nightmare ‹ laurel.

Tu ne savais pas ce que tu faisais ici. Depuis ta dernière insomnie, tu pensais avoir retrouvé un calme et une certaine sérénité. Mais il semblait que non. Ce soir en tout cas, ça n'allait pas mieux. Tu aurais aimé aller sonner chez Anna, mais il était deux heures passés, tu ne voulais pas t'imposer. Ni la réveiller et encore moins la déranger. Plus le temps passait, plus ce sentiment s'encrait au fond de ton coeur. Tu ne la voyais pas souvent, peut-être parce que tu te mettais des barrières, tu ne saurais pas vraiment dire mais ce n'était pas facile pour toi. Et puis ta colocation, c'était un peu la folie. Tu passais souvent du temps enfermée dans ta chambre, tu ne t'y sentais pas à ta place. Comme si tu étais un extraterrestre parmi eux. Alors encore une fois, tu t'étais éclipsée au beau milieu de la nuit, prenant encore ce qui trainaît sur la table basse. Et un feu cette fois, parce que tu n'étais pas certaine de croiser quelqu'un à cette heure. Et tu t'étais habillée, pas de pyjama comme la dernière fois. Tu avais marché sans but, regardant le ciel, et les étoiles, pour ne penser à rien d'autres. Pourtant les souvenirs étaient là, dans un coin de ta tête et plus tu essayais de les repousser, plus ils essayaient de se frayer un passage. Tu avais atterri sur un terrain qui semblait désert de toute vie, de tout en fait. Même pas de banc, pas un arbre, pas un brin d'herbe. De la terre sèche et rien d'autre. Tu t'installais par terre, t'allongeant au sol. La plage aurait été un choix plus confortable mais tu avais marché au pif jusqu'à arriver là. Maintenant que tu y étais, tu n'allais pas faire demi-tour. Tu allumais ce qui semblait être une cigarette, même si tu découvrirais bientôt que c'était plus que ça. Et tu la fumais doucement.

Tu sors pas mal, depuis que ton année est finie. Tu profites, comme tu en as l’habitude, et u sors avec tes amis, essayant de profiter au maximum de ces jours où tu sais que tu n’auras pas à te lever pour aller garder un des enfants dont tu as l’habitude de t’occuper le lendemain. Alors tu sors, tu t’amuses, sans boire pour autant, parce que tu estimes être parfaitement en mesure de t’amuser sans pour autant éprouver le besoin de boire, parce que ce n’est pas véritablement une nécessité. Tu n’es pas de ces personnes qui boivent jusqu’à s’en rendre malade, tu préfères clairement profiter et pouvoir t’amuser sans être trop perturbée par l’alcool. Alors une fois que la fête est finie, tu sors. Tu as prévu de rejoindre ce gars qui t’a dit de venir un peu plus loin, sur un terrain. Tu t’y rends, alors, ne sachant pas exactement où il est. Marchant au clair de lune, tu es à la recherche de tout ce qui peut t’entourer. T’y rendant tranquillement, tu finis par voir quelqu’un d’allongé sur le sol et tu sursautes, franchement surprise cette fois ci. Une personne allongée au sol suffit à te faire te rapprocher, inquiète, te demandant si cette personne respire. « Tout va bien ? » Tu demandes en t’approchant bien rapidement de la femme, surprise. Elle fume, et toi, tu la regardes, ne sachant pas exactement quoi faire, te contentant de tendre une main afin d’aider la femme allongée à se redresser si elle le veut.

