois. Aussi difficile que cela puisse avoir l'air, de quitter l'imprévu pour la routine.» Bowen avait son lot d'avantages, dont Isaiah lui avait souvent parlé. C'était aussi l'occasion de finalement découvrir l'Australie, en commencant par la petite ville d'où provenait le jeune homme. Lui avouer qu'elle avait envie de le revoir, envie de sentir ses doigts se glisser entre les siens et de rêvasser avec lui ne ferait que créer quelque chose entre eux. Un quelque chose qu'elle n'avait pas envie de confronter. Entre eux, tout était à la fois clair et si flou. C'était bien comme ça.
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Sujet: Re: to build a home -r. Dim 13 Sep 2015 - 4:23
Inconsciemment, Isaiah se sentait déchiré, tiré de deux côtés de sa pensée. D’un côté, il aurait tant souhaité qu’Ezekielle lui réponde qu’elle était venue à Bowen rien que pour lui. Qu’elle avait eu envie de quitter sa vie de bohème pour se poser avec lui, pour de bon. Qu’ils continuent de voler, mais ensemble, dans leurs rêves et leur réalité. Que ces idées folles dont ils avaient parlé jusqu’au petit matin lorsque leurs chemins s’étaient croisés en voyage se concrétisent. Que ce ne soit plus que des mots en l’air lancés parce qu’ils étaient fous et libres. Qu’ils soient réellement l’ancrage de l’un et de l’autre. D’un autre côté, Isaiah redoutait exactement cela, en fait. Parce qu’il n’avait jamais voulu dépendre de qui que ce soit, et encore moins qu’on dépende de lui. Il avait tellement peur de se sentir emprisonné, tellement peur qu’on lui enlève sa seule source de bonheur : sa possibilité de faire ce qu’il voulait sans avoir peur de ce que les autres en penseraient. Il savait pertinemment que s’il ouvrait la porte encore plus grande à Ezekielle, que s’il la laissait pénétrer dans sa vie et surtout dans son cœur, elle allait devenir l’accélérateur et le frein à la fois. Il ne voulait pas qu’elle devienne cela à ses yeux. Il ne voulait que rien ne change. Mais l’amour monogame était damné à passer la chaîne aux chevilles des amants. Ezekielle était synonyme pour lui de liberté, de bonheur inconditionnel, et il ne voulait pas que ça change. Ils étaient parfaits comme ils étaient. Là. Maintenant.
Le jeune homme sourit tout de même, doucement, alors que la blondinette lui parla de l’Alaska malgré tout. Alors qu’elle regardait au loin, Isaiah marqua une légère pause, profitant de l’absence psychologique de la jeune femme pour la détailler physiquement. Ça lui avait tellement manqué de pouvoir la regarder à toutes heures de la journée. Dans sa beauté naturelle à couper le souffle. Puis, il répondit enfin. « Tu sais bien que le monde entier me fait rêver, Ezekielle. Surtout si je peux le découvrir à tes côtés. » Le jeune homme sourit. Ezekielle aussi. Et elle répondit finalement à la question initiale, la question redoutée par Isaiah, parce qu’il n’avait aucune idée de la réponse qu’il attendait. De la réponse qu’il désirait. Finalement, la réponse donnée répondait à moitié, et laissait Isaiah autant confus dans les motifs réels de sa venue à Bowen précisément. Dans ses propos, Ezekielle laissait savoir au jeune homme que, comme lui, elle avait décidé d’en revenir à une routine accablante. Elle allait bien vite s’ennuyer de l’imprévu. Isaiah, lui, s’en ennuyait. La blondinette n’avait toutefois pas spécifié pourquoi Bowen avait été sa destination finale. Isaiah se souvenait que la jeune femme n’avait aucune idée de l’existence de cette petite ville australienne avant qu’il ne mentionne le fait qu’il y avait posé ses valises. Il y était donc pour quelque chose, mais jusqu’à quel point ? « On se reparlera dans quelques semaines ou quelques mois de ce que tu penses de cette routine. » Lâcha finalement Isaiah, ne voulant pas laisser paraître son inquiétude face à eux, face à ce qu’ils deviendraient dorénavant. « Je t’invite à prendre un verre ? La première chose à découvrir à Bowen : les terrasses de la place de la ville. » Et comme de fait, ils se trouvaient déjà sur place, alors c’était une proposition des plus pratiques. « Tu pourras me raconter le reste de ton périple à partir du moment où on s’est quittés. » Et il pourrait faire la même chose de son côté.
