" Yes I'm back here ! " - ft. Jackson

Arrivée depuis plus de 3 semaines à Bowen, je reprenais mes marques petit à petit mais tout n'était pas facile étant donné que beaucoup de choses avaient changé. Mes journées passaient excessivement vite et je n'avais pas le temps de m'ennuyer. Je revoyais mes ami(e)s d'enfance, ma famille et surtout mes défunts parents avec qui je passais quelques heures par jour. Il me fallait du temps pour tout leur raconter, mes visites au cimetière m'avaient manqué mais je ne le réalisais uniquement depuis mon retour. D'ailleurs j'étais retournée dans ma salle de danse afin d'exercer ma passion. J'y avais passé quelques heures aujourd'hui afin de libérer tout ce que j'avais en moi. J'étais revenue ici pour retrouver ma vie d'avant mais également pour trouver Jackson. Cet homme qui m'avait fait tourner la tête et que j'aimais depuis depuis plus de 6ans. Je l'avais dans la peau et je ne pouvais pas l'oublier malgré tous les efforts que j'avais pu faire. C'était évident, cet homme devait être mien mais je ne pouvais pas continuer de l'aimer. Notre amour nous avait tué à petit feu et je m'en souvenais comme si c'était hier. La douleur de cette rupture je la ressentais encore à l'heure actuelle, c'était signe que je n'avais pas totalement tourné la page. D'ailleurs je n'avais jamais eu de vraies relations depuis la notre, je n'avais jamais réussi à me donner amoureusement à un autre.

En revenant à mon appartement j'avais vu un flyer sur un vernissage qu'avait lieu ce soir dans le quartier de Western district. L'un des quartiers les plus vivants de la ville et j'avais hâte de pouvoir aller à cette soirée. J'avais toujours aimé l'art et je savais que j'allais passer de bons moments là bas. Je m'étais mise sur mon 31 afin d'être dans le dresse code. J'avais opté pour une robe courte, blance, qui mettait en valeur mes longues jambes et ma poitrine. Pour les chaussures j'avais mis des escarpins, et pour la coiffure j'avais laissé mes longes cheveux blonds détachés tout en ne mettant pas trop de maquillage. Je préférais être naturelle que superficielle. Je détestais ce genre de personne. 22Heures, me voilà arrivée à destination.

J'entrais dans ce lieu avant de sourire aux personnes qui me regardait. Étrangement je me sentais à ma place, et ici tout le monde me connaissait. Mon histoire était connue ici mais je n'étais pas ici pour parler de mon histoire, juste de prendre du bon temps en voyant des merveilles. « Merci. » Le serveur venait de m'offrir une coupe de champagne et je l'avais saisi avant de boire une gorgée. Mon dieu qu'il est bon! Je sirotais ma coupe avant d'aller vers un tableau qui m'interpellais, j'avais l'impression qu'il me parlait et je restais bloquer devant ce dernier durant de longues minutes. Je pensais déjà avoir vu cette peinture mais j'étais incapable de savoir quand et par qui. Le nom de cet artiste m'étais totalement inconnu. Je me laissais bercer par ce tableau, me laissant totalement coupé de ce vernissage, à tel point que je n'entendais plus les conversations qu'il y avait ici.

