Aisling & Hayden

La journée a été longue. Le chômage commence à lui taper sur les nerfs et ce depuis plusieurs semaines déjà. Certes, il pourrait trouver du travail ce fainéant, mais ce dernier mot explique tout de pourquoi il n’en cherche pas. Et puis, il ne faut pas se mentir ! C’est tellement facile de vivre sur l’argent que l’on pique dans le portefeuille de son meilleur ami. Pourtant, les séries télévisées que le jeune homme regarde sont presque toutes épuisées. Son stock de film est également vide et quant aux sites porno qu’il a l’habitude de regarder… Il ne trouve plus aucune nouvelle vidéo qui l’intéresse… Il soupire une énième fois, bougeant son regard entre le paquet de céréales – absolument passionnant – et la télécommande de la télévision. Puis, il finit par se lever sur un coup de tête. Il enfile une chemise, ses chaussures, puis une veste et claque la porte de l’appartement avant d’appeler un taxi qui passait justement devant chez lui dans la rue. Une fois arrivé en centre-ville, il paye la note avant de déambuler dans les rues à la recherche d’une occupation. Cela devient vraiment pesant de ne pas connaitre grand monde et d’être loin de sa ville d’origine en fait… Finalement, il arrive dans une petite ruelle un peu étrange où il n’est jamais venu jusqu’à maintenant et il aperçoit une demoiselle, habillée d’une mini-jupe. Il la trouve aussitôt très jolie, cela va sans dire. Il s’approche alors et lui demande, absolument convaincu d’avoir à faire à une « professionnelle ».

« Vous prenez combien pour la totale ? »

Une journée sans boulot, une journée sans cours, une journée où elle pouvait être tranquille. La seule chose dont elle avait envie c'était de rester en boule dans son lit et de faire sa larve jusqu'au lendemain. Mais ce n'était pas raisonnable et elle savait tout à fait ce qu'elle couvait, non pas une maladie mais un pseudo traumatisme. Elle n'avait plus envie de sortir parce qu'elle n'avait pas envie de se retrouver au milieu d'une tempête. Certes, depuis ce fameux épisode elle était sorti un certain nombre de fois, mais toujours le moins possible et jamais tout à fait à l'aise. Et puis il y avait cette cicatrice sur son bras qui, même si elle tendait à partir, n'avait toujours pas disparu et qu'elle avait du mal à assumer. Aisling soupira avant de regarder par la fenêtre. Il faisait beau, vraiment. Elle devrait profiter du Soleil, faire quelque chose, dehors. La blonde se leva donc, enfila un haut à manches courtes et une jupe légère, son sac et sortit.

Marchant dans les rues de Bowen, elle ne put s'empêcher de regarder vers la mer, vérifiant qu'il qu'aucun cyclone ne se dirigeait vers elle. Elle était stressée, sûrement parce qu'elle était seule, qu'elle n'avait pas de but précis et qu'elle était stupide. Oui, ça c'était sûrement une explication. Elle bifurqua alors dans une ruelle sombre et s'adossa contre un mur. Il fallait qu'elle se détende, absolument. Elle sortit donc une cigarette de son sac et alors qu'elle l'allumait, un homme s'approcha d'elle. Elle n'y fit d'abord pas attention puis sa question l'interpella. Elle leva les yeux vers lui, se demandant si elle avait mal entendu. Mais visiblement... non. Il avait bien choisi son jour lui, déjà qu'elle n'était pas d'un naturel adorable. Elle le fixa dans les yeux, tentant de se calmer en tirant sur sa clope. Mais c'était plus fort qu'elle, elle laissa une claque partir dans la figure de l'inconnu, vexée qu'il l'ai prise pour une prostituée.

-Ça dépend, t'aime le BDSM ?

Son ton était à peu prés calme mais ses yeux lançaient des éclairs. Lui il était mal parti pour être bien vu.

A peine ais-je posé ma question que je me retrouve, sans m’y attendre avec un gifle sur la joue. Je reste interloqué, ne comprenant pas ce qu’il se passe. Le BDSM ? Si c’est sa spécialité ou une pratique des professionnelles de Bowen, il aurait définitivement fallu que je me renseigne avant. Décidément, les pratiques en Australie et aux États-Unis sont vraiment différentes…

« J’ai jamais vraiment testé mais ça peut s’arranger si c’est ce que vous préférez… » Répondis-je alors.

