Dakol. A souvenir is a tangible memory keeper, an almost metaphysical object.

Lorsqu’on m’avait proposé le poste à Bowen, je ne croyais pas que ça impliquerait d’être aussi active dans la communauté. Et comment allais-je finir ma thèse d’ici septembre, moi? J’avais délaissé mes papiers, mes résultats et mes éprouvettes le temps d’une soirée pour me vêtir d’un beau tissu en direction du théâtre de Bowen. J’avais cru bon de me distinguer davantage afin de me fondre dans la masse. Des salutations formelles, d’autres moins formelles. Et pourtant, elles me semblaient d’une inutilité et je ne voyais pas l’intérêt de me présenter. Des poignées de main, des baisers sur chaque joue. Je savais qu’un bon nombre des invités pouvaient financer mes études et me couvrir de bourses en le temps de le dire. Pourtant, ce soir je me sentais un peu blasée par toute cette pression associée à la communauté scientifique qui semblait s’être jointe à nous le temps de quelques heures.

Puis, on me regardait depuis fort longtemps, il ne me restait qu’à attraper le vilain garnement. Chose faite, il ne détournait pas le regard. Il ne m’en fallait pas plus pour que je sois intriguée. Il levait son verre, les yeux rivés dans les miens. J’en faisais autant avec ma coupe de champagne par simple politesse. Lentement, j’arrivais à me sortir de la masse poliment pour retrouver l’homme au regard perçant. Je ne le connaissais ni d’Adam, ni d’Ève et pourtant, il n’en fallait pas plus pour m’intriguer. Je le retrouvais dans son coin en me demandant toujours qui il était. « Bonsoir. » soufflais-je avec une voix mielleuse. « Que faites-vous seul, ce soir? » J’aurais pu lui demander ce qu’il faisait, avec qui il était, mais l’envie de le découvrir différemment m’excitait. Je le regardais avec un fin sourire, le regard félin. Je n’avais pas envie de me présenter, je n’avais pas envie d’en dire long sur qui j’étais réellement. Je ressentais une bouffée d’adrénaline même à jouer l’illustre inconnue alors que tout le monde semblait me connaitre. Je regardais sa main, pas d’alliance. Une charmante soirée s’annonçait.