play or leave -r.

Tu essayais de t'habituer à ta nouvelle vie. Pour ça, tu avais dégoté un boulot de commis de cuisine, tu épluchais des légumes à longueur de journée, et faisais le nettoyage de la vaisselle, de la cuisine. A l'entendre comme ça, on pouvait dire que ça payait pas de mine, mais tu avais un boulot, et tu l'aimais bien. Et puis tu avais aussi ta nouvelle colocation, avec Nell, Maisy & Jordan. Pour ce qui étaient de deux dernières, tu ne pouvais pas dire que c'était l'entente folle. Parce que vous étiez assez différentes. Mais vos différences permettaient d'avoir des discussions intéressantes. Malgré les apparences de filles pourries-gâtées, elle étaient sympathique. Au moins, tu pouvais dire que tu avais une vie intéressante et mouvementée. Elles avaient même tenté de te faire prendre un rail. C'était trop pour toi, elles étaient libres de se droguer, mais ce n'était pas pour toi. Pas pour le moment, en tout cas. Ce soir, tu voulais retenter l'expérience de la boîte de nuit. Anna t'y avais amené la première fois que tu étais venue. Tu n'avais pas supporté l'ambiance longtemps mais il était temps pour toi de lui accorder une seconde chance. Tu savais que tu devais jouer le jeu à fond. Pour ça, tu avais demandé à Maisy si elle n'avait pas une robe ce qu'elle t'avait prêté, mais elle avait un peu insisté pour t'accompagner. Tu avais été catégorique, parce qu'elle ne pouvait pas le faire. Elle n'allait pas te supporter, tu le savais. Tu avais enfilé la robe tube à paillette et tu avais du remettre un châle sur tes épaules parce que tu te sentais trop dénudée. une fois au bar, tu t'installais pour commander une boisson sans alcool, tu ne pouvais pas prendre un verre alcoolisé. Si tu commençais à draguer, autant être en pleine possession de tes esprits, au cas où les choses tourneraient mal.

Il était aux alentours de 22 heures lorsque Matt rentra à l’appartement dans un état lamentable. Je ne sais pas s’il s’est fait agresser ou s’il s’est fourré dans des embrouilles pas possibles mais quoi qu’il en soit, je suis persuadé qu’il s’est mangé un pain dans l’œil pour que celui-ci soit aussi noir. Mais bon, malgré mon insistance pour le conduire à l’hôpital, il a été se coucher, style de rien, fermant sa porte de chambre à clé pour que je ne l’importune pas. Bref, je n’ai pas tout compris et je me suis retrouvé comme un débile à regarder la télévision, avachi dans le fauteuil du salon, m’inquiétant pour mon meilleur ami. Deux heures plus tard, je toquais à sa porte et une nouvelle fois, je me fis envoyé promener, ce qui m’énerva au plus haut point. Il n’en fallu pas plus pour que je finisse de m’apprêter en quatrième vitesse et que je quitte l’appartement. Nous avions initialement prévu une sortie en boite de nuit et il était hors de question que j’abandonne le projet.

J’arrive donc enfin à la soirée et le trajet a eu raison de ma colère. Je décide tout simplement de profiter à fond, comme je le fais à chaque fois. Alors, je rejoins le bar et je commande un double whisky coca, ma boisson favorite, avant de me diriger vers une jeune femme que je n’ai encore jamais vu. « Tu vas avoir chaud si tu gardes ton chale ! » Pas mal la phrase d’accroche non ? « Et tu risques de ne pas t’amuser beaucoup avec juste un verre de soda. » Oui, j’aime bien les préjugés. Mais bon, vous en avez vu beaucoup vous, des personnes en discothèque qui s’éclatent sans boire ?

