welcome to the new age -r.

Il fait sombre, on a du mal à y voir à plus de deux mètres. La couleur des lumières est changeante, passant du violet à l'orange sans ordre pré-défini. Comme de plus en plus souvent ces derniers temps, Alfie est avec elle. Cette fille qui lui fait tourner la tête, cette fille dont chacune de ses paroles sonne comme un appel à la tentation, celle pour qui il est capable d'aller n'importe où, de faire n'importe quoi. Contrairement à leur dernier rendez-vous, Jordan et lui se retrouvent cette fois-ci dans un endroit qu'il a bien plus l'habitude de fréquenter, une boîte de nuit. Totalement bourrés, défoncés, la totale. Autour de lui, une foule d'inconnus saute dans tous les sens, ce qui a fini par lui donner le tournis. Il est allé s'asseoir au bar sans quitter des yeux la belle Jordan qui semble bien trop emportée par la musique pour quitter la piste. Il sourit en la regardant. Le barman lui propose quelque chose à boire, mais Alfie refuse. Si il ingurgite encore un verre, il risque bien de s'écrouler sur place.  Et puis, d'un coup, il ne la voit plus. Peut-être qu'elle a simplement disparu dans la foule, mais ça ne lui plait pas. Il ne voudrait pas qu'un type mal intentionné tente quelque chose sur elle, qu'elle se retrouve embarquée contre son gré sans qu'il ne s'en soit rendu compte. Alfie se lève, mais le sol tangue sous ses pieds. Il fait quelques pas maladroits. « Jordan ? » Sa voix se perd dans la musique trop forte. Il sent quelqu'un le pousser de dos, ce qui manque de le faire tomber. Alfie se retourne et la voit plus loin, mal au point, avec près d'elle un homme qui semble sur le point de l'emmener avec lui hors de la boîte. Sans réfléchir, Alfie se fraie un chemin jusqu'à eux et tire l'inconnu par son t-shirt pour l'éloigner d'elle. Il pose ses mains sur les épaules de Jordan et cherche son regard. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Elle ne tient plus sur ses jambes. Alfie passe un bras sous ceux de Jordan et tente du mieux qu'il peut de l'aider à marcher, malgré que son propre équilibre soit déjà précaire. « Il faut te sortir de là, » dit-il un peu pour lui-même, se doutant bien qu'elle n'est pas en état de se débrouiller toute seule, et ne sachant même pas si elle peut comprendre ce qu'il lui dit.

Un verre ne faisait pas de mal. Tu avais pas mal à encaisser au fond. Tes sentiments se mélangeaient à mesure que le temps avançait. Tu te sentais de plus en plus confus. Ne comprenant rien à ce que tu devais faire ou non. Déjà, laisser partir Lou, parce qu'elle était heureuse et que tu ne pouvais pas détruire ça, égoïstement. Et puis il y avait toujours cette lutte dans ton coeur entre Sara & Nevaeh. Les deux étaient importantes, les deux avaient comptés et tu avais l'impression que tu devais faire un choix. Un choix qui t'en ferait perdre une et tu ne voulais pas de ça. Alors tu étais venu noyer ta peine, ta douleur et noyer ses sentiments que tu méprisaient tant. Tu n'en avais pas ressenti depuis sept ans. C'était difficile de se réadapter. Tu regardais la piste sans grand intérêt. Enfin jusqu'à ce qu'une grande blonde se fasse démarquer. Elle était collé à un autre et tu ressentais un petit pic de jalousie envers l'inconnu. Et puis plus rien, elle avait disparu. Tombée au sol, comme une fleur. Tu n'aimes pas ça, pas du tout, et lui aussi, tu ne le vois plus. Tu réagis quand maintenant mais ça faisait déjà quelques minutes qu'il avait quitté la piste. « Naxa ! » Tu t'étais levé dans un bond. Poussant la foule pour te frayer un passage. Tic Tac. Faisait le son d'une montre à mesure que tu avançais. Boum Boum. Faisait ton cœur à chacun de tes pas. Tu pressais le pas, évitant presque de compter parce que tu avais besoin de la rattraper au plus vite, de la sauver avant qu'il ne se passe quelque chose de non désiré. Tu le voyais qui la prenait par la taille, pour la poser dans un coin, où la foule n'allait pas. Tu le trouvais assis près d'elle, et tu le relevais aussi vite. Tu lui attrapais le col de la chemise avant de te mettre à crier. « Tu lui as tu fait d'quoi, criss ? » Tu relâchais la pression que tu avais sur lui, serrant le poing. Tu n'étais pas du genre violent, tu étais même plus du genre à encaisser qu'à frapper en retour. Mais sa belle gueule ne te plaisait pas. Il était le coupable, il l'avait drogué à coup sûr. Tu te méfiais de lui, et tu préférais retourner autour de ton amie. Il fallait l'emmener à l'hôpital pour qu'il puisse éliminer la drogue. Au moins, elle serait en sécurité, maintenant.

