every road you take, will always lead you home (lily-anaëlle)

Il semblait touché par ce que tu lui avais dit. Par la conversation de son père. Ce que tu pouvais comprendre, tu n'aimais pas dire ce genre de chose parce que c'était juger, mais son père était un vrai jerk. Néanmoins, c'était son choix et jamais tu ne te permettrait de le juger ou de lui faire la morale en lui disant que c'est une mauvaise idée. Après tout il était majeur, et vacciné, donc il était capable de prendre ses propres décisions et d'assumer ses choix. Sans que tu ais un mot à dire sur tout ça. « Alors fais ce que tu juges être bien pour toi. Je ne voulais pas te forcer la main, je voulais juste savoir où tu en étais par rapport à lui. Je me doute bien que ça ne doit pas être facile.. » Tu avais le sentiment de devoir revivre toutes les épreuves douloureuses de ces dernières années. La librairie était aussi un point sensible pour toi, et si un jour tu avais le courage de reprendre ta passion, tu rouvrirais sûrement la boutique. Mais pour le moment, tu n'avais toujours pas le courage nécessaire pour tout ça. « On a subi une attaque à main armé, et une balle m'a frôlé le bras » Tu remontais ta manche pour lui montrer ta blessure de guerre. On ne voyait pas grand chose, juste une petite trace, rien de bien méchant, mais pour toi, tu avais l'impression de voir ta vie défiler à chaque fois que tu y touchais, ou que tu y pensais. « J'étais tétanisée, impossible pour moi de remettre les pieds dans la boutique pendant des semaines, j'étais tellement paniquée à l'idée d'aller à la boutique, alors j'ai préféré me reconvertir, j'ai toujours aimé la décoration, je me suis dit que ça pouvait coller, et ça a marché ! » Tu lui fis un petit sourire. « Je peux m'occuper de toi dans la semaine, je trouverais bien un petit créneau pour te conseiller. » Après les goûts des uns ne pouvaient pas forcément plaire aux autres. C'était un fait, et si Perry n'y voyait aucun inconvénient, tu serais ravie de donner un coup de main à ton vieil ami. « Bon, et toi ? Que deviens-tu ? As-tu réussi à te débarrasser des dettes de ta mère ? Et puis tu es allé vivre où quand tu es parti ? » Ta langue se déliait, les questions que tu avais en suspens allaient enfin avoir leurs réponses.

J’hochai la tête avec un sourire. « Oh mais c’est normal que tu aies demandé. Je ne t’en veux pas. Mais je te donne l’heure juste … Mon père et moi, c’est pas prêt de se régler. » Dis-je en haussant les épaules. J’avais peut-être trop de rancœur aux yeux de certains, mais pour moi notre lien de filiation aurait dû être plus important que ça pour mon père, surtout dans un moment où j’étais vulnérable et perdu. Ma mère venait de s’enlever la vie, je n’avais nulle part où aller, et mon père biologique m’avait fermé la porte au nez. C’était une famille presque étrangère à moi qui avait décidé de m’accueillir sous son toit. Ça en disait long sur ce que mon père éprouvait à mon égard. Lui pardonner serait un long processus, j’ignorais même si j’en serais capable un jour. Peut-être dans quelques années, quand je serais père à mon tour – ou alors c’aurait l’effet tout à fait contraire et je lui en voudrais davantage. Je ne savais pas. Je ne voulais pas y penser. Je changeai donc de sujet volontiers pour parler de la carrière de Lily, mais dans ma malchance habituelle, je touchai encore une fois une corde sensible. Décidément, les dernières années de la vie de la brunette n’avaient pas été faciles. C’était peut-être à mon tour d’être une sorte de grand frère pour elle, comme elle avait été ma grande sœur à l’époque. « Mon Dieu … » Murmurais-je en baissant les yeux vers la cicatrice qu’elle me montrait. Ce n’était peut-être qu’une petite trace, presque disparue avec la guérison, mais quand même. Elle portait un lourd souvenir. Un grand traumatisme. « Il n’y a pas eu de blessés graves, j’espère ? » Déjà, d’avoir été touchée, ça avait dû affecter Lily. Mais si en plus d’autres gens avaient été atteints par balle devant ses yeux, alors le traumatisme s’en serait vu décuplé. Elle m’expliqua alors que pour la raison de son traumatisme, elle avait changé de voie. « Tant mieux si ça a fonctionné. Tant mieux si t’es heureuse dans ce que tu fais maintenant aussi. » Je lui souris, attrapant mon café pour le porter à mes lèvres. Après avoir convenu que la jeune femme m’aiderait à mettre ma chambre à mon goût, elle me demanda ce qui se passait de mon côté. « Oui, j’ai réussi à tout rembourser. Je suis enfin financièrement stable. » Et plus qu’il ne le fallait, d’ailleurs. « T’as pas idée du soulagement que ça fait … Quand j’ai appris les dettes qu’elle laissait derrière elle … ça m’avait juste … achevé, tu vois ? » Je marquai une pause. « J’ai été à Melbourne pendant mes neuf années d’absence. J’ai travaillé dans la construction tout ce temps-là … Sans faire grand-chose d’autre, en fait … J’avais une routine bien tranquille. » Avouais-je. Il était vrai que rien de grandiose ne s’était produit, jusqu’à il y avait quelques semaines maintenant, quand j’avais gagné le gros lot avec des collègues. Encore aujourd’hui je ne me rendais pas vraiment compte de mon statut de millionnaire. « Je suis revenu ici avec un projet en tête … c’est un peu fou … je sais pas si ça fonctionnera mais … J’aimerais fonder une sorte d’organisme pour venir en aide aux jeunes … aux jeunes qui l’ont difficile, un peu comme mon parcours à moi … C’est pas encore tout à fait clair dans ma tête, mais j’aimerais bien que ce soit un centre d’arts, surtout axé sur la danse. Les jeunes pourraient venir danser, on monterait des chorégraphies, ils s’exprimeraient à travers la musique et leur corps … » Je la regardai, gêné. Lily-Anaëlle était la première à qui j’exposais mon projet. C’était la première fois que je le verbalisais. « T’en penses quoi, honnêtement ? » Son avis avait toujours compté pour moi. Neuf années n’y changeraient rien.

