someone that isn't you ~ w/ Vera.

« Tu devrais arrêter de lire des magasines de filles Vera, je t'assure que ça te ferait le plus grand bien. » Et il n'arrête pas, le p'tit. Il se croit tellement malin, devant moi qui n'aura de crédibilité que lorsque mon corps aura enfin évacué tout alcool. Pour le moment, je passe pour la faible, la rigolote petite Vera, alors que j'ai parfaitement conscience de ce que je dis et de ce que je fais, bien que ma manière de dire ou de faire certaines choses sont peu convaincantes. Même si je lis des magazines de filles, ça ne me rend pas moins intelligente que je suis, tu sauras. L'intelligence innée, ça ne se perd pas. Je lève la tête fièrement en l'air, croyant pour une fois lui en avoir bouché un coin. « Admettons que t’aies raison, il me semble pourtant que tu es encore loin des 32 ans, jeune fille ! » Sans même prendre trop le temps de réfléchir, je me précipite à répondre spontanément : Et toi, encore bien loin du 43 ans! Je lui tire la langue, fière de mes précédents exploits qui n'en sont pourtant pas tant. Ça me procure un peu de fierté ce soir, que voulez-vous? Je me contente de tout et de rien à la fois, ça me convient parfaitement dans un état comme celui-ci. « On verra bien ce que l'avenir te réserve. » Je hausse les épaules sans ne rien répondre. Il a sa perception des choses et j'ai la vision des miennes sur le sujet. Et admettons que l'amour sonne vraiment à ma porte... serais-je assez intelligente pour le reconnaître? Si naïve que je le suis, il serait bien probable venant de moi de lui refermer la porte au nez sans même m'en rendre compte. Cela expliquait peut-être pourquoi je suis encore seule, à l'heure qu'il est... Non. Ça, c'est parce que je suis incapable de m'affirmer entièrement avec les hommes et que je ne sais jamais quoi leur dire. Voilà la véritable raison qui explique mon célibat. Je pousse un soupir, haussant vivement les épaules dans le vide, comme si j'entretenais une conversation silencieuse avec moi-même. « Ok, c'est bon, je vais te le dire. » Boooooon. Enfin, il me le dirait. Enfin, il va cracher le morceau. Je m'excite toute seule sur place, impatiente qu'il fasse ses aveux. Est-ce que je la connais? Est-ce que je les verrais bien ensemble? Est-ce qu'il est amoureux d'elle? S'il a gardé le silence aussi longtemps, c'est parce qu'il y a anguille sous roche, et qu'il ne peut l'oublier. Ah! Elle n'est pas toujours si idiote, la petite Vera... « Effy. Elle s'appelle Effy. » Effy? Ouah! La bouche en forme de O, j'essaie de faire passer le choc et l'étonnement suite à l'aveu de l'identité de la personne avec qui il a eu une aventure. Ta Effy? Je pousse un petit cri de joie. Effyyyyyyy! Tu te fiches de moi? Effy, ouaaaah. Je souris à pleine dents, heureuse qu'il m'ait enfin dit la vérité. J'ai le tournis qui reprend, et je commence à avoir la bouche pâteuse. Je pourrais avoir un autre verre d'eau, s'il te plaît? J'irais bien me le remplir moi-même, mais je risque de tomber... Puis, comme je le vois se lever, je demande fièrement, mais discrètement : Et ce n'était vraiment qu'une aventure? Ou y a-t-il plus que ça? Je commence à le connaître quand même plutôt très bien, Levi et.. il y a anguille sous roche, dans cette nébuleuse histoire secrète.