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Sujet: Re: to build a home -r. Jeu 17 Sep 2015 - 6:19
Cet instant précis ne pouvait faire autrement que de remémorer tant de souvenirs à la jeune femme. Le jour où elle avait prit la décision de parcourir le monde, jamais elle n'aurait cru en arriver là. En arriver à déposer son sac à dos sur la terre ferme et de tout en sortir son contenu. Jamais, ou du moins pas dans ces circonstances, elle ne s'était imaginée terminer son voyage ou s'arrêter un moment, avec quelqu'un d'autre qu'elle-même. Puis il y avait eu Isaiah. Ce cher Monsieur Gartshore-Nairn, celui qui avait prit tant d'importance dans sa vie, dans son voyage autour de la planète et maintenant, à Bowen, en Australie. Depuis leur rencontre, le jeune homme arrivait constamment à surprendre Ezekielle, chose qu'elle ne lui avouait pas réellement, ni directement. Une fois de plus, il le lui prouvait en répondant des plus sincèrement, à sa pauvre blague sur l'Alaska. «Tu sais bien que le monde entier me fait rêver, Ezekielle. Surtout si je peux le découvrir à tes côtés.» Elle souria tout en baissant la tête quelques instants. Il avait le don de lui dire les mots qu'elle avait envie d'entendre, ceux qui lui donnaient envie de revivre chaque instant. Ces même mots qui, lorsqu'ils avaient repris la route seul, chacun de leur côté, résonnaient doucement dans sa tête et dans son coeur. Ces mots qui, avouons-le, lui donnait simplement envie d'être ailleurs avec lui, présentement. Et pourtant, rapidement, ce sourire incontrolable que lui procurait la présence d'Isaiah, lui paraissait maintenant forcé. Son regard habituellement si brillant, avait changé lorsqu'elle lui avait nommé les raisons de sa venue ici. Elle ne lu avait pas menti, mais elle ne lui avait pas dit toute la vérité et elle avait la nette impression de l'avoir déçu. Ezekielle ne savait pas quoi faire, elle ne savait plus quoi faire, plutôt. Elle aimerait tant pouvoir tout lui dévoiler et pourtant, elle savait que lui comme elle s'étaient engagés à ne pas dépendre de l'un ni de l'autre. Cette règle d'or était-elle exclusive à leurs bouts de voyage ensemble? S'appliquait-elle aussi lorsqu'ils choisissaient de mettre leurs aventures sur pause?
Il la tira alors de ses pensées, lui disant: «On se reparlera dans quelques semaines ou quelques mois de ce que tu penses de cette routine.» Ezekielle retrouva rapidement son sourire et lui lanca: «It's a deal!» D'ici là, bien des choses avaient le temps de changer, autant pour lui que pour elle, ou pour eux. «Je t’invite à prendre un verre ? La première chose à découvrir à Bowen : les terrasses de la place de la ville. Tu pourras me raconter le reste de ton périple à partir du moment où on s’est quittés.» Il n'aurait pas pu lui offrir meilleure suggestion, mis à part se retrouver chez lui peut-être, que d'aller prendre un verre (le premier!) dans cette magnifique ville, en sa compagnie. Juste à l'idée d'être à nouveau réunis, de parler voyage et averntures, lui redonnait le sourire. «J'accepte l'invitation avec plaisir, mon cher!» Elle sourit tout en ajoutant qu'ils devaient probablement avoir tout un lot de choses à se raconter. Elle jeta un coup d'oeil rapide autour d'elle, tentant bien que mal de se situer dans la ville, mais n'ayant pas la moindre idée d'où pouvait se trouver l'endroit où il voulait l'amener. Elle lui tendit la main tout en lui disant d'un ton légèrement charmeur: «Je te suis?»
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Sujet: Re: to build a home -r. Ven 18 Sep 2015 - 5:03
C’était pareil pour Isaiah. Quand il avait décidé de quitter la Nouvelle-Zélande, c’était pour lui la fin de son passé, et le début du présent. Dans sa tête, jamais il n’y aurait de futur. C’était le ici, le maintenant. Le concret. Le palpable. La vie. Les gens. Le monde. Et puis lui, avec son sac à dos qui dépassait du haut de sa tête et dont deux grosses poches d’eau dépassaient des deux côté de son dos. Il avait commencé son aventure autour du monde de l’autre côté de l’océan, en Amérique latine, pour réellement se plonger dans une toute autre culture. L’autre monde. Le nouveau monde. Il était remonté, tranquillement mais sûrement, pour terminer son périple à la frontière du Mexique. Il n’avait jamais eu le courage de se rendre chez les américains. Pas l’envie. Même s’il savait qu’il y avait sans doute un tas de merveilles. L’Amérique du Nord l’avait découragé. Il avait donc repris l’avion pour l’Australie, un peu plus près de chez lui. Il avait eu besoin de se refaire un certain coussin financier, alors il avait travaillé à Bowen, justement. C’est là qu’il était tombé amoureux de la ville, et qu’il avait décidé que si, un jour, il devait se poser, ce serait là. Mais il était quand même reparti. Vers l’Europe, cette fois. Il avait commencé par l’Ouest, pour peu à peu se décaler jusqu’à l’Est. Et c’est là, au bout le plus à gauche de l’Europe, qu’une blonde parmi pourtant tant d’autres avait tapé dans l’œil du jeune homme. Ezekielle Wakefield. La plus belle des blondes, malgré l'abondance à cet endroit-même. Elle avait aussi un sac à dos plus gros qu’elle, et Isaiah et elle avait tout de suite compris pourquoi ils étaient là, l’un et l’autre. Ils passèrent plusieurs semaines à se montrer ce que l’autre avait raté d’un endroit. Isaiah était revenu sur ses pas pour lui raconter l’histoire des vampires de Roumanie, et Ezekielle était redescendue vers le sud pour lui faire goûter aux künefe à l’heure du thé. Puis, après toutes ces semaines à rire, découvrir et surtout à s’aimer, ils avaient décidé de reprendre leur aventure chacun de leur côté. Ezekielle avait continué vers l’Ouest, Isaiah s’était dirigé vers l’Asie. Et ils ne s’étaient jamais revus.
Jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce que ce magnifique mirage se présente sur la place de la ville de Bowen. Isaiah avait, suite à la réponse peu satisfaisante de son amie quant à son arrivée en tant que sédentaire ici, mentionné qu’ils se reparleraient de cette routine dans quelques semaines. C’était un deal, disait-elle. Il hocha la tête, dubitatif. Il l’invita alors à boire un verre sur une terrasse, pour rattraper le temps perdu et faire rêver l’autre avec des histoires d’autres contrées. Des contrées lointaines. Ces endroits qu’ils n’avaient pas visités ensemble, de leur propre gré. Ezekielle accepta et, regardant autour d’elle, tendit la main au jeune homme en lui demandant, ou plutôt en lui disant, qu’elle le suivait. Il hocha la tête, déjà charmé par le ton qu’elle utilisait. À moins de deux minutes de marche, Isaiah les avait menés dans une petite rue bien charmante en bordure de la place de la ville, où s’enfilait une terrasse après l’autre. Le jeune homme en choisit une avec des tables-berçantes, avec de jolis coussins et des voiles blancs qui protégeaient du soleil. « Bienvenue, mademoiselle, à la terrasse la plus kitsch du coin. » Il fit une petite révérence trop poussée et laissa Ezekielle prendre place à la table. Isaiah s’assit à côté d’elle – chose qu’il avait toujours faite avec la belle blonde. Il ne respectait pas cette convention de s’asseoir en face. C’était trop distant. Trop froid. Il préférait pouvoir la toucher, l’effleurer, toujours. « Alors, sérieusement, que s’est-il passé durant ton voyage qui ait pu te faire choisir la vie de sédentaire ? » Parce qu’il n’arrivait pas à comprendre, ou, surtout, il voulait une vraie réponse. Celle qu’il voulait entendre, plutôt.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
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Sujet: Re: to build a home -r. Ven 18 Sep 2015 - 6:20
Ezekielle suivit alors son partenaire, qui la mena rapidement vers une terrasse. Malgré qu'ils soient en plein coeur de la place de la ville, la rue qui accueillait cette terrasse était charmante et peu passante, ce qui devait probablement être du à l'achalandage piétonnier. C'était l'endroit idéal, Isaiah avait visé juste. Le mobilier extérieur, les accessoires et la décoration, cette terrasse lui rappelait légèrement un restaurant auquel elle était déjà allée avec sa soeur, lors de l'une de leurs semaines de vacances familiales à travers les États-Unis. Elle avait toujours apprécié la chance que lui offrait ses parents de voyager et de découvrir ses deux pays d'origine, soit les États-Unis et l'Argentine. Elle leur devait beaucoup, c'était un peu grâce à eux si elle avait développé cette grande passion pour le voyage. « Bienvenue, mademoiselle, à la terrasse la plus kitsch du coin.» Ezekielle rit, puis prit place à la table. Isaiah s'asseya ensuite à ses côtés, histoire de faire changement, ou pas en fait. C'était une habitude entre eux, que de briser ce cliché d'un couple se faisant face au restaurant ou dans un café. Les regards d'incompréhension, ils y avaient souvent eu droit. La proximité entre eux était constamment de mise.
«Alors, sérieusement, que s’est-il passé durant ton voyage qui ait pu te faire choisir la vie de sédentaire ?» Définitivement, le jeune homme cherchait à tout prix à savoir pourquoi Ezekielle s'était posée, ou plutôt, pourquoi elle avait choisit de le faire à Bowen. Elle pourrait continuer d'éviter la question, de la contourner sans y répondre directement, mais la belle blonde savait pertinemment qu'il ne lâcherait pas le morceau d'aussitôt. «Bien, en fait...» Ezekielle fut interrompue par une serveuse, celle attitrée à leur table, venue se présenter et leur offrir quelque chose à boire. La jeune femme opta pour une bière, sans préférence particulière, puis cèda la parole au jeune homme. Ils remercièrent ensuite la serveuse, puis Ezekielle reprit. «Après l'Europe, j'ai changé de continent. L'Afrique.» Elle marqua une pause. L'Afrique, ce continent trop souvent stéréotypé et pourtant si peu réellement connu. Elle avait bien sûr visité quelques villes bien nanties, pour le plaisir de voir des habitants à la peau blanche en Afrique, mais c'était loin d'être l'endroit où elle avait passé la majorité de son temps. Ezekielle avait plutôt opté pour les petits villages, où les familles sont nombreuses et les maisons beaucoup trop petites, voir inexistantes. Avec les enfants, elle avait joué, elle avait rit et les avait fait rêver. Avec les mères, elle leur avait été d'une grande aide et les avait aidé avec les tâches domestiques. Avec les pères, elle avait discuté, longuement. L'Afrique lui avait énormément apprit. Elle lui expliqua rapidement tout cela, puis poursuit: «J'y suis restée un bon moment. Et quand je suis partie, ils m'ont manqué. Leur façon de penser et d'être si reconnaissant envers le peu qu'ils possèdent, leur mode de vie en communauté où, comme le proverbe le dit, ''Ça prend tout un village pour élever un enfant'' et où chacun apprécie la présence de l'autre. La famille, les amis, le village, tout cela a une si grande importance pour eux.» Dans tous les endroits qu'elle avait visités, c'était en Afrique qu'Ezekielle s'était sentie le plus acceptée en tant qu'américaine avec un bon portefeuille pouvant se permettre de voyager, mais aussi en tant que personne. Dans ce petite village, elle était devenue une soeur, une maman, une amie. Elle savait que si elle souhaitait y retourner, elle serait toujours la bienvenue parmi eux. Et cela faisait partie de ses plans. «Le fait d'être entourée des mêmes personnes, au quotidien, me manquait. De pouvoir commencer une conversation le soir et pouvoir la terminer le lendemain matin, sans craindre de ne plus se retrouver. Puis, tu sais comme cette envie me faisait souvent miroiter...» Ezekielle fut de nouveau interrompue par la serveuse, venue leur déposer leur consommation, tout en s'excusant. Ezekielle lui sourit, en guise de pardon. Elle prit une gorgée de sa bière, comme si elle allait lui redonner un peu de courage. «Un jour, un homme bien charmant m'a parlé d'une ville chaleureuse, près des kangourous, où il faisait bon de vivre.» Elle avait utilisé un ton plus que sérieux, qu'elle ne pu maintenir et termina en rigolant. «J'avais envie de voir si tu disais vrai, pour l'Australie, pour Bowen.» Elle sourit, puis ne put s'empêcher de perdre son regard au loin, comme si elle se revoyait durant ces moments, et ajouta: «J'avais envie de te revoir, de te retrouver.» C'était dit. Ce n'était que quelques mots, mais ils prenaient tout leur sens pour Ezekielle. Réponderait-elle finalement aux attentes du jeune homme? Elle aurait pu lui redire qu'il lui manquait, qu'à plusieurs reprises, elle aurait eu envie de l'appeler et de lui raconter ses histoires au téléphone, comme une gamine... mais elle aurait eu l'air d'une gamine. Elle aurait eu l'air de s'être accrochée, trop. Et ce n'est pas ce qu'ils voulaient. Souvent, Ezekielle s'était demandée à quoi bon servaient ce fameuses attentes et règles non-écrites ou clairement dites, en amour. Elle n'arrivait jamais à se répondre de façon satisfaisante et claire.