Je me frottais la joue car le coup avait tout de même claqué. Puis, je regarde la jeune femme dans les yeux et là, je comprends enfin que j’ai dû me méprendre à y lire ce qui semble être une rage folle. J’ai l’impression que des éclairs vont sortir de ses yeux pour venir me poignarder en plein cœur et me donner un choc électrique qui me clouera sur place.

« Désolé si je me suis mépris. Une femme seule dans une ruelle sombre, habillée de manière sexy, ça me semblait évident… Mais bon, faut croire ce qu’on dit : les hommes ne réfléchissent pas avec leur cerveau… »

Je parle des hommes en général mais au final, je pense surtout à moi avec cette phrase. Il est bien connu que mon cerveau est régulièrement très mal irrigué. Et quitte à être parti sur une mauvaise pente avec la jeune femme, je continue sans m’en rendre compte sur ma lancée de gros crétin.

« Bon au moins, c’est cool, je n’aurais pas besoin de payer… » Sous entendu que si elle est partante, on peut faire ça gratuitement… Mais dès que les paroles sortent de ma bouche, je me rends compte de ce que je viens de dire et j’essaye tant bien que mal de me faire excuser, espérant qu’elle aura juste compris que ça m’éviterait de sortir de l’argent du porte monnaie… « Je t’offre un café pour me faire pardonner ? »

A quel point est-ce qu'il était stupide ? Il lui fallu clairement un moment avant de comprendre que, non, elle n'était pas une prostituée. Et sa justification était loin d'améliorer sa situation.

-L'espèce humaine a du mal à réfléchir. Visiblement, t'en es un parfait spécimen.

Une femme seule dans une ruelle sombre avec une mini jupe et ça y est, elle était immédiatement cataloguée de pute. A quel point est-ce que la société touchait le fond exactement ?
A sa réplique suivante, les yeux d'Aisling s'arrondir. On pouvait être stupide et ne pas réfléchir mais là... Est-ce qu'il se rendait compte de ce qu'il disait ? Putain, si elle avait eu une arme elle aurait tiré, juste pour éviter qu'il se reproduise un jour.

-Un café ? Il faudrait plutôt une bouteille de vodka entière là vu le niveau de ta connerie.

Fallait voir le bon côté des choses, il n'avait pas l'air méchant. Jetant sa clope, elle l'écrasa de son talon avant de soupirer et de tourner les yeux vers lui de nouveau.

-Ça t'arrive souvent de prendre n'importe quelle fille habillée court pour une pute ?

Je hausse les épaules à sa remarque. On me fait souvent des critiques mais franchement, ce que les gens peuvent penser de moi, je m’en fous royalement. Je dirais même que ça a tendance à me faire bien rire. Je crois que si je commence à prendre tout au pied de la lettre, j’en aurais vraiment pas fini et je n’ai aucune intention de commencer à me remettre en question, au plus grand désarroi de mon colocataire. Finalement, histoire de m’excuser, je lui propose un café mais ça n’a pas l’air de lui convenir.

« Ça peut toujours s’arranger… »

Je n’ai sans doute pas assez d’argent pour payer une bouteille entière dans un bar mais si on va dans un supermarché et qu’on se pose quelque part pour boire la vodka, ça devrait largement le faire… Faut que je lui propose…

« Il y a une supérette au bout de la rue, je peux toujours te l’acheter ta bouteille de vodka… »

Elle a l’air un peu exaspéré mais je peux la comprendre. Je suis loin d’être un parfait gentleman il faut dire. Puis, elle me demande si ça m’arrive souvent de prendre les demoiselles pour des prostitués.

« Non, d’habitude elles le sont vraiment alors la question se pose pas… »

En même temps, je suis désolé mais la situation porte vraiment à confusion selon moi !

Aisling haussa un sourcil surprise quand il lui dit que ça pouvait s'arranger. A vrai dire, elle ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il rebondisse sur sa petite râlerie. Elle attendit qu'il finisse son explication pour esquisser un sourire. Finalement, son cas n'avait pas l'air si désespéré que ça. Elle pouvait peut-être faire quelque chose de lui, pour la distraire pendant ce long après-midi.

