aprieta, vamo ! (liam) [+18]

28 juillet 2015. Espagne, Costa Brava, Tossa de Mar.

Mon regard embué se pose sur la table de nuit. Le billet d'avion trône sous mon portable. Un soupir file entre mes lèvres. Le décalage horaire est compliqué à encaisser. Il y a sept heures et demie d'écart entre Bowen et Tossa de Mar, j'ai dormi un peu en arrivant ce matin ici. Où suis-je d'ailleurs ? Cela me revient. Je suis dans l'appartement de Liam. Liam qui m'a envoyé ce billet d'avion à Bowen pour que je puisse le rejoindre une semaine. J'ai rapidement organisé mon départ, je pouvais pas lâcher le salon une semaine comme ça, surtout que quand même, c'est le début de mon installation professionnelle, mais là, c'était pour la bonne cause. C'était Liam quoi. Juste le gars sans qui je ne peux pas vivre, à part Nelligan bien sûre. Il me connaît par cœur, il sait même pour mon avortement alors que mon propre frère ne le sait pas encore. C'est pour dire, puis même, je me répète mais c'est Liam. J'attrape mon téléphone tandis je m'étire, quelques unes de mes articulations craquent délicieusement. J'ai encore un peu de fatigue mais ce sera soir maintenant que je vais dormir. Plusieurs messages. Nelligan me demande si je suis bien arrivée, je souris. Ah celui-là ! Ensuite, Jules qui me demande de lui rapporter un souvenir sinon elle va me bouder jusqu'à ma mort, je glousse. T'inquiètes, rouquine, tu l'auras ! Pour finir, Liam. Tiens. J'ouvre le message. "Je suis à la plage, babe. Une Corona bien fraîche t'attends. Rejoins moi vite quand tu auras fini de dormir.". Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres. Allez, debout la grosse, en bikini ! Gardant, mon portable à la main, je lève et va trifouiller dans ma valise. Bikini, robe longue lâche, espadrilles : parfait. Je vais dans la douche rapidement. Sous le filet d'eau, je pense à Liam et au fait que j'ai hâte de le retrouver. Nous n'avons peu beaucoup le temps de nous parler ce matin quand je suis arrivée, je suis allée dormir quelques heures directement. J'avais des valises sous les yeux ce matin, mais je me sens mieux maintenant. Je m'habille rapidement et retourne dans la chambre d'ami de l'appartement de Liam pour préparer mon sac pour la plage. Monoï, lunettes de soleil, un livre au cas où, trousse de diabétique d'urgence, serviette de plage, maillot de bain sec. Je glisse le tout dans un joli sac en osier et enfile mes tongs. Je regarde par la fenêtre, le soleil est au zénith, pas l'ombre d'un nuage et de là, je vois la plage. Il habite à quelques mètres de la plage le cachotier. J'hausse un sourcil, il a de la chance. Je me dirige vers la cuisine et attrape une pomme dans la corbeille de fruit. Petit creu de diabétique. Je vois poser les clés de l'appartement, je présume sur le comptoir de l'entrée, il a tout prévu. Je les prends et quitte l'appartement.

L'air iodé et chaud du front de mer me fait un bien pas possible. J'avais peut-être besoin de vacances après tout, songeai-je en glissant mes Ray-Bans Aviator sur le nez. C'est vrai, tout ce stress de l'installation du salon, tout ça... J'avais besoin d'air. Chose faite. Je me laissé bercé par l'ambiance autour de moi, rythmant mes pas. Tout est beau ici, il fait chaud. Liam avait bien choisi sa destination, même s'il ne voit plus rien de tout ça. Ai-je oublier de préciser que mon ami est devenu aveugle après un lourd accident ? Voilà, c'est dit. Je ne dirai pas grand chose à ce sujet, c'est récent. Plaie ouverte. Tiens, en parlant de lui, il est là, allongé sur le ventre, prenant le soleil. C'est un aveugle mais un aveugle sexy. Il attire les filles comme des mouches, c'est impressionnant. A croire qu'être aveugle cela fait craquer les nanas... Un sourire en coin orne mes lèvres. J'essaie de m'approcher en silence. Je pose mon sac à côté de lui discrètement, enlève ma robe  pour me retrouver en bikini et attrape le monoï dans mon sac. Il doit dormir parce qu'il n'a pas bouger d'un poil. Je glousse et passe à califourchon sur son dos, lui aspergeant du monoï sur sa peau au grain déjà bien hâlé. « Tu vas voir, tu vas bronzer encore plus vite avec ça, tu pourras ramener une espagnole dans ton lit ce soir ! » dis-je d'un ton moqueur tandis que je lui masse presque lascivement, je ne m'en rends d'ailleurs pas compte, le dos de mes mains huilées. Je ne suis pas sûre de comment il va prendre la chose mais je pense qu'il va se venger. On verra bien.  

