hanging out this afternoon. ◭ JULIE

Toutes les deux assises l'une en face de l'autre, mangeant notre burger venant de chez McDo, nous nous régalions de ce repas ô combien gastronomique. L'idée avait surgit de nulle part et nous l'avions mise à exécution. Julie se trouvait là, mangeant quelques frites à mes côtés. Elle et moi, ça ne date pas d'hier. En fait, je ne serais même pas capable de vous dire depuis quand ça date... On se connait depuis un long moment et on aime bien passer notre temps libre l'une avec l'autre. On se comprend la plupart du temps, bien que quelques fois ont se chamaille encore sur des petites choses auxquelles on ne s'accordent pas. Sommes toute, nous entretenons néanmoins une belle relation. (Du moins, à mes yeux.) J'étais donc là, en face d'elle, mangeant aussi mes frites et buvant quelques gorgées de mon thé glacé. Nous avions pris l'habitude de nous voir régulièrement quand c'était possible pour chacune d'entre nous. On allait se promener dans le centre-ville et quelques fois, comme cette après-midi, on faisait une halte dans un restaurant ou dans un café pour se reposer les pieds. Pendant ces minutes, nous discutions souvent de banalité de la vie courante et même, parfois, de choses plus personnelles... « Tu as pris quoi comme burger ? » demandais-je par simple curiosité. Oui, question stupide, mais j'aime bien savoir ce genre de détail inutile.

McDonald’s. Je n’y avais pas mis les pieds depuis une éternité mais je m’y réjouissais d’y aller avec Aylin. Elle faisait partie de mes amies les plus proches et nous nous entendions à merveille, même si sa naïveté hors du commun avait parfois tendance à m’exaspérer. Il m’arrivait de temps à autre de la taquiner gentiment en lui faisant gober des choses incroyables, soucieuse de connaître les limites de sa crédulité. Je cherchais juste à la secouer un peu, à lui faire voir qu'il n'était pas toujours bon de croire sur parole les dires de ses proches. Assise en face d’elle, je dégustais mes frites aussi lentement que possible, profitant pleinement de ce moment de détente. Avec mon emploi du temps plus que chargé, je n'avais pas eu énormément de temps libre ces derniers temps. Chaque seconde passée à faire autre chose que planifier un mariage de A à Z avait donc un goût de paradis. « Tu as pris quoi comme burger ? » Je relevais les yeux vers Aylin, plantant mon regard amical dans le sien. « Un Big Mac, comme d'habitude. Je suis fidèle, en matière de burgers ! », répondis-je d'un air amusé avant de lui faire un clin d’œil. Le Big Mac avait d’ailleurs une plus grande place dans mon cœur que n’importe quel garçon avec qui j’avais pu avoir une aventure... Cela dit, je n’avais jamais été infidèle. Je n’avais pas de petit-ami fixe et je n’avais signé aucune clause d’exclusivité avec qui que ce soit, rien ne m’empêcher de papillonner. « Et toi ? », demandais-je à mon tour, le sourire aux lèvres. Sa réponse m'intéressait vraiment. Cette discussion avait beau sembler banale, elle n'en était pas moins plaisante pour autant ! J’avalais une gorgée de ma boisson puis reportais mon attention sur Aylin. Nous ne nous étions pas vues depuis plusieurs semaines et j’étais persuadée qu’elle avait des tas de choses à me raconter. « Alors, raconte-moi tout ! Quoi de neuf depuis l’autre fois ? »

Je regardais la belle qui se trouvait devant moi et je ne pouvais pas m'empêcher de me trouver très choyée d'être à ses côtés. Oui, je suis le genre de fille qui aime profiter de ce qu'elle possède pendant qu'elle l'a et c'est pour cela qu'à toutes les fois où j'ai le privilège de passer quelques heures en compagnie de Julie, je m'en réjouis et j'en profite pleinement. McDonald's nous ouvrait ses portes afin que nous puissions profiter d'un petit moment tranquille a déguster des aliments hyper caloriques, mais ça... On s'en moque. Une fois n'est pas coutume, même si pour Julie et moi, ce restaurant reste l'un de nos préférés. « Un Big Mac, comme d'habitude. Je suis fidèle, en matière de burgers ! » Le fameux Big Mac ! Quel classique indétrônable ! Même quand j'avais à peine dix ans et que mes parents m'amenaient manger ici, je prenais toujours ce choix. On ne se trompe jamais quand on commande un Big Mac. On est toujours sûr de faire un bon choix. Je fis donc un sourire à mon amie, mangeant mes frites tranquillement. « Alors, raconte-moi tout ! Quoi de neuf depuis l’autre fois ? » À cette question, j'eus un petit pincement de coeur, ne sachant pas trop si je devrais vraiment tout dire ou juste dire ce qui se dit. Je n'étais pas très fière de moi sur quelques récents trucs et donc c'était assez difficile d'en parler. Néanmoins, je savais que Julie n'était pas de celles qui jugent alors je pouvais me permettre de lui raconter mes récentes mésaventures. « En fait... Avec Rafaël, ça ne s'est pas vraiment replacé. C'est presque pire qu'avant... » dis-je, en passant une main dans mes cheveux. J'ignore jusqu'à qu'elle point la blonde en face de moi est au courant de l'histoire, mais je suis certaine qu'elle sait exactement de quoi je parle...

