(hot) it's just my soul responding to the heavy heart I'm holding -r.

Artémis le faisait rire, tout d’un coup, avec ses allusions à des décollages et des voyages culinaires. Ses métaphores lui permettaient de la voir sous un tout autre jour. En effet, Maxence s’était souvent arrêté à ce qu’Artémis représentait physiquement pour lui. Sans vraiment trop s’attarder à ses intérêts ou à ses habitudes. Évidemment, il apprenait à la connaître à chaque fois, découvrant sa personnalité petit bout par petit bout. Mais il ne cherchait jamais à pousser loin le tout, restant toujours dans les limites de la chambre à coucher. Là, aujourd’hui, Artémis se montrait drôle, intelligente, talentueuse même. Maxence prenait goût à elle, ce qui n’était pas forcément bien. Au contraire, en fait, il aurait préféré découvrir qu’elle n’était pas du tout son genre de femme. « Mais tu as quand même fréquenté des Full Moon … » Releva Maxence avec humour. Bien sûr, le message était passé : Artémis n’était pas qu’une fêtarde sans intérêt. Le juge avait toutefois préféré la narguer sur le fait que sa phrase sous-entendait également qu’elle avait fait la fête sur la plage. Le trentenaire ne pouvait le lui reprocher. Ces fêtes, on en parlait dans le monde entier.

Une fois le repas servi, Maxence se donna à cœur joie dans l’absorption de ce plat asiatique. C’était d’un délice. Quand il fit semblant de l’engager comme cuisinière à temps plein, Artémis souligna le fait qu’elle était bonne à marier. Maxence eut un petit sourire, un peu jaune, parce que lui était du type à se marier – après tout, il l’avait déjà été -, mais pas du genre à marier Artémis, par contre. L’homme était toujours dans les rails, bien droit, et marier une femme dix ans plus jeune, disons que ce n’était pas ça, sa vision du droit chemin. Voyant probablement la tête qu’il faisait, la brunette renchérit en disant qu’elle plaisantait. « Pas besoin d’être catholique pour se marier, de nos jours. » Releva Maxence, n’étant lui-même pas vraiment catholique malgré ses bases mais s’étant déjà marié, et croyant en cette institution malgré tout. Artémis ajouta que des femmes de trente ans ne sauraient faire ce qu’elle venait de lui concocter. Maxence sourit et hocha la tête. « Ça, je te l’accorde. » Il n’avait pas voulu s’aventurer plus loin ; il savait qu’Artémis avait dit cela avec l’arrière-pensée de lui faire réaliser qu’elle n’était pas la gamine qu’il pensait avoir en face de lui. Il le savait, ça. Mais c’était toute la barrière de l’âge, juste un chiffre, mais d’une grande importance pour lui, qui gâchait ce tableau.

Quand le repas fut terminé, Maxence desservit le petit îlot sur lequel ils avaient mangé et mis le tout dans le lave-vaisselle. Il se tourna ensuite vers Artémis. « Il va falloir que je travaille un peu sur des dossiers de la Cour, aujourd’hui … » Ça, c’était son mécanisme de défense qui embarquait. Quand il sentait qu’Artémis arrivait trop bien à creuser sa petite place en lui, il s’inventait des excuses pour mettre fin à leur jeu. Jeu qui en était de moins en moins un.