La simple idée que ses toiles soient exposées, montrées au grand jour et à quiconque était déjà assez étrange pour Jackson, lui, l’artiste maudit, le junkie qui ne trouvait l’inspiration qu’à travers le coton ouaté de ses délires, le peintre sans bagage qui avait eu besoin de noircir une toile comme on a besoin de respirer, comme échappatoire, comme exutoire, il peignait des visages, des œuvres modernes et abstraites, des silhouettes de femmes, presque toujours blondes, il ne réfléchissait pas, il laissait ses mains parcourir la toile tout simplement, sans aucune prétention mais avec énormément de cœur, toujours. Imaginez-le, aujourd’hui, totalement paniqué à l’idée qu’il soit la vedette d’un vernissage. Parce que oui, il était dans tous ses états, cette surexposition médiatique, il ne l’avait pas souhaité, loin de là, lui il voulait peindre pour lui, il en avait besoin, tout bêtement, mais il avait fallu que quelqu’un tombe sur une de ses œuvres, un jour, un jour tout simple où il avait accepté d’offrir l’un de ses tableaux pour une association caritative et que cette peinture avait plu à l’une des plus grosses fortunes de la ville et que cet homme, Peter Emery, lui en commande d’autres et parle de lui auprès d’autres grands noms de Bowen, c’est fou comme les choses pouvaient aller vite et tout d’un coup, vous dépasser totalement. Il avait été, en quelques mois seulement, propulsé de son atelier miteux d’où il ne sortait jamais, à la lumière crue d’une galerie d’art, à devoir sourire à tous, parler à des journalistes, poser pour des photos, trouver mille raisons qui faisaient de lui un artiste, raconter son histoire, l’enjoliver pour ne pas parler de la drogue, celle qui avait pris la plus grande place dans sa vie, il avait dû s’habiller classe, tailler sa barbe et ses cheveux négligés, se montrer présentable tout simplement et, avouons-le, il avait horreur de ça, il ne se sentait pas à sa place dans ce monde de l’art. Parce que non, il ne se percevait pas comme un artiste, il ne savait pas donner de prix à ses toiles, et encore moins les vendre, il ne savait pas parler de lui ni même sourire aux photographes. Parce qu’il avait été coupé du monde durant une éternité, enfermé dans sa forteresse de solitude avec ses aiguilles et ses songes, il n’était pas sociable et tout ça l’emmerdait, tout simplement. Mais l’idée venait de son agent, parc que oui, Monsieur avait dû prendre un agent, il avait organisé ce vernissage dans l’un des quartiers les plus huppés de la ville, il n’était pas le seul artiste à exposer, ils étaient quatre en tout, quatre jeunes talents émergents et les trois autres s’en sortaient bien mieux que lui pour la promo ! Pourtant allez savoir pourquoi, toutes les attentions étaient portées sur lui, à cause de monsieur Emery qui ne cessait de vanter ses prodiges, il aurait tellement aimé l’envoyer se faire voir ce soir, qu’on le laisse en paix… Mais voilà qu’en détournant le regard il remarqua une silhouette féminine de dos qui s’attardait sur l’un de ses tableaux, la toile était vieille, elle datait d’il y a dix ans, l’une de ses œuvres favorites, elle représentait sa mère, à sa façon à lui, la jeune femme, elle était moulée dans une robe courte et ses longs cheveux dorés tombaient en cascade dans son dos.

Il lui suffit d’une seconde de trop pour qu’un frisson lui parcours l’échine. Jack pris congé de ces autres qu’il avait déjà oublié et s’avança à pas feutré vers la blonde devenue solaire, plus il s’avançait vers elle plus son cœur s’emballait, il attrapa une coupe de champagne au vol qu’il descendit d’un trait et lorsqu’il fut suffisamment près les effluves de son parfum finirent de la trahir. Dos à lui se trouvait celle qui l’avait fait chavirer et qui représentait la source d’inspiration de la plupart des toiles exposées ce soir, il le savait, c’était elle. Maintenant il allait falloir qu’il parle, qu’il dise quelque chose, qu’il sorte de ce mutisme qui s’était soudainement emparé de lui, elle ne l’avait pas encore vu et il ne voulait pas l’effrayer, mille questions se bousculaient dans sa tête sur les raisons de sa présence ici pourtant il hésitait, il avait peur, comme un gosse. C’est alors qu’une grosse voix sonore se fit entendre et une main se posa fermement sur son épaule. « Jackson, mon prodige ! Quel succès tu rencontres ce soir, c’est magnifique n’est-ce pas ?! » Il dû rougir à vue d’œil en se retournant vers Peter Emery parce qu’il en était sûr, elle avait tout entendu. « O… oui, c’est, inattendu et très flatteur, merci beaucoup Peter, vous avez contribué à ce succès. » Il se racla la gorge, gêné, comme pris en flag. Pourtant l’échange fut de courte durée, l’autre fut vite alpagué par une femme et se détourna avec un petit air contrit. « Excuse-moi mon garçon, réserve-moi un verre surtout, on trinquera à ta réussite ! » Puis il fut parti, laissant notre Jack seul face à son destin. Il prit une grande inspiration et sauta dans le vide. « Bonsoir Amy. Quelle surprise. » S’eu put être mieux comme phrase de retrouvailles, pourtant à cet instant il ne savait que dire d’autre, elle était la dernière personne qu’il s’attendait à trouver ici ce soir.

