would you find me somewhere in the shadow ? + kaliska

Emrys rentrait chez lui légèrement fatigué, accompagné de son fils qu'il était passé chercher à la crèche. Il avait passé la journée à parler à des élèves pas toujours attentifs dans des amphithéâtres. Il restait consterné devant le manque de connaissances que certains avaient. Lui, passionné d'histoire, ne comprenait pas que des élèves qui avaient pourtant choisi un cursus dédié à cette matière soit aussi peu intéressé. Pourtant on ne peut pas dire qu'il est ennuyeux comme prof, même plutôt l'inverse. Il met toute la passion qu'il y a en lui. Le jeune homme posa ses affaires et s'occupa de son fils avant d'aller se servir un verre de jus de pomme tandis que Marvin jouait. Il 'assit sur son fauteuil pour souffler un peu. Son amie Kaliska devait passer. En effet, elle avait une sortie de prévue au musée avec ses élèves et elle lui avait demandé de l'aider à la préparer. Le jeune homme décida donc de préparer quelques petites choses à manger. C'est un véritable cordon bleu, il adore cuisiner alors avec le temps il a appris à faire les choses bien. Il ne partit pas dans des recettes trop complexes, préférant ne pas passer trop de temps devant les fourneaux. Une fois qu'il eut fini il alla s’asseoir pour lire un livre en attendant que son amie arrive. C'était Anna Karénine. Il l'avait déjà lu en anglais, en français et maintenant il débutait la version russe. Il aime beaucoup se livre et il s'est dit que c'était l'occasion de le lire en version originale et de ne pas perdre la main avec le russe. Il maîtrise parfaitement cette langue, mais c'est comme tout, si on ne pratique pas régulièrement, on oublie.

Emrys arrêta sa lecture lorsqu’il entendit la sonnette retentir. C’était Kaliska qui était arrivé. Il mit son marque page, posa son livre et but tout de même une gorgée de thé avant d’aller ouvrir. Il jeta un coup d’œil à son fils, vérifiant que tout aille bien et ouvrit la porte. A vrai dire il était assez joyeux, en grande partie parce qu’il allait parler d’histoire. La perspective de pouvoir communiquer sa passion l’enjouait. Il aime tellement ce qu’il fait. « salut. » dit-il simplement à la demoiselle. Il se retira de la porte pour la laisser passer. Il alla dans la cuisine, laissant la jeune femme s’installer et revint avec un plateau plein de nourriture. « J’ai fait quelques petites choses à manger si tu veux » dit-il en lui tendant le plateau pour qu’elle se serve. Souvent des gens lui avaient dit qu’il aurait pu faire cuisinier, mais il ne se voyait pas avoir cela comme travail. Son travail actuel lui plaisait déjà tellement, il n’a aucune raison de vouloir en changer. Il s’assit ensuite sur la table de la salle à manger se disant que ce serait le plus pratique. C’est la table la plus grande de son appartement. Il a pour habitude d’y étaler des grandes cartes ou bien toutes sortes de documents historiques.

Son amie lui dit que les petites choses qu'il avait préparé un peu plus tôt avaient l'air bonnes et le remercia pour avoir accepté de l'aider pour son projet. « Derien, c'est normal. » lui répondit-il simplement. Lorsqu'il s'agit d'histoire, cela ne dérange pas du tout Emrys de prendre sur son temps personnel, vu qu'il passe une grande partie de son temps libres à lire des livres sur l'histoire, à faire des recherches ou ce genre de choses. Il s’installèrent sur la table, il posa le plateau et elle lui demanda comment ça allait. Comme toujours depuis un peu moins de deux ans, cette question est délicate pour lui. Avant, ça allait quasiment tout le temps bien, mais maintenant c'est plus compliqué. En vérité cela fait assez longtemps qu'il a été heureux. « ça va et toi ? » dit-il alors pour éviter une série de questions auxquelles il n'aurait pas envie de répondre. Pour lui un ça va équivaut à un bof pour les gens normaux. Autant dire que lorsqu'il dit que ça ne va pas, c'est que vraiment il est très mal. Parfois il n'arrive même pas à sortir du lit et passe sa journée à pleurer. Même s'il n'en a pas l'air, c'est un homme sensible, qui a certes une fierté, mais qui n'a pas peur de pleurer. Il ne trouve pas qu'un homme qui pleure ne soit pas viril, au contraire, il y voit là plus une preuve de courage. Mais là, ça allait, ils allaient faire de l'histoire, donc tout va bien.