Il se sent mal. C'est pas l'alcool qui lui fait ça, mais la peur. Il a une boule au ventre qui ne fait qu'augmenter avec le temps qui passe, en réalisant de plus en plus ce qui est en train de se passer. Alors qu'il est sur le point de la relever pour la sortir de cet endroit bruyant et soudainement beaucoup moins accueillant, Alfie se fait projeter sur le coté par un type qu'il ne connait pas. Il croit d'abord que c'est celui qui s'en est pris à Jordan, que c'est ce connard qui ne mérite qu'un poing dans sa sale petite gueule d'emmerdeur. Ils se retrouvent face à face, comme deux animaux prêts à se battre, mais Alfie se tracasse plus pour Jordan maintenant étendue sur le sol que pour sa petite personne. Avec un fort accent, l'inconnu lui demande ce qu'il lui a fait. Alfie, lui faire du mal à elle ? Il n'oserait même pas y penser. « Je lui ai rien fait du con ! » il dit sous le coup de la colère, et de cette angoisse qui a fini par prendre entièrement possession de son corps entier. Sauf qu'il ne l'a sûrement pas entendu, vu qu'il l'a déjà lâché pour s'occuper d'elle. L'homme a l'air inquiet, ce qui laisse penser à Alfie que ce n'est peut-être pas lui le responsable. Mais alors, c'est qui bordel ? Son mec ? Alfie a les idées trop en vrac pour commencer à faire toutes sortes d'hypothèses sur son identité et retourne près d'eux. « J'essayais justement de l'aider avant que tu débarques, alors soit tu m'aides soit tu dégages. » Ce ton froid et autoritaire ne lui ressemble pas. Il pose d'abord un regard froid sur l'homme, mais ne peut s'empêcher de vérifier l'état de Jordan, toujours inconsciente. Machinalement, il prend sa main pour lui faire comprendre qu'il est avec elle. Ses paumes sont moites à cause de la chaleur, du stress, et de l'alcool qui redescend petit à petit. Avec bien plus de douceur qu'il en a eu vis-à-vis de l'homme, son pouce caresse ses doigts, comme si ce simple contact suffirait à l’apaiser dans son sommeil éphémère. Il lève à nouveau les yeux vers l'inconnu et espère que, cette fois, il sera plus coopératif. Elle ne peut pas rester plus longtemps ici, il faut absolument qu'elle sorte au moins prendre l'air.

Du con, du con, lui-même oui. Pour qui se prenait-il ? Pour un super héros alors que c'était sa faute si elle était dans cet état. Tu lui en voulais, certes, lui coller ton poing dans sa belle petite gueule carrée n'aurait pas d'effet positif sur tout ça. Tu prenais sur toi, mais il ne fallait pas s'attendre à ce que tu sois gentil avec lui. Pas même un sourire, qu'il crève. « J'te défends de la toucher à nouveau. » sifflais-tu à son égard. Il ne devait pas s'attendre à grand chose de toi. Tu n'avais jamais été en colère pourtant, sauf lors de tes 20 ans. Parce qu'on t'avouait enfin le plus gros mensonge de ta vie. On te révélait une mascarade que toi-même tu n'avais pas le droit d'avouer. Tu n'aimais pas le mensonge. Et dans le doute, tu n'avais pas envie de le croire. Il te faisait penser à toi, avec son petit sourire en coin, à croire qu'il peut sauter sur tout ce qui bouge. Naxa n'était pas de ce genre là. Elle ne se laissait pas draguer facilement, elle ne se laissait pas avoir par de belles paroles. Tu lui avais jeté un regard noir, qu'il n'essaie même pas de s'approcher d'elle, ça non. Ou alors, si qu'il te fasse ce plaisir, tu aurais une bonne raison de démolir son sourire colgate. « Naxa ! Naxa, tu m'entends ? » demandais-tu à ton amie. Tu la voyais qui clignait des yeux, comme si elle revenait à elle, comme si elle prenait à nouveau conscience du monde qui l'entoure. Tu devais lui donner de l'eau, mais t'avais pas vraiment de bouteille sous la main, et tu ne te voyais pas non plus aller en chercher une, tu ne voulais pas la laisser seule une seconde avec lui, et tu ne lui faisais pas assez confiance pour lui demander.