J'avais bien évidemment remarqué que la douce Aylin avait changé d'expression quand j'avais posé cette question, pourtant assez banale. Ce qui laissait présager que les nouvelles n'étaient pas bonnes et que, par conséquent, elle avait des choses à me raconter. Je n'avais pas pour habitude de juger mes amis. Je les écoutais quand ils avaient besoin d'une oreille attentive, les conseillais quand ils étaient perdues et leur offrait mon épaule quand ils avaient besoin de pleurer. Mais je ne me permettais jamais de juger leurs choix ou leurs actes. Chacun mène sa vie comme il l'entend et j'étais mal placée pour émettre une quelconque opinion sur mes semblables : ma vie était loin d'être rangée. « En fait... Avec Rafaël, ça ne s'est pas vraiment replacé. C'est presque pire qu'avant... », finit-elle par avouer. Bizarrement, je m'étais doutée que Rafaël était la cause de ses tourments. M'arrêtant soudainement de manger, je levais la tête pour la regarder avec attention. « Presque pire qu'avant ? Comment ça ? » Mon sourire s'était éclipsé, laissant place à une expression beaucoup plus figée. Je me sentais concernée par les problèmes d'Aylin et si elle voulait me parler, je l'écouterais sans problème. C'était à cela que servait les copines, non ? Je me devais d'être là dans les bons comme dans les mauvais moments. J'espère seulement que ses problèmes n'avaient aucun rapport avec sa naïveté légendaire... « Enfin, je ne t'oblige pas à m'en parler si tu n'en as pas envie... Mais peut-être que ça te ferait du bien de te confier », continuais-je, un sourire amical sur les lèvres.

Je pris une pause en écoutant les questionnements de mon amie. Elle me demanda gentiment de poursuivre sur ma lancée, si et seulement si j'en ressentais l'envie. À vrai dire, ça ne me faisait ni chaud ni froid d'en parler. À mes yeux, c'était quasiment devenue une routine que de parler de cette histoire entre Rafaël et moi. J'étais bien consciente de ce qui se passait et je savais qu'en parler me ferait du bien alors je me laissais aller avec les gens en qui je savais que je pouvais avoir confiance. Comme Julie fait partie de ce groupe de personne sur qui je peux compter, je sais que mes propos seront gardés secrets et que je ne serai pas jugé. Je posa donc mon breuvage sur la table, l'ayant précédemment pris entre mes doigts pour en boire quelques gorgées. « En fait, depuis mon anniversaire, au mois de septembre, je n'ai pas revu Rafaël... Le soir de mon anniversaire, il m'a offert ce pendentif » Je montrais le bijou qui se trouvait autour de mon cou. « Puis... il m'a fait des avances... Il a juste... Poussé plus loin et ça m'a un peu secoué. Ça m'a fait me rendre compte que je l'aime réellement, mais que je ne suis pas prête à l'avouer. » finis-je par lâcher mollement alors que je me trouvais atrocement stupide de m'être mise dans une telle situation. Oui je l'aime, mais ça l'air que dans mon cas, les choses ne peuvent pas être aussi simple que « Je t'aime. Tu m'aime. Sortons ensemble »... « Alors j'ai un peu peur de remettre les pieds chez moi... Je ne veux pas le croiser ni rien. Je ne sais pas à quoi ça pourrait ressembler... » avouais-je, me sentant stupide de l'éviter ainsi.

