#394│NELLEXI ∞ "Tonight, it's you, me and cheddar."

Nelligan était au magasin de jeux vidéo, en train de ranger des jeux sur les tablettes, en se disant que putain, il en avait marre de ce boulot. Même si ce n’était qu’en attendant de retourner aux études, il avait quand même l’impression d’être un loser. Le gros zéro de vingt-neuf ans. Il soupira, jetant un coup d’œil à la file d’attente à la caisse. Heureusement qu’il était sur le plancher, aujourd’hui, à répondre aux diverses questions et surtout à repositionner les jeux et les autres trucs que ce magasin vendait. Il n’avait pas à parler à beaucoup de gens, beaucoup moins que lorsqu’il était à la caisse. Nelligan, de nature très joyeux à son habitude, perdait son sourire à chaque fois qu’il rentrait ici. Cet endroit lui rappelait à quel point il avait foutu toute sa vie en l’air en l’espace d’une seule année. Maintenant, cela faisait quand même quelques mois qu’il tentait de se sortir la tête de l’eau, mais il en vivait encore les conséquences, de ses conneries. Bref, Nelligan regarda sa montre au bout d’un moment et constata que c’était sa pause. Il alla donc dans l’arrière-boutique du magasin et sortit son téléphone pour jouer à des jeux en attendant. Tiens, il avait reçu un message de Lexi, sa sœur. Elle l’invitait chez elle ce soir pour une soirée nachos. Un sourire se dessina sur les lèvres de Nelligan. Il lui répondit qu’il la rejoindrait dès la fin de son quart de travail. Grâce à ce simple texto envoyé par sa sœur, la journée de Nelligan passa beaucoup plus vite, et il se sentait un peu moins déprimé.

Il marcha jusqu’à l’appartement de sa sœur, où elle vivait présentement avec Nevaeh. La belle brune de la famille Rutkowski, famille plutôt connue à Bowen. Nelligan cogna à la porte correspondant au logement de sa sœur, et il attendit. Il était passé chercher une caisse de douze bières au dépanneur, sur son chemin. Ils n’allaient plus se faire d’histoire ; Nelligan et Lexi étaient tous les deux bien âgés, maintenant. Le Kool-Aid, c’était de l’histoire ancienne. Lexi vint lui ouvrir en deux temps trois mouvements, sautant sur lui en s’exclamant à sa vue. Nelligan entoura ses bras autour d’elle et sentit bien vite l’odeur de cigarette. Il n’aimait pas l’idée que sa sœur fume, mais si elle était assez vieille pour boire de l’alcool, elle était assez vieille pour savoir ce qui était bon ou pas pour elle. Elle était au courant que Nelligan n’approuvait pas ce choix, mais après il ne pouvait rien faire de plus. Lexi lui dit d’entrer, lui demandant ensuite comment il allait une fois qu’ils furent à l’intérieur. « Ça va. Je suis content de ne plus être au magasin. Chaque fin de journée est un soulagement. » Avoua-t-il en riant, tout en enlevant sa veste pour l’accrocher sur un crochet. « Et toi ? » Il la regarda. Une fois les nouvelles prises, Nelligan leva en l’air la caisse de douze bières, pour signifier son existence à Lexi. « Je nous mets ça dans le frigo ? J’pense qu’après la fête chez Zach, on n’a plus à se tenir sage. » Il rigola.

Nelligan avait l’habitude, avec sa sœur. Il connaissait un peu son style bordélique, ayant quand même vécu avec elle pendant une vingtaine d’années. Dans la maison des parents, dans le temps où ils vivaient tous là, elle éparpillait ses trucs un peu partout, même hors des limites de sa chambre. Nelligan n’était donc plus vraiment surpris quand il arrivait dans son appartement, d’autant plus qu’elles étaient deux filles plutôt qu’une seule. Ça, c’était un mélange inévitable pour l’appartement bordélique. Heureusement pour lui, Lola n’était pas du genre à se laisser trop traîner. Quelques trucs par-ci et par-là, mais ils aimaient tous les deux pouvoir se retrouver sans trop de mal. Genre, leur porte-manteau à eux ne débordait pas autant de toutes sortes de foulards, vestes, coupe-vent. Bref, Nelligan avait quand même su trouver son chemin et alla donc rejoindre sa sœur à la cuisine, qui tenta de le rassurer sur sa situation de vie actuelle en disant qu’il reprendrait bientôt les cours. Il hocha la tête, et rigola quand elle mentionna qu’elle voulait jouer à ses jeux. « Ouf, va falloir attendre quelques années encore pour ça ! » Mais quand même, c’était beau de rêver. Si un jour il participait activement à la conception d’un jeu, merde, ce serait le rêve. Il espérait réellement que Lexi aurait un jour la chance de jouer à un jeu dont le générique portait le nom Malinowski haut dans la liste. Bref, ce fut au tour de Nelligan de prendre des nouvelles de sa sœur, qui parla de ses pieds en feu. « Bah pourquoi t’as les pieds en feu ? » Demanda-t-il en riant, un peu confus. Mais bon, si c’était le plus gros de ses problèmes, tant mieux !