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Sujet: Re: to build a home -r. Ven 2 Oct 2015 - 4:14
Le jeune homme poussait la réflexion d’Ezekielle, parce que ses réponses lui semblaient insuffisantes. Pourtant, Isaiah n’avait jamais été le genre d’homme à trop vouloir comprendre. À toujours chercher une réponse à tout. Au contraire, il avait toujours fait preuve de laisser-aller par rapport à ce que les autres faisaient ou ne faisaient pas. Un je-m’en-foutisme ni méprisant ni indifférent, juste naturel. Évidemment, si quelqu’un se décidait à se confier davantage au jeune homme et à approfondir sa pensée, il démontrait tout l’intérêt du monde envers l’autre. Cependant, si son interlocuteur ne semblait pas vouloir pousser plus loin son récit, alors Isaiah n’insistait pas. Cette fois, par contre, il sentait qu’il y avait plus que cela à la décision d’Ezekielle. Ou, du moins, il espérait qu’il y avait plus. À quelque part au fond de lui, émanant de son inconscient, le jeune homme avait ce désir inavoué que la blonde soit revenue pour lui. Pour eux. C’était insensé, lui qui avait tant cherché à se libérer du moule de la société, de ce rêve commun auquel les gens aspiraient : se marier, fonder une famille, déménager dans une belle grande maison, prendre une retraite bien méritée à soixante-cinq ans, et voyager à ce moment-là. C’était la vie qu’une grande majorité de personnes se traçait. Pour lui, cette suite logique n’en avait pourtant aucune. Aucune logique. Isaiah ne se mettrait jamais de pression à trouver l’amour ou à avoir des enfants. Si cela arrivait un jour, alors soit, il vivrait ce qu’il avait à vivre. Mais il n’allait pas courir après un idéal auquel il n’adhérait personnellement pas. Voilà pourquoi, quand leurs chemins s’étaient séparés, Isaiah n’avait pas cherché à retenir Ezekielle. Dans sa tête, ils avaient vécu ce qu’ils avaient eu à vivre. Ça avait été merveilleux. Inoubliable.
Ce n’est qu’aujourd’hui, après tout ce temps sans la voir, qu’il réalisait qu’il y avait encore quelque chose à vivre pour Ezekielle et lui. Que ce bout de voyage n’était en fait que le début. Le tout début d’Ezekielle et Isaiah, cette magnifique aventure de deux âmes libres, heureuses et indépendantes, qui avaient trouvé l’équilibre l’un dans l’autre.
Ezekielle commença finalement à répondre à sa question et, rien qu’au ton qu’elle employa, Isaiah savait qu’il aurait une vraie réponse. Une vérité qu’il attendait. Une vérité qu’il dessinait dans sa tête avant même que la blonde ne la révèle. La serveuse venue se présenter à eux lui avait permis de laisser aller son imagination quant à la réponse de la jeune femme. Quand elle fut partie, Ezekielle reprit. Elle lui parla de l’Afrique, les yeux perdus dans ses rêves et ses souvenirs. Isaiah avait aussi été en Afrique, vécu avec des familles, échangé des moments qu’il ne revivrait jamais sur un autre continent. Parce que l’Afrique avait cela de bien propre à elle. Ce monde où même le passage du temps n’était pas le même qu’ailleurs. Il sourit donc en écoutant son amie. Un sourire doux et apaisé, parce qu’il comprenait tellement ce sentiment dont elle parlait. Et il était vrai qu’il appréciait de reconnaître des visages à Bowen. De se créer un certain réseau social. Et même s’il ne correspondrait jamais totalement aux normes de la société, Isaiah avait su se faire une place, ici. Il espérait qu’Ezekielle pourrait en faire autant, si tel était son désir. Le jeune homme hocha la tête au moment où la serveuse repassait pour dépasser leurs consommations devant eux. Isaiah la remercia et reporta son attention sur la jeune femme, après avoir pris lui aussi une gorgée de sa bière bien froide. Le jeune homme n’eut pas le temps de commenter l’aveu d’Ezekielle que cette dernière lui rappela cette fois où lui-même lui avait parlé de Bowen. Il sourit. Et elle termina en disant qu’elle avait eu envie de voir s’il avait dit vrai. Il hocha la tête une seconde fois, une pointe presque de tristesse à peine distinguable dans le regard. Parce qu’Ezekielle était revenue pour la stabilité et pour Bowen, ou l’idée qu’elle s’en était faite grâce à Isaiah.