Tossa de Mar. Autant vous dire qu'il y avait pire comme nouvelle destination. Certes, Liam ne voyait plus rien. Mais il parvenait à sentir la douce chaleur des rayons de soleil sur sa peau. Il pouvait entendre le bruit des vagues qui se brisaient sur les rochers. Pour un aveugle, ces petits détails l'apaisaient, lui permettaient de reprendre goût à la vie. Enfin... cela faisait un petit moment qu'il avait repris sa vie en main. Un peu trop même. Elena en était la preuve. Ah Elena... cette businesswoman espagnole qu'il avait rencontré au détour d'une rue et qui avait si gentiment accepté de l'héberger. Gentiment signifiait qu'il l'avait mise dans son lit, bien sûr. Une de plus sur sa longue liste. Il les avait bien rattrapé ses sept années de fidélité. Bref, tout ça pour dire que la jeune femme lui avait laissé l'appartement. Il avait fallu qu'elle se rende aux Etats-Unis pour "parler affaires"; lui avait-elle dit. Ce qui arrangeait pas mal Liam qui pouvait profiter davantage de la ville en ayant un pied-à-terre gratos, et ce avant sa prochaine destination. Parce qu'il était certain qu'il ne resterait pas là.

Pour profiter de ces derniers instants dans cette belle ville, quoi de mieux qu'une bonne compagnie ? Quand il avait appelé Lexi, il y a deux semaines, il avait ressenti énormément de stress dans la voix de son amie. Elle ouvrait son salon de coiffure, c'était parfaitement normal. Mais pas pour Liam qui avait désormais une philosophie de vie dont la devise était "no stress". Ainsi, sans rien lui dire, il lui avait envoyé un billet d'avion et une belle photo de Tossa de Mar. Histoire de l'appâter davantage. Même si la simple idée de le voir devrait être suffisant, non ?! Il fallait dire qu'entre ces deux-là, la relation était étrange. Ils se tournaient autour, cela allait de soi. Mais Liam avait du mal à se laisser aller avec elle. Peut-être parce qu'il l'avait tant protégé, tant couvé. Puis, il avait fini par se rendre compte qu'elle n'était plus une petite fille, mais une femme, une vraie. Et c'était là que tout avait changé. Les sentiments à fleur de peau, juste après son accident et sa rupture, avaient suffi à lui faire tourner la tête, à le mettre en vrac. Lexi avait subi cela. Puis Charley. Et il s'était cassé, sans un mot. Lexi avait quand même gardé contact avec lui. Elle était l'une des rares à Bowen à savoir où il se trouvait. Et aujourd'hui, il l'invitait à le rejoindre en Espagne. Ce matin, Liam était parti la chercher à l'aéroport. Seulement, la jeune Malinowski ne semblait pas s'adapter au décalage horaire. Sourire amusé au bout des lèvres, il l'avait laissé dormir, lui donnant rendez-vous à la plage, en espérant qu'elle ne fasse pas le tour du cadran. Installé sur la plage, Liam avait fini par somnoler. Une preuve qu'il était serein, puisqu'il ne parvenait plus à faire de nuits complètes depuis son accident. Il se fit réveiller en douceur. Deux mains s'étaient posées dans son dos, entreprenant un massage des plus agréables. D'une voix endormie, il répliqua : "Pas la peine, je les charme toutes avec mon accent australien." Et au fond, il ne mentait pas. Il fallait voir le nombre de nénettes qui le draguaient dès qu'elles entendaient son accent. A croire que l'Australie représentait l'exotisme... ou alors de belles vacances en perspective. L'odeur de monoï lui vint subitement au nez, ce qui le fit râler. "Ah bah bravo, maintenant, je sens la fille qui passe sa journée à faire la larve sur la plage !" Sur ces mots, il se retourna brusquement, attrapant la jeune femme pour la faire basculer sur le sable. Et là, il la chatouilla... le truc hyper agaçant mais parfait pour se venger ! Il emprisonna ensuite ses mains et se plaça à moitié au-dessus d'elle, faisant en sorte de ne pas l'écraser sous son poids. Avec un sourire taquin, il reprit : "Alors Blanche-Neige, bien dormi ? Pas trop dur le décalage horaire ?" Sa voix s'était faite moqueuse, encore plus quand il répliqua : "P'tite nature, va !"