Il demanda finalement s’il pouvait mettre la bière dans le frigo, question qu’elle reste aussi froide que lorsqu’il l’avait prise dans le magasin. Il n’aimait pas trop boire ses bières à température pièce. Nelligan n’était pas fanatique de l’alcool de l’alcool dès le départ, alors si elle n’était pas exactement à son goût, il passait directement son tour. « Oh, t’en avais déjà au frigo ? Tu les garderas pour une autre fois, c’est ma tournée. » Dit-il avec un sourire, en donnant les bières à Lexi pour qu’elle les mette ailleurs. Il rangea les siennes. « À moins que tu prévoyais qu’on passe au travers de tout ça ensemble … » Plaisanta-t-il. En même temps, plus Lexi vieillissait, plus elle se faisait beaucoup plus party animal que lui. Il ne serait donc pas surpris qu’elle décide d’enfiler les bières, et il la suivrait. Pour le plaisir de la chose. En se relevant, Nelligan eut un élan de rire. « Toi, sage ? Laisse-moi rire. » Si les parents savaient. Bref. Nelligan la rejoignit jusqu’à son plan de travail, et il ouvrit le fromage pour l’aider à en disperser partout sur les tortillas une fois qu’ils furent mis dans le plat. Et là, Lexi aborda le sujet de la fête. Parlant indirectement d’Ally. Nelligan fut tout de suite gêné, tout d’un coup. Il retourna au frigo, sortant deux bières. « Vilain garçon ? Je ne sais pas de quoi tu parles … » Il ouvrit la bière à sa sœur, et la déposa devant elle. Il ouvrit la sienne et en but quelques gorgées. « Si tu parles d’Ally … tu sais c’est une amie d’enfance. On a juste un tas de trucs à se dire. » C’est pas bien, mentir, Nell.

Lexi était sans doute l’une des femmes les plus fortes que Nelligan connaissait. Elle ne baissait jamais les bras. Elle gardait toujours espoir, continuait toujours de rêver, peu importe. Nelligan aurait aimé être un peu plus comme elle. Certes, il n’était pas un lâche, mais il avait quand même du mal à garder le cap sur ses rêves sans décider de baisser les voiles dès que le vent se faisait un peu trop fort, un peu trop dangereux. Lexi, elle, trouvait toujours les mots pour le faire voler de nouveau. « T’as raison, t’as raison. » Capitula Nelligan en levant les mains en l’air, riant. Elle avait toujours besoin de le lui rappeler, oui. Pourtant, l’expérience de sa sœur témoignait bien ses paroles. Lexi avait rêvé d’être danseuse professionnelle, de partir en tournée, d’être chorégraphe ou de passer à la télévision, mais aucune de ces avenues ne s’étaient présentées à elle. Maintenant, elle avait son propre salon malgré son bien jeune âge et elle s’en satisfaisait, ne tournant jamais le dos à la danse quand même. Nelligan la trouvait magnifique. Il la regardait aller avec toute la fierté qu’un frère pouvait avoir.

Le jeune homme lui demanda finalement pourquoi elle avait les pieds en feu, n’ayant pas pensé tout de suite au fait qu’elle était debout à longueur de journée, au travail. Elle le lui rappela en lui répondant. Il hocha la tête, compréhensif, suite à ses explications. « On a jamais fait cette chorégraphie de contemporain qu’on devait faire ensemble. » Releva-t-il avec un sourire nostalgique. Il y avait de cela cinq ans, environ, Lexi avait demandé à Nelligan d’être son partenaire pour une chorégraphie contemporaine. Il ne se souvenait plus de la chanson. Il savait juste qu’il l’avait trouvée très émouvante, à sa première écoute, à l’époque. Finalement, le projet n’avait jamais abouti. Nelligan n’en avait trouvé qu’une seule explication, qu’il partagea ce soir à sa sœur : « Tu t’es sans doute finalement rendue compte que c’était peine perdue avec moi comme partenaire. » Dit-il en rigolant. En même temps, il aurait adoré danser avec sa sœur. Elle était tellement pleine de grâce et de délicatesse. Il aurait sans doute eu l’air de l’abominable homme des neiges à côté d’elle, mais reste que c’aurait été un beau moment. Et un honneur.

