get right -r.

Grace devait être trop curieuse, elle se demandait quelle était la relation entre ces deux jeunes gens et, imaginer Lily en couple ne pouvait que la rendre heureuse, puisque ça voulait dire que la brune allait être heureuse à son tour. C'était tout ce que la sainte voulait, voir les gens heureux autour d'elle. La sainte parlait de ses impressions après avoir quittée l'Église, pour l'instant, rien de négatif, jusque des cauchemars répétitifs qui commençaient vraiment à l'apeurer, mais ce n'était qu'une mauvaise passe, elle ne pouvait pas imaginer que c'était un signe de sa part pour qu'elle regrette son choix. Pour l'instant, elle ne regrettait rien et voulait profiter de sa liberté. « J'espère ne pas devenir une personne rare, alors. »  Pourtant, elle avait bien l'impression que quelque chose n'allait pas chez elle, que ce n'était pas normal de vivre ce qu'elle ressentait, comme un énorme vide qu'elle essaye de remplir en buvant pour le moment. Ça allait passer. Sans doute. « Je ne compte pas aller trop loin, de peur de trop regretter. »  Une légère impression de contradiction frappait son esprit, elle voulait faire des choses, mais avait trop peur que le Dieu ne pardonne pas tous ses gestes déplacés, qu'il soit déçu d'elle, elle qui cherchait à le décevoir le moins possible, quitte à se couper de vivre. « Pour tout vous avouer, j'ai déjà bu de l'alcool l'autre soir. Ce n'était pas une grande réussite mais, je regrette un peu. »  Elle se mise à rire, regretter un geste qu'elle avait voulu faire, c'était insensé à ses yeux. Si elle l'a fait, c'est qu'elle l'avait voulu, rien de plus. « Je suivrais vos conseils, j'irais petit à petit. »  À la fin de son expérience, la jeune femme ne comptait pas sortir avec une cigarette entre les lèvres, un verre à la main et avachi sur un canapé. Ce n'était que le temps de voir ce que tout fait. Pour ressentir ce que les autres ressentent. « Je ne suis pas habillée de manière vulgaire, n'est-ce pas ? »  Une petite moue comme pour supplier Lily de lui dire non, bien que pour Grace, sa tenue était des plus osées, peut-être parce qu'elle n'avait pas l'habitude de porter des robes pareilles. 

Tu l'écoutais te dire qu'elle avait déjà bu et qu'elle le regrettait un peu, tu comprenais aussi. Ce n'était pas facile, quand on a des valeurs, quand on est conditionné dans un certain état d'esprit, il était difficile de voir les choses autrement. Tu posais ta main sur son épaule, accompagnant tes mots d'un délicat sourire. « Il ne faut pas ! » L'alcool en soi n'était pas terrible. C'était un poison, doux et lent, agréable parfois, mais ce n'était pas tant ça le problème. Le problème c'est les réactions, des personnes. Quand on ne boit pas, on ne sait pas comment notre corps réagi, comment on réagit. Toi, tu te laissais aller à faire n'importe quoi, alors tu avais pris la décision de reprendre une consommation basse voire nulle. Tu ne pourrais pas toujours ne pas boire, parce que l'alcool coulait à flot dans cette ville, comme si c'était courant. Parfois on pouvait penser que c'était de la vodka qui sortait des éviers plutôt que de l'eau. Le Maire devait avoir une certaine réserve, ou alors de très bonnes relations. Tu ne saurais dire, et ce n'était pas vraiment ce qui t'intéressait en ce moment. Tu la détaillais une nouvelle fois du regard avant de reprendre doucement. « Que nenni ! Vous êtes ravissante. » Tu n'étais pas du genre à mentir, et même pour une bonne amie tu étais incapable de sortir un mensonge. C'était peut-être pour ça que tu paraissais sympathique.