Quand je le vis allongé là, sur sa serviette de plage, j'avais ressenti une immense vague de joie me submerger. Pourtant, je sentais autre chose s'insinuer en moi. C'était étrange mais cela ressemblait à de la tristesse. Il avait vécu tellement de choses horribles ces dernières années. Lui en vouloir d'être parti sans dire un mot serait injuste, égoïste. Il avait ses raisons. Cependant, avant de partir, je nous ai sentis plus proche que jamais. Des sentiments ? Je ne sais pas mais je sentis que le moule avait été brisé. Quelque chose avait changer mais nous ne savons pas encore quoi. Seul le temps nous le dira désormais.

Sortant de mes pensées, j'avais décidé de lui faire un coup en douce. Il ne m'avait pas entendu arriver puisqu'il était en train de se reposer, au point de s'endormir au soleil. Je m'étais débarrassée de ma robe longue volante pour me retrouver en bikini et pris le monoï dans mon sac, tout ça le plus silencieusement possible. Merci la danse pour cette agilité. Grimpant à califourchon sur son dos, je l'ai massé en profondeur de cette huile grasse au parfum délicat de fleur de tiaré. Je lui ai dis qu'avec ça, il allait pouvoir amener un fille dans son lit ce soir. De sa voix ensommeillée, la réponse ne se fit pas attendre. « Pas la peine, je les charme toutes avec mon accent australien. » Je roule des yeux avant d'éclater de rire. « Tu ne t'es pas amélioré côté vantardise, toi ! » dis-je, avant de lui filer un petit tape derrière le crâne. Rien de douloureux, juste histoire de le taquiner. C'était très souvent le cas chez nous, la taquinerie, on adore. Après, c'est celui qui sera le plus fort, c'est presque un jeu entre nous. Soudain, il se mit à râler. Je glousse. Il a dût sentir l'odeur puissante de l'huile. Je comprends bien qu'un homme ne puisse pas le supporter, c'est... particulier disons comme odeur mais je voulais l'embêter et j'avais réussi mon coup. « Ah bah bravo, maintenant, je sens la fille qui passe sa journée à faire la larve sur la plage ! » What ? « Oh mais dis donc ! C'est de moi que tu... » Pas le temps de finir ma phrase qu'il s'était retourner sous moi avant de d'attraper le dessous de mes genoux. Il me fit basculer sur le sable chaud, posant ses mains sur mon ventre sculpté. Il commençait alors à me chatouiller, me tordant de rire. Il connait mes faiblesses, le lâche. Les premiers signes de crampes abdominales dus à la contraction prolongée de mes abdominaux en riant se firent sentir, il choisit ce moment précis pour stopper sa torture. J'étais un peu à bout de souffle et j'allais me relever. Encore un fois, il m'emprisonnait de son corps puissant, maintenant mes mains au-dessus de ma tête. Son corps me surplombe. Sous mes lunettes de soleil, je ne peux m'empêcher de le regarder. Il est beau... Me rendant compte que je le mate, je secoue la tête. « Alors Blanche-Neige, bien dormi ? Pas trop dur le décalage horaire ? » dit-il d'un air taquin. Je suis soudain troublée par cette proximité. Je n'arrive pas à mettre de l'ordre dans mes pensées. Certes, je suis très tactile de base. Encore plus avec lui vu qu'il ne voit pas, d'habitude cela n'a pas d'ambiguité. Pourtant, aujourd'hui, c'est différent. « P'tite nature, va ! » Il me fit revenir de ma contemplation et de mes pensées . J'essaie alors du mieux de masquer mon trouble, pourtant ma voix est un peu un ton plus rauque. « N'ai-je pas le droit de ne pas supporter plus de sept heures de décalage horaire ? » Etant prisonnière, j'avançais mon visage vers le sien. Mon arête de nez glisse doucement contre la sienne. « Doucement, je vais être vexée après, tu vas encore râler. Vieil ours ! » chuchotais-je, un sourire moqueur sur le visage. Je me repose sur le sable et tente de me libérer de son emprise, je commence à avoir des pensées bizarres.  