Les bières étaient maintenant au frigo, ils avaient décidé de commencer par celles de Nelligan et ils verraient pour celles de Lexi, bien qu’elle sembla dire qu’elle était bien prête à toutes les ouvrir. On y va ou on y va pas, comme on dit. Le jeune homme s’accouda sur le comptoir alors que sa sœur abordait enfin le sujet tabou du moment, soit Ally. Nelligan savait que ce moment était inévitable, et autant sauter dans la soupe chaude dès maintenant plutôt que d’attendre et de redouter le moment. Lexi manqua de s’étouffer face au flagrant mensonge de son frère. Elle lui demanda de l’écouter, visiblement inquiète de sa situation sentimentale, et elle commença son genre de « sermon ». Nelligan l’écouta attentivement. L’opinion de sa sœur avait toujours compté pour lui, alors il prendrait tout en considération. En plus, il était vraiment qu’il était un peu perdu et confus, là, alors un œil externe ne ferait que l’éclairer un peu plus. « Je sais … c’est juste … vraiment compliqué. Je ne vois plus du tout Lola depuis qu’on est officiellement ensemble … On ne fait que se croiser à l’appartement, c’est tout. Je n’ai pas l’impression de partager grand-chose avec elle, et ça me fait du mal … et puis j’ai Ally, de l’autre côté, que je vois de plus en plus souvent … et on a un tas de trucs en commun … non seulement nos souvenirs mais aussi nos intérêts actuels. Alors forcément ça … ça joue avec ma tête, avec mes sentiments … » Tenta d’expliquer et de justifier Nelligan, qui avait l’impression d’être une si mauvaise personne, en ce moment.

Après ce moment d’ouverture de son cœur, sa sœur attrapa les nachos et les mis dans le four, proposant de passer au canapé le temps qu’ils chauffent un peu. « Hmm-hmm. » Acquiesça Nelligan en attrapant sa bière et en se rendant vers le salon, prenant place sur le divan. « Et sinon, toi … c’était qui tous ces gens avec qui tu étais dehors, à la fête ? Enfin à part Aino. » Nelligan avait bien sûr remarqué que sa petite sœur était bien entourée de grands hommes, et il voulait savoir s’il devait garder un œil sur un de ceux-là.

Lexi semblait avoir complètement oublié cette idée folle de faire une chorégraphie contemporaine avec son frère, vu la tête qu’elle avait lorsque le jeune homme le lui avait rappelé, soulevant avec nostalgie qu’ils ne l’avaient jamais, finalement. Leur mère aurait été tellement ravie de les voir danser ensemble. Elle avait toujours adoré voir sa fille danser, et quand elle les voyait pratiquer ensemble dans le salon, elle venait s’appuyer contre le cadre de la porte et les regardait avec un sourire aux coins des lèvres. Elle soulignait constamment à quel point c’était beau de les voir ensemble, qu’elle était si fière de ses enfants et contente qu’ils soient aussi proches. Les voir ensemble avait toujours comblé le cœur de leur mère. De leur père, également, mais il se montrait plus discret au niveau de ses sentiments. Tout se lisait sur son visage, par cœur. Ses yeux faisaient de lui un livre ouvert. Nelligan avait hérité de ce fardeau. On pouvait tout lire dans son regard. Lexi y avait sans doute lu le regret, d’ailleurs, de n’avoir jamais réalisé ce petit projet bien à eux. Sa sœur ne tarda d’ailleurs pas à commencer à fredonner la chanson, puis à chanter ses paroles. Nelligan sourit en l’écoutant et en la regardant se balancer au rythme de sa propre mélodie. Elle s’arrêta après un moment, le regardant de ses yeux brillants. S’il s’en souvenait ? Oh que oui. « Oui, oui, ça me revient. Je l’avais écoutée de nombreuses fois, pour m’en imprégner. » Déclara-t-il avec un sourire rêveur. Puis il ajouta que Lexi avait sans doute laissé tomber le projet parce que Nelligan n’aurait jamais été à la hauteur des attentes qu’ils s’étaient mis. Ils avaient vu bien trop grand, mis la barre bien trop haute. Lexi était danseuse étoile, pas Nelligan. Bien loin de tout ça, en fait. Pourtant, Lexi arqua un sourcil en secouant la tête. Sa sœur se leva finalement et marcha jusqu’à lui, posant son index sur son sternum. Nelligan baissa les yeux vers ce contact avant de rire à son commentaire. « C’est un rendez-vous. » Il avait soulevé ce souvenir sans trop d’attente, mais il ne regrettait pas du tout de l’avoir remémoré à sa sœur. Ça les rapprocherait, ces moments passés à la salle à répéter. Et Nelligan ne reculerait jamais devant l’opportunité de passer plus de temps avec sa sœur. La famille, c’était sacré à ses yeux, et il voulait profiter de toutes les années qui leur étaient données.