Il semblerait que pour deux personnes comme eux, la réponse à la question la plus banale, ça va ?, ne soit pas si simple que ça. Si Emrys avait du mal à répondre oui, la jeune femme mit relativement peu d’enthousiasme dans son ça va. Elle n'avait pas l'air d'aller aussi bien qu'elle l'aurait voulu. Emrys n'est pas un mauvais ami, il prend soin des gens qu'il aime. Il voit qu'elle ne va pas très bien. Il a en quelque sorte un don pour voir quand les gens mentent, même si là, c'est relativement visible. Elle repartit sur le sujet de l'histoire, demandant ce qu'il avait trouvé pour elle. « qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda-t-il en éludant sa dernière question. Il n'est pas toujours si prévenant mais il se dit, qu'il peut toujours être une épaule sur laquelle pleurer. Après tout, si lui ne veut pas parler de ses problèmes, ce n'est pas forcément le cas de tout le monde. Il avait hâte de commencer pour pouvoir parler d'histoire mais avant tout, il souhaitait que son amie se libère et lui dise ce qui ne va pas. Emrys sait garder les secrets, en même temps, lorsqu'on sait qu'il a travaillé pour les services secrets, l'on peut se dire que cela est quand même mieux.

hj : désolé du retard :/

Je poussai un discret soupir quand je vins à la conclusion que ma tactique pour changer de sujet et ne pas embêter mon ami avec mes histoires qui n’avaient peut-être même pas lieu d’être. Après, il ne fallait pas que je tente de me dire que j’avais tout essayé, parce que non seulement, ce n’était pas un secret d’État mais de plus, je savais que j’étais plutôt mauvaise pour bluffer quand je ne m’y efforçais pas vraiment comme dans la situation présente. Enfin, j’avais quand même tenté de détourner le sujet, mais maintenant, j’avais confirmation que c’était un échec lamentable et que maintenant, j’étais obligé de lui dire ce qui se passait, autrement je ne m’en sortirais pas. Cependant, je n’avais pas besoin d’en faire tout un drame, comme je le signifiai en commençant par affirmer:  « Ce n’est rien de grave, t’inquiète… » Évidemment, je n’allais pas m’arrêter là, ce ne serait juste pas correct. Après une brève pause, je continuai donc en lâchant, aussi synthétiquement que possible:  « C’est juste que depuis qu’Alexis est rentré, j’ai l’impression qu’il est… différent. » Me rendant compte que cela pouvait paraître dramatique, exactement ce que je ne voulais pas, je décidai d’ajouter rapidement:  « Enfin… Pas différent mais disons que… Je ne sais pas, on dirait qu’il n’est pas comme il était avant de repartir… » Et ce qui m’inquiétait surtout en fait, ce que je ne disais pas, c’était que pourtant, il avait eu maintes missions militaires, et jamais il n’était rentré dans un tel état d’esprit, j’en avais l’impression. Après, peut-être était-ce parce que les circonstances étaient différentes, peut-être qu’avant, c’était qu’il n’y avait pas les enfants, notre mariage et tout… Perdue légèrement dans mes réflexions, j’eus un rire nerveux, et je finis par lâcher en guise de conclusion:  « Après, peut-être que c’est normal, peut-être que je suis à côté de la plaque mais bon… Je m’en fais un peu quand même… » Choisissant de terminer mon discours sur ces mots, je regardai ensuite mon ami, histoire de voir ce qu’il allait en penser, me disant qu’un avis extérieur, pour le coup, ne serait certainement pas de trop.

« Ce n’est rien de grave, t’inquiète… » dit la jeune femme. Emrys n'est pas dupe, il sait bien que lorsqu'une phrase commence comme ça, la personne ne pense pas que c'est rien de grave justement. Il se souvient de sa femme, qui lorsqu'elle avait passé une mauvaise journée avait une mine triste. Lorsqu'il lui demandait ce qu'il y avait, elle lui répondait toujours rien de grave avant de finir par lui déballer tous ses déboires du jour. Il l'écoutait toujours attentivement, passionné par ses paroles. Une fois de plus il se sentait triste qu'elle ne soit plus là, toutes ses petites choses lui manquaient, tous les jours. Pour en revenir à Kaliska, celle-ci lui expliqua qu'elle trouve son mari différent depuis qu'il est rentré, que les choses ne sont plus comme avant et qu'elle s'en fait. « c'est normal, ce n'est pas toujours facile de reprendre une vie normale. Mais au moins tu as ton mari. » lui n'avait plus sa femme, il ne pourra jamais dire qu'il trouve que c'est différent, puisqu'elle n'est plus là et ne sera plus jamais là. « les choses auraient pu être pire. » Même si Emrys est un bon ami, il n'est pas toujours très diplomate, surtout lorsqu'il s'agit d'amour. Professionnellement c'est un diplomate en or, mais dans la vie personnelle il a un peu plus de mal. Il veut bien écouter la jeune femme mais ne comprend pas pourquoi elle s'en fait tant. Ce n'est pas comme-ci c'était la fin du monde ou quoi.

