A place that is so pure, so dirty and raw...

Tu ne pouvais pas nier l'évidence. Tu ne savais pas pourquoi ça te hantait, tu revoyais la scène encore et encore. Rien n'y faisait, tu ne pouvais pas nier l'évidence. Elle lui plaisait et tu avais bien vu que c'était réciproque. Mais tu ne comprenais pas pourquoi ça t'obsédais. Tu pouvais tourner la page, avancer dans ta vie, et puis tu avais fait la connaissance de nouveaux hommes. Dont certains étaient plus que charmant. Voire avenant avec toi, donc tu ne pouvais rien demander de plus. Pour essayer de chasser cette idée, tu avais enfilé ton short, pour courir. Et quoi de mieux que de courir dans la forêt, tout semble toujours si calme, si paisible dans cette forêt. Tu cours comme une dératée, courant plus vite quand cette idée te revient en tête, calmant tes pas quand tu penses à une chose différente. Les clients sont rares en ce moment, tu dois finir la maison d'Aino, et après, tu n'aurais plus rien, le calme plat. Peut-être un peu trop, tu commençais à t'ennuyer dans cette vie qui était la tienne. La peinture te plaisait de moins en moins, tu évitais les cours à cause de Levi. Félix était assez occupé ces derniers temps, et il n'était pas là pour te sortir. Et tu ne te sentait pas assez faible pour aller réclamer de quoi t'évaporer à Isaiah. Tu ne voulais pas être dépendante. Et pourtant, ça te permettait de tellement glisser sur ta vie, que tu hésitais vraiment à lui demander. Un cri résonna dans la forêt, non loin de toi, tu accélères le pas pour trouver un homme faisant les cents pas. « Vous allez bien, je vous ai entendu crier ? Vous êtes blessé ? » Tu t'approches doucement de lui, le détaillant en essayant de voir ce qui pouvait clocher mais il semblait en bonne forme physique.

Jérémy D. Marty a écrit:

Jérémy Marty & Lily-Anaëlle Hadley

A place that is so pure, so dirty and raw

Un bruit dans les broussailles me fit tourner la tête, je mis direct la main dans la poche arrière de mon jean tout en faisant volteface. Mon regard se posa sur la jeune femme, sinistre, froid. ‘Vous allez bien, je vous ai entendu crier ? Vous êtes blessé ?’ Je la détaillai un instant avant de me détendre, relâchant le couteau et le gardant bien sagement dans la poche de mon jean. Je tendis les bras vers le ciel, fit le tour de moi-même ‘Vous voyez, pas une égratignure ! Maintenant dégage !’ Rétorquai-je avec froideur. J’attrapai mon tee-shirt trempé de sueur, le secoue avant de le glisser sur mon épaule. Et maintenant je fais quoi ? Je n’avais pas la force d’affronter ma sœur à la maison. Nulle part où aller. Je ne connaissais rien de cette ville, rien des coutumes, aucun endroit où je pourrais me vider la tête sans me faire emmerder par des bolosses en manque de reconnaissances. Je posai de nouveau mon attention sur la nana, épiant sa réaction et voir si elle n’était pas assez conne pour rester planter là. Elle avait le look de la région, c’était comme le nez au milieu de la figure. ‘Attends deux secondes en faites’ Me repris-je soudain. Je sais pas pourquoi. Qu’est-ce qui me prends bon sang. ‘Excuse, moi c’est l’adrénaline, t’es tombée sur la mauvaise personne au mauvais moment…’ Je restai un moment silencieux, putain mais je suis malade ou quoi, moi faire des excuses ? Anne sort de ce corps !

Il venait de faire un tour sur lui-même pour te montrer que tout allait bien. Puis il te demanda - t'ordonna plutôt - de dégager. Tu étais tétanisée, jamais de ta vie on ne t'avait parlé ainsi. Tu baissais ton regard, ne te sentant pas en sécurité d'un coup. Il fallait que tu fasses marche arrière et que tu rejoignes le chantier le plus vite possible. Tu fis un pas en arrière en relevant le regard pour être sûre qu'il ne bougeait pas en avançant vers toi. Tu manquas de t'éclater les fesses au sol lorsqu'il te demandait d'attendre. Il t'informa que tu n'étais pas tombée sur la bonne personne. Tu le gratifias d'un petit sourire. « Ce n'est rien, ça arrive parfois. Je peux vous aider ? » Tu t'étais redressée mais tu n'avais pas une posture assurée. S'il te soufflait dessus, tu t'envolerais sûrement comme une feuille.

‘Ce n'est rien, ça arrive parfois. Je peux vous aider ?’ M’aider ? Surement. Je souris à sa question, un sourire pas rassurant du tout. Je détaillai la demoiselle, sarcastique. Elle semblait trembler comme une feuille. Qu’est-ce qu’elle foutait toute seule dans les bois si elle se bisait à chaque coup comme une brindille. Malgré tout ça tu serais prête à m’aider ? Ris-je soudain, moqueur. Je croisais les bras sur mon torse recouvert de tatouages, je ressemblais surement à un gangster évadé de prison qui attend le reste de la troupe. Vous savez le genre qui a toujours un couteau dans sa chaussette et qui serait prêt à vous égorger à la moindre contrariété. Quoi ? Oui j’ai un couteau et alors ? Oui dans ma chaussette pourquoi ?