Tout en préparant les nachos, Lexi aborda la question de la fête et d’Ally. Nelligan s’ouvrit rapidement à sa sœur, parce qu’elle avait toujours été sa plus grande confidente. Même plus jeune, il se tournait vers sa sœur pour des conseils. Leur mère jalousait ce lien de confidence qui les unissait ; elle aurait sans doute bien aimé savoir ce qui se passait dans la vie de ses enfants, elle aussi. Heureusement, elle savait qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre, et ça avait toujours suffit à l’apaiser. Encore aujourd’hui, sa sœur était l’ange sur son épaule et le guidait du mieux qu’il le pouvait, dans son intérêt. Elle soulevait constamment le pour et le contre, lui donnait son point de vue, sans jamais le pousser vers quoi que ce soit. Il appréciait énormément cela chez Lexi. Il l’écouta d’ailleurs attentivement quand elle lui expliqua comment elle percevait la situation de son frère. Encore une fois, elle avait tout saisi et savait bien mettre les mots sur ses sentiments. « Je sais que tu fais de ton mieux, Lexi. Et ça m’aide, crois-moi. » Il posa sa main sur la sienne pour mettre l’accent sur sa sincérité. Il lui sourit, puis reprit : « Mais … n’est-ce pas normal, en amour, qu’à un certain point on soit un peu moins passionné ? Qu’on vibre un peu moins et que les papillons dans notre ventre se fassent un peu plus silencieux ? » Demanda-t-il. Il savait bien que sa sœur n’avait pas la réponse à tout. Elle non plus n’avait jamais eu de longue relation. Tous les deux étaient un peu novices en l’amour. Ils découvraient, jour après jour.

Une fois assis au salon, Nelligan questionna alors sa sœur sur ces gens avec qui elle se tenait à la fête de Zach. Oui parce qu’il n’y avait pas eu que lui à cette soirée. Lexi aussi allait passer à l’interrogatoire. Il prit quelques gorgées de sa bière pendant qu’elle lui expliquait un peu tout ce qui s’était déroulé en dehors de la maison. Il rigola en s’imaginant sa sœur jouer les entremetteuses. « Oh mais j’ai bien retenu le "malheureusement", par contre. Il a su résister aux charmes de ma petite sœur ? Il n’a pas de goût … » Lâcha-t-il avec un sourire. Ils étaient tellement privilégiés d’avoir une relation si unique. Ce n’était pas le cas de tous les frères et sœurs.