« Même si je lis des magazines de filles, ça ne me rend pas moins intelligente que je suis, tu sauras. L'intelligence innée, ça ne se perd pas. » Évidemment que tu profitais de la situation. C'était une véritable aubaine que d'avoir une conversation avec ta jolie voisine alcoolisée. Elle qui habituellement était d'une sagesse à peine concevable et d'une pertinence à toute épreuve, ce soir elle semblait être comme à court d'arguments, se forçant à chercher et trouver la réplique qui te ferait taire une bonne fois pour toute. « Évidemment que non elle ne se perd pas ! J'suis même sûr qu'elle est bien enfouie sous les litres d'alcool que t'as ingurgité ce soir. » Dis-tu, en souriant face à son attitude toujours aussi amusante. « Et toi, encore bien loin du 43 ans! » Au final, quand on y pensait, ce n'était pas si loin que ça. Tu avais actuellement 27 ans, et tu avais l'impression que ta vie défilait à une vitesse incroyable, te laissant à peine le temps d'en profiter. « Et ça me rassure d'en être encore loin. » Lui avouas-tu, presque avec une once de nostalgie dans la voix. Bon, ce n'était vraiment pas le moment de plomber l'ambiance. Surtout que dans son état, avec ses émotions et ses réactions décuplées par l'alcool, il était dix fois plus facile de passer du rire aux larmes en un quart de seconde. Et à vrai dire, tu n'avais pas vraiment envie qu'elle te fasse une crise dans ton salon en plein milieu de la nuit. Alors, il était préférable de changer de sujet rapidement. Bon, tu aurais bien aimé éviter le sujet sur lequel vrilla votre conversation. Parler de tes aventures avec la fille que tu considérais comme ta petite sœur, tu t'en serais effectivement bien passé. « Effyyyyyyy! Tu te fiches de moi? Effy, ouaaaah. » Eh merde, elles se connaissaient. Tu te mordais déjà les doigts à l'idée que Vera te pose un tas de questions, parce-que visiblement, c'était bien ce qu'elle comptait faire. « Je pourrais avoir un autre verre d'eau, s'il te plaît? J'irais bien me le remplir moi-même, mais je risque de tomber... » Un léger rire s'échappa de tes lèvres en entendant ses paroles. C'est que cette nouvelle la marquait vraiment. Tu te levas pour aller remplir son verre d'eau, avant de revenir vers elle. « Et ce n'était vraiment qu'une aventure? Ou y a-t-il plus que ça? » Si t'avais su, t'aurais glissé deux/trois somnifères dans son verre pour qu'elle te fiche la paix. « La curiosité est un vilain défaut Vera, tu ne l'as pas appris dans tes magasines ? » Plaisantas-tu, avant de reprendre un ton un peu plus sérieux. « On se connaît à peine, ça a juste un peu dérapé cette nuit-là. C'est tout. » Bien sûr que non, ce n'était pas tout. Et c'était bien ça le problème. Mais toi, tu étais un professionnel quand il s'agissait de mettre de côté les problèmes justement. « Dis, ça te dit qu'on aille dormir ? Je commence à fatiguer, et je pense que c'est mieux pour toi aussi que tu te reposes. » Finis-tu par dire, cherchant une excuse pour te sortir comme tu le pouvais de cette conversation. « Et en plus, tu as le choix, soit le canapé, soit le lit ! Mais si tu choisis la dernière option, tu vas être obligée de la partager. » Tu voulais bien être gentil, mais ce n'était pas pour autant que tu lui céderais la totalité de ton lit, surtout que dormir sur le canapé n'était vraiment pas dans tes plans ce soir.

« Évidemment que non elle ne se perd pas ! J'suis même sûr qu'elle est bien enfouie sous les litres d'alcool que t'as ingurgité ce soir. » Je demeure bouche-bée, arborant une moue boudeuse pendant un long moment, alors que je ne sais plus quoi répondre. C'est injuste. Il détient le gros bout du bâton, alors que je suis prise au piège au bout du fil, incapable de me sortir de cette situation dans laquelle je me suis mise, bien malgré moi. Enfin... c'est moi qui ai pris la décision de prendre quelques verres de plus qu'à l'habitude, mais ne connaissant pas mes limites, je n'avais aucune idée de jusqu'où ces quelques verres de trop me mèneraient.. Et Levi l'a bien remarqué, puisqu'il ne cesse de se moquer de moi, encore et encore. Je vais partir, si tu continues..., dis-je alors, pour me défendre et le persuader de me donner une chance. « Et ça me rassure d'en être encore loin. » Le boudant toujours, je le surveille toutefois du coin de l'oeil. J'en profite pour, à mon tour, essayer de le piquer gentiment au vif. T'en es peut-être encore loin, mais je te trouve déjà pas mal vieux, moi... Moi, toute jeune et fraîche, j'allais avoir bientôt vingt-un ans. Lui, le grand frère, il allait avoir vingt-huit ans. C'est loin d'être vieux, mais... et s'il n'avait pas hâte, d'atteindre la trentaine? J'en connaissais plusieurs qui n'étaient pas tellement excités à l'idée d'atteindre le quart de siècle, alors imaginez la trentaine! Tout s'emballe par la suite lorsque Levi m'avoue avec quelle femme il a eu une aventure. Je m'exclame un peu trop à l'entente du nom d'une fille que je ne connais que trop bien. Effy. Je n'en croyais pas mes oreilles, mais m'emballais déjà à l'idée qu'ils puissent, peut-être, former un couple... Non, c'est que je crois aux contes de fées, et rien qu'à la possibilité que deux amis proches puissent s'attirer comme des aimants me rend toute joyeuse. « La curiosité est un vilain défaut Vera, tu ne l'as pas appris dans tes magasines ? » Voilà qu'il essaie encore de détourner le sujet, auquel je me raccroche solidement : Mon père m'a toujours dit que c'était plutôt une qualité. Je lui tire la langue sans gêne, appréciant finalement le verre d'eau qu'il me rapporte et qui me soulage réellement. « On se connaît à peine, ça a juste un peu dérapé cette nuit-là. C'est tout. » Sans jamais perdre mon sourire, je secoue vivement la tête de gauche à droite en le pointant du doigt. Ne me mens pas. Je te connais, Levi. Et à te voir fuir la réalité comme tu le fais, j'en déduis que c'est loin d'être tout, comme tu dis. Je peux être têtue, ce qu'il doit avoir remarqué, bien à contre-coeur. « Dis, ça te dit qu'on aille dormir ? Je commence à fatiguer, et je pense que c'est mieux pour toi aussi que tu te reposes. Et en plus, tu as le choix, soit le canapé, soit le lit ! Mais si tu choisis la dernière option, tu vas être obligée de la partager. » Il avait bien raison.. Je commençais à fatiguer. L'alcool aidant, j'avais les yeux et le corps lourds. Mais je ne souhaitais pour rien au monde lâcher le morceau. J'y reviendrais plus tard, s'il le fallait. Plus tard, mais je n'oublierais certainement pas cette conversation. Je compte bien l'harceler un peu par SMS, s'il le fallait. Et le lendemain aussi, et l'après-lendemain... Je prends le lit. Tu ne vas quand même pas me laisser passer la nuit sur ton canapé pas confortable? Je me lève alors, titubant toujours un peu, bien que ce soit moins pénible qu'à mon arrivée. Je me dirige vers sa chambre, pour m'écraser dans son lit. Si tu me passes un de tes t-shirts, ce serait gentil. Question que je passe pas la nuit dans ma robe, c'est pas tellement confortable. Je lui souris agréablement en attendant qu'il me passe le tout et s'installe. Je ne mettrais probablement pas bien longtemps avant de m'endormir, en réalité...