J'attendais qu'Aylin s'ouvre à moi et qu'elle me confie ce qui n'allait pas. Je ne savais pas vraiment à quoi m'en tenir et pour dire vrai, je ne savais même pas si j'arriverais à dire quelque chose pour la réconforter ; mon expérience en matière de relation amoureuse avoisinait le zéro pointé et j'étais probablement la plus mal placée pour lui dire quoi faire. « En fait, depuis mon anniversaire, au mois de septembre, je n'ai pas revu Rafaël... Le soir de mon anniversaire, il m'a offert ce pendentif » Mes yeux se posèrent immédiatement sur le bijou accroché à son cou. Je le regardais pendant quelques secondes avant de reporter mon attention sur la jolie brune assise en face de moi. « Puis... il m'a fait des avances... Il a juste... Poussé plus loin et ça m'a un peu secoué. Ça m'a fait me rendre compte que je l'aime réellement, mais que je ne suis pas prête à l'avouer. » Plus je l'écoutais parler, plus je percevais sa tristesse. Elle semblait vraiment désespérée et je me sentais tout bonnement impuissante... Je détestais ce sentiment plus que n'importe quel autre. « Alors j'ai un peu peur de remettre les pieds chez moi... Je ne veux pas le croiser ni rien. Je ne sais pas à quoi ça pourrait ressembler... » Je continuais à la regarder en silence, puis un soupir m'échappa. Cette situation était loin d'être simple et je comprenais son embarras. L'espace d'une seconde, j'essayais de me mettre à sa place pour essayer de trouver une solution. Qu'aurais-je fait, si c'était à moi que cela était arrivé ? « Je suis désolée », répondis-je après un court silence. Même si j'étais sincère, cela ne servait à rien. Lui apprendre que j'étais désolée pour elle ne résoudrait pas le problème. « Tu ne lui as pas parlé ni rien du tout depuis ton anniversaire ? » Je m'arrêtais et soupirais à nouveau. J'étais une amie lamentable. « Tu ne vas pas pouvoir l'éviter éternellement, si ? Peut-être qu'il faudrait que vous voyiez, justement... Histoire de mettre les choses au clair. » Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que je lui pose des questions et que je la force à repenser à cette douloureuse histoire au lieu de trouver des mots réconfortants pour lui redonner le sourire ? C'est dans ces moments-là que je regrettais de ne pas être une fille "normale". La vérité, c'est que je n'étais jamais tombée amoureuse de personne, alors je ne savais absolument pas ce qu'elle pouvait ressentir. Dès que l'on parlait de près ou de loin de sentiments, de relations ou d'engagements, je ne trouvais rien à dire, à part des trucs cyniques - et sans grand intérêt. « Il est... amoureux de toi, lui aussi ? Vraiment, je veux dire. » Mon côté rabat-joie reprenait le dessus sans que je le veuille vraiment. Bizarrement, lorsqu'il s'agissait de sentiments amoureux, j'étais toujours méfiante. Aylin était une jeune femme adorable mais un peu trop naïve. J'avais peur qu'il se moque d'elle et qu'il joue avec ses sentiments.

Parler de toute cette histoire, même à Julie, ma très grande amie, me faisait mal. Je savais très bien que les gens auraient de la difficulté à comprendre et surtout à m'aider dans ce merdier. Je n'ose pas trop en parler par peur ou même par honte parce que je sais très bien que la solution serait facile : abandonner mon cerveau et laisser parler mon coeur. Tout me ramène à lui quand il est question de mon coeur. Tout. Je pourrais passer le reste de ma vie à ses côtés, à l'écouter me parler de tout et de rien... J'ai tellement envie d'être à ses côtés, c'est même pas possible. Les gens me trouvent sûrement trop compliqué quand je leur parle de toute cette histoire, d'où le fait que je préfère largement ignorer le sujet. Sauf qu'avec la belle blonde, c'est différent. Je sais que je peux lui en parler et qu'au mieux, elle saura me comprendre et m'aider. Je ne lui demanderai jamais de trouver la solution à ma place, non, mais juste le fait de savoir que quelqu'un d'autre est au courant, ça me fait terriblement de bien. Je pris une petite bouchée dans mon hamburger pendant que la belle face à moi commença ses questions. « Je ne veux pas l'éviter toute ma vie, non. Ça ne règlerait rien. C'est juste que j'ignorerais comment l'aborder après tout ce temps à être à l'écart l'un de l'autre. Il doit m'en vouloir... » répondis-je à ses premières questions. La dernière attira mon attention et elle prit un petit moment de réflexion. « Je crois qu'il m'aime vraiment, oui... Sinon il n'aurait pas essayé mainte et mainte fois de m'attirer vers lui. Il aurait fini par céder, par comprendre. Là il s'acharne, comme s'il ne pouvait pas vivre sans moi lui aussi... » répondis-je, l'air bas.