Tu comprenais ce qu'il pouvait ressentir, enfin pas vraiment puisque tu n'avais jamais été rejetée par un de tes parents donc c'était délicat. Mais le problème du rejet et de l'abandon, depuis la mort de ta mère, tu en avais fait une sacrée expérience au point de pouvoir écrire un chapitre voire même un livre entier. Pour le coup, tu devais en être la championne. Il faudrait même que tu penses à regarder le Guinness Book, il devait bien exister un tel record, même si tu en doutais puisque ce genre d'informations étaient compliqués à vérifier. Il faudrait que tu cherches un autre record, peut-être celui de la plus petite blessure par balle. Tu pourrais te pencher sur cette idée si tu t'en souviens. Tu avais déjà milles choses à penser pour le boulot donc ça risquait de t'en sortir. Et puis au fond, tu n'avais pas spécialement envie que ton nom apparaisse dans un tel livre. C'était drôle à lui et il y avait des records complètement loufoques, mais sans plus quoi.  « Non, par chance, Casey, mon employé de l'époque était dans la réserve et il a appelé la police. » Pour toi, le coup de feu était parti de manière accidentelle, le voleur t'avais jeté un regard furtif pour être sûr que tu allais bien avant de s'enfuir à toute vitesse. Tu avais su bien plus tard qu'il avait été attrapé et condamné. Tu avais pensé lui rendre visite avec une tarte pour lui dire que tu ne lui en voulais pas, mais à cause de lui, tu avais passé des jours entiers enfermés chez toi, incapable de sortir. Paniquée au point de devoir vendre la librairie que tu avais bâtie de tes propres mains. Et à y repenser, ça te faisait mal. « Je suis contente de te l'entendre dire. Melbourne hein ? Ce n'est pas si loin que ça, moi je t'imaginais partir à la conquête de l'Amérique ou de l'Europe.. » Si tu avais su plus tôt qu'il se trouvait si près de toi, tu aurais pu lui rendre visite si souvent. Il aurait pu t'épauler dans les moments les plus durs. Mais tu devais arrêter de penser au passé, avec des "si" tu pouvais refaire le monde, et ta vie. Tu serais mariée à Nelligan, Concho & Ally seraient le parrain et la marraine de votre premier enfant, même que tu en serais sûrement à quatre, à ce rythme là. Ta vie parfaite était uniquement dans ta tête et elle n'arriverait jamais. Tu devrais t'y faire. Tu ouvris de grands yeux en l'écoutant parler de son projet, buvant chacun de ses mots comme du petit lait. « Je trouve ça incroyable. Je veux en faire partie, enfin, si je peux t'être utile à quelque chose, mais c'est un si beau projet Concho. J'en perds mes mots. Si j'ai un truc à te dire c'est : fonce ! » Tu affichais un grand sourire, ça c'était du projet. Le genre d'idée que tu n'aurais pas eu et pourtant qui pourrait aider pas mal de jeunes.