Tu étais assise dans ton coin. Attendant. Tu ne savais pas trop ce que tu attendais en fait, ce que tu aimerais ce qu'il arrive. Tu avais le regard vide, qui regardait ton doigt. Tu avais longtemps eu l'habitude de jouer avec la bague, ne plus la porter, parfois ça te donnait l'impression du subir un symptôme de fantôme. Comme quand on se fait amputer et qu'on a l'impression d'avoir toujours le membre en question. Une voix te sortit de tes pensées et tu fus amusée par sa remarque. « Pour le moment ça va » Tu ne bougeais pas vraiment de ta chaise, donc tu ne voyais pas comment tu pourrais avoir chaud. Quoique rien qu'en le regardant, tu avais des pensées malsaines, du genre interdites pour toi. « C'est vrai, mais faut-il forcément boire de l'alcool pour s'amuser ? » Tu avais jeté un petit sourire. Après tout fallait-il vraiment être ivre pour pouvoir profiter de la fête ? Et quitte à le décevoir encore plus, autant lui dire la vérité dès le départ. Il n'aurait qu'à tourner les talons et trouver une autre femme, plus facile à séduire. « Je n'en aime pas le goût pour être honnête.. » Tu avais haussé doucement les épaules, tu pouvais en boire, si tu te pinçais le nez et que tu avalais très vite, mais tu n'avais pas encore l'habitude de ces boissons fortes.

La jeune femme ne tarde pas à me répondre. Visiblement, son châle lui convient très bien où il est et je comprends rapidement que l’alcool n’est pas en question pour la soirée. A priori, je ne me suis pas dirigé vers la demoiselle la plus facile à séduire de la discothèque mais bon, peu m’importe, j’aime les défis, et particulièrement ce soir, cela ne va pas me faire de mal. Et puis, même s’il ne se passait rien, le but est surtout de passer une bonne soirée, parce qu’autant dire que mon cœur est loin d’être disponible en ce moment. « A toi de me dire… J’ai toujours pensé que oui car je ne suis pas aussi décontracté sans alcool et pas aussi « sans limite » mais si tu me dis que tu n’en as pas besoin pour t’amuser, alors je demande à voir de quoi tu es capable à jeun. » Bah oui, je ne vais pas la croire sur parole quand même ! Il n’y a que les preuves qui me satisfassent. « Mais ça c’est parce que tu n’as jamais goûté LA boisson qui te convient. Qu’est-ce que tu as déjà testé ? Il parait que les femmes sont plus friandes de tout ce qui est cocktail assez sucré et plutôt pas trop fort… » J’ai en tête quelques idées qui pourraient la faire changer d’avis, mais encore faut-il qu’elle soit prête à tenter l’expérience et donc assez ouverte d’esprit.

Tu avais souris. C'était un homme amusant. Du genre que tu n'avais pas encore trop rencontré, il semblait avoir un sens de l'humour assez particulier. Tu l'avais écouté jusqu'au bout, en rigolant. Il n'était pas capable de se lâcher sans boire ? C'était un peu dommage dans un sens. Devoir boire pour se sentir plus libre, ce n'était pas un peu contradictoire ? « Hé bien je pense pouvoir me lâcher sans boire une goutte ! » Tu ne savais pas d'où te venait une telle assurance, et encore moins si tu serais capable d'assurer ta parole. Après ça restait un défi relevable, il te suffisait de danser un peu. Peut-être de rentrer dans un jeu de séduction, mais ça tu ne le savais pas. Tu n'y connaissais rien. L'amour ce n'était pas une chose qui te parlait beaucoup, mais pourquoi ne pas essayer aussi, après tout, tu voyais bien toutes ces personnes se lier et se délier, comme si c'était normal. Tu avais une vision différente parce que tu avais été élevée différemment, mais il était temps de changer. Tu l'écoutais te demander ce que tu avais déjà goûté, et tu te sentais prise au piège, c'était facile de dire qu'on pouvait s'amuser sans alcool, si on ne l'essaie pas. « Je n'ai jamais bu à vrai dire.. Alors si tu arrives à trouver une boisson qui me surprendra et qui ne me brûlera pas la gorge, je suis partante ! » Et si ça ce n'était pas une invitation à t'offrir un verre, alors tu ne savais pas ce que c'était. Tu verrais très vite ce que ça donnait de toute façon.