Liam somnolait tranquillement. Peut-être un peu trop tranquillement. C'était sans compter sur Miss Malinowski qui se décida à mettre son grain de sel. Alors qu'elle s'était installée sur le dos du jeune homme, lui offrant un massage hautement agréable, Liam avait été, il est vrai, quelque peu vantard, notamment en parlant de son charme auprès des espagnoles. Il éclata de rire à la réplique de son amie : "Bah quoi ? C'est vrai, en plus ! Toi, tu ne le remarques pas mon charme australien, mais les espagnoles oui. Ce n'est pas être vantard ? Hein ?" Un énorme sourire s'afficha sur ses lèvres quand il répondit : "Bon ok, c'est vrai. Il faut bien me trouver un défaut, quand même." Vantardise n°2 : check. Il faisait cela pour l'amuser. Liam était loin d'être vantard et des défauts, il en avait à la pelle ! Il lâcha néanmoins un "Aïe !" plein de mauvaise foi quand elle lui tapa l'arrière du crâne, allant même jusqu'à se frotter la tête, histoire d'en rajouter une couche. Mais son expression malicieuse le trahissait. Il n'était pas bon comédien. Mais voilà, Liam n'était pas Liam s'il ne venait pas à râler un peu. Il était pire qu'une fille quand il s'y mettait. Et là, l'objet du délit n'était autre que le monoï outrageusement aspergé par notre coupable. Il ne la laissa même pas finir sa phrase qu'il la renversa. Prise au dépourvue, c'était plus simple de prendre le dessus. Il la chatouilla jusqu'à l'extrême, mais ne la lâchant pas pour autant, une fois sa première "sanction" terminée. Le corps du jeune homme la surplombait, l'emprisonnait, tout comme ses mains qu'il gardait dans les siennes. C'était une position purement intime. Mais l'un comme l'autre était connu pour être tactile, ils n'allaient donc pas être gênés pour si peu, non ? Sachant qu'elle ne pouvait rien faire à son encontre - Liam ayant gardé sa force et ses réflexes de flic - il en profita pour se moquer d'elle et de son décalage horaire. C'était petit, surtout lorsque l'on savait qu'il avait lui-même fait le tour du cadran à son arrivée en Europe. Mais là, l'occasion était trop bonne pour la laisser passer. "Non, pas le droit. A peine arrivée, tu m'as abandonné. Tu vas devoir te faire pardonner pour le temps perdu." Il se mit à rire, prouvant ainsi qu'il ne lui en voulait pas. Mais Lexi avait plus d'un tour dans son sac, puisque très vite, elle renversa la situation. Il sentit son visage se rapprocher du sien, il sentait son souffle chaud, puis un doux contact le long de son nez. C'était étrangement rassérénant. Liam restait surtout bien bête face à ses ressentis. Il appréciait tous ces contacts. Alors qu'il ne devrait pas. Alors qu'il devrait la voir encore comme celle qu'il aimait tant protéger, sans autre idée derrière la tête. Heureusement, la voix de Lexi le ramena sur Terre et il bougonna : "Tu ne serais pas capable d'être vexée bien longtemps. Et puis, je ne vois pas de quoi tu parles. Je ne râle jamais, voyons !" Qu'était-il en train de faire justement ?! Il resta sérieux un instant, même un sourire en coin ne tarda pas à apparaître. Il finit par relâcher son étreinte et s'installa à ses côtés, même si son bras l'enlaçait encore. Ses doigts frôlaient tendrement la peau douce de son amie. Il murmura doucement : "Je suis content de te voir, tu le sais ça ? Avec l'installation de ton salon, je ne pensais pas que tu trouverais un peu de temps pour venir ici."

Franchement, entre nous, cet homme est un vantard né. Ce jour là, j'ai réussi à lui faire admettre, les mains huilées sur son dos et à califourchon sur lui. Il faut être sacrément fort pour arriver à lui faire avouer quelque chose. C'était un flic, il avait été conditionné ainsi. Suite à sa vantardise, j'avais rouler des yeux et lui avait mis une tape derrière le crâne, pour le taquiner et parce que là, il l'avait cherché quand même. Le goujat, il a le culot de s'esclaffer de douleur, passant sa main sur la zone soi-disant meurtrie. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire et d'hausser un sourcil de d'exaspération. « T'es vraiment une terreur toi, tu peux pas t'empêcher ! » C'est vrai quoi mais bon, qui ne pourrait craquer devant cette fossette quand il sourit en coin comme ça, hein ?