Venir à ce vernissage avait été une décision vraiment simple à prendre puisque j'étais une artiste dans l'âme. J'avais pu mettre mes talents en avant grâce à la danse et j'aimais profondément ce que je faisais. Toutes ses peintures étaient vraiment superbes et je n'arrivais plus à quitter des yeux certains tableaux, surtout celui là. Ce dernier me parlait et j'avais l'impression de le connaître mais c'était impossible puisque je ne connaissais pas ce nom d'artiste. Qui pouvait se cacher derrière cette peinture, un homme ou une femme ? Je me posais constamment cette question mais quelque chose me laissais penser que ça devait venir d'un homme. Un artiste qui savait parfaitement s'exprimer avec son pinceau. Je bus quelques gorgées de ma coupe de champagne avant d'entendre une personne prendre la parole, ce qui me fis presque avaler de travers. « Jackson, mon prodige ! Quel succès tu rencontres ce soir, c’est magnifique n’est-ce pas ?! » Jackson ? Mon Jackson ? C'était lui qui était à l'origine de ce vernissage ? Non ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être lui. Je savais qu'il faisait de la peinture mais j'avais complètement oublié le fait qu'il était vraiment doué. « O… oui, c’est, inattendu et très flatteur, merci beaucoup Peter, vous avez contribué à ce succès. » « Excuse-moi mon garçon, réserve-moi un verre surtout, on trinquera à ta réussite ! » Je fermais les yeux le temps de quelques secondes afin de me reprendre en main afin de ne pas perdre mes mots. « Bonsoir Amy. Quelle surprise. » Je me tournais avant de faire face à Jackson, il n'avait pas changé depuis que j'avais quitté Bowen il y a 5 ans. Même dans mes souvenirs il n'était pas aussi charmant et charmeur. Il avait réussi à me faire perdre pied avec son approche, je ne m'attendais pas à le voir ici mais j'aurai du y penser. « Bonsoir Jackson. » Je le regardais dans les yeux avant de lui sourire très furtivement et timidement. Il semblait surpris de me voir à son vernissage et je l'étais tout autant. Etait-il content de me voir ou est-ce qu'il m'en voulait toujours ? C'étaient des questions qui me passaient actuellement en tête et je savais qu'il s'en posait également, seulement j'allais devoir répondre à ses dernières. « J'espère que c'est une bonne surprise que de me voir ici. » Doucement mais sûrement, je venais de répondre à sa phrase. Puis je regardais le tableau derrière moi tout en reprenant la parole. « Tu es toujours aussi doué qu'avant, tu as réussi à me laisser sans voix avec ce tableau. Il est magnifique. » Quoi de mieux que de parler de ses tableaux afin de débloquer la discussion. Je ne voulais pas rester face à lui, silencieuse, à attendre qu'il trouve quoi dire. « Je ne savais pas que c'était ton vernissage. Je suis sincèrement heureuse que ça marche pour toi. » J'avais toujours cru en lui malgré la peur qui m'avait fait partir, et qui m'avait fait rompre avec lui. Je savais qu'un jour tout son travail finirait par payer et c'était ce qu'il se passait actuellement. Du moins c'était ce que je pensais car au final je ne connaissais rien de sa vie depuis 5ans. Je terminais ma coupe avant de la déposer sur un plateau d'un serveur qui passait à mes côtés. Il fallait que je prenne mon courage à deux mains pour lui parler de choses plus personnelles et non professionnelles. « Je suis revenue à Bowen depuis 3 semaines. » Il devait se poser la question alors autant lui répondre avant qu'il me la pose. C'était la base après tout, mais j'attendais de voir sa réaction et d'entendre ses questions pour en dire davantage. Mes yeux se posèrent sur son visage et je ne le lâchais plus du regard, il m'avait tant manqué. Ses yeux remplis de malice, son sourire ravageur me manquaient. Le voir enfin me faisais du bien et j'avais cette fichue impression d'aller bien. Un sentiment vraiment étrange puisque ça faisait quelques années que je n'avais plus ressentie tout ça.