Emrys avait été froid et il le regrettait un peu, mais lorsqu'il s'agit d'amour et donc de sa femme, il n'est plus le même. Cette perte tragique le chamboule encore, il ne s'en est pas remis. Peut-être que s'il avait été voir un psy les choses auraient été mieux mais il a toujours refusé et a préféré se replier sur lui-même avec ses problèmes. Il ne parle pas beaucoup de Candy ni de ce qu'il lui est arrivé mais lorsqu'on sait qu'il a un fils, pas de femme avec lui et qu'il n'a pas divorcé, ce n'est pas compliqué de savoir ce qui est arrivé. Le jeune homme sentit que Kaliska était gênée. Pas étonnant vu comment il avait réagit, au lieu d'être compréhensif il l'avait enfoncé, tout l'inverse de ce que doit faire un ami. Elle s'excusa en lui disant qu'elle ne voulait pas le froisser avec ça. Emrys se sentit un peu coupable d'avoir réagit ainsi et de voir que c'était elle qui s'excusait alors qu'elle n'avait rien fait de mal. Après tout c'est lui qui lui a demandé de lui expliquer la situation avec son mari. « j'aurais pas dû dire ça. » dit-il en baissant la tête. « et ne t'inquiète pas pour ça, il faut juste qu'il se réhabitue. La guerre ça peut changer les gens. » dit-il en se rappelant ses années dans les services secrets, il en a vu défiler des agents qui étaient complètement transformés en revenant de mission.

hj : désolé d'avoir mis autant de temps :/

Emrys ne connaît pas forcément beaucoup de choses à la guerre, il ne l'a pas vécu de l'intérieur, il n'a jamais été sur le terrain. Ce n'est pas un homme de terrain, même s'il se défend relativement bien au combat. Cependant il en a vu des personnes brisées en rentrant de mission ou en rentrant de la guerre. Un traumatisme qu'ils ont vécu là-bas, ils n'arrivent pas à en parler, c'est trop dur. C'est aussi pour ça qu'il a toujours refusé les propositions de partir sur le terrain. Il préférait d'avantage le confort de son bureau, à parler diplomatie, plutôt que le front dangereux où on ne sait jamais si on en reviendra vivant. Pourtant il n'a pas fallut qu'il parte là-bas pour être brisé. Un banal accident de voiture comme il en arrive chaque jour. Quelque part il s'était toujours dit, ça n'arrive qu'aux autres. Mais non, un jour ça nous arrive à nous et là on comprend, tous les messages de prévention, les mises en garde. Toutes les vies brisées qu'il y a derrière. Avec tout ce qu'il a vécu, Emrys comprend que le mari de son ami ait pu subir un traumatisme dont il a du mal à parler. Visiblement pas très à l'aise, elle changea de sujet pour revenir au sujet de départ : l'histoire. Après tout c'est pour ça qu'elle est là. « oui, j'ai fait des recherches et du coup je t'ai fait un questionnaire sur l'exposition, que tu peux faire avec tes élèves. » dit-il en lui montrant la feuille. Il était assez enthousiaste parce qu'il parlait d'histoire et que cela le met toujours de bonne humeur.  

L'histoire, un sujet qui le passionne et qui le fait sortir de sa morosité ambiante. Ce sujet l'a toujours passionné, depuis qu'il est tout petit il adore ça. Emrys regardait de nombreux documentaires historiques à la télé durant son enfance, parfois même certains pas très appropriés à son âge et qui l'ont peut-être un peu perturbé, mais ça n'a pas changé son amour pour cette science humaine, parce qu'il considère réellement ça comme une science. C'est donc naturellement qu'il s'est dirigé vers des études d'histoire. Pour beaucoup de monde le choix d'un futur métier se fait plus par défaut que par réelle passion, mais pas pour lui, qui a décidé de suivre ses rêves jusqu'au bout. Il a même quitté un emploi plutôt confortable de diplomate traducteur aux services secrets britanniques pour venir dans un trou pommé d'Australie enseigner sa passion. La mort de sa femme à en quelque sorte été l'élément déclencheur, il s'en rendu compte qu'il faut vivre ses rêves car la vie peut s'arrêter d'un coup, sans prévenir.
Kaliska a l'air contente du travail du jeune homme, ce qui le flatte mais il reste modeste, ce n'est pas son genre de se venter ou quoi que ce soit. « de rien, ce n'est pas grand chose tu sais, ça m'a fait plaisir de travailler là-dessus. » pour lui ce n'est même pas vraiment du travail, c'est plus un plaisir, il ne voit pas du tout ça comme une corvée. Elle lui demanda ensuite comment aborder l'exposition avec ses élèves. « je ne suis pas vraiment un très bon guide mais je pense qu'il faut y aller doucement et leur demander à quoi ça leur fait penser, ce qu'ils en pensent. Enfin vraiment voir ce qu'ils ressentent. » une exposition de photographies historiques n'est pas forcément quelque chose de simple à aborder, surtout avec de jeunes enfants. Il faut donc faire preuve de diplomatie et bien les écouter et surtout leur expliquer simplement mais de façon claire les événements afin qu'ils n'aient pas une opinion fausse sur le sujet.