-Ok faisons ça.

La blonde se décolla du mur pour pouvoir le suivre jusqu'à supérette.

-Donc t'es client régulier des prostituées ? Je note, ça peut toujours servir.

Des fois qu'elle ait besoin de se rappeler qu'il avait possiblement des mst et que donc ce serait une très, très, très mauvaise idée de coucher avec lui.

-Après on va boire où ?

Il fallait relever la gentillesse d'Aisling dans ce "on" puisque cela signifiait qu'elle l'autoriserait à boire sa bouteille (qu'il lui aurait acheté mais tout de même la sienne)

Je rebondis tel un renard qui trouverait sa nouvelle ruse, à chaque fois que l’on s’y attend le moins et j’avoue que ça me rend encore plus fier de moi que d’habitude. Elle accepte ma proposition d’aller chercher une bouteille de vodka alors je lui souris, satisfait. On commence alors à marcher et je fais des petits pas, comme j’en ai l’habitude dès que je parle en même temps. On ne vous a jamais dit que j’ai des tics bizarres ? Maintenant, vous le saurez au moins… « Non pas vraiment… Mais avant j’adorais faire la comparaison des tarifs alors je m’amusais à leur demander. » Elle va me prendre pour un fou, c’est certain et pourtant, c’est la vérité tout ça. Adolescent, j’avais dû faire une enquête et c’est une des idées qui m’étaient passées par la tête. A l’époque, j’étais bien trop jeune pour rencontrer les professionnelles du sexe, mais plus tard, j’avais trouvé ça vraiment drôle, avec Oona, amie de l’époque, de m’y atteler. Je garde mon air le plus sérieux et pourtant, j’anticipe déjà une moquerie ou le fait qu’elle ne me croit pas alors je reprends de plus belle. « Et le pire dans tout ça, c’est que c’est vrai… Et je ne sais pas si ce qui fait le plus pitié c’est ça ou le fait de vraiment côtoyer des femmes du métier… » Et je me mets à rire légèrement, conscient du ridicule de la situation.

On arrive rapidement près de la supérette et la jeune femme me demande où est-ce que nous allons boire. « Tu as une idée ? Je ne connais pas trop les lieux… Genre un banc dans un parc ? Enfin vraiment comme tu veux… » On pourrait s’asseoir par terre en pleine rue et s’amuser à bloquer les voitures pendant des heures que ça me ferait juste rire… J’entre dans la boutique avant de me diriger au rayon convoité et j’attends qu’elle choisisse la marque qu’elle préfère.

Aisling arqua un sourcil avant d'esquisser un moment de souvenir à sa révélation. Comparer les tarifs, sérieux ? Mais à quel point il se faisait chier au juste ? Enfin surtout si ça n'avait pas vraiment de but, si c'était juste pour savoir.

-Ouais mais, ça a pas d'intérêt si tu connais pas le rapport qualité/prix.
Bah oui, c'est bien beau de comparer les tarifs, mais bon, c'est pas en prenant le plus cheap qu'on est le plus satisfait.
Quand il lui dit que le pire c'est que c'était vrai, Aisling secoua la tête, un peu amusée. Elle n'avait même pas mit sa parole en doute. Sérieux qui aurait utilisé ce genre d'excuse ?

-T'avais vraiment des occupations bizarres. Mais en tout cas, je plains ces femmes là, surtout si en plus elles doivent supporter des gamins qui veulent juste comparer les prix... ça doit pas être drôle tous les jours.

Non clairement pas. Pour rien au monde elle ne ferait ce boulot là et ce même si elle était en manque d'argent. Elle trouverait un truc, n'importe quoi, mais pas ça.
Ils arrivent devant le magasin et se dirige directement vers les bouteille de vodka. En choisissant, Aisling réfléchit à où ils allaient bien aller consommer puisque lui ne semblait pas avoir d'idée. Attrapant une bouteille, elle lui tendit pour qu'il la paye, le suivant jusqu'à la caisse.

-Faudrait quand même éviter un endroit où on pourrait croiser des gamins.

Elle était loin d'être une fille responsable, mais tout de même.

-On pourrait aller dans un coin de forêt ?

