N&L. Beelzebub has a devil put aside for me

Oui, l’amitié comme l’amour étaient deux relations bien compliquées dans une vie. Nelligan avait eu son lot de problèmes dans les deux catégories. Il avait bien peur d’avoir perdu Ted pour toujours, là. Ils avaient beau faire semblant que rien ne s’était passé entre eux et continuer à sortir avec leurs amis comme ils l’avaient toujours fait, quelque chose entre eux avait changé. Ce n’était pas pour rien que c’était avec Lou qu’il s’était retrouvé à la fin de la soirée et pas lui. Auparavant inséparables, ils n’étaient maintenant qu’accessoires l’un à l’autre. « J’te le fais pas dire. » Avait donc répondu le jeune homme, sans rien ajouter de plus à ce sujet, car ça résumait très bien le tout, en fait. Lou n’insista pas non plus sur le sujet Ted. Ils verraient, tout simplement, avec le temps. Ils ignoraient encore que le temps effacerait Ted de leur vie. Ils se concentrèrent donc de nouveau sur leur cuisine typiquement québécoise à laquelle Nelligan avait tout de même hâte de goûter, même s’il avait quelques doutes, rien qu’à contempler les trois ingrédients. « Ils ne font vraiment pas de ce plat ailleurs dans le monde ? » Demanda Nelligan, intrigué. Après tout, chaque pays avait ses plats mais on les retrouvait à travers le monde dans des restaurants de cette ethnie. « Tu devrais t’ouvrir un restaurant québécois ici. » Plaisanta Nelligan, même si l’idée n’était pas si bête que ça. Bon, en même temps, il ne savait pas si son handicap rendrait la tâche difficile et puis, Lou n’avait pas fait d’études là-dedans ni rien, alors c’était un peu bête comme idée. Mais Nelligan était toujours un peu bête. Pour le féliciter d’avoir bien formulé une phrase pour une fois, Lou lui envoya une patate découpée en pleine tronche, enfin, si sa tronche avait été le plancher sous le four. En effet, la pomme de terre atterrit au sol et glissa sous le fourneau. « Ah ben bravo. Elle va pourrir là-dessous maintenant. » Dans la tête de Lou c’aurait pu être la table, le frigo, le four, elle ne savait même pas de quoi il parlait, mais lui était déjà trop occupé à se pencher pour aller récupérer le morceau de patate. Il le jeta dans la poubelle. Quand il se releva, Lou avait sorti la friteuse et la voir avec cet instrument qu’il jugeait dangereux pour n’importe qui le rendait encore plus anxieux venant d’elle, mais il s’abstint de tout commentaire. De toute façon, elle lui apprit que cuisiner avait été la première chose qu’elle avait réappris à faire seule. « J’imagine qu’il y a certaines choses qui sont plus difficiles que d’autres à faire seule … ? » Demanda-t-il, curieux et intéressé. Il ne savait toutefois pas si cette question se demandait vraiment, mais bon, tant qu’à laisser une mauvaise impression, autant y aller jusqu’au bout. Pendant ce temps, il continuait à s’occuper de la sauce.