Tu ne bougeais pas, le vent commençait pourtant à se lever, et il n'allait pas tarder à te mordre le visage. Mais tu te sentais tellement bien allongée, là. Insouciante de tout, mettant tes soucis entre parenthèses. Tu avais besoin de souffler un peu, de faire un break sur tes émotions, sur ta tristesse. Pourquoi fallait-il que le deuil soit aussi long et compliqué ? Pourquoi ne pouvais-tu pas tourner la page si simplement ? Tu ne savais pas, et tu n'avais pas envie de savoir. Les réponses seraient peut-être trop tristes, et tu ne voulais plus être triste. Alors tu chassais tes idées noires, essayant de les enfouir dans un coin de ton esprit. Tu te concentrais sur ce que tu fumais, sans savoir ce que c'était. Mais tu avais bien réalisé qu'au goût, ce n'était pas la même chose que la dernière fois. C'était plus doux, et ça te piquait moins la gorge. Tu avais l'impression de rétrécir aussi, comme si tu quittais ton corps. Tu étais légère. Et tu avais envie de te relever et de danser. Comme si tu flottais sur un nuage. Tu aimais beaucoup ce sentiment de bien-être qui se prolongeait le long de ton corps. Puis une voix te tirait de tes songes, tu ouvrais les yeux, pour voir un visage plus ou moins inquiet au-dessus de toi. Tu offris un beau sourire à ton inconnue, attrapant sa main pour te relever. Et lorsque tu fus face à elle, tu regardais au loin, le temps d'une minute. Avant de reporter ton attention sur elle et de lui demander en chuchotant. « Dites, c'est normal si y a un éléphant qui danse derrière vous ? » Tu fronçais un peu les sourcils, pas vraiment certaine de ce qui se passait. C'était une hallucination, mais ça te semblait si réel, et tu te laissais envoûter par cette image, commençant doucement à danser, toi aussi.

Une inconnue, allongée sur le sol. Ca pourrait être grave, ce fut d’ailleurs ta première pensée ; et si ça l’était vraiment ? Si elle ne respirait plus ? Mais l’inconnue respire, elle est consciente, même si elle semble un tant soi peu perdue. Tu ne sais pas quoi lui dire, comment lui parler, tu ne sais pas où tu en es, et c’est ce que tu cherches essentiellement à savoir, d’ailleurs. Tu veux l’aider, mais elle semble si perdue, comme si elle était dans un autre monde, que tu te dis qu’effectivement, il doit se passer quelque chose, pour qu’elle soit dans cet état. Elle se redresse, a l’air perdue, et toi, tu ignores le froid mordant de la nuit qui t’étreint doucement maintenant que tu ne bouges plus. « Dites, c'est normal si y a un éléphant qui danse derrière vous ? » Tu la regardes et écarquilles les yeux. Ce qu’elle fume, de toute évidence, ce n’est définitivement pas du tabac. « Non, ce n’est pas normal. » Tu affirmes simplement, la retenant quand tu commences à la voir tanguer. Elle a fumé de la drogue, de toute évidence, et ta conscience t’empêche de la laisser comme ça, toute seule. « Vous devriez rentrer chez vous. Ou aller… Ailleurs qu’ici, je crois. » Tu parles d‘une voix hésitante, tu es bien consciente qu’elle est plus vieille que toi et que tu n’as par conséquent aucun ordre à lui donner. Et pourtant, tu sais que bien qu’elle ne peut pas rester ici, pas sans être en danger, en tout cas. « Venez avec moi… » Tu proposes à l’inconnue en passant un bras autour des épaules de celle-ci, entreprenant dès lors de t’éloigner de cet endroit, espérant qu’elle n’y opposera aucune résistance. Tu en doutes, cependant, pour la simple et bonne raison que tu vois qu’elle est tellement droguée qu’elle ne semble pas avoir de volonté propre, à n’en pas douter.

Tu laissais ton regard se balader au loin, il vagabondait au même rythme que ton esprit. Tu divaguais même. Tout s'embrouillait et tu ne comprenais plus grand chose. Il n'y avait pas vraiment d'éléphant, et encore moins de musique. Mais tu continuais d'onduler tes bras et tes jambes au rythme de la musique qui se jouait dans ton esprit. Tu jetais un nouveau regard à la jeune femme, qui semblait avoir dix ans de moins que toi, elle avait un visage si jeune, si enfantin. « Vous avez pas chaud ? Il faut chaud. » demandais-tu avec une petite voix, toujours en chuchotant. Tu avais peur qu'on puisse t'entendre, et tu ignorais pourquoi. Tu la laissais poser ses mains sur toi, et te diriger. Après quelques pas, tu repris la parole. « J'ai soif. » Tu l'ignorais encore, mais cette soif n'était pas celle parce que tu avais marché, mais plutôt parce que tu avais fumé. Et que ça donnait soif, ça te déshydratait, et ça te faisait tourner la tête. Tu faisais quelques pas de plus, en regardant le ciel, tu avais jeté ta tête en arrière pour admirer les étoiles, et ta déception était grande puisque la nuit était couverte, on n'y voyait rien. « On va où ? » demandais-tu un peu inquiète, parce que tu ne savais pas où elle pouvait t'emmener. Mais tu n'étais pas en état de riposter, tu n'étais déjà pas en état de réfléchir, alors pour rentrer chez toi, c'était une autre histoire. Tu aurais sûrement passée la nuit sur le terrain, en te demandant au petit matin ce qui avait bien pu se passer.