J’espère que la jeune femme se rend bien compte qu’en me disant cela, elle va être obligée de me prouver ses dires. Je ne suis pas le genre d’hommes à écouter sans que ce soit mis en œuvre derrière et pour ma part, je relève toujours les défis et donc je n’en attends pas moins de mes amis, acolytes et partenaires de soirée. Je lui tends alors ma main pour faire une sorte d’high-five, histoire de conclure le pacte. « Et qu’est-ce que je gagne si tu n’y parviens pas ? » Bon bien sûr, j’y vois toujours mes gains personnels mais qu’est-ce qu’un défi sans un minimum d’enjeu. Finalement, j’entraine la jeune femme dans un jeu interdit, celui où elle va découvrir l’alcool avec moi, puisqu’elle m’avoue enfin ne jamais avoir picolé de sa vie. Un large sourire prend place sur mon visage et avant de m’échapper, je lui dis « Ne bouge pas, je reviens. » Quelques secondes plus tard, je suis à l’autre bout du bar en train de discuter avec le barman. Je lui passe une commande un peu spéciale qu’il ne tarde pas à réaliser. Je reviens donc avec un verre très coloré de jaune, orange et rouge. Personnellement, ce n’est pas ma boisson préférée mais les femmes en raffolent de ce que j’ai entendu dire. « Voilà pour vous mademoiselle. » Je lui dis alors en posant le verre juste devant elle. Et tout en gardant le mystère sur la composition de ce que je lui présente, je décide de lui en dire davantage. « Je te rassure tout de suite, j’ai demandé à ce qu’il ne te mette qu’une demi dose d’alcool afin que ça ne t’arrache pas la gorge. Tu sentiras donc essentiellement une saveur d’agrumes ainsi qu’un arrière-gout de mure. J’en attends de tes nouvelles. » Bien sûr, je me suis pris également un verre, histoire de pouvoir trinquer.

Sa question était surprenante. Déjà, si tu ne réussissais pas, tu aurais l'aurais stupide, tu passerais pour une idiote et en plus de ça tu devrais lui donner quelque chose ? Mais quoi ? C'était une question à laquelle tu n'avais pas vraiment de réponse. Tu allais te la jouer mystérieuse, pour peu que tu arrives à le faire. « Je ne sais pas ce que tu désires, mais selon ton souhait, je pourrais peut-être l'exaucer. » Tu frôlais le ridicule. Pour quoi te prenais-tu ? Yu ne pouvais t'empêcher d'avoir ce petit sourire au coin des lèvres. Comme si tu savais ce que tu faisais. Tu n'avais pas vraiment conscience mais tu étais en train de l'allumer. Et très vite, cette histoire pourrait mal tourner. Tu ne savais pas jouer à ce jeu, tu ne connaissais rien à la séduction et pourtant, tu fonçais tête baissée. C'était un peu stupide de ta part. Tu le regardais t'éloigner, si tu voulais disparaitre c'était le moment idéal. Mais étrangement, tu te sentais bien, et il était agréablement drôle. Ce qui te mettait un peu plus à l'aise. Et puis c'était trop tard, tu le voyais déjà s'approcher à nouveau de toi. Il déposait un verre devant toi et tu le regardais de manière étrange. Il te rassurait de suite, et tu l'attrapais pour en boire une gorgée. « Mmmmh ! C'est délicieux ! » Maintenant que tu avais ce petit goût en bouche, de fruits, tu te sentais comme revigorée. A croire qu'il te fallait juste un peu plus de sucre pour te donner du courage. Peut-être que le fond d'alcool aussi te donnait confiance. Ou peut-être que tout ça n'était qu'un placebo et que tu trouvais juste le courage d'agir comme une femme libre et libérée d'agir comme tu le voulais. Sans risquer d'être jugée par un père ou un frère derrière. D'un bond, tu te levais de ta place pour t'approcher de lui. « Suis-moi ! » Tu l'attrapes par le col de la chemise et le lâche doucement à mesure que tu recules. L'attirant avec un doigt, à te rejoindre, sur la piste de danse. Il voulait que tu te laisses aller, pour ça, tu allais danser. La danse était un peu un exutoire, même si tu préférais le chant. Mais chanter en boîte, ne semblait pas être trop possible.