Mais quand le regard de la jeune femme se perdit à l’horizon durant quelques instants, le jeune homme posa ses yeux sur elle et sentit qu’elle n’avait pas encore tout à fait terminé. Comme de fait, elle ajouta, nonchalamment, qu’elle avait eu envie de le revoir, de le retrouver. Le jeune homme sentit une vague d’un certain bonheur le parcourir. « J’en ai fait un tas, de rencontres, pendant ce long voyage. Des personnes provenant de tous les coins du monde. Des personnalités toutes plus différentes les unes que les autres. J’ai partagé des moments inoubliables avec chacune d’entre elles. Mais … tu es la seule de ces rencontres à laquelle j’ai renoncée avec un pincement au cœur. La seule, Ezekielle Wakefield. » Avoua-t-il avec un sourire sincère et un regard perçant.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
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Sujet: Re: to build a home -r. Mer 21 Oct 2015 - 22:10
Au fil de ses mots, Isaiah l'avait attentivement écoutée, elle le savait parce que son regard, posé sur elle, l'illustrait bien. Il voulait tout savoir, Ezekielle arrivait à precevoir ce sentiment chez lui et donc, elle lui avait tout dit. Elle ne savait pas trop quelle réaction aurait Isaiah, au fond, elle espérait qu'il lui réponde que oui, lui aussi, avait eu envie de la revoir. Ces mots auraient-ils été sincères? Ezekielle savait bien que l'être humain a tendance à répondre ces fameux deux mots, courts mais efficaces, «moi aussi», à ce genre de paroles. Et ce, même s'ils n'étaient pas profondément sincères. Pourquoi? Par peur de blesser, de déplaire, de nuire... bref, parce que c'était beaucoup plus facile ainsi. Mais Isaiah était différent, différents des autres et de tous ceux qu'elle avait connus. Il la tira rapidement de ses réflexions, lui répondant doucement: «J’en ai fait un tas, de rencontres, pendant ce long voyage. Des personnes provenant de tous les coins du monde. Des personnalités toutes plus différentes les unes que les autres. J’ai partagé des moments inoubliables avec chacune d’entre elles.» Le regard du jeune homme était plongé dans le sien, il était sérieux et à la fois, son sourire tendre la convaincait de chaque mot qu'il prononçait. Des gens, elle en avait rencontré des tonnes, elle aussi. Ezekielle se souvenait aussi de toutes les différentes personnes qu'elle avaient rencontrées et la richesse que ces rencontres avaient apporté à son voyage, mais aussi à son bagage de vie personnel. «Mais … tu es la seule de ces rencontres à laquelle j’ai renoncée avec un pincement au cœur. La seule, Ezekielle Wakefield.» La jeune femme sourit et baissa légèrment la tête, le temps d'encaisser ses douces paroles. Son regard retrouva ensuite celui du jeune homme, elle sourit et remis en place, derrière son oreille, une mèche de ses cheveux. Elle restait bêtement silencieuse, ne savant pas quoi lui répondre, se perdant dans l'éclat de ses yeux. La femme indépendante qu'elle était, elle la cherchait, à présent. Elle avait l'impression d'être une adolescente fondant devant son premier vrai «crush», au secondaire, alors qu'elle avait 25 ans et tellement de chemin parcouru derrière elle, tellement d'expériences aussi confrontantes les unes que les autres. Question de briser ces longues secondes de silence, elle lança: «Je suis là, maintenant», lui retournant son sourire. Elle prit un gorgée de sa bière, puis question de briser un peu l'atmosphère trop «couple» à son goût qui s'était installée, elle ajouta: «Prête pour cette nouvelle aventure!» Elle rit doucement.
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Sujet: Re: to build a home -r. Mar 27 Oct 2015 - 2:01
Était-il allé trop loin dans ses confidences, dans son romantisme qui lui était pourtant inconnu ? Isaiah n’arrivait pas à lire dans les yeux d’Ezekielle alors qu’il avait pourtant toujours su ce qu’elle pensait même sans rien dire. Sauf que là, alors qu’elle avait légèrement sourit en baissant les yeux et qu’elle venait de remonter le regard vers lui, silencieuse, Isaiah était dans le doute. Ils ne s’étaient jamais parlé d’une manière aussi franche, du moins pas en ce qui concernait les sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Ça avait toujours été sous-entendu, non-dit, ressenti mais mystérieux. Secret. Caché. Encore aujourd’hui, malgré ses paroles bien plus directes, Isaiah n’avait dit qu’à moitié ce qu’il pensait réellement d’Ezekielle. Il se sentait encore incapable de mettre des mots sur ce que son cœur lui dictait. Pour lui, ce n’était qu’un organe, et l’amour, un concept social. Il avait d’ailleurs lu bon nombre d’articles sociologiques sur la construction sociale de l’amour. Ce sentiment n’existerait fondamentalement pas. L’homme ne serait pas fait pour aimer. Ces papillons dans le ventre dont on parle, et le cœur qui bat la chamade, ce sont des symptômes qu’on inculquerait aux enfants dès leur plus jeune âge en leur rentrant dans l’esprit qu’aimer, c’est se mettre à l’envers de cette façon. Et en grandissant, et à force de chercher l’amour dont tout le monde parle, ils se créent eux-mêmes ces battements d’ailes de papillons. Ce n’était qu’une théorie. Mais Isaiah y avait toujours adhéré. Probablement pour se convaincre qu’il avait ses raisons de vouloir être libre. Maintenant, il n’était plus trop certain.