Nelligan rigola quand sa sœur le menaça presque pour qu’il ramène ses fesses au studio de danse le lendemain. Elle savait bien, pourtant, qu’il tenait toujours ses promesses auprès d’elle. Comment aurait-il pu en faire autrement ? Sa sœur était ce qu’il avait de plus précieux, alors pour rien au monde il ne voudrait la décevoir. Il avait désappointé bien des gens autour de lui, surtout dans les dernières années, mais il ne se pardonnerait jamais d’en faire autant à Lexi. Alors même si ce n’était qu’un rendez-vous pour danser, Nelligan le considérait comme un rendez-vous des plus importants. Il ne le manquerait pour rien au monde. « J’y serai, t’inquiète. » Lui dit-il en souriant. Puis la conversation dévia vers le sujet d’Ally, épineux c’était le cas de le dire, Nelligan avait du mal à s’exprimer, sa confusion était flagrante et il se sentait moyennement à l’aise d’en parler. Pas vraiment parce qu’il s’agissait de sa sœur devant elle, mais plutôt parce qu’il avait honte de ses agissements. Ce n’était pas lui du tout, de penser à d’autres femmes alors qu’il était en couple. Mais Lexi avait raison, la flamme entre Lola et lui n’était pas la même que celle de quelques mois auparavant. Pourtant, ils n’étaient pas ensemble depuis longtemps, mais le problème était bien dans le mot ensemble, justement. Elle travaillait de nuit, il travaillait de jour. Il avait comme projet de retourner aux études à MacKay, elle avait comme projet de poursuivre dans la musique ici à Bowen. Ils étaient aux extrémités l’un de l’autre, malgré eux. Ça n’aidait en rien Nelligan qui côtoyait de plus en plus Ally, et qui s’ennuyait de plus en plus de Lily-Anaëlle. Quel bordel. Quand le jeune homme demanda si ce n’était pas normal, justement, entre deux personnes, que la passion s’affaiblisse au fil des mois, Lexi haussa les épaules en riant nerveusement, ne pouvant répondre un oui ou un non catégorique. Elle et l’amour faisaient deux. Comme lui. « Pourtant on aurait dû avoir le bon gène, papa et maman se sont rencontrés jeunes et regarde-les, encore amoureux comme ça. » Il sourit tristement. « Faut croire que l’amour a décidé de sauter notre génération. » Il rigola nerveusement lui aussi. Bon, ils exagéraient, quand même. Lexi et lui finiraient par trouver l’amour, eux aussi, celui qui durerait, celui qui ne serait pas autant compliqué. Ce qui faisait peur à Nelligan, c’était l’idée qu’il ait lui-même déjà trouvé cet amour, mais qu’il ait décidé de tourner la page dessus. Il pensait à Lily-Anaëlle, bien sûr. Bref, assez parlé de ses amours à lui, justement. Même si Lexi et l’amour étaient fâchés, comme elle le disait, il se doutait bien qu’elle n’avait pas fait fi des hommes pour autant. Il la questionna donc sur la même soirée, mais de son côté. « Ça ne me déçoit pas, je préfère de loin te savoir plus tranquille. Tornade sexuelle, sérieux ? Merci pour les images. » Déclara-t-il en secouant la tête, les sourcils froncés, menant sa bière à ses lèvres. Puis il soupira en penchant sa tête vers l’arrière, l’accotant sur le divan. « T’as prévu un film pour ce soir ? » Demanda-t-il en relevant la tête vers sa sœur.

Nelligan & Lexi.

"Tonight, it's you, me and cheddar."

Je fus rassurée d'entendre que Nelligan serait présent le lendemain au studio. Toujours présent, toujours au rendez-vous. Jamais il ne m'avait déçu. Comment le pouvait-il de toute façon ? Il est mon frère et peu importe ce qu'il fera, il ne décevra pas. Un peu plus tard, la conversation avait dériver sur la fête de Zach, puis avait prit une tournure différente, à dire la vie sentimentale de mon frère. J'avais relevé, avec justesse, ce qu'il ressentait dans le but de l'aider dissiper le brouillard dans sa tête. C'est le cas de le dire. Il est perdu, ça crève les yeux. Il a du mal à s'exprimer sur le sujet, non pas parce que c'est avec moi qu'il en parle mais surtout parce que nous sommes vraiment deux handicapés de l'amour franchement. Ce qu'il dit par la suite souligne très bien cette idée : « Pourtant on aurait dû avoir le bon gène, papa et maman se sont rencontrés jeunes et regarde-les, encore amoureux comme ça. » Je le vois sourire tristement. C'est vrai que l'histoire de nos parents est juste incroyable. Des années d'amour, deux enfants aussi beau l'un que l'autre (on a bien le droit de s'envoyer des fleurs de temps en temps, non ?), une vie rangée. Le couple presque parfait quoi.« Faut croire que l’amour a décidé de sauter notre génération. » Je vis bien que ce constat lui faisait du mal. Je grimace. Pour revenir à nos parents, la seule chose maintenant qu'ils attendent avec impatience, c'est d'avoir des petits-enfants. Bon, du côté de Nelligan, il a encore de la marge et du mien aussi, encore plus d'ailleurs. Même s'ils ont faillit être grand-parents déjà une fois.... sauf que personne ne le sait. Personne. J'étais de plus en plus étouffer par ce secret, j'y pensais bien  trop souvent. Je devais en parler à Nelligan et ce soir. J'avais trop longtemps repousser l'échéance. Quand l'occasion se présenterai ce soir, je lui dirai. Je n'ai pas fait l'deuil de tout ça, peut-être que j'aurai dû le garder, je n'en sais rien. Life's a bitch. Cela résumé parfaitement mon état d'esprit en cet instant.  « Malheureusement, je crois bien. » Je soupire avant de porter la bouteille à mes lèvres. Après, on est rapidement aller se poser sur le canapé. En tailleur face à mon frère, je le regardai me cuisiner sur la fête de Zach, un sourire en coin sur mes lèvres. Il me faisait rire. « Ça ne me déçoit pas, je préfère de loin te savoir plus tranquille. Tornade sexuelle, sérieux ? Merci pour les images.  » Je roule des yeux en éclatant de rire, me penchant vers lui. « Oh je t'en prie, Nell' ! Ne fais pas celui qui est outré, t'es pas mal dans ton genre aussi ! » Malinowski où sa génération actuelle se noie dans le sexe. Enfin surtout moi pour l'instant... Mais je maintiens que Nelligan est plus chaud qu'il ne le prétends, le coquin. Il soupire et laisse tomber sa tête, prenant appui sur le divan. « T’as prévu un film pour ce soir ? » dit-il, croisant mon regard. Mes lèvres se pincent l'une contre l'autre. Mince, j'avais pas du tout prévu ça ! Mais on allait arranger ça. Ici, entre un disque dur blindé et des étagères de DVD, on allait bien trouvé notre bonheur. « Oups, non. » Je hausse les épaules, pose ma bière sur la table basse et me lève. Je vais voir sous le meuble de la télé et ouvre les deux portes. Je tourne vers Nelligan, un sourire aux lèvres. « Il y a un truc qui te tente, frérot ? » Devant le choix qu'il avait, il n'allait pas faire la fine bouche. Il y  avait des dizaines de films là-dessous. Neva et moi sommes toutes deux des fans du cinéma, d'où la collection. Puis il reste le disque dur au cas où. Le choix était royal pour lui.