J’affichai un air soulagé en apprenant que personne n’avait été blessé. Par contre, j’étais encore un peu sous le choc d’apprendre que Lily-Anaëlle avait été victime d’un tel événement. Ce n’était pas banal. Je ne m’en remettrais pas en deux secondes, passant à un autre sujet comme si elle venait de m’annoncer tout bonnement qu’elle avait adopté un chat ou un truc dans le genre. Consterné, je poursuivis donc : « Et t’as su ce qu’il voulait ? J’veux dire … une attaque armée dans une librairie, honnêtement, je vois pas l’intérêt … Pas que ça a aucune valeur mais tu comprends … c’est inhabituel. » Braquer une banque, d’accord, là je voyais où la personne voudrait en venir. Et puis de ce que je savais, Lily-Anaëlle n’avait d’embrouilles avec personne, alors pourquoi s’en prendre à elle ? S’il n’y avait qu’elle et son employé Casey, ce n’était pas dans le but d’attaquer plusieurs personnes. Ça m’inquiétait, quand même, cette histoire. En même temps, j’arrivais mille ans après et il était sans doute inutile de s’en faire, à présent. Je n’avais pas été là au bon moment. Encore une fois. Lily-Anaëlle me demanda alors ce que je devenais de mon côté, et je lui parlai de mes années à Melbourne d’abord. C’était quand même un énorme chapitre de ma vie que je venais de laisser derrière moi. C’était là-bas que j’étais réellement devenu un homme, n’ayant personne pour me conseiller, m’aider, me protéger. Je volais de mes propres ailes, comme on dit. « J’aurais bien aimé, j’avoue. Mais je m’étais promis d’aller à l’aéroport, de prendre le billet le moins cher, et de partir. Et bah ça a été Melbourne, en fait … » Un peu plus jeune je me disais que ça m’amènerait dans un pays proche, ne me doutant pas que cet aéroport international faisait aussi des vols locaux, mais tant pis. Je n’aurais pas eu l’argent pour bien plus que ça, de toute façon. Et je ne sais pas si je m’en serais aussi bien sorti, avoir été à l’étranger, déboussolé et dépaysé. Je partageai finalement avec Lily-Anaëlle cette idée naissante dans ma tête, la verbalisant pour la toute première fois. L’enthousiasme de mon amie me donna ce petit surplus d’énergie qu’il me fallait pour me lancer, complètement. « T’es sérieuse ? Tu voudrais bien m’aider ? » Ça me touchait tellement, les paroles de Lily. Elle semblait emballée, touchée, autant que moi. « C’est clair que comme j’viens tout juste de revenir, j’ignore à qui m’adresser pour trouver un local. Je cherche un endroit assez grand, quand même, pour avoir deux salles de danse, peut-être. Avec des murs me permettant d’avoir de grands miroirs. Et peut-être une salle plus petite, pour un bureau. Et une autre salle pour les moments avec les jeunes durant lesquels on ne danserait pas forcément … Juste une sorte de petit salon, tu vois, où les jeunes pourraient aller s’asseoir et discuter entre eux ? Et on pourrait avoir des intervenants pour superviser mais surtout pour aider, tu vois … ? » Je parlais avec tellement de passion dans les yeux et dans la voix. « Tu connaitrais pas quelques bons danseurs ? J’serai un des professeurs, c’est clair, mais j’aurais bien aimé trouver une fille pour l’enseigner aussi, question d’en avoir pour tous les goûts. » J’espérais que Lily-Anaëlle ne blaguait pas quand elle disait vouloir m’aider : moi, j’étais très sérieux. Et ça paraissait, vu mes tonnes de demandes.