Tu ne connais pas cette femme, mais elle semble perdue, un peu comme si elle était dans son propre monde, et peu à peu, tu commences à comprendre ce qu’elle faisait ainsi, allongée sur le sol. Elle a fumé, et sûrement pas du tabac. Même si elle est plus vieille que toi, tu as l’impression d’être l’adulte présentement, à n’en pas douter. Tu veux t’occuper de cette inconnue, parce que tu ne peux pas la laisser ici, c’est bien trop dangereux. « Vous avez pas chaud ? Il faut chaud. » Tu ne réponds pas ; elle est dans les vapes de toute façon alors à quoi bon ? Tu préfères plutôt marcher avec elle sans vraiment savoir où vous allez vous rendre, puisque tu ne penses qu’à partir de cet endroit que tu trouves véritablement glauque et légèrement inquiétant, même. « J'ai soif. » Tu regardes la femme et hoches la tête. « Je vais te donner à boire, attends. » Tu lui dis simplement en l’aidant toujours à marcher puisque tu n’as pas l’habitude de côtoyer des drogués. « On va où ? » Où ? Tu ne le sais pas. Tu ne peux quand même pas ramener une inconnue chez toi. « Je ne sais pas. Ailleurs. » Tu affirmes simplement en regardant autour, marchant vers la ville. « Tu veux de l’eau ? » Tu lui proposes en regardant le ciel. La nuit est claire, heureusement, mais tu veux simplement t’éloigner. « Je suis Laurel. Toi ? » Tu demandes, pas franchement sûre qu’elle te comprenne vraiment.

Autre part, tu ne savais pas trop ce que ça pouvait dire. Tu ne voyais pas vraiment où elle pouvait t'emmener à part chez elle. Tu verrais bien de toute façon. Tu n'avais pas vraiment d'autre choix. Même si tu te sentais bien, toi allongée, sur le terrain. C'était tranquille, paisible et agréable. Tu baignais dans une béatitude sans pareille. « De l'eau, oui. » demandais-tu doucement. Dans un murmure. Tu attendais qu'elle te tende une bouteille et quand ce fut le cas, tu l'attrapais avant de relever ton regard sur elle. Les yeux brillants, comme si elle venait de t'offrir le graal. « Merci. » Tu ouvris la bouteille pour en prendre une grande gorgée. Ce qui te semblait une bien longue parce que lorsque tu retirais la bouteille, il devait rester à peine un centimètre. Tu n'avais pas eu le sentiment d'avoir aussi soif, mais si elle te tendais une autre bouteille, tu serais capable de la boire entièrement aussi. Son nom arrivait à tes oreilles avec un petit décalage. Le temps que ça te monte à l'esprit. Tu te présentais à ton tour, en mettant tout de même une minute de silence, comme si tu réfléchissais à comment tu t'appelais. « Ayda. Ayda Inan ! » affirmais-tu en souriant. Toujours en chuchotant, puisque tu avais peur d'être entendue. Par un fantôme, par ton fantôme. Celui qui te hanterait toutes les nuits. Celui qui te ferait peur, à chaque fois que tu voudrais faire quelque chose qui était considéré hors de sentier battu.

Tu n’as jamais véritablement eu à t’occuper d’une personne en état d’ivresse. Alors voilà, tu ne sais pas exactement comment agir, Laurel, même si tu sais que tu ne peux pas te défiler et la laisser seule, pas alors qu’elle n’a pas vraiment la conscience claire ni le sentiment de la réalité. Elle est perdue, tu le vois bien, et c’est pour cette raison que tu t’es décidée à l’aider, parce que tu as bien conscience qu’elle a besoin de toi. « De l'eau, oui. » Tu finis par lui tendre une bouteille et elle semble infiniment reconnaissante. « Merci. » Tu lui adresses un sourire et continues de marcher avec cette inconnue, pesant le pour et le contre pour savoir si tu ramènes une parfaite inconnue chez toi ou non. « Ayda. Ayda Inan ! » Tu souris. Un prénom rare, mais beau. C’est d’ailleurs ce que tu lui affirmes, assez simplement. « C’est joli. » que tu lui affirmes simplement avec un nouveau sourire. « Tu… Tu devrais peut être rentrer chez toi ? Ou faire quelque chose ? J’ai toute la nuit s’il le faut. » Tu affirmes toujours en marchant, portant tes yeux verts vers l’inconnue. Non, décidemment, tu ne peux pas te permettre de la laisser seule, c’est certain.