Ezekielle affirma alors au jeune homme qu’elle était là, maintenant. Il hocha la tête, souriant. Il prit également une, même deux gorgées de sa bière. Il voulait se calmer. Il n’avait jamais été tendu en présence de la jeune blonde et pourtant, là, il pesait tous ses mots. Elle ajouta qu’elle était maintenant prête pour une nouvelle aventure. Aucune autre réponse par rapport à l’ouverture du cœur qu’il venait de lui offrir. Il racla sa gorge, reprenant une autre gorgée de bière pour mieux faire passer le léger malaise qu’il ressentait. Ce n’était pas lui, de s’en faire pour une pareille réaction. Ce n’était pas lui du tout d’agir comme cela. Il voulait retrouver la personne qu’il était en compagnie d’Ezekielle. Léger, libre, heureux. « Où est-ce que tu t’es installée ? » Demanda-t-il, maintenant curieux de savoir s’il devait la sauver d’un motel miteux du bord de l’autoroute, ou si elle était bien installée.
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Sujet: Re: to build a home -r. Mar 27 Oct 2015 - 23:45
Ezekielle l'observa prendre une, puis deux et finalement, trois gorgées de bière. Comme si sa réponse avait été si dure à avaler qu'il avait eu besoin d'un coup de pousse pour la faire passer. Pourtant, elle ne faisait qu'affirmer qu'elle était là, maintenant. À ses côtés. Certes, elle n'avait pas précisé cette information, mais elle se doutait que le jeune homme l'avait déduit. Elle était là et elle voulait y rester, avec lui. La jeune femme le sentait nerveux, malgré son sourire réconfortant. Ce n'était peut-être pas de cette façon qu'elle s'était imaginé leurs retrouvailles, en fait. Jongler entre ses idées et réfléchir à chaque mot afin d'utiliser les bons, ne pas trop en dire mais en dire suffisamment pour répondre aux questions posées. Les paroles du jeune homme, elle se les répètait tout en le regardant. Aurait-elle du lui répondre qu'au fond, c'était pareil pour elle, que personne n'aurait pu le remplacer et que son départ l'avait rendue nostalgique? Pourquoi se censurait-elle tout à coup, alors qu'elle avait toujours été transparente avec Isaiah, sans même ressentir le besoin de devoir dire ou pas certaines choses. Ezekielle avait toujours été spontanée, vraie.
Isaiah changea alors complètement de sujet, lui demandant où elle s'était installée. C'est vrai qu'en arrivant à Bowen avec son backpack et sa gourde d'eau y étant encore acrochée, elle aurait pu dormir à la belle étoile, mais elle avait plutôt envisager l'option de louer une petite chambre dans un motel peu coûteux. Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus fameux en terme de décor moderne, mais la couleur du couvre-lit l'importait peu, tant qu'elle pouvait s'y reposer et prendre une bonne douche chaude. Cela faisait deux, ou peut-être trois jours qu'elle était à Bowen. Elle ressentait donc encore le fort plaisir de prendre une bonne douche chaude. L'idée d'un bon bain chaud et moussant, elle, n'était pas prête de la quitter. «J'ai loué une chambre, dans un petit motel.» Ezekielle tenta de lui expliquer où était situé ce fameux motel, en lui nommant des points de repère tout près, mais ce fut un échec. Elle n'y avait pas vraiment porté attention, le motel étant à l'écart du centre de la ville. Elle avait préféré venir se promener dans le coeur de la ville et y passer ses journées à découvrir tellement de choses sur cette belle ville qu'est Bowen. «Et toi, dis-moi, tu as un appart? Une maison?» lui demanda-t-elle, souriante. Cette question lui permetterait probablement d'en enchaîner une autre, subtilement, afin de savoir s'il avait quelqu'un dans sa vie. Quoi que, l'ouverture qu'il lui avait fait quelques minutes plus tôt lui laissait croire le contraire. Mais après tout, connaissait-elle réellement Isaiah Gartshore-Nairn? Ou avait-elle plutôt connu le jeune aventureux, l'âme libre, avec qui elle avait rêvé et voyagé? Lorsqu'il avait les pieds sur terre, était-il une toute autre personne? Est-ce que d'être à ses côtés, de façon sédentaire, la mènerait à côtoyer un inconnu?
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Sujet: Re: to build a home -r. Mer 28 Oct 2015 - 2:54
C’était ça, aimer, faut croire. Tout compliquer. Toujours tout embrouiller. Entre Ezekielle et lui, tout avait toujours été si clair. Si pur. Maintenant qu’elle était là, qu’elle était bien là, les pieds ancrés dans Bowen et le regard rivé vers un futur quasi-stable, Isaiah voyait le brouillard autour d’eux. Bientôt, ce brouillard allait s’immiscer entre eux. Brouiller leur vue. Brouiller leurs cœurs. Comme si dès que l’amour entrait en jeu, les personnes impliquées s’obligeaient à changer. Isaiah et Ezekielle avaient pourtant toujours été deux êtres si simples. Si libres. Si accessibles et honnêtes l’un envers l’autre. Aujourd’hui, maintenant qu’il se tenait devant Ezekielle dans la ville dans laquelle il avait décidé de s’installer pour un moment, le jeune homme avait l’impression que tout n’était plus si simple. Que tout ce qui se passait comptait. Que toute parole pouvait tout changer. Pour le meilleur comme pour le pire. Probablement parce qu’en voyage, Isaiah savait que peu importe ce qui se passait, ils reprendraient chacun leur chemin. Maintenant, ce n’était plus le cas. Maintenant, ils étaient tous les deux là. Là.