« Je vais partir, si tu continues... » Tu souris à ses paroles et à cette mine boudeuse qu'elle arborait à présent. Bon, ça y est, tu étais fier de toi, tu avais gagné le jeu. Maintenant, tu pouvais arrêter de jouer au gros lourd en lui rappelant sans cesse qu'elle était bourrée, même si ce n'était que pour la taquiner. Tu te rapprochas donc de la jolie jeune femme, en restant toujours assis à ses côtés, et tu passas ton bras autour d'elle. « Tu ne le feras pas. Parce-que déjà, tu ne peux pas te lever. En plus, t'es sans logement ce soir, et pour finir, tu m'aimes trop pour me quitter. » Finis-tu par dire, en lui adressant un petit clin d’œil malicieux. Bon même si t'étais à peu près certain de tes deux premiers arguments, tu n'étais pas sûr qu'elle confirmerait le troisième vu comment tu l'avais cherché tout au long de la soirée. « T'en es peut-être encore loin, mais je te trouve déjà pas mal vieux, moi... » Tu ne pus t'empêcher de rire face à ses paroles. Ben ouais, Vera entrait à peine dans la vingtaine et toi, tu n'allais pas tarder à en sortir. Ça pouvait foutre un coup au moral de voir les choses comme ça. « Heureusement quand même que le "vieux" est là pour veiller sur toi, non ? » Lui dis-tu, un sourire en coin des lèvres. Plus sérieusement, tu aimais jouer au grand frère avec elle. Tu ne pouvais pas t'empêcher de savoir si elle allait bien, et ce soir plus que jamais, tu étais ravi d'être resté chez toi pour l'accueillir. En vint alors la discussion sur ton aventure de la nuit dernière, discussion qui eut d'ailleurs pour effet d'attiser toute la curiosité de la jolie blonde. « Mon père m'a toujours dit que c'était plutôt une qualité. » Le regard fuyant, tu espérais mettre vite un terme à cette conversation qui te mettait assez mal à l'aise. Tu ne dévoilais jamais tes sentiments. Jamais. C'était la règle d'or que tu t'étais interdit d'enfreindre. Surtout que tu avais déjà du mal à accepter toi-même ce que tu ressentais, alors il était clair que le dévoiler aux autres était quelque chose d'impensable pour toi. « Ne me mens pas. Je te connais, Levi. Et à te voir fuir la réalité comme tu le fais, j'en déduis que c'est loin d'être tout, comme tu dis. » Tu laissas un instant un court silence planer avant de reprendre. « Je ne fuis pas la réalité, bien au contraire. La vie n'est pas un conte de fée et jusqu'ici, elle l'a prouvé à tous. » Qui pouvait vivre une vie parfaite sans la moindre ombre au tableau, sans le moindre malheur ? Personne. Parce-que la vie n'épargnait absolument personne. La vie n'était pas une jolie bulle rose faite de strass et de paillettes. Non, ça c'était des conneries. Et c'était une bien triste réalité. « Je prends le lit. Tu ne vas quand même pas me laisser passer la nuit sur ton canapé pas confortable? » Tu haussas les épaules, la regardant traverser le salon comme elle le pouvait, se frayant un chemin en zig-zag jusque ta chambre où elle s'effondra littéralement sur le lit. « Si tu me passes un de tes t-shirts, ce serait gentil. Question que je passe pas la nuit dans ma robe, c'est pas tellement confortable. » Tu lui souris, allant chercher un t-shirt ample pour Vera, histoire que ce soit confortable pour cette nuit avant qu'elle ne découvre le mal de tête qui l'attendait le lendemain. Tu revins vers elle, lui balançant le t-shirt, avant d'enlever le tien. Ben oui, ce n'était pas parce-que la jeune femme était dans ton lit que tu n'allais pas te mettre à l'aise. Tu te retrouvas donc en boxer et te glissas sous la couette.

