we found each other in the dark (eleanor)

Son attitude envers Eleanor au moment de leur rencontre et au fil des échanges subséquents était tellement loin de ce qu’il se permettait d’être habituellement. Peut-être était-ce parce qu’il était protégé par la distance, protégé par l’anonymat derrière son écran et par le fait qu’il ne reverrait sans doute jamais Eleanor. Ça, c’était ce à quoi il pensait quand il lui envoyait des messages à propos d’elle, à propos de son intimité, à propos de tout ce dont il avait eu accès en échangeant son téléphone avec le sien par mégarde. Maxence savait, à ce moment-là, qu’il n’avait pas le droit de pénétrer la vie intime de la femme, mais comme elle l’avait elle aussi fait, il se disait qu’étant tous les deux fautifs, ils ne diraient jamais rien. Puis l’anonymat dans lequel Maxence se permettait de s’amuser et de narguer Eleanor s’était peu à peu estompé, justement parce qu’à l’intérieur de ces appareils électroniques se trouvait toute leur vie, en quelque sorte, et qu’au fil des jours ils ne s’étaient plus cachés, se racontant tout ce que l’autre désirait savoir. C’est à partir de ce moment-là qu’il s’était montré plus vulnérable et qu’il était tombé amoureux d’Eleanor, qui n’était alors qu’une illusion, qu’un songe fignolé par l’image qu’il se faisait d’elle, qu’elle se faisait d’elle. Depuis son arrivée à Bowen, cet amour était devenu une brutale réalité. Cet amour ne se raisonnait plus dès qu’il fermait le téléphone portable. Cet amour n’était plus qu’une idée enjolivée à l’autre bout du monde. Ils étaient tous les deux là, ils connaissaient tout de l’autre, et ils s’aimaient d’un amour intense. Et se connaître à ce point-là était exactement ce qui les empêchait de s’aimer au grand jour. Ils savaient tous les deux tout ce que l’autre avait à perdre. « En vrai, t'étais tellement agaçant que ça en devenait irrésistiblement attirant. J'avais envie de te gifler et de t'embrasser en même temps. C'était... déconcertant. Et pourtant, tellement excitant. » Maxence sourit. Elle mettait des mots sur ce qu’il avait ressenti durant toutes ces semaines de correspondance. « Mais comme c’était difficile de gifler ou d’embrasser à distance … on devait s’en tenir aux mots. Heureusement qu’aujourd’hui je t’agace un peu moins … ma joue t’es autant accessible que mes lèvres. » Affirma-t-il en riant doucement. Il la regarda un moment dans les yeux, son sourire s’estompant peu à peu même si la douceur se lisait toujours sur son visage. Puis, brisant ce moment pour mieux en créer de nouveaux, Maxence réitéra la proposition d’Eleanor de casser la croûte. La jeune femme l’entraîna jusqu’à la cuisine sans plus tarder. « Qu'est-ce que tu veux ? J'ai un peu de tout. Et je suis capable de faire beaucoup de choses... En cuisine, bien sûr. » Le sourire de Maxence s’agrandit à ces paroles. « Ne sous-estime pas les autres domaines. » Renchérit-il en lui adressant un regard malicieux à son tour, haussant légèrement les sourcils. Il s’approcha d’elle pour voir ce que contenait son réfrigérateur, réfléchissant à ce dont il avait envie. Il repéra quelques charcuteries et du pain ciabatta laissé sur le comptoir. « Je ne dirais pas non à un sandwich. » C’était simple, mais avec un peu d’imagination, ils en feraient une création digne d’un petit bistro. « Tu cuisines avec moi ou tu préfères te faire servir ? » Maxence esquissa un sourire. « J’avoue que l’idée qu’une princesse cuisine pour moi me fait bien sourire, mais je ne suis pas comme ça. » Il attrapa alors les ingrédients nécessaires dans le frigo et les disposa sur le comptoir, prêt à mettre la main à la pâte.