Par la suite, je me suis faite renverser sur le sable chaud. D'abord assaillie de chatouilles sur le ventre puis encore essoufflée, Liam m'avait emprisonné de son corps viril, ses doigts entrelacés dans les miens. J'avais été de mon côté quelque peu déstabilisée par cette position. Même si nous étions très tactile ensemble, j'ai ressenti pour lui quelque chose de différent de d'habitude. Quelque chose de plus sexuel, une sorte d'attraction. Ses paroles m'avaient sorti de ma rêverie, lui demandant alors que je n'avais pas le droit de mal supporter le décalage horaire. « Non, pas le droit. A peine arrivée, tu m'as abandonné. Tu vas devoir te faire pardonner pour le temps perdu. » Je ris nerveusement en bougeant légèrement sous son corps. « Oh, je t'ai froissé, mon lapin ? Tu me diras comment je peux me faire pardonner quand tu auras une idée. » dis-je d'une voix faussement innocence.

J'avais rapidement bousculer l'avantage de Liam, mon nez glissant contre le sien. Ce contact m'avait électrisée, j'aimais ce contact, toujours tout de même ce sentiment d'interdit qui me tiraille le ventre. Pourtant, j'arrive à aligner une phrase pour lui dire qu'il arrête de bouder et que je vais être vexée s'il continue son manège. « Je suis content de te voir, tu le sais ça ? Avec l'installation de ton salon, je ne pensais pas que tu trouverais un peu de temps pour venir ici.» Sa tentative d'être sérieux me fait sourire. C'est vrai que je n'arriverai pas à le bouder longtemps celui-là. «Tu mets en doute ma capacité de te bouder ? Et arrête de râler encore ! » dis-je en caresser la paume de sa main de mes doigts fins.

Soudain , il nous fait rebasculer sur sa serviette de plage, entourant mon corps de son bras. Je m'installe sur le ventre et me rapproche de Liam, une de nos deux épaules se touchant. Mon regard se pose sur les vagues qui s'écrasent sur le sable humide. « Je suis content de te voir, tu le sais ça ? Avec l'installation de ton salon, je ne pensais pas que tu trouverais un peu de temps pour venir ici.» Mon sourire s'étire et je tourne la tête vers lui, mes boucles brunes virevoltent à la brise légère de l'air iodé du bord de mer. « T'es mignon. Je vais te dire une chose, tu m'as manqué toi aussi ! C'est vrai que l'installation prends du temps, mais tu connais mon professionnalisme, je suis efficace. Puis, pour toi, je peux toujours trouver du temps. » dis-je, sérieuse. Pour une fois que nous le sommes. Ses doigts frôlent ma peau hâlée. Je me tends involontairement sous cette subtile caresse, appréciant peut-être un peu de trop cette dernière.

Une terreur ? Lui ? Liam arqua un sourcil, perplexe, mais son sourire en coin le trahissait. Bien sûr qu'il la cherchait, qu'il exagérait les choses et qu'il se vantait. Mais c'était pour la taquiner. Au fond, elle le connaissait et elle savait bien que Liam n'était pas un homme qui se prenait pour ce qu'il n'était pas. Il avait toujours été brillant, mais il ne le criait pas sur tous les toits. Il avait toujours plu aux filles et pourtant, il avait été en couple pendant sept ans, faisant preuve d'une fidélité sans failles. Lexi connaissait toute cette partie de la vie du jeune homme. Pourtant, à sa réflexion, il répondit simplement : "Peut-être, mais c'est comme ça que tu m'aimes, hein ?!" Il souriait de toutes ses dents, le regard pétillant. Au fond, c'était bien mieux de le voir comme ça. L'année dernière, il n'était encore qu'une loque, l'ombre de lui-même.