Je hausse les épaules quand elle m’annonce qu’elle ne voit pas d’intérêt à mon occupation. En même temps, je n’ai jamais annoncé que ce que je fais a une quelconque utilité, si ce n’est de me passer le temps, ou de me procurer un petit plaisir particulier (rien de sexuel, on se calme !) « C’est parti d’un truc pour l’école, quand j’étais ado. Puis j’ai continué, sans trop savoir pourquoi… » Je tente de lui expliquer, sans chercher pour autant à ce qu’elle comprenne. Je pense que la seule chose à retenir est que je suis un homme vraiment étrange et que personne n’arrivera jamais à me faire changer, au plus grand regret de certains de mes proches. « Pour ce qui est de la qualité… J’avoue ne pas avoir trop envie de me choper des MST ! » J’ai peut-être des préjugés et ma phrase est totalement idiote étant donné le nombre de plans cul que j’ai accumulé ne serait-ce qu’en 2015. Néanmoins, j’ai cette pensée stupide en tête que l’homme qui serait passé avant moi est un vieux de 75 ans tout fripé et honnêtement, je n’ai aucune envie de fourrer ma bite là-dedans 15 minutes après… Au moins, les demoiselles que je ramène à la maison sont propres (en général) et la plupart ne couchent qu’avec des hommes beaux et jeunes (comme moi quoi :DD). Pour ce qui est de sa réflexion sur le malheur de ces femmes, je n’y réponds pas car je ne pense pas pouvoir y amener une critique constructive.

Arrivés à l’épicerie, elle me tend la bouteille qu’elle a choisie et on se dirige vers la caisse où je paye. Heureusement que j’ai pensé à piquer des sous à Matt encore une fois, sinon j’aurais été bien en galère. Je hoche la tête en entendant sa réponse. Il est en effet préférable d’éviter les mineurs, histoire de ne pas avoir de problèmes avec la loi, mais surtout d’être tranquilles. « Je crois qu’il y en a une pas loin d’ici donc ouais, pourquoi pas. » Je ne sais plus où exactement mais bon, elle doit savoir… Du coup, on commence à marcher et histoire qu’il n’y ait pas un blanc de 30 minutes jusqu’à l’arrivée à destination, je lui demande : « Et du coup, tu fais quoi dans la vie, à défaut de faire le tapin ? »

Un truc pour l'école ? L'école ne lui avait quand même pas demander d'aller voir des prostituées... En fait elle n'avait pas vraiment envie de savoir pourquoi il faisait, c'était chelou c'est tout. Elle leva les yeux au ciel quand il lui dit ne pas vouloir chopper de mst, comme tout le monde en somme... Mais du coup, il devrait peut-être éviter d'aborder des filles dans la rue et ce pour la sécurité de ses parties génitales, dans tous les sens du terme.

-Et du coup tu t'es dit que j'étais trop jeune pour en avoir 150 ?

Fallait bien qu'elle tente de trouver une logique à ce qu'il faisait. Il devait bien y en avoir une...

Arrivés au magasin, elle choisit une bouteille qu'il paya puis ils se mirent à réfléchir sur l'endroit où la consommer et la forêt sembla adoptée à l'unanimité.

-Ouais y en a une tout prés, j't'emmène.

Il n'avait pas l'air d'être sûr de la direction et elle, elle était guide touristique à temps partiel alors elle pouvait au moins faire ça. Elle se demandait parfois comment elle faisait d'ailleurs, supporter les touristes... C'était du sport parfois, surtout pour ses nerfs. Quand il lui demanda ce qu'elle faisait dans la vie, elle arqua un sourcil à la référence de sa méprise.

-Tu ne devrais pas essayer d'empirer ton cas.

Plus il allait lui rappeler, plus ça allait l'énerver, et bourrée on ne savait pas trop ce qu'elle pouvait faire la blonde...

-J'étudie la zoologie, et je fais guide touristique pour payer le loyer. Et toi, à part tenter de baiser ?