Ils n’avaient jamais vraiment pris le temps, depuis leur rencontre en face à face, de revenir sur ces moments partagés ensemble via les écrans de leurs téléphones échangés. Ils avaient vécu leurs retrouvailles à cent milles à l’heure, en oubliant presque d’où cette relation provenait. D’un heureux hasard. D’un magnifique incident. De belles engueulades et intrusions dans la vie de l’autre. Maxence se rendait compte, maintenant qu’ils profitaient de cette nuit magique pour discuter de ce qui les avait attirés l’un vers l’autre, que ce qu’ils avaient était unique. Qu’il était idiot d’avoir si longtemps mis les freins. Qu’il était idiot de ne pas, dès maintenant, appuyer sur l’accélérateur. « T'es bien trop beau pour que je te gifle. Je ne voudrais pas abîmer ce visage angélique. Même si tu es loin de l'être. » Le juge arbora une expression faussement choquée par ces paroles. Il savait qu’il n’était pas pur, ainsi il n’était effectivement pas un ange selon la définition populaire. Toutefois, Maxence tentait avec persévérance d’être quelqu’un de bien, un homme bon, un homme droit. Il faisait des erreurs, des faux-pas, mais il pensait réussir mieux que d’autres à suivre la bonne voie. Sans doute trop pour son propre bien. « Tu dis ça maintenant mais … t’es loin d’avoir vu mes mauvais côtés. » Ajouta Maxence avec un sourire malicieux, un sourcil arqué. C’était plus ou moins vrai, étant donné qu’Eleanor avait appris bien vite et bien malgré elle qu’il pouvait se montrer indiscret et plein de reproches dans ses commentaires. Cependant, Maxence avait aussi bien d’autres défauts que la jeune femme ne connaissait pas encore. En tout cas, le manque de compliments n’en était pas un, puisque le juge ne manqua pas de rassurer Eleanor quant aux autres domaines dans lesquels elle excellait, ce qui sous-entendait pour le moment la sphère sexuelle. « Tu te débrouilles pas mal aussi. Mais je pense que j'aurai besoin de réessayer quelques fois encore pour me faire un avis définitif. » La brunette enroula ses mains autour du cou de l’homme et l’embrassa tendrement. Maxence avait posé ses mains sur les fesses d’Eleanor et lui rendit son baiser, un sourire aux lèvres. « On a encore quelques heures avant que tu n’aies à rendre ton verdict. » Répondit-il en la laissant repartir jusqu’au réfrigérateur. Ils avaient beau avoir fait l’amour deux fois déjà, le juge n’en avait pas assez et se sentait bien capable de leur donner des ailes encore pour de nombreuses fois. Pour ce faire toutefois, Maxence aurait besoin de force, et c’est pourquoi ce sandwich l’appelait tellement. Avant même qu’il ne puisse commencer à s’exécuter, Eleanor lui enleva les ingrédients des mains et le força à se rasseoir. « Je vais réaliser ton rêve d'être servi par une princesse. » Avec un sourire, il posa ses coudes sur l’îlot autour duquel ils se trouvaient, lui assis sur un haut tabouret, elle affairée à la tâche, debout. Après un moment, elle déposa ce petit snack devant lui. « Et comme boisson ? Un petit verre de vin ? » Il hocha la tête. « Du vin rouge, si tu en as, merci. » Il sourit en la regardant les servir et quand elle vint le rejoindre, il l’embrassa. « Merci, princesse. C’est la première fois que je mangerai un sandwich royal. » La taquina-t-il, lui faisant un clin d’œil avant de mordre dans le pain. Maxence le dévora en dix minutes et termina sa coupe de vin tout aussi rapidement. « Tu me fais visiter le reste de ta maison ? » Demanda-t-il, espérant surtout y voir sa chambre.