« Tu ne le feras pas. Parce-que déjà, tu ne peux pas te lever. En plus, t'es sans logement ce soir, et pour finir, tu m'aimes trop pour me quitter. » Il doute de mes capacités actuelles, mais il devrait également me craindre, lorsqu'il est question de dire ce que je pense. Je ne le ferai pas? Il veut me tester à ce jeu, vraiment? Je souris en coin, alors que je m'imagine quitter le canapé pour sortir, sans un mot, en lui ayant d'abord dérobé sa couverture, pour ensuite m'endormir sur le palier de son appartement, question d'orgueil. Même pas capable, qu'il me dirait. Mais... ouais, non. Pas ce soir, en fin de compte. Je serais incapable de me rendre jusque là, même. Pas si sûre de ça, que je t'aime, moi! Je lui tire la langue en prenant toujours ce même moue boudeuse que je lui décerne avec un peu trop de fierté, d'ailleurs. Je ne me rends pas compte à quel point il peut se moquer de moi, au fond. « Heureusement quand même que le "vieux" est là pour veiller sur toi, non ? » Le soucis, c'est que Levi fait le fier, aussi. Il ne cesse de rigoler au gré de son humeur. Je lui rendrai la pareille, dès que j'en aurai l'occasion. Mais j'en conviens, et finis par céder. Il méritait ma gratitude, mon cher petit voisin d'amour. Tu as raison. Merci infiniment, Levi chéri. Je rigole de bon coeur, mais la conversation dérive bien rapidement sur autre chose, son aventure avec Effy. Il s'agit d'ailleurs d'une bonne amie à moi, qui m'en raconte beaucoup sur sa vie et j'en fais de même. Notre relation d'amitié est basée sur la confiance et nos confidences demeurent secrètes. Toutefois, il est clair que j'irai lui tirer les vers du nez, une fois que j'aurai retrouvé toute mon énergie, mes capacités et que je saurai tenir sur mes deux jambes comme une grande fille. « Je ne fuis pas la réalité, bien au contraire. La vie n'est pas un conte de fée et jusqu'ici, elle l'a prouvé à tous. » Il me sort ça, et ça m'exaspère. Il y a de quoi. Tout le monde sait que la vie n'est pas un conte de fées. Je le sais, bien que j'y crois encore et depuis toujours. Je sais que la vie n'est pas un conte de fées, et Levi aussi, mais de là à fuir une histoire qui pourrait être belle pour une raison qu'il ne prend pas la peine de m'expliquer... C'est idiot. À penser comme ça, tu vas tomber amoureux et Effy va te filer sous le nez, seulement parce que tu t'imagines que rien ne peut être parfait et qu'il n'y a pas de quoi mettre tes sentiments sur la table. Un peu déçue de son comportement vis-à-vis de cette histoire et parce qu'il est temps d'aller dormir un peu, je me lève en direction de sa chambre, m'écrasant sur son lit, en attente d'un de ses t-shirts, qu'il ne met pas de temps à me remettre. Il est ample, confortable, beaucoup plus que ma robe que je suis parvenue à retirer d'un simple petit tour de mains, profitant de sa brève inattention pour me recouvrir. Quant à Levi... il se dévêt sans trop de gêne, filant sous les couverture en boxer et torse nu. Je reste bouche-bée une brève seconde, un sourire naissant à la commissure de mes lèvres, alors que je tire un peu de couvertures vers moi et que je ferme les yeux, prête à dormir. Au moins, si je meurs vieille fille, je pourrai toujours dire que j'ai eu la chance de dormir dans le même lit que le plus bel homme de Bowen. En sans même attendre de réponse de sa part, je m'endors à peine quelques secondes après, l'alcool m'aidant sûrement à trouver sommeil. Quelle drôle de soirée... !

FIN.

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