Spoiler:

Nelligan fronça les sourcils en ouvrant la bouche, prenant un air faussement offusqué quand sa sœur lui dit qu’il était pas mal dans son genre, aussi. Tornade sexuelle, lui ? Euh, peut-être pas au même niveau que sa sœur ! Il était vrai que dans les deux dernières années, Nelligan avait eu plus de conquêtes que durant le tout le reste de sa vie mis ensemble, mais ça ne faisait pas forcément de lui une tornade sexuelle. Peut-être juste un con, en fait, vu tous les cœurs qu’il avait brisé dans le processus. Bon, sa sœur n’était pas non plus une croqueuse d’hommes comme Nelligan en avait connues, et heureusement d’ailleurs. Bref, ne voulant tous les deux pas s’étendre sur la vie sexuelle de l’un et de l’autre, ils changèrent de sujet. Nelligan demanda si Lexi avait prévu un film pour ce soir, puisque leurs soirées nachos étaient la plupart du temps accompagnées d’une série télévisée ou d’un film. Parfois d’un documentaire, quand ils étaient d’humeur intelligents. Pas ce soir. Nelligan avait juste envie de se changer les idées, de regarder quelque chose de léger. Cependant, pour ce soir, Lexi ne semblait pas y avoir songé. Ce n’était pas plus grave, ils décideraient ensemble. La brunette se leva d’ailleurs, posant sa bière sur la table du salon alors que Nelligan portait la sienne à ses lèvres. Il vint cependant la rejoindre quand elle ouvrit son meuble et que des rangées de DVD s’offraient à lui. Elle lui demanda alors si un truc le tentait. Nelligan s’assit en indien sur le sol, prenant le temps de bien regarder les films. Il en retira finalement un, il en connaissait le nom, mais comme Nelligan regardait plus souvent des films américains ou australiens, il n’avait pas vu ce film français dont beaucoup parlaient. « Y’a la version anglaise, dessus ? » Demanda-t-il, visiblement intéressé. « J’ai lu de bons commentaires sur IMDd. Mais si tu l’as déjà vu, c’est nul. » Releva-t-il. Si elle avait les DVD, c’était sans doute parce qu’elle avait vu le film, non ? À moins que Nevaeh et elle soient des acheteuses compulsives de films, ce qui ne serait pas étonnant, en même temps. Bref, une fois le film choisi et mis dans le lecteur DVD, Nelligan retourna au fourneau pour en sortir les nachos. « Ils ont l’air trop booooooons. » Lâcha-t-il en posant le plat sur un sous-plat. Il amena celui-ci jusqu’au salon, pour le déposer sur la table basse, prenant soin de bien protéger le meuble en dessous. Il prit une gorgée de sa bière et mangea un nacho pendant que le film débutait. Comme Nelligan était silencieux quand il regardait quelque chose, on n’entendait que le film et le bruit des nachos dans sa bouche.