Une nouvelle fois, je hausse les épaules en guise de réponse. Comme je lui ai dit, c’était surtout pour mon enquête stupide habituelle, rien de plus. « Je ne me suis pas vraiment posé la question. » Je finis par lui avouer. J’ai du mal à cerner l’âge qu’elle peut avoir exactement mais j’espère au moins qu’elle est majeure. Plus jeune que moi par contre, ça c’est sûr. Mais en tout cas, elle est jolie et sa tenue très sexy, comme vous l’aurez déjà compris. Je suis un peu blasé de moi-même, de m’être trompé de la sorte et du coup, de passer pour un idiot. Mais ça met fin à la discussion. On part vers l’épicerie. On achète la bouteille. Puis, on se dirige vers une forêt. Original comme lieu vous ne trouvez pas ? Pour une première rencontre. Si quelqu’un sort le mot « rendez-vous », je le fusille sur place, parole de scout ! Juste un moment entre inconnus qui ne se reverront sans doute jamais, parce que je dois me faire pardonner et qu’elle n’a sans doute rien de mieux à faire, tout simplement.

Et avec ma question, je me rends bien compte que j’empire mon cas, comme elle dit mais c’est la spécialité d’Hayden Rickemoore ça, et une des choses qui fait que je suis si adorablement détestable ! Je souris bêtement, car lorsque je taquine les gens, j’en suis assez fier. « La zoologie, sérieux ? » J’écarquille grand les yeux parce qu’immédiatement, ce qui me vient en tête, ce sont des vidéos étranges avec des animaux et des humains en train de… Ouais ouais, je vous épargne les détails. Mais bon, il faut que je revienne sur Terre car ce n’est pas possible que ce soit le fruit de ses études. Je reprends tant bien que mal mon sérieux, avant d’essayer de dire quelque chose d’intelligent. « Du coup, tu aimes beaucoup les animaux j’imagine. » Oui, c’est pas trop bête ça, même si c’est d’une évidence née. « Tu rêves de devenir véto ? » Ou pas du tout d’ailleurs parce qu’il y a plein de métiers dans le domaine… « Moi, rien d’intéressant en fait… Je bosse sur la conception d’une appli et j’enchaine les petits boulots… Rien de bien passionnant quoi. » Ça se voit tant que ça que je ne suis pas quelqu’un de stable dans la vie ?

Quand Hayden lui demanda ce qu'elle faisait dans la vie, elle lui répondit honnêtement et sa réponse sembla grandement l'étonner. A quoi pensait-il ? Qu'est-ce qu'il était entrain d'imaginer ? Qu'avait-il d'étonnant à ce qu'elle étudie dans ce domaine en particulier ?

-Ouais, la zoologie, pourquoi ?

Elle ne voyait absolument pas ce qu'il y avait de choquant là-dedans. Est-ce que c'était parce qu'il ne connaissait pas le mot ?
Il fit la remarque qu'elle devait aimer les animaux, ouais bah c'est sûr, elle n'était pas particulièrement masochiste pour étudier quelque chose qu'elle n'aimait pas.

-On peut dire ça comme ça. Disons que je les trouve beaucoup plus intéressants que les hommes.

Beaucoup plus logiques, beaucoup plus fascinants à étudier, à observer à comprendre des centaines de processus d'adaptation différents.

-Non pas véto, zoologue.

Elle ne pouvait pas lui en vouloir, le métier le plus connu dans le domaine c'était bel et bien vétérinaire. Mais non, trifouiller dans les entrailles des vaches et stériliser les chats, c'était pas vraiment son rêve.
Elle l'écouta lui raconter ce qu'il faisait et esquissa un espèce de sourire en concluant que ce n'était pas passionnant. Pour les petits boulots, elle n'aurait pas aimé être à sa place, déjà que son job d'étudiant avait tendance à la faire chier...

-Quoi comme appli ?

Aisling elle savait aussi s'intéresser à la vie des gens, parfois. Arrivant à l'entrée de la forêt, elle bifurqua entre les arbres pour pouvoir trouver un coin tranquille où s'installer.

-Si on cherche bien, on trouvera peut-être des prostituées.

Elle le taquinait, évidemment, ça c'était le genre de trucs dont elle ne se lassait pas.