Tu fis un sourire en l'écoutant te dire que ce n'était pas de grande valeur, pour toi, un livre valait tout l'or du monde, mais c'est vrai qu'à choisir, il valait mieux braquer une banque plutôt qu'une libraire. « J'aurais tendance à dire l'argent, il devait penser récolter un peu d'argent et il a eu tout au plus 200$. » Certes ce n'était pas un bien grand butin, mais c'était une somme pour ceux qui en avaient le plus besoin, ça pouvait paraître astronomique. Tu avais juste mis toute cette histoire derrière toi. « Si Melbourne t'as permis de prendre le nouveau départ que tu voulais, c'est tout ce qui compte. » Après tout il ne suffisait pas toujours de partir le plus loin possible pour tout recommencer. Juste partir. Tu avais parfois songé à partir aussi, t'éloigner un peu de tout ce chaos, mais tu n'en avais pas eu la force. Tu n'aurais pas pu te recueillir sur la tombe de ta mère, et même si ça semblait futile, c'était une des choses qui te motivait le plus à rester ici. Ça et les relations que tu entretiens avec certaines personnes. « Je suis la plus sérieuse au monde. Je pense tout de suite à Lexi, la soeur de Nelligan, je sais pas si tu te souviens de lui. Mais c'est une excellente danseuse. Pour la partie art, il faudrait voir avec Ally, qui travaille à la galerie, pour un partenariat. Et je dois en oublier d'autres, mais je vais prendre le temps d'y réfléchir. » Tu repris un peu ton souffle, pour reprendre de plus belle. « Pour commencer, il va falloir commencer les démarches à la mairie, pour rendre ton projet plus officiel. Sera-t-elle à but lucratif ou non ? Si non, comment comptes-tu rémunérer les personnes qui vont travailler avec toi ? Sauf si tu comptes sur le bénévolat des autres. Et les locaux ? Je pense que dans un premier temps, on pourrait voir pour louer le complexe sportif, et voir s'il y a pas de vieux bâtiments à louer. Je pourrais même m'occuper de la rénovation et de la décoration ! » Tout fusait tellement vite dans tes esprits que ça partait dans tous les sens. Tu n'arrivais pas à te concentrer sur une chose en particulier, ce qui faisait que tu t'éparpillait un peu. Ce qui semblait compliqué pour toi puisque tu avais du mal à exprimer tout ce que tu pouvais penser. Il était clair que tu allais te donner dedans à 200%. Il y aurait une nouvelle association, et ce serait celle de Concho, et tu serais fière d'avoir mis ton petit grain de sel dans tout ça.

Je secouai la tête, incapable de me faire à l’idée que quelqu’un puisse risquer de blesser des gens pour un simple 200$. Je savais pourtant ce que c’était que d’avoir besoin d’argent, de ne pas savoir si demain on aurait de quoi s’acheter de quoi manger et d’ignorer si le loyer prochain serait payé. Pourtant, je n’avais jamais songé une seule fois à utiliser la violence pour arriver à mes fins. « C’est pas croyable. » Répondis-je tout simplement, étant encore un peu trop perturbé par cette nouvelle, et n’ayant de toute façon pas grand-chose d’autre à en dire. En autant que Lily-Anaëlle était correcte, et qu’elle se remettait peu à peu du choc, c’était ce qui m’importait. Le sujet de Melbourne était également clos. Mon nouveau départ m’avait fait le plus grand bien, et c’était effectivement tout ce qui importait, pour le moment. Même si je regrettais évidemment d’avoir mis de côté certains aspects et certaines personnes dans ma vie, comme Lily-Anaëlle, je savais aussi que de partir avait été la seule solution à ce moment-là. Je partageai finalement avec la jeune femme mon projet d’ouvrir un centre pour les jeunes en difficulté, et dès que je parlai de la danse, elle me proposa tout de suite des personnes qui pourraient bien rejoindre l’équipe. « Je me souviens de Nelligan, oui ! Je ne savais pas que sa sœur dansait. Je vais certainement la contacter. » Elle renchérit en lui parlant d’Ally, pour le côté artistique de la chose. Je me souvenais bien d’Ally, nous étions dans les mêmes classes et elle était l’une des rares à ne pas s’être gratuitement moquée de moi en faisant semblant d’être mon amie. Elle avait été une véritable amie, elle. Tout comme Lily-Anaëlle. Que ce soit pour le centre ou non, je tenterais certainement de rentrer en contact avec elle de nouveau. « Elle travaille à la galerie d’art, maintenant ? Elle doit être ravie. » Dis-je avec un sourire. Après lui avoir répondu, Lily ajouta qu’elle continuerait à réfléchir pour d’autres personnes avec qui je pourrais collaborer. En ce qui concernait les démarches plus officielles, la brunette me détailla où me rendre pour les locaux, avec qui en parler, à quels détails songer. « Ce serait un organisme sans but lucratif, alors idéalement les gens seraient bénévoles, ou alors une rémunération assez moindre. » J’avais beau être nouvellement millionnaire, je ne pourrais assurer le salaire de quelques employés très longtemps sans me ruiner. « Pour les locaux, ouais le complexe sportif en attendant ce serait pas mal, mais j’avoue que je préférais bien trouver un vieux bâtiment à retaper à mon goût. Question d’avoir vraiment notre lieu à nous. » Dis-je en parlant des jeunes et moi, et de mes collègues. « C’est clair que si tu pouvais m’aider pour la réno et la déco, je serais aux anges, Lily. Je suis persuadé que tu saurais exactement quoi faire de l’endroit. » Je n’avais certes pas vu ses réalisations, mais je vouais une confiance sans limite à mon amie. « J’ai bien fait de t’en parler. Ça me donne le coup de pied au derrière qu’il me fallait. » Dis-je avec un sourire. Nos retrouvailles avaient été un peu imprévisibles, mais elles repartaient dans le bon sens, là.