Quand la main de Lily se posait sur l'épaule de la blonde, un frisson parcourra l'entièreté de son corps ; la trentenaire était loin d'être tactile, tout contact la faisait, soit rougir soit grimacer, dans le cas présent, les deux se mélangeaient bien qu'elle essayait de rendre un sourire plutôt maladroit à ses paroles. « Je vais essayer de m'en convaincre. » Le calcul était assez simple dans sa tête ; alcool égal mal absolue, l'ivresse est pire, mais heureusement, elle n'a jamais été jusqu'à ce stade, peinant toujours à finir un simple verre. La sainte avait toujours l'impression d'avoir de l'alcool à la place du sang même si elle n'avait bu qu'un unique verre et, même pas une moitié. Mais, Grace voulait faire comme les autres, boire comme eux le font et tant pis si elle se mettait à ramper pour rejoindre son lit ; si jamais elle arriverait chez elle. Pourtant, ce soir, elle ne buvait pas, pas devant Lily, bien trop honteuse de lui avoir cité des paroles qu'elle même ne respectait plus. Passant une main sur la robe assez moulante qu'elle s'était autorisée à mettre, son mal-être devenait de plus en plus présente, se sentant vulgaire et pas elle-même. Se mêler dans la foule, faire comme les autres voulait aussi dire se changer, un concept avec lequel la blonde avait du mal. Mais un temps viendra où elle pourrait faire comme eux sans se tracasser la tête, ça se ferait naturellement, tout comme ses anciennes habitudes allaient s'en aller. Il faudrait sans doute des semaines ou bien des mois, mais ça se fera. « Ah .. Eum … Merci beaucoup Lily-Anaëlle. » Son rire reprenait. « J'ai quand même hâte de rentrer chez moi pour me changer. » Ou se caler dans son lit, comme toujours, quand elle se sentait mal.

Tu hochais la tête en riant doucement en l'entendant parler du fait qu'elle avait vraiment hâte de rentrer chez elle pour enlever cette satanée robe. Tu ne comprenais pas trop pourquoi au début. C'était surtout pour l'image que ça donnait. Même si sa robe était dans les convenances, elle devait se sentir étrange elle, qui n'avait pas l'habitude de ce genre de vêtements. « Je vous comprends tellement ! » Toi aussi tu t'étais sentie souillée ces derniers temps. Enfin, pas depuis ton voyage à Bristol. Ce voyage t'avait changé, tu avais repris une place dans une vie rangée, et tu évitais les tenues moulantes, et les sorties en bar. En même temps, tu n'avais plus de raison pour faire ce genre de choses. Tu avais une vie heureuse, sans l'ombre d'un nuage. « Sachez que si vous souhaitez partir, je ne vous en empêcherais pas. » avais-tu ajouté dans un léger sourire, toujours en gardant ta main sur son épaule. Tu voulais qu'elle sache qu'elle n'était pas obligée de rester pour toi. Tu étais déjà ravie d'avoir pu discuter avec elle, un moment. Et puis, tu aurais sûrement l'occasion de la revoir très vite. Elle finirait bien par apparaître dans ton champ de vision, à une autre occasion. Tu pensais déjà la librairie puisqu'elle avait parlé de passer à l'occasion et qu'elle était du genre à tenir sa parole. Et puis, aux événements de la ville, elle n'avait plus de restrictions maintenant.

Elle aurait dû se douter en sortant de chez elle qu'elle allait se sentir mal dans cette robe, après tout, elle n'avait l'habitude de rien mit à part sa tenue de sœur. Et quand elle sortait, c'était toujours habillé comme un petit ange. Ce soir, elle avait l'impression de s'éloigner d'elle-même, mais ce ne pouvait être que pour son bien et celui de son changement qui n'était pas des plus radicales, mais pour ses pensées, c'était déjà beaucoup. Bien que Grace essayait de soigner son image ce soir, en faisant en sorte que sa robe reste des plus droits, des plus belles pour masquer la laideur qui se cachait dans les pensées de la blonde, elle se sentait plus que mal à l'aise. Et alors, Lily la gênait une seconde fois avec sa remarque, la sainte n'oserait jamais dire oui et partir. Le mieux serait que Lily dise qu'elle devait s'en aller pour rejoindre son ami qui devait l'attendre depuis quelques bonnes minutes, pourtant, elle avait bien l'impression que si aucune des deux ne disaient qu'elles partaient, les deux resteraient ici pendant des années sur ces chaises devant un verre d'alcool plein et un verre déjà bien siroté. « Je vais arrêter de vous prendre en otage et vous laissez rejoindre votre ami. Il doit vous attendre, lui aussi. » Elle se levait, remettant sa robe en place puis esquissant un sourire attendant qu'elle se lève à son tour pour ne pas avoir le sentiment de l'abandonner. « Je vous souhaite de passer une bonne soirée, Lily. » Elle s'approchait de la porte, tenant son sac et son manteau assez fermement.