« Non non, comme ça… » Je réponds alors. Il faut vraiment que j’essaye d’être un peu plus sérieux et d’avoir des idées moins bizarres en tête. M’enfin, elle a bien une tête à travailler avec les animaux en tout cas, alors tout ceci ne devrait pas me surprendre. Alors qu’elle m’indique qu’elle trouve les animaux plus intéressants que les hommes, je me demande pourquoi, avant de me dire que ce n’est pas difficile si les hommes sont tous comme le célèbre Hayden Rickemoore. Je hausse les épaules. « Je ne suis pas sûr que si tu prends une poule, ce soit très intéressant mais pour le reste, si on est cousins avec les singes, il y a sans doute une raison. » Je plaisante alors. On dit toujours qu’une poule n’a pas de cerveau non ? C’est pas comme si j’en savais grand-chose après tout… Elle mentionne son souhait de métier et je hoche la tête. Ça reste dans le même domaine, même si c’est tout de même pas pareil.

« Tu vas te foutre de moi… » Je mentionne alors lorsqu’elle me demande le type d’applications que je développe. Peu de personnes sont au courant des détails et pour cause, je n’en parle que très rarement. Néanmoins, je décide de me dévoiler un peu plus amplement. « En fait, il s’agit d’une application qui aiderait les gens à réaliser leurs rêves. » C’est difficile à s’imaginer mais j’y réfléchis encore et je suis persuadé que ça aiderait beaucoup de personnes. « Les gens se donneraient des conseils pour parvenir à leurs objectifs. » Ça n’a rien de très innovateur mais j’aimerais tellement que tous mes rêves deviennent réalités sans savoir comment y parvenir…

On avance encore dans la forêt et la demoiselle finit par s’arrêter. Je reste debout en face d’elle pendant quelques minutes avant de décider qu’il serait mieux pour mes jambes que je m’installe. « Si elles sont en pleine action, je risque vraiment de partir en courant parce que… erkkkk ! » La blague était bonne mais contrairement aux apparences, ça risquerait vraiment de me dégouter.

La naïveté et la simplicité d'Hayden la fascinait un peu. Ca se voyait que les animaux, il ne les avait pas vraiment étudié. Ce qui était assez normal, mais il ne devrait pas s'avancer sur l'intérêt que pouvait avoir une poule.

-La poule elle te fait des œufs. Rien que pour ça l'étudier est intéressant.

Bon sauf s'il est végétalien ou quelque chose comme ça, mais bref, elle, elle trouvait ça cool. "L'intelligence" au sens où l'humain l'entendait ne faisait pas tout. Un être vivant avait mille et une caractéristiques plus intéressantes à étudier les unes que les autres.

Il lui parla ensuite d'une application qu'il voulait créer. Elle esquissa un sourire quand il lui dit qu'elle allait se foutre de lui, ouais, c'était un peu sa spécialité mais qu'il le dise quand même. A son explication, Aisling arqua un sourcil, un peu surprise. En vérité elle imaginait plus une application de rencontre stupide que ça, ou encore un comparateur de prix de prostituées, mais non. Elle esquissa un petit sourire à l'idée.

-J'trouve ça cool.

Ils finirent pas s'installer sur un tronc, enfin surtout elle. Hayden semblait réfléchir. Il avait peur de quoi ? Qu'un insecte se cache dans le coin ? Enfin, il finit par s'asseoir et Aisling se mit à rire en entendant ses bêtises.

-T'es une petite nature en fait.

Sur ce elle ouvrit la bouteille et en bu une gorgée avant de la tendre à son partenaire de beuverie du moment.

-Aller, je suis gentille, je t'en laisse.

Je lui souris lorsqu’elle me reprend sur la naïveté des poules. Après tout, c’est elle l’experte alors je me vois mal la contredire. Je hausse les épaules. « C’est bon les œufs. » Je donne pour toute réponse. Mais est-ce que c’est vraiment une raison suffisante pour étudier l’animal ? On finit par aborder mon application dont elle me fait un petit compliment qui fait toujours plaisir. Puis, nous nous installons dans la forêt ; plus précisément sur un tronc. « Mais non voyons. » Je tente de lui expliquer, même si au fond, elle n’a pas tort. J’attrape bientôt une araignée qui passe justement à ce moment-là près de moi et je l’approche d’elle. « Tu vois, j’ai pas peur des petites bêtes par exemple. » Alors que beaucoup de personnes ont une peur bleue de ces insectes pourtant inoffensifs pour la plupart. Elle me tend la bouteille et je ne me fais pas prier pour boire une gorgée. « Oui, trop adorable. Tu veux quelque chose en retour ? » Je lui demande alors de manière ironique.