Afin d’éviter de s’embourber davantage, ou d’être déçu une fois de plus en n’entendant pas les paroles qu’il désirait plus que tout entendre, Isaiah changea de sujet, complètement. En même temps, c’était un sujet qu’il voulait aborder depuis un moment. Peu importe ce qui se passait ou ce qui ne se passait pas entre eux deux, Isaiah ne voulait pas laisser Ezekielle à une chambre délabrée comme il pouvait y en avoir dans certains motels miteux aux alentours de Bowen. La jeune femme vivait effectivement dans un motel mais, malheureusement, avec les ridicules explications géographiques que lui donnait Ezekielle, il n’arriva pas à replacer lequel. « Et c’est bien ? Mieux ou pire que l’auberge de jeunesse de Budapest, tu dirais ? » Lança-t-il à la blague, ou du moins il l’espérait. Parce que cet hôtel de Budapest avait été le pire de toute son expérience, avec des insectes qui grimpaient sur eux dans leur sommeil et des gens louches qui dormaient à quelques centimètres d’eux. Ce fut une nuit durant laquelle Ezekielle et Isaiah ne dormirent pas beaucoup. Ils préférèrent parler jusqu’au bout de la nuit, jusqu’au lever du soleil, à l’extérieur de l’auberge, assis sur les escaliers de béton qui escaladaient la colline au haut de laquelle ils se trouvaient.
Ezekielle lui demanda alors où lui, il restait. Le mot « maison » eut pour effet de faire éclater de rire Isaiah. Il secoua la tête en buvant quelques gorgées de sa bière. « Non, quand même pas, hein. Je me suis posé, mais pas à ce point-là, Ez’. Je crois pas un jour pouvoir affirmer être propriétaire d’une baraque. J’ai un petit appartement. Minuscule. Ça fait l’affaire pour le peu que j’ai. » Mis à part sa guitare et ses quelques morceaux de vêtements, Isaiah n’avait pas grand-chose. La base pour la cuisine et pour le lit. Et ce qu’il lui fallait pour travailler le bois et sculpter. « Mais il y a de la place pour toi, Ezekielle. Y’aura toujours de la place pour toi. » Lui proposa-t-il avec un sourire. Si elle le voulait, la porte lui était grande ouverte. Comme toujours.
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Sujet: Re: to build a home -r. Mer 28 Oct 2015 - 21:07
Le rêve de toutes les petites filles en bas âge, c'est de vivre dans une belle grande maison, ou un château pour les plus rêveuses, avec leur prince charmant et leur magnifique famille. Si Ezekielle se souvenait que sa petite soeur caressait ce rêve depuis qu'elle était en âge d'en comprendre le sens, elle se souvenait aussi que, du plus loin que ses souvenirs lui permettaient d'aller, elle n'avait jamais partagé ce rêve comme sa soeur. Avant même de plier bagage pour la première fois, avec sa famille, Ezekielle préfèrait jouer à la poupée en camping plutôt qu'à la poupée princesse de son château. Elle faisait des soirées à la belle étoile avec ses copines, plutôt qu'un pyjama party avec du vernis à ongles. Elle avait son côté très féminin, certes, mais l'extérieur l'intriguait tant, le monde entier captait son attention. Ce n'est pas pour rien qu'elle s'imaginait alors déjà arpenter chaque recoin du monde, dans l'espoir de tout voir, de tout apprendre et de tout expérimenter. Elle n'accordait donc pas tant d'importance au lieu où elle posait bagage pour une journée ou pour un mois. Ezekielle ne s'attachait pas aux lieux de résidence comme elle avait vu d'autres gens faire. Elle s'attachait plutôt à l'histoire de ces lieux. Son séjour au petit motel de Bowen ne la dérangeait pas, puisqu'elle avait bien des choses à découvrir autour, bien des gens à rencontrer, à connaître... ou à retrouver.