Ce type doit être vachement attaché à elle pour réagir de cette façon. Peut-être qu'il a la même place dans la vie de Jordan que lui, peut-être que c'est aussi un gars avec qui elle couche de temps en temps. Alfie aurait du mal à croire qu'il soit son copain, elle n'a pas vraiment l'air d'être du genre à chercher après un relation sérieuse. Du moins, de ce qu'il sait d'elle. Parce qu'au fond, il ne connait pas grand chose de la vie de cette fille. Alors qu'il tente de se rapprocher, l'autre gars lui lâche une phrase qui le gèle sur place. Bordel. Alfie sent la colère bouillir en lui, il a envie de l'envoyer à l'autre bout de la salle. Il n'avait pas respecté son avertissement et avait pris la main de Jordan, mais finit par la lâcher. Il se sent soudainement de trop, a l'impression d'être le bâton planté dans les roues de ce mec. Il appelle Jordan, mais pas avec ce prénom qu'il lui connait. Alfie ne s'en rend même pas vraiment compte, il a les pensées déjà trop embrouillées pour en ajouter de nouvelles et ce prénom qu'il prononce, Naxa, ne fait qu'un tour dans sa tête avant de s'en aller aussitôt. Entre eux, Jordan se réveille petit à petit. Elle n'ouvre pas encore les yeux, mais ses lèvres s'entre-ouvrent pour laisser s'échapper un mot, un début de phrase qu'elle ne termine pas. Alfie reste agenouillé près d'elle sans pour autant la toucher. Il regarde toujours l'inconnu, le mâchoire serrée. « Oh, tu te réveilles ? Il faut la sortir d'ici, elle a besoin d'eau et de calme. » Petit à petit, son bon sens prend le dessus sur tout le reste. Alfie se referme, il cache ses émotions comme il sait si bien le faire. C'est vrai, il a peur pour elle, mais il se rend compte qu'il n'est pas le seul et que cette personne occupe une place bien trop importante pour qu'il puisse avoir droit à une. Il tente de se calmer pour ne pas énerver encore plus l'autre type. « Je vais la sortir d'ici, et tu vas aller lui chercher à boire pendant ce temps. Ou le contraire, si tu ne sens pas capable de faire confiance à un type qui essaie d'empêcher à ta grande amie de crever sur place. » La musique a beau être forte, ils sont assez proches l'un de l'autre pour pouvoir communiquer sans avoir à crier. Vu la façon dont l'autre a de le dévisager, Alfie se retient de lever les yeux au ciel. « Promis, je ne lui ferai pas de mal. » Il ne sait pas si il va le croire, mais il faut se bouger les fesses et rapidement. Ce n'est pas parce qu'ils n'arrivent pas à s'entendre que la vie de Jordan doit en être affectée. Il s'avance vers elle pour la soulever sans le quitter du regard, s'attendant à une quelconque réaction. Va-t-il accepter, ou, au contraire, lui foutre une bonne fois pour toute son poing en plein visage ?