Plus j'écoutais mes amies me parler de leurs relations amoureuses (ou de leurs coups de cœur pour tel ou tel garçon), plus je me demandais pourquoi elles s’infligeaient cela. De ce que j'en voyais, l'amour n'avait rien de plaisant. Ce n'était que souffrance, problèmes et doutes. « Je ne veux pas l'éviter toute ma vie, non. Ça ne règlerait rien. C'est juste que j'ignorerais comment l'aborder après tout ce temps à être à l'écart l'un de l'autre. Il doit m'en vouloir... » J'avalais une frite sans pour autant détacher mon regard d'Aylin. Je prêtais énormément d'attention à ce qu'elle me disait, essayant d'analyser la situation d'un point de vue tout à fait objectif et impartial afin de lui donner les meilleurs conseils possibles. « Je crois qu'il m'aime vraiment, oui... Sinon il n'aurait pas essayé mainte et mainte fois de m'attirer vers lui. Il aurait fini par céder, par comprendre. Là il s'acharne, comme s'il ne pouvait pas vivre sans moi lui aussi... » Je ne savais pas quoi penser de ces révélations. Ce n'était peut-être pas une bonne chose, mais j'avais appris à me méfier des hommes comme de la peste. J'étais persuadée que les princes charmants et autres mâles parfaits n'existaient que dans les œuvres de fiction et je préférais rester sur mes gardes, quitte à avoir l'air rabat-joie. Je ne voulais que mon amie donne sa confiance trop aveuglément, même si elle était éperdument amoureuse. « Fais attention à toi, Aylin », dis-je gentiment. « Je n'ai pas envie qu'il te fasse souffrir. » J'avais une réaction de maman poule mais c'était plus fort que moi ; je tenais à Aylin et je savais que sa naïveté pouvait lui jouer des tours. Je ne connaissais pas Rafaël mais je n'avais pas envie qu'il se moque d'elle ou qu'il piétine son cœur. « Tu devrais vraiment aller le voir et lui parler. Je suis sûre que tu te sentiras mieux après cela », lui conseillais-je en souriant un peu. Une bonne discussion ne pouvait pas faire de mal. Elle permettrait de mettre les choses à plat. Chacun dirait ce qu'il avait sur le cœur et ils trouveraient peut-être une solution à tout cela. « Les mots viendront d'eux-mêmes, fais-moi confiance. Tu n'as pas besoin de réfléchir à ce que tu vas lui dire, laisse parler ton cœur et tu verras ce qu'il se passe. Vous allez bien être obligés de vous recroiser tôt ou tard, de toute façon... Alors n'attends pas et prends les devants. Plus le temps passe, plus ce sera dur. » Je ne savais pas si mes conseils étaient judicieux mais en me mettant à sa place, c'est ce que j'aurais fait. Parler à Rafaël, lui dire ce que j'avais sur le cœur, écouter ce qu'il avait me dire... Et aviser, suivant le tournure que prendrait la conversation. J’espérais sincèrement qu'Aylin trouverait une solution et que cette histoire finirait par s'arranger. Je n'aimais pas la voir préoccuper et me sentir impuissante était un sentiment plus qu'horrible.

J'écoutai le discours de ma belle amie après lui avoir fait le mien. « Fais attention à toi, Aylin. Je n'ai pas envie qu'il te fasse souffrir. » Je fis un petit sourire, signe que j'appréciais ses intentions. Je souffre beaucoup plus en étant loin de lui qu'en étant avec lui, je pense. C'est sans doute ça le plus tragique de l'histoire. Je pris une grande inspiration, mangeant une autre de mes frites qui commençaient à refroidir. Les mots viendront d'eux-mêmes, fais-moi confiance. Tu n'as pas besoin de réfléchir à ce que tu vas lui dire, laisse parler ton cœur et tu verras ce qu'il se passe. Vous allez bien être obligés de vous recroiser tôt ou tard, de toute façon... Alors n'attends pas et prends les devants. Plus le temps passe, plus ce sera dur. » Ce qui me faisait le plus mal dans les dires de Julie c'était qu'elle avait des plus raisons. Elle est la voix de la sagesse. À tout coup. « Tu as tellement raison ! Je devrais prendre les devants et régler ça une bonne fois pour toute... Pourquoi pas le weekend prochain ? Je pourrais aller au dîner de famille ? Et... Bon. On verra... Je pense juste que le fait de me représenter à la maison sera un peu choquant pour lui alors il faudra d'abord que je vois sa réaction... » Je présume que se repointer devant lui après des mois d'absences ne passera pas très bien, mais après tout... Il faut bien le faire si on veut que ça s'arrange, éventuellement. Je pris une nouvelle bouchée de mon burger et ensuite cala quelques gorgées de mon verre. « Et toi ?! Assez parlé de moi, voyons ! Il y a bien du neuf dans ta vie ? » demandais-je, en m'installant plus confortablement sur le petit banc du restaurant. Je me sentais quelques fois égoïste quand je parlais trop de mes problèmes au dépourvu de ceux des autres. Il n'y a probablement pas que moi qui souhaite se confier, au fond.