Quand il joua la victime abandonnée, leurs paroles étaient à double-sens. Soit ils jouaient vraiment sur les sous-entendus, soit Liam avait pris une sacrée insolation. Ceci dit, le ton faussement innocent de Lexi le faisait pencher vers la première proposition. Il fallait dire que leur relation était étrange depuis quelques temps. Il fit glisser sa main sur la joue de la demoiselle, murmurant sur un ton suave : "Je crois avoir une idée." Entre leurs corps collés l'un à l'autre et les doigts de Liam qui descendaient le long du cou de Lexi, tout portait à croire qu'il n'avait pas les idées bien claires. Mais il lâcha soudain : "Tu me fais la bouffe pendant une semaine et je te pardonne." Il se releva juste un peu, afin de parer un éventuel coup, alors qu'il éclata de rire. Finalement, il était peut-être bien une terreur. Toutefois, la jeune femme reprit rapidement le dessus en établissant un léger contact avec Liam. L'envie de l'embrasser était brièvement passée dans son esprit, mais il avait fini par se mettre une claque mentalement. Il leva simplement les yeux au ciel, ne rétorquant rien parce qu'elle finirait toujours par dire qu'il râlait. Elle n'avait pas tord, ceci dit. Il était surtout temps de se calmer et de retrouver ses esprits. Il la relâcha et se plaça à ses côtés, une main toujours posée sur elle, comme s'il avait besoin de garder le contact. Comme pour vérifier qu'elle était bien là. Quand il entendit ses paroles, un sourire vint se dessiner sur les lèvres du jeune homme. Il lui manquait, n'était-ce pas mignon ça aussi ?! Cela lui faisait chaud au coeur, parce qu'au fond, il y avait encore des gens à Bowen qui pensaient à lui. "Plus efficace et professionnelle que toi, il n'y a pas. Tu avais intérêt à trouver un peu de temps, sinon, je serai venu sur Bowen pour te chercher. La dernière fois que je t'ai eu au téléphone, j'ai senti que tu avais besoin de souffler un peu." Ils n'avaient pas besoin de mot pour ça. Ils se connaissaient trop bien pour savoir quand l'un avait besoin de l'autre. Il finit par se redresser, ramenant la glacière à ses côtés pour sortir une bière bien fraîche qu'il tendit à Lexi. "D'ailleurs, comment ça se passe à Bowen ?" Ah, il ne pouvait pas s'empêcher de poser la question. Même si au fond, personne ne savait s'il reviendrait un jour là-bas.

Je venais de le traiter de véritable terreur. Ce qu'il était véritablement pour  le coup. Pourtant, le jeune homme n'en démords pas et en ajoute une couche en disant : "Peut-être, mais c'est comme ça que tu m'aimes, hein ?!". J'éclate de rire en roulant des yeux. Celui-là, un véritable tombeur. Voilà ce qu'il est, parce qu'il sait très bien que je ne vais pas lui répondre par la négative. « Oui, je t'aime comme ça. T'es content, Matthews ? ». Oui, il allait l'être et je trouvais ça tellement bon de le voir sourire et rire. J'avais retrouvé mon Liam adoré.

Le jeune homme était toujours sur moi. Doucement, nos paroles ont rapidement tourné à un tout autre sens. Il fallait lire entre les lignes. Sommes-nous en train de nous draguer ou quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Je sens, tout d'un coup, la main de Liam glisser le long de ma joue. "Je crois avoir une idée." Tout mon corps se tend, en alerte, tandis que sa main continue son chemin dans le creux de mon cou. Ma respiration se coupe un court instant. Bon sang, il m'arrive quoi ? Je n'ai même le temps de comprendre ce qu'il m'arrive puisque Liam lâche une bombe qui me coupe net l'herbe sous le pied. "Tu me fais la bouffe pendant une semaine et je te pardonne." Douche froide. Il éclate de rire comme un idiot tandis que tout mon corps s'affaisse dans le sable tellement je suis blasée. Il n'y a pas d'autre mot.  Je n'ai même pas la force de lui en mettre une. « S'il y a que ça que je puisse faire pour satisfaire Monsieur, alors je le ferais. » dis-je d'une voix un peu éteinte. Le boulet, celui-là.