we found each other in the dark

feat maxence & eleanor

« Tu dis ça maintenant mais … t’es loin d’avoir vu mes mauvais côtés. » Tu rêves à croire que Maxence n'en a pas justement, de mauvais côtés. Mais comme tout le monde, tu sais qu'il en a. Même si jusqu'ici, en effet tu n'en as vu que très peu pour ne pas dire pas du tout. Le seul qui te vient en tête est ce besoin de contrôle indéniable. Même si tu peux le comprendre, ça a tendance à te rendre dingue par moment. Surtout quand tu lui ouvres ton coeur plus qu'à n'importe qui et qu'il le brise inlassablement. Et même si tu sais que c'est inconsciemment, qu'il le fait, ça fait mal à chaque fois. Néanmoins, ce soir, tu dois bien l'avouer, le jeune juge t'as étonné. Surprise, même. Et dans le bon sens du terme, évidemment, car il a su mettre un termes - passager du moins - à ces barrières qu'il se met sans cesse. « Ah oui ? Et quels sont-ils ? » Demandes-tu, curieuse et un léger sourire aux lèvres. Oui, tu veux connaître chaque aspect de sa personnalité même si certains te déplairont sans doute. Mais ça, tu t'en fiches pas mal parce que connaître Maxence en long et en large est un de tes plus grands souhaits. Sans doute est-ce le cas pour toutes les personnes amoureuses, non ? Car oui, même si tu as eu du mal à l'avouer, tu es bel et bien amoureuse de cet homme si beau et majestueux. Le jeune homme te compliment finalement sur tes nombreux talents dont ceux qui concernent les activités noctures. Tu ne peux t'empêcher de sourire, malicieusement en entendant sa réponse. « On a encore quelques heures avant que tu n’aies à rendre ton verdict. » Ses mains posées sur tes fesses ne font qu'attiser la flamme du désir qui sommeille en toi mais tu sais que le moment n'est pas encore venu pour qu'elle s'embrase. D'abord, vous devez manger parce que malgré tout, ton estomac crie famine. « Tu parles comme dans un tribunal. » Rétorques-tu, amusée. « Être juge c'est tellement toi. Je ne t'imaginerais dans rien d'autre. Même si tu es doué dans de nombreux domaines. » Ajoutes-tu, sincèrement. Tu sais que son métier est sa passion et presque même, sa raison de vivre. Et tu es heureuse pour lui, même si son métier vous ralentit sans doute. C'est ça, l'amour, non ? Finalement, une fois dans la cuisine, tu prépares votre repas. Un sandwich basique mais qui fait l'affaire, accompagné d'un verre de vin rouge, le combo parfait. « Merci, princesse. C’est la première fois que je mangerai un sandwich royal. » Tu ris, amusée par la réfléxion de Maxence. C'est un sandwich plutôt banal qui n'a rien de royal mais ça te fait sourire que le jeune homme pense le contraire. Tu manges ton sandwich et le termines quelques secondes après le jeune homme. Vous êtes plutôt synchros pour le coup. Une fois terminé, Maxence te demande de lui faire visiter le reste de la maison et tu t'éxécutes, comme à ton habitude. Lui faire visiter ton antre, ton espace personnel rend votre relation davantage unique et symbolique. Tu ne l'as jamais fait pour un homme auparavant. Tu commences par ton bureau où tu passes la plupart de ton temps puisqu'étudier fait partie de ton quotidien. Ou faisait étant donné que tu viens tout juste de terminer tes études. Ensuite, tu passes en revue la chambre d'amis sobrement décorée et la deuxième salle-de-bain qu'il n'a pas encore vue. Tu termines volontairement par ta chambre, une idée derrière la tête. Sans doute la même que Maxence, après tout. Tu souris en ouvrant la porte de ta pièce préférée, celle où tu passes tes meilleures nuits. « Voilà. Ma maison n'a plus de secrets pour toi, à présent. » Dis-tu, taquine. Cette maison n'est pas très grande mais tu t'y sens chez toi et c'est tout juste suffisant. Tu ne la changerais pour rien au monde. « Alors, t'en penses quoi ? » Demandes-tu, l'air légèrement inquiet. L'approbation de Maxence est quelque chose d'important pour toi, plus qu'il ne le faudrait d'ailleurs. Tu t'approches, plongeant ton regard dans le sien et passant une main dans ses cheveux. Ton regard en dit long sur tes intentions mais avant ça, tu veux savoir ce que Maxence pense de ton chez toi. Et tu espères qu'il aimera pour revenir autant qu'il le voudra.