Il s'était approché pour lui prendre la main, et tu avais senti la tienne te démanger. Tu ne savais vraiment pas ce qui te retenais de le pousser, de le virer de là. Mais avant même que tu puisses faire quoique ce soit, il avait reculé. Comme s'il avait eu peur que tu agisses. Tu n'étais pas du genre à lancer les mots en l'air comme ça. Tu agissais au contraire, et il ne devait pas vouloir se battre avec toi. Ça aurait été une perte de temps, autant pour lui que pour toi. Il y avait des choses plus urgentes à penser, comme l'état de santé de Naxa. « Je te préviens, si tu la touches un peu trop à mon goût, j'hésiterais pas. » Tu n'hésiterais pas, pas une seule seconde. Elle était bien trop importante à tes yeux pour que tu laisses quelque chose lui arriver. Tu ne te le pardonnerais pas. Mais tu ne voulais pas lui confier la mission de l'eau. Tu n'avais pas confiance, à contre cœur, tu reculais pour le laisser se glisser derrière elle et la porter. Elle ne devait pas être la victime de ta querelle. C'était peut-être de la jalousie dans le fond. De la voir là, se pavaner contre ce bellâtre. Tu pensais avoir cette relation avec elle, que c'était toi et personne d'autre. Et il y avait lui. Il venait de te faire une promesse. Tu allais devoir lui faire confiance, au moins pour deux minutes. Tu t'étais levé pour aller prendre deux bouteilles au bar. Et tu étais de retour quasi aussi vite. Tu avais un peu poussé les choses, donnant un énorme pourboire pour être servi en vitesse. Tu le retrouvais dehors, assis sur une marche un peu plus loin. « Hé, ma belle, bois un peu, d'accord ? » Tu attrapais la bouteille pour l'ouvrir et tu la portais à ses lèvres, pour qu'elle puisse se désaltérer. Qu'elle puisse faire passer tout ça rapidement. Tu avais déjà pris un rail ou deux avec elle, tu l'avais déjà vu défoncée, mais cet état là, jamais. Et ça t'effrayait. Tu étais heureux d'être là ce soir parce que tu allais pouvoir t'occuper d'elle. Bien que tu devais être de trop.

Après plusieurs minutes de discussion inutile, il accepte enfin de le laisser seul avec Jordan et s'en va chercher à boire. Sans perdre un minute de plus, il la soulève et l'emmène hors de la boîte en se frayant du mieux qu'il peut un passage à travers la foule, quitte à en bousculer quelques uns. Une fois dehors, le vent frais de la nuit lui fait l'effet de plusieurs coupures qui déchirent la peau de son visage. Ce doit être la descente de l'alcool qui fait ça, ajoutée à la fatigue. Alfie dépose Jordan contre le mur, assise, mais reste à coté d'elle afin qu'elle ne tombe pas. Il ne sait plus où donner de la tête, entre le bruit sourd dû à la musique trop forte et les battements de son coeur semblables à des explosions qui lui vrillent les tympans. Malgré ce vacarme qui l'empêche de se concentrer sur le monde extérieur, il arrive à entendre cette petite voix qui appelle son prénom. Toute l'attention d'Alfie est tournée vers Jordan, et il dégage une mèche de cheveux de son visage. « Ça va aller. » Il esquisse un faible sourire, comme si ce simple rictus allait suffire à la remettre sur pieds. L'autre homme ne tarde pas à arriver avec une bouteille d'eau, et il se décale légèrement pour le laisser faire. Alfie n'a plus envie de jouer à qui est le plus présent pour Jordan ce soir, il ne se sent vraiment pas en état et serait incapable de répliquer quoi que ce soit. « À ton avis, il vaut mieux l'emmener à l'hôpital ? » Il y met vraiment du sien pour essayer de coopérer avec cet homme mais, si jamais il continue à jouer les grands frères protecteurs, Alfie sent bien qu'il ne pourra pas le supporter plus longtemps. Il évite le regard du brun et se contente de regarder Jordan d'un air absent tout en essayant de faire se connecter ses neurones entre eux.