La foule était de plus en plus dense et même si la galerie était grande, c’était le genre de phénomènes qui avaient tendance à rendre Jackson un peu agoraphobe. Pourtant à cet instant précis il avait tout oublié, la présence des autres et le vernissage en soit. Même son stress et son envie irrépressible d’être ailleurs s’étaient envolés. Il n’avait plus qu’une seule chose en tête, Amy, le frémissement de ses épaules lorsqu’il avait prononcé son prénom, l’oscillation de sa chevelure d’or lorsqu’elle s’était doucement retournée vers lui et puis ses incroyables prunelles azure qui s’étaient posées sur lui pour lui faire face. C’était tout un pan de sa vie qui venait de lui revenir en mémoire, de façon brutale, comme on se prendrait un mur à pleine vitesse. S’il l’avait oublié ? Non, bien évidemment, on n’oublie pas son premier amour, jamais. Mais il avait soigneusement essayé de la mettre dans un coin de sa tête, un tiroir bien fermé, surtout depuis quelques mois, depuis qu’il allait mieux, parce qu’il savait que s’il avait trop pensé à cette fille, il n’aurait jamais tenu clean, il aurait eu besoin de son héroïne pour que le souvenir ne lui brule plus le cœur et l’empêche d’être productif, parce que depuis quelques temps il avait besoin d’avancer, d’entrer enfin dans sa vie, d’en être acteur.
Parce qu’il fallait comprendre que pour Jack, Amy avait été bien plus qu’une fille, elle avait été LA fille, celle qui avait réveillé son cœur et puis qui avait fini par le piétiner, elle l’avait rendu fou, il l’avait aimé, tout simplement. Et lorsqu’elle avait claqué la porte il n’avait pas pu se résoudre à continuer sans elle, avec cette douleur persistante et puis surtout le vide qu’elle avait laissé derrière elle. Mais tout ça c’était de l’histoire ancienne maintenant, c’était ce qu’il s’efforçait à se dire à chaque fois qu’il y pensait, c’était terminé et il devait avancer, point.

Mais la trouver là, face à lui, alors qu’il ne s’y attendait absolument pas et ça foutait en l’air tous ses efforts pour l’oublier. Ce cœur qu’il avait vainement tenté de taire battait maintenant la chamade. Lorsqu’elle lui répondit enfin il ne put réprimer un demi-sourire, presque imperceptible, le son de sa voix avait retenti à son oreille comme une douce mélodie qui réveilla encore mille souvenirs. La question détournée de son ex le prit de court, était-ce une bonne surprise ? Pour l’instant il n’en avait aucune idée, d’aucun aurait dit que oui, à le voir si obnubilé par la blonde. Mais dans le fond était-ce vraiment bon pour Jack de se retrouver face à elle, elle avait fait beaucoup, de bien mais aussi de mal… Il enfonça ses mains dans ses poches, le plus profond possible, comme s’il avait pu s’y terrer tout entier. « C’est… parfaitement inattendu, laisse-moi réfléchir à la question… » Mais Amy semblait avoir compris son malaise alors elle enchaina en parlant du vernissage. Il sourit une nouvelle fois, plus franchement mais tout aussi gêné. Il savait à quel point elle aimait son travail, elle le lui avait dit et répété tellement de fois par le passé, elle l’avait poussé à prendre des cours pour se faire connaitre et faire valoir son art. « Merci. C’est une vieille toile celle-ci, l’une de mes favorites probablement, tu as dû la voir à l’époque… » La fin de sa phrase se termina presque en un murmure, il n’avait aucune envie de lui lancer leur passé en pleine figure, pas ce soir, pas ici. « Je suis tout aussi surpris que toi à vrai dire. J’expose depuis peu, j’ai eu beaucoup de chance je crois. On est plusieurs artistes à être mis en lumière ce soir mais moi je ne fais jamais comme les autres tu sais. Je ne signe pas avec mon nom, j’ai pris celui de mes grands-parents comme pseudo, Stein, c’est pourquoi tu ne t’attendais surement pas à me trouver ici. » Il avait pris un peu plus d’assurance et ponctua son discours d’un sourire espiègle. Signer d’un autre nom c’était un choix très personnel, son propre nom, Monroe, n’était qu’un pseudonyme pour sa mère, si elle ne l’avait pas fait changé, il serait né sous ne nom de Stein alors c’était un juste retour des choses en soit. Il ne s’attarda pas sur le fait qu’elle soit heureuse de son succès, il était encore mal à l’aise sur le sujet de sa soudaine notoriété.

Et puis sans plus tarder elle répondit à cette question qui brûlait les lèvres de notre homme sans qu’il n’ose la poser, elle était cash est sans emphase. Voilà trois semaines qu’elle était revenue. « Et tu… tu comptes rester ? » Il savait qu’elle vivait pour la danse et qu’elle pouvait se produire aux quatre coins du monde, elle en avait le talent alors pourquoi se retrouverait-elle ici, pourquoi revenir ? Il avait du mal à saisir. « Pourquoi ? » C’est peut-être la question qui l’avait le plus travaillé concernant Amy, pourquoi, pourquoi l’avait-elle choisi lui, pourquoi restait-elle avec lui, pourquoi ne le fuyait-elle pas et puis finalement, pourquoi était-elle parti, pourquoi l’avait-elle quitté sans un mot… Pourquoi revenir ? Il n’aurait pas toutes les réponses, pas ce soir, peut-être jamais d’ailleurs, mais en la fixant il n’avait que cela en tête.