Tu esquissais un faible sourire. Oui c'était beau, mais c'était un fardeau. Il te rappelait sans cesse tes origines, et ça te rappelait ton père. Un frisson parcourait ton corps rien que d'y penser. Tu jetais un coup d'oeil en arrière pour voir s'il ne te suivait pas, mais dans la pénombre, tu ne voyais rien. Laurel te demandait si tu voulais rentrer chez toi, tu hochais la tête doucement. « Je vis.. Euh.. J'habite.. Mmh.. » Tu marquais une pause. Essayant de te souvenir de ton adresse. Tu voyais l'appartement, la porte d'entrée, la chambre de tes colocataires, et après ça, plus rien. Tu ne savais pas, tu ne savais plus. En l'occurrence, tu étais perdue dans la nuit sauvage et tu ne savait pas comment t'en sortir. Tu baissais ton regard vers elle. « Je ne sais plus où j'habite.. » soufflais-tu doucement, un peu paniquée. Tu n'avais pas grand chose à l'esprit, à l'heure actuelle. Tu te souvenais de ton prénom, de celui d'Anna, mais c'était tout. Tu serais incapable de dire l'âge que tu avais, c'pour dire. C'était un peu affolant comme situation, tu ne savais pas quoi faire. Tu voulais t'asseoir un instant et prendre le temps de réfléchir, de chasser les angoisses qui te prenaient petit à petit.

Tu ne désires rien de plus que d’aider cette femme que tu n’avais jusqu’à présent jamais vue. Seulement voilà, tu vois bien qu’elle est on ne peut plus mal à l’aise, tu ne peux pas t’empêcher de te dire qu’au fond tu en es responsable, tu ne peux pas t’empêcher de te dire que tu ne sais pas comment faire, comment t’y prendre pour que tu te sentes mieux. Alors, comme si tu désirais l’aider, tu lui demandes où elle vit, afin de pouvoir la ramener chez elle voir la coucher si tu estimes qu’elle en a besoin. « Je vis.. Euh.. J'habite.. Mmh.. » Tu la regardes. Elle semble ne pas savoir, ne plus savoir. Tu as peur, naturellement, et tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais pas comment t’y prendre pour pouvoir l’aider, parce que tu ne peux pas la ramener chez toi, pas alors que tu ne la connais pas. Qui sait, peut être qu’elle est folle, ou bien dangereuse. « Je ne sais plus où j'habite.. » Elle a peur, et toi, tu la regardes, ne sachant même pas quoi lui dire, parce que tu es perdue, toi aussi. « On… On va aller chez moi, d’accord ? faut pas faire de bruit, je vis pas seule. » Tu la préviens sur le ton de la menace, presque. Puis, tu la prends par la main et l’emmènes jusqu’à la maison de ta mère. Par bonheur, tu as eu la chance d’avoir l’idée de prendre un matelas pneumatique dans ta chambre, avec la pompe pour le gonfler. Alors, elle prendra ton lit et toi, tu prendras le matelas pneumatique, tout en espérant que ta mère ne se rendra pas compte que tu as fait dormir une inconnue chez toi. Discrètement, tu entres chez toi, ouvrant la porte qui était verrouillée.