Elle reprenait conscience, sans vraiment le faire. Elle prenait de l'eau et sombrait à nouveau. Tu lui tenais toujours la tête, écoutant l'autre te parler. L'emmener à l'hôpital ? Vu son état actuel, tu ne pensais pas avoir besoin d'une mesure aussi extrême. Tu levais les yeux vers lui, pour prendre un air plus civilisé. Vu son inquiétude, il était évident que tu avais commis une erreur de jugement. Et tu devais l'admettre même si ça te faisait profondément chier. Ce n'était pas lui le coupable, ce n'était pas lui le responsable de tout ça. Au contraire, il avait était un allié pour toi, pour l'aider à la sortir de là. Au moins, tu te l'admettais à toi, c'était pas si mal. « Non, on devrait juste la ramener chez elle et veiller à son chevet. Je pourrais m'occuper des deux premières heures, t'as pas l'air en forme, tu devrais te reposer aussi ! » Tu la sentais qui tremblait. Elle avait froid et tu n'avais pas de veste toi, tu lui fis un signe pour qu'il te passe la sienne, afin de couvrir ses frêles épaules, avant de la prendre dans tes bras, et de te tourner vers lui. « Tu viens ? » Tu l'invitais à te suivre, à vous suivre. Tu n'allais pas le laisser là, lorsque tu aurais fini de t'énerver pour un rien et que lui serait moins saoul, tu lui devrais des excuses. Au moins pour avoir voulu démolir sa gueule. Ta jalousie n'était pas bonne pour toi, pour ceux qui s'approchaient un peu trop près des personnes à qui tu tenais. Tu avançais dans la nuit sombre, avec lui à tes côtés, doucement, serrant Naxa contre toi, essayant de la réchauffer comme tu le pouvais. Heureusement sa maison n'était pas très loin, elle avait eu la bonne idée de te donner son adresse et pour ça tu la remerciais. Tu ne savais pas si le type avec toi étais une rencontre de ce soir ou un ami, et si c'était un ami, tu ne savais pas s'il connaissait son adresse. Elle n'avait aucun secret pour toi cette petit, sauf peut-être sa fausse identité. « Moi c'est CJ. Comment tu as connu Naxa ? » lançais-tu pour faire la conversation. Après tout vous alliez marcher un petit moment, autant en apprendre plus sur l'apollon.

Il semblerait que les deux aient enfin réussi à aligner plus de deux phrases sans se grogner l'un sur l'autre. L'idée qu'il lui propose ne semble pas stupide, peut-être même bien plus raisonnable que toutes celles qui traversent le cerveau endolori du garçon qui vient de s'enfiler un peu trop de substances illicites. Et pourtant, il arrive à redescendre sur Terre. Jamais Alfie n'a du faire preuve d'un minimum de responsabilité depuis qu'il est parti de chez lui, il y a déjà cinq ans. Peut-être que, finalement, la présence de ce prénommé CJ n'est pas trop. Peut-être même qu'elle a sauvé la vie de Jordan. Suite à sa demande, Alfie retire docilement sa veste et la lui tend pour qu'il puisse recouvrir les épaules de Jordan, maintenant assoupie (ou inconsciente) dans ses bras. Pendant plusieurs secondes, Alfie reste à sa place, sans bouger. Il s'attend à le voir partir, tenant sa princesse contre son torse, le laissant là comme un pauvre abruti. Sauf que CJ lui fait signe de venir. Bizarre. Il plonge les mains dans les poches de son jeans et se met en marche à coté de lui en fixant le sol. Contrairement à il y a vingt minutes, ce dernier ne tangue plus. La question de CJ fait s'étirer les lèvres d'Alfie en un rictus discret. « Alfie, » se présente-t-il avant de répondre. Il lève les yeux vers le ciel étoilé et réfléchit à une réponse qui ne le fera pas passer pour un parfait abruti. « À une soirée, je crois. Ça commence à remonter. » Il tourne la tête vers CJ et fronce légèrement les sourcils. « Au fait, Naxa, c'est un surnom dans ta langue ? » demande-t-il sans savoir.

Il avait eu l'air d'hésiter, comme s'il avait peur que tu l'attires dans un piège, mais il n'avait rien à craindre de toi. A présent en tout cas. Tu ne lui voulais pas de mal, il ne le savait juste pas. Il avait fini par te suivre, se présentant à toi en retour. Lui aussi avait un prénom amusant, moins intriguant que le tien, mais peu courant. C'était peut-être bien le premier Alfie que tu rencontrais en sept ans de voyages. Tu l'écoutais passer rapidement sur sa rencontre avec la jeune femme qui se trouvait dans tes bras, ne t'étonnant même pas de cette annonce. C'était tout elle ça, sortir, rencontrer un homme, jouer avec pour obtenir ce qu'elle voulait. Sa question, par contre te déroutait un peu. « Non, elle s'appelle Naxa. » Tu lui jetais un regard sans trop comprendre. Pourquoi un surnom ? Comment pouvait-il l'appeler lui ? Tu ne savais pas trop mais tu comptais bien le découvrir et tu n'allais pas essayer d'être subtil. « Tu l'appelles comment toi ? » demandais-tu simplement. Au bout de la rue, tu pouvais commencer à voir sa résidence se dessiner. Elle serait bientôt à l'abri dans son lit. Et vous pourriez vous reposer, comme les héros que vous étiez. Au moins pour cette fois.