«Et c’est bien ? Mieux ou pire que l’auberge de jeunesse de Budapest, tu dirais ?» Ezekielle rit face à l'allusion à laquelle le jeune homme faisait référence. Leur séjour en Hongrie, particulièrement à Budapest, avait été l'un des plus beaux moments de son périple avec Isaiah, mais aussi de l'ensemble des endroits qu'elle avait parcourus. La capitale de l'Hongrie regorgait de mystères et de beautés à découvrir. La nuit qu'ils avaient passé à cette auberge de jeunesse l'avait marquée, mais probablement par pour les bonnes raisons. Ce petit établissement n'était pas un luxe. À vrai dire, ils avaient vécu de nuit, ce soir-là, comme de petits oiseaux de nuit libres. Leurs discussions sans fin, leurs rires, elle arrivait tous à les revoir dans sa tête. «Je crois qu'il n'existe rien de pire que cette auberge de jeunesse!» dit-elle en riant, avant de poursuivre: «J'en garde toutefois de magnifiques souvenirs.» Ezekielle sourit au jeune homme. «À vrai dire, ça me convient, pour le moment. Il n'y a que quelques jours que je suis arrivée, donc excepté pour dormir et me doucher, je n'y ai pas vraiment passé beaucoup de temps. À sa question, le jeune homme éclata de rire tout en continuant de consommer sa bière. «Non, quand même pas, hein. Je me suis posé, mais pas à ce point-là, Ez’. Je crois pas un jour pouvoir affirmer être propriétaire d’une baraque. J’ai un petit appartement. Minuscule. Ça fait l’affaire pour le peu que j’ai.» Il est vrai que tout comme lui, Ezekielle ne se poserait probablement jamais à un seul endroit, malgré l'idée qu'elle aimerait fonder une famille un jour. Son expérience à travers le monde lui permetterait probablement de faire «l'école à la maison» à ses enfants, ou plutôt «l'école autour du monde». N'y avait-il pas meilleur moyen de faire découvrir le monde et la vie à des enfants qu'en y faisant face, concrètement? Il poursuit: «Mais il y a de la place pour toi, Ezekielle. Y’aura toujours de la place pour toi.» La jeune femme prit quelques gorgées de bière, puis sourit à la proposition d'Isaiah. Ils ne passeraient probablement que peu de temps ensemble, dans son appartement, question d'y dormir, mais l'idée de vivre à nouveau à ses côtés l'enchantait. «Serait-ce une invitation à cohabiter, mon cher?» dit-elle à la blague, mais sincèrement. «Je ne voudrais pas m'imposer, non plus, ou que tu t'y sentes obligé comme je viens à peine de débarquer. Mais je dois avouer que j'apprécie ton offre... et l'idée.» Ezekielle se ferait petite, de toute façon, ce n'est pas comme si elle avait bien des choses à traîner avec elle. Elle était toutefois consciente que vivre avec quelqu'un était souvent un grand défi à relever dans une relation et que cela pouvait avoir des conséquences positives... comme négatives. Mais elle n'avait aucune crainte, ou presque, à l'idée de cotôyer Isaiah de cette façon. Ezekielle ajouta que c'est avec plaisir qu'elle accepterait la place qu'il lui offrait, chez lui. Elle ne pouvait point camoufler le sourire s'affichait alors sur son visage.
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Sujet: Re: to build a home -r. Jeu 29 Oct 2015 - 1:09
Les plus beaux souvenirs d’Isaiah étaient les plus beaux souvenirs d’Ezekielle. Parce qu’ils avaient toujours apprécié les mêmes choses, ressenti les mêmes émotions. Quand ils se trouvaient avec des groupes d’amis rencontrés en voyage, des touristes comme eux, provenant de tous les coins du monde, ils finissaient toujours par se retrouver tous les deux. Parce qu’ils avaient la même façon de voyager. Un soir, toute la bande avait voulu rester enfermée dans une chambre d’hôtel à boire de la bière et manger des plats préparés trouvés dans un dépanneur. Ezekielle et Isaiah était resté pendant une heure avec eux, à rire et à s’amuser, certes, mais avait fini par se lasser et partir découvrir la ville ensemble. C’était toujours comme ça. Peu importe où ils se trouvaient, avec qui ils se trouvaient. Au final, ce n’était qu’eux. Ezekielle et Isaiah. Ce ne serait toujours que ça. Et personne d’autre.
Malgré qu’Ezekielle affirme être bien au motel où elle se trouvait, Isaiah ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle serait bien mieux chez lui. Et puis, au nombre de fois où ils avaient fait du couch surfing chez des inconnus rencontrés la journée-même, le jeune homme ne voyait vraiment pas pourquoi Ezekielle refuserait de crécher chez lui le temps de son aventure. Peu importe le temps que cela durerait, sa porte lui était grande ouverte. Ça lui coûterait moins cher que de payer à la nuit dans un motel pas si confortable, et ça leur permettrait surtout de goûter de nouveau à leur petite vie à deux. Ils ne partiraient pas à la découverte de territoires aussi inconnus que ceux d’Europe, puisque Isaiah commençait à connaître assez bien les alentours, mais ils partiraient à la découverte d’une toute nouvelle façon de vivre leur relation. Cela demanderait beaucoup d’adaptation, il en était certain, mais il était aussi persuadé qu’ils sauraient trouver une façon d’être eux-mêmes. De se retrouver. De se réinventer.
« Absolument. » Répondit Isaiah avec un grand sourire charmeur quand Ezekielle le nargua à savoir s’il s’agissait d’une proposition de cohabitation. À son plus grand plaisir, la jeune femme ne se retint pas pour tout de suite manifester son intérêt, même si elle ne put s’empêcher de souligner qu’elle ne voulait pas s’imposer. « Tu t’imposes toujours de toute façon, même sans le vouloir. Tu t’imposes à moi comme une évidence. » Ce qu’il devenait poétique et romantique, ce Isaiah, maintenant qu’il avait les deux pieds bien à terre. Il fit un clin d’œil à la jeune femme pour lui signifier qu’il disait cela plus pour faire joli que pour réellement tenter de lui sortir une réplique digne d’une grande histoire d’amour. Maintenant que cela était décidé, Isaiah décida de boire d’un trait ce qui restait de bière dans son verre et guetta la serveuse qui faisait le tour de ses tables. Il déposa un billet de vingt dollars sur la table et lança un regard amusé à Ezekielle. « Et si on laissait tomber l’idée de manger ici et qu’on allait se chercher des trucs à manger et qu’on allait chez moi, chez nous, manger dans mon lit et fumer toute l’herbe que j’ai pas encore réussi à vendre ? » Ses yeux brillaient, parce qu’au fond Isaiah était encore un petit adolescent délinquant dans son cœur. Et l’idée de se faire un château de couvertures et de coussins et d’y manger de la pizza, complètement stone, aux côtés d’Ezekielle, lui paraissait tellement parfaite.