comme une douce impression de déjà vu.

•• « Merci, je peux prendre un nom pour vous livrer le paquet ? » Tu hoches la tête. Au moment où le prénom de Ronan franchis tes lèvres, tu sais que t'as fait une connerie, que si tu ne rectifies pas, ce colis n'arrivera jamais chez toi. Car au fond, Ronan n'existe pas. Ronan n'existait que pour Olympe. Tu secoues la tête. « Mettez plutôt Pawel. » Un sourire charmeur et on n'y voit que du feu. Tu mimes, tu joues, tu fais la comédie. Tu n'as toujours fait que ça. Tu quittes la boutique et sors, les mains dans les poches. En face, la plage te tente. Le ciel est gris, la mer ondule, sombre, menaçante, mais tu aimes cette ambiance. Ça te rappelle un peu tes horizons polonais, quelque part. Tu inspires à fond l'air salé et de dos, assise dans le sable, tu vois une silhouette. Elle est blonde. Blonde, comme Ambre. Tu t'approches, un fin sourire aux lèvres. Tu ne brusques que rarement le destin mais aujourd'hui, tu sembles en avoir décidé autrement, car c'est d'un pas nullement impressionné que tu t'avances vers ce qui pourrait te rappeler des souvenirs à la fois douloureux et magiques. Cette fille ne serait pas la première à te les rappeler, d'ailleurs. Elle se retourne. Tu esquisses un fin sourire ... sourire qui se fige sur tes lèvres immobiles et muettes dès que tes yeux balaient son visage. Son visage qui n'a pas changé. Cette peau de porcelaine, ce regard téméraire et brillant. Tes lèvres s'entrouvrent mais aucun ne sort. Tu ne sais même pas comment l'appeler. Olympe, Ambre. Ambre, Olympe. Que fait-elle ici ? La dernière fois que tu l'as vue, au milieu des flammes, c'était en Espagne. Soit à des milliers de kilomètres d'ici. Tu ne peux même pas dire si tu es content ou angoissé de la voir ici. Elle est ton plus beau rêve et ton pire cauchemar. Tu avales ta salive, ne pouvant néanmoins pas détourner tes yeux bleus des siens. « Bon sang c'est.. impossible... »

(désolée c'est un peu long mais c'était pas volontaire, n'hésite pas à faire plus court hein )

•• Tu la regardes fixement, interloqué. Choqué, déstabilisé, tu ne sais que dire ou que faire. Tes prunelles glissent sur son visage d'ange que tu sais pourtant au caractère bien enflammé. Ses lèvres.... tu ne les as touché qu'une fois mais ô comme tu t'en souviens ! Tu te mords l'intérieur de la joue. « Ronan ... » Ronan. Ronan. RONAN. Ici, très peu de monde t'appelle comme ça. Seulement ceux que à qui tu t'es présenté ainsi pour conserver ce masque. Ton nom entre ses lèvres te trouble mais tu ne laisses rien paraître, comme toujours. « Olympe. » Eh bien oui, elle aussi, tu l'appelles par son "nom de scène". Les souvenirs te reviennent mais tu la fixes toujours. « Qu'est-ce que tu fou ici ? » Un sourire amusé s'affiche sur tes lèvres. Ne pas montrer l'effet que ça te fait de la savoir là, devant toi. Non, ne rien lui montrer. Tu la détestes. Mais ça fait longtemps que ça ne marche plus de te voiler la face ainsi. « Eh bien... je vis ici depuis six mois, environ. » Depuis l'incendie, quoi. Tu lui retournes la question avec un regard insistant, haussant les sourcils, croisant les bras sur ton torse. T'a-t-elle suivie, cherchée, traquée ? Ou est-ce un hasard ?

•• Les émotions s'entrechoquent dans ton esprit. Contradictoires, tes sentiments s'emmêlent et te laissent perplexe. Tu aimerais pouvoir dire clairement ce que tu ressens... si seulement tu le savais toi-même ! Au cirque, votre relation n'a été qu'une haine salvatrice mais pourtant dérisoire. Elle t'attire depuis le premier jour où tu l'as vue, mais peut-être pas fierté, qui sait, jamais tu ne t'es autorisé à céder. « Je suis arrivée ici il y a quelques semaines pour un shooting photo, je suis devenue mannequin. Et je suis tombée amoureuse de la ville donc j'ai décidé de rester, quitte à voyager souvent. » Tu grimaces. Donc elle est établie ici, à présent. Tu te mords l'intérieur de la joue pour que cela passe inaperçu. Tu perçois dans l'air son parfum, si familier car tu l'as temps guetté, et tu te surprends à frissonner. Il faut que tu fasses quelque chose, que tu dises quelque chose... Tu inspires à fond, braquant sur elle ton regard chocolat. « D'accord. Et euh tu... le cirque ne te manque pas ? » Tu te maudis. Pourquoi lances-tu ce sujet que tu aimerais pourtant éviter ? Surtout avec elle.