Tu était terrorisé. Ne plus se souvenir de où tu vivais, mais comment peut-on oublier ça ? Tu savais que tu t'appelais Ayda, que tu avais une soeur Anna, et un frère. Ton père était mort il y a peu. Tu travaillais en tant que commis dans une cuisine. Et c'était tout. Tu ne saurais pas dire ton âge, la couleur de tes yeux, la pointure de tes chaussures, d'ailleurs, elles étaient où tes chaussures ? Sur tes pieds évidemment, mais tu ne les sentais pas, tu avais eu le sentiment d'être pied nus. Tu n'écoutais plus, tu étais perdu dans le fil de ta pensée, te laissant entraîner par elle jusqu'à une maison, où ses mots te revenaient en tête. La manière dont elle l'avait dit, tu tremblais à nouveau. « Non, je ne veux pas vous attirer des problèmes.. » chuchotais-tu doucement. Tu ne voulais pas entrer chez elle, tu sentais bien que ça ne lui allait pas. Il te fallait laisser du temps, ça allait te revenir. Tu te laissais glisser le long de l'escalier sur lequel tu te trouvais. Tu étais bien assise là. Tu posais ta tête dans ta main. L'effet de joie, de bien-être commençait à se dissiper. Tu ressentais le manque, la douleur, la peur. Tu avais peur, tu ne savais pas ce qui t'arrivait, ce qui se passait ici ce soir. Tu levais la tête vers elle, qui attendait debout, près de toi. « Laissez-moi du temps, juste un peu de temps pour me souvenir.. » demandais-tu toujours dans un murmure presque inaudible.

Tu ne peux pas laisser cette femme ici, Laurel. Non, il est de ton devoir de l’aider, elle semble tellement perdue qu’elle ne tiendra sûrement pas bien longtemps seule de la sorte. « Non, je ne veux pas vous attirer des problèmes.. » Elle ne t’attirera pas de problème mais elle préfère néanmoins s’asseoir devant chez toi et toi tu le regardes, ne sachant pas véritablement quel comportement adopter. « Laissez-moi du temps, juste un peu de temps pour me souvenir.. » Elle semble perdue, toujours plus. Alors toi, tu prends sa main, pour qu’elle soit moins perdue, pour que tu puisses l’aider, parce que c’est actuellement la seule et unique chose que tu désires faire, en vérité. Elle ne va pas se souvenir, elle va trop mal. « C’est bon ça ne me gêne pas, venez… Faut pas rester dehors, pas par ce temps… » Tu lui dis en lui prenant la main pour l’inciter à se lever. « La nuit porte conseil, vous rentrerez chez vous demain matin, d’accord ? » Tu lui parles comme tu pourrais parler à une enfant, espérant qu’elle va finir par t’écouter parce que tu es fatiguée et que tu veux rentrer, toi aussi.

Tu le laissais aller, te levant. Elle avait raison, tu n'allais pas rester là assise en plein milieu de la nuit sans raison particulière. Non, tu devais te reposer, dormir un peu. En te levant, tu avais entendu un petit bruit, dans une de tes poches, il y avait tes clés et sur un des portes clés, il y avait ton adresse. C'était ton idée au cas où tu te perdais et tu avais vraiment bien fait. Tu fixais le trousseau pendant une bonne minute, si ce n'est plus. « Appartement 20B, western district, c'est juste possible de m'appeler un taxi ? Après ça, j'arrête de vous importuner ! » Tu avais dit ça avec une petite voix, de manière un peu mécanique. Tu ne savais pas trop comment allait se passer les choses. Mais en même temps, si tu avais cherché plus tôt tes clés, tu les aurais trouvé sans trop de difficultés, tu n'y avais juste pas penser. Tu n'étais pas en état de penser correctement. Maintenant, tu allais pouvoir rentrer chez toi et t'effondrer dans ton lit. Peut-être continuer de voir tes éléphants qui dansent dans la nuit sombre, et encore, si tu fermais les yeux très fort, ils disparaîtront. Tu pouvais au moins y croire.

Non, décidemment, tu ne peux pas laisser cette femme là, seule, et c’est pour cette raison que tu ne l’as certainement pas laissée avoir la possibilité de rester dans cet endroit étrange où elle était allongée, visiblement droguée par des substances auxquelles tu n’as toi-même jamais au grand jamais touché durant ta vie. Alors tu essaies de la convaincre de venir dormir chez toi, seulement voilà, la femme ne semble pas plus motivée que cela à cette idée, donc tu es bien consciente que tu vas devoir trouver une autre méthode même si tu n’as absolument aucune idée de ce que cette méthode va bien pouvoir être. « Appartement 20B, western district, c'est juste possible de m'appeler un taxi ? Après ça, j'arrête de vous importuner ! » Tu la regardes et attrapes ton téléphone, demandant un taxi et le payant grâce à une application que tu as sur ton téléphone. Tu regardes la femme et hésites. « Le taxi va arriver. Je vous donne mon numéro envoyez moi un message quand vous êtes arrivée. Bon retour… » Tu affirmes timidement avant d’attendre que le taxi arrive pour finalement rentrer chez toi.