Il avait écouté chacune de tes idées, laissant le temps de reprendre ta respiration pour que tu puisses intervenir et le couper si une idée te venait à l'esprit. Ou alors parce qu'il attendait de voir si tu avais vraiment arrêté de parler parce que des fois, tu pouvais reprendre précipitamment. « Je te donnerais son numéro ! » Tu avais déjà sorti ton téléphone pour lui chercher, parce que tu voulais être certaine qu'il la contacte rapidement.  « Oui, elle a toujours aimé l'art alors quand elle revenue y a 4 ans, c'était un boulot fait spécialement pour elle. » Tu te souvenais que plus jeune, vous peigniez tout le temps. Et partout, c'était un souvenir amusant. Alors même si c'était un milieu qui te plaisait, toi tu n'aurais jamais postulé pour un tel poste. Pour une expo littéraire, par contre, tu ne dirais pas non. « Il faut commencer à regarder les annonces immobilières, et voir si on peut pas contacter un professionnel pour trouver l'endroit parfait ! » Tu essayais de faire la liste de tes contacts, tu avais l'impression d'être une mafieuse. Ou un agent secret. Un truc dans ce style mais la réalité était moins rêveuse. Pour le moment, tu n'avais plus rien qui te venait à l'esprit, tu étais un peu lente parfois. « Et moi ravie de partager mes idées avec toi, de voir que tu veux mon avis. » Tu pris la dernière gorgée de ton café, jetant un coup d'oeil à ta montre. Ce n'était pas très poli, mais tu étais une femme avec un métier qui rimait avec rendez-vous professionnel. « Bon, j'ai des rendez-vous, mais on se revoit plus tard pour aller au cimetière, si l'envie te prend toujours. » Tu n'avais pas oublié et si ça ne se faisait pas aujourd'hui, ça pourrait se faire demain. Ou le lendemain. Vous trouveriez bien un moment pour y aller ensemble. Ça te ferait du bien, même si tu ne pourrais pas forcément t'asseoir pour conter ta vie.

Cherchant dans ses contacts, Lily-Anaëlle me donna le numéro d’Ally, tout en me parlant de ce qu’elle avait fait depuis son retour il y avait quatre ans. J’ignorais que la rouquine était partie ailleurs pour un moment, mais je ne questionnai pas la brunette à ce sujet. J’en parlerais à Ally lorsqu’on se verrait, après tout nous aurions à parler de ce qui s’était passé depuis neuf ans, nous aussi. J’avais bien des gens avec qui rattraper le temps perdu. Bien des gens de qui prendre des nouvelles. J’étais content d’avoir rencontré Lily-Anaëlle la première. Elle était celle que j’avais le plus attendu de revoir. En même temps que de noter le numéro de téléphone d’Ally dans mes contacts, je notai aussi celui de Lily-Anaëlle. Cette dernière me mentionna que je devrais regarder les annonces immobilières d’abord, pour voir s’il n’y aurait pas un endroit convenable. « Oui, je crois que je commencerai à regarder ça ce soir, quand je serai installé. J’irai chercher le journal local. » Certes, il y avait aussi Internet, mais le journal avait parfois des annonces qu’Internet n’offrait pas, surtout dans une petite ville comme Bowen où certaines personnes plus âgées ne savaient pas forcément comment poster une annonce en ligne. Lily-Anaëlle rangea entre-temps son téléphone, ayant fait le tour des contacts pertinents pour moi. Je souris quand elle mentionna être contente que je veuille son avis sur mon projet. « Ton avis a toujours été le plus important pour moi. » Dis-je en souriant. Lily-Anaëlle étant comme une sœur pour moi, je cherchais toujours à avoir son approbation sur tout. Sauf sur mon départ, mais ça, c’était une autre histoire et nous en avions déjà parlé. La jeune professionnelle qu’elle était devenue regarda sa montre en terminant son café, et déclara qu’elle avait des rendez-vous. Je terminai aussi mon café. « Oui, je te passerai un coup de fil bientôt. » Maintenant que Lily-Anaëlle était de retour dans ma vie, je ne la laisserais plus aller. Je me levai pour lui faire un câlin avant lui souhaiter une bonne journée et de la regarder partir. De mon côté, j’avais encore bien des choses à régler par rapport à mon retour, et je m’empressai de continuer à descendre ma liste de choses à faire.

THE END.