Spoiler:

« Ah oui ? Et quels sont-ils ? » Maxence aurait aimé pouvoir lui dire que pour elle, il allait balayer tous ses défauts, devenir un homme meilleur, être en parfaite symbiose avec ce qu’elle était, malheureusement la vie n’était pas aussi facilement faite. Tant mieux, peut-être. Le contraire deviendrait sans doute bien vite lassant. Maxence avait beau répéter, encore et encore, qu’il cherchait à être avec une femme avec qui il pourrait vivre une vie bien simple et rangée, il savait aussi qu’à quelque part, il aurait besoin d’un peu de mouvement. D’aventure. De changements constants. La routine qui n’évolue pas ancrerait n’importe qui les deux pieds dans le ciment, à vieillir sur place. Maxence ne voulait pas de ça, tout autant qu’il ne voulait pas non plus d’une relation mouvementée au point de se perdre dans toutes les prises de vue. Un équilibre. Un juste milieu. Était-ce possible ? Était-ce possible avec Eleanor ? Il ne savait pas. Pour le moment, il ne voulait pas trop y songer. Ce moment était trop beau pour être détruit par les doutes. « Je suis constamment overbooké, je suis indépendant, trop selon certaines personnes … Je suis superficiel, arrogant, égocentrique, j’ai peur du ridicule, je me vois trop dans le regard des autres, je ne me laisse pas assez aller … » Plus Maxence parlait, plus il se rendait compte que cette liste de défauts qu’il était en train d’énumérer à Eleanor … elle les connaissait tous. Par cœur. Et elle l’aimait quand même. Elle avait appris à travailler avec ces défauts, avec lui, à contourner les petites imperfections pour en arriver au cœur de ce qu’ils étaient. « And yet, you’re still here. » Réalisa-t-il à voix haute. Il passa sa main sur le bras d’Eleanor, terminant sa course dans sa main, baissant les yeux vers celle-ci. Sur cette union. Cette union qu’il aurait tellement voulu pouvoir officialiser. Mais même en se rendant compte d’à quel point ils étaient faits l’un pour l’autre, Maxence ne pouvait s’empêcher de prendre en compte l’environnement autour duquel ils gravitaient. Même après ses remarques humoristiques, même après ses sous-entendus, même après leurs rires, le doute ne se dissipait pas. « Tu parles comme dans un tribunal. Être juge c'est tellement toi. Je ne t'imaginerais dans rien d'autre. Même si tu es doué dans de nombreux domaines. » C’était bien ça le problème. Maxence non plus ne s’imaginait dans rien d’autre. Il ne s’imaginait pas être quoi que ce soit d’autre. Il n’arrivait donc pas à mettre en péril sa carrière, pas même si les probabilités étaient faibles. Pas même au nom de l’amour. « Faudrait pas que je te fasse sentir trop jugée, par contre … » Nota-t-il avec un petit sourire. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose que Maxence pouvait critiquer sur Eleanor, dorénavant. Ils avaient déjà passé cette étape, à l’époque où ils étaient des inconnus. Maintenant, ils s’acceptaient, tout simplement.

Ils terminèrent leur repas nocturne avec appétit et ensuite, à la demande du juge, Eleanor lui fit visiter le reste de la maison. C’était joli. Épuré. Sobre. Décoré juste assez, avec goût. Une maison qu’il se verrait tout à fait, lui-même, habiter. Finalement, ils en arrivèrent à la chambre d’Eleanor qu’ils n’avaient pas, malgré les circonstances, encore visitée. Un sourire aux lèvres, la brunette poussa la porte tranquillement, se tournant vers lui. « Voilà. Ma maison n'a plus de secrets pour toi, à présent. Alors, t'en penses quoi ? » Et contre toute attente, il ne s’agissait même pas d’une question coquine afin qu’il commente son lit et sous-entende qu’il n’avait pas encore tout vu. Eleanor cherchait réellement à obtenir ses impressions sur sa maison, toute entière. Ça le touchait plus qu’il ne l’aurait pensé. Il lui sourit. « C’est joli. T'es bien installée. » Les compliments de ce genre, trop formels, trop poussés, ce n’était pas trop son genre, mais ce qu’il venait de dire était tout de même sincère. « Et maintenant … » Dit-il en passant son avant-bras derrière le dos d’Eleanor et en avançant de quelques pas de sorte à ce qu’elle recule à l’intérieur de la chambre. « … J’aimerais te faire l’amour. Encore. Et prendre le temps d’apprendre à te connaître par cœur. » Le regard brillant et un sourire aux lèvres, il vint sceller ces dernières sur celles d’Eleanor, prêt pour un troisième oubli dans ses bras.