Après toutes ces envies étranges d'embrasser Liam, nous sommes allongés l'un à côté de l'autre sur la serviette de Liam. Je n'avais même pas eu le temps de sortir la mienne. Bizarrement, notre tactilité était assez exacerbée aujourd'hui. Probablement le fait que nous nous sommes manqué. Une main dans mon dos, nous discutons. "Plus efficace et professionnelle que toi, il n'y a pas. Tu avais intérêt à trouver un peu de temps, sinon, je serai venu sur Bowen pour te chercher. La dernière fois que je t'ai eu au téléphone, j'ai senti que tu avais besoin de souffler un peu." J'hoche la tête en écoutant ce qu'il dit. Pas besoin de mot pour qu'il sache ce que je ressens. Il me cernait toujours à merveille alors que maintenant, il ne pouvait plus me voir. Peut-être une nouvelle forme de sensibilité qu'à développer Liam depuis sa cécité. Cela n'avait fait que nous rapprocher un peu plus. « Ah oui  ? Carrément ? Tu serais venu me chercher, hein ? Tu as vu juste en tout cas, l'air espagnol me fait déjà du bien. Je te remercie de m'avoir invité en tout cas, Liam. » dis-je en posant ma tête un instant sur son épaule avant qu'il ne s'éloigne quelque peu de moi pour attraper ma bière espagnole que j'attends depuis un moment. Je prends celle qu'il me tend, je le remercie rapidement. Je l'ouvre sans décapsuleur, technique de soirée et vu comme je suis active en ce moment, elle est au point. Il me pose alors la question qui tue. "D'ailleurs, comment ça se passe à Bowen ?" Je me manque de m'étouffer en buvant une gorgée de la boisson maltée. Je reprends doucement ma respiration. « Sérieusement, Liam ? » Je secoue la tête. « Pourquoi tu me poses cette question ? T'es tellement mieux ici pour le moment, crois moi. » C'est vrai, quoi ? Bowen, pour lui, n'est pas forcément synonymes de joie et bonheur. Je le préfère ici souriant que là-bas en pleine dépression.

Ils se taquinaient. Ou plutôt Liam taquinait Lexi. A un tel point qu'elle vint le comparer à une terreur. Ses parents lui avaient souvent dit cela, d'ailleurs. A force, il allait vraiment finir par se demander si cela était véridique. Toutefois, il trouva le moyen de répliquer. C'était comme ça qu'elle l'aimait. Un grand sourire victorieux se dessina sur les lèvres du jeune homme qui lui répondit : "Très content même, Malinowski !" De vrais gamins, ces deux-là. Mais cela avait toujours été comme ça. Du moins, jusqu'à aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, beaucoup de choses avaient changé. Il était parti loin d'elle. Il avait eu son accident et avait retrouvé son célibat. Sa vie était bouleversée. Il était devenu un autre homme et il le ressentait à travers son attitude envers Lexi. Elle l'attirait. Alors qu'entre eux, tout avait toujours été très clair. Pourtant, Liam avait l'impression qu'ils se draguaient, l'un autant que l'autre. Et il ne savait pas comment agir face à cela. Il ne savait pas s'il était bon de franchir une telle étape. Il ne voulait pas qu'ils souffrent de cela. Liam et les sentiments, cela faisait quatre. Malgré ce dilemme incessant, il jouait avec elle. Il laissait ses doigts courir sur sa peau douce. Jusqu'à se retourner brutalement en lâchant une bombe. La réaction de Lexi fut étrange. Comme si elle s'était attendue à autre chose. Se pouvait-il qu'elle ressente la même chose ? L'avait-il blessé ? D'une voix douce, il répliqua : "Je plaisantais, Lexi..." Il s'installa à ses côtés, tentant de passer outre cette boutade stupide. Il était temps de redevenir plus sérieux, de partager ce moment avec elle. Quand elle lui demanda s'il serait vraiment venu la chercher, Liam hocha la tête : "Oui. S'il avait fallu prendre l'avion pour venir te chercher, je l'aurai fait sans hésitation. Mais, tu es là... C'est le plus important. Tu vas passer un séjour inoubliable, je te le promets. Tu retourneras à Bowen en pleine forme." Si elle pouvait rentrer avec les batteries rechargées, ce serait parfait pour Liam. Il lui offrit une bière, ouvrant la sienne par la même occasion. Et forcément la question tant attendue finit par arriver. Il avait parlé de Bowen. Mais il ne s'était pas attendu à une telle réplique venant de Lexi. Liam but une gorgée de sa bière, haussant les épaules : "Je sais que je suis très bien ici, mais ce n'est pas chez moi. Je peux faire le tour du monde, voyager dans plusieurs pays, emménager dans plusieurs villes, je n'aurai qu'un seul "chez moi". J'ai tout le monde là-bas." Sur cela, personne ne pouvait le contredire. "Oublie ma question. Et viens, on va se baigner..." Il se releva et lui tendit la main, vague sourire aux lèvres.