Il semblait se moquer de toi, parce que tu étais prête à l'aider. Décidément, tu ne comprenais pas tout ce qui se passait. Il semblait passer du chaud au froid en une seconde et ça te donnait la chair de poule, mais tu savais ce que tu étais et tu ne pouvais pas faire autrement. « Ce n'est pas parce que tu as été désagréable un instant que je dois te tourner le dos et me barrer ? Je suis plutôt du genre samaritaine en plus ! » Tu n'avais aucune raison de partir, à moins qu'il te le demande à nouveau, parce qu'il semblait être le genre d'homme que tu ne devais pas t'amuser à contrarier. Tu passas une main dans tes cheveux, avec le vent qui soufflait et le fait que tu n'étais plus en activité, tu commençais à avoir froid..

Je restai un moment silencieux. Une samaritaine ? Ahah que c’était drôle. J’enfilai mon tee-shirt en sentant le vent se lever, ce n’était pas le moment de choper la crève. Je m’approchai de la demoiselle. Je la voyais se crisper sous le vent comme si elle avait froid. Je m’arrêtai à quelques centimètres d’elle, mon regard ne la quittait pas un instant. On a froid ? Demandai-je d’une voix pleine de sarcasme. Sarcasme, sarcasme quand tu nous tiens. J’étais si proche que je sentais son odeur, celle de la peur aussi. Mon cœur se mit à augmenter le rythme. J’effleurai un bref instant son avant-bras, ce qui me procura une décharge électrique sur le bout de mes doigts. Je me mordis la lèvre avant de reculer soudain, non elle n’était pas intéressante, c’était trop facile. Je remontais le chemin jusqu’au sentier sans même un regard pour elle. Je m’arrêtai un instant, un coup à droite, un coup à gauche. Bon ok je savais plus trop où j’étais là. Je poussai un soupir, les épaules retombèrent soudain avant que je ne fasse demi-tour. Bon ok, j’te laisse tranquille seulement si tu me ramènes à l’entrée de la ville sans emmerde ! Fis-je à moitié vénère contre moi-même. Qu’est-ce que je suis con sérieusement, me paumer, moi ? Il fallait que j’arrête mes conneries et que je me reprenne en main, j’étais si prévenant autrefois, j’anticipais toutes les éventualités, jamais je ne m’étais perdu de ma vie. Et là, avec cette putain d’histoire qui me brouillait la tête, j’étais complètement déboussolé.

Il s'approche de toi, mais tu ne bouges pas d'un poil, tu commences à trembler, le vent se lève, et il fait vraiment froid. L'air n'est plus aussi agréable qu'au début de ta course et tu demandes encore pourquoi tu avais eu l'idée de venir courir dans la forêt alors que tu aurais pu le faire le long de la plage. « Le vent se lève, et je ne peux pas dire que je suis chaudement habillée. » Il t’effleurait le bras, et tu sentis une décharge te parcourir le corps. Tu allais te faire attaquer, là maintenant. Et tu ne pourrais rien faire pour te défendre parce que tu étais trop faible, trop bête pour ne pas comprendre. Il s'éloigne, et tu reprends doucement ta respiration. « Il faut retourner sur le sentier qui doit être à une dizaine de minute. » C'était bien sûr une estimation, tu ne pouvais pas dire avec précision à combien de temps se trouvait le chemin, parce que ça dépendait de votre rythme de marche, clairement, si tu l'accompagnais, tu presserais un peu le pas.

Je la regardais frémir de peur, de froid. Je la laissais se décider, attendant patiemment à ma place sans broncher, la laissant retrouver ses esprits. « En tout cas c’est pas en restant ici que tu vas te réchauffer ! » Finis-je par lâcher impatient. « Aller viens, on va courir pour rentrer ça te réchauffera… » Fis-je en essayant de contenir mon ton acerbe, la terreur la clouait sur place plutôt que de la faire bouger, alors fallait que je mette mes remarques sarcastiques un moment de côté si je voulais sortir de cette putain de foret. « Il faut retourner sur le sentier qui doit être à une dizaine de minute. » « Très bien j’te suis ! » Dis-je en lui faisant signe de passer devant avant de mettre mes mains en l’air pour lui montrer que je les garderai bien à leur place, c’était à dire loin d’elle. Aller petite, tu peux le faire. Mon regard était braqué sur elle, impassible.

Tu le suivais des yeux. Il avait raison, ce n'était pas en restant ici que tu allais te réchauffer. Il te proposait de courir, et de te réchauffer, qu'il te suivais. Tu n'étais pas forcément rassurer à l'idée qu'il soit juste derrière toi, tu aurais avoir un oeil sur lui, mais c'était toi qui connaissait cette forêt et non l'inverse. Tu fis un pas en avant, faisant attention aux racines dans lesquelles tu pouvais te prendre les pieds. Tu te mis à courir, doucement. Tu aurais pu sprinter pour essayer de le semer, mais ça t'aurait servi à quoi ? Tu n'avais pas à avoir peur, tu n'avais pas à l'esquiver. Tu serais amené à le recroiser, il n'allait pas disparaître. Une fois sur le sentier, tu t'arrêtas pour lui faire face à nouveau. « Voilà, si tu suis le chemin, l'entrée de Bowen n'est qu'à 5 kms d'ici ! » Tu ne savais pas s'il voulait rentrer maintenant, ou s'il voulait marcher, toi en tout cas, tu avais envie de rentrer, de prendre une douche, de te cacher sous un plaid, devant ta télé au chaud et en sécurité avec Zach.