sometimes you need to take the lead -r.

La gale ne l'aurait pas fait fuir ? Qu'est-ce qui pourrait la faire fuir alors se demanda-t-il. En effet la gale est une maladie extrêmement contagieuse et particulièrement pénible. Il ne faut pas sortir de chez soi lorsqu'on l'a, laver toutes les choses auxquelles on a touché et n'avoir quasiment aucun contact avec d'autres personnes. Autant dire que c'est particulièrement contraignant. En tout cas si elle l'avait eu, Emrys lui aurait dit au revoir de façon polie avant d'aller prendre une douche quand bien même il n'aurait eu aucun contact direct avec elle.
Après lui avoir dit que ce n'était pas avec lui qu'elle allait passer une soirée inoubliable, elle lui répondit que peut-être elle ne voulait pas passer une soirée qui resterait dans les annales. Le jeune homme ne la comprenait pas vraiment. Elle lui avait confié sortir relativement peu souvent à cause de sa fille mais pourtant elle ne voulait pas forcément passer une soirée extraordinaire. S'il était dans le même cas de figure qu'elle, ce qui est un peu le cas sauf qu'il se paie une baby-sitter quasiment tous les soirs pour pouvoir aller boire, il essayerait peut-être de profiter. Enfin non il resterait dans son coin mais il n'est pas vraiment comme tout le monde.
Sunny ajouta ensuite qu'il n'avait pas l'air de beaucoup s'aimer. Il est vrai qu'il n'a pas une estime de lui extrêmement développée mais il estime plus qu'il est réaliste. Concrètement ce n'est pas lui qui fait rire les gens ou qui les fait sourir, il est plus souvent celui qui plombe l'ambiance. « Ce n'est pas cela mais à part discuter d'histoire ou bien de livres, vous n'allez pas beaucoup vous amuser. Je ne sais pas...par exemple vous n'allez pas danser. Enfin je ne sais pas ce que vous aimez faire. » répondit-il soudain bavard. Autrefois il dansait parfois quand sa femme le poussait et ça le faisait beaucoup rire mais à présent la vie a pris un goût fade pour lui. Plus rien ne lui fait vraiment envie à part sa passion éternelle qu'est l'histoire.

Sa réponse avait fusé sans plus attendre alors que tu venais de lui faire remarquer qu'il donnait l'impression de ne pas s'aimer. Il n'était pas vraiment d'accord avec ça, mettant plus en avant que ce n'était pas avec lui que tu allais danser. Tu haussais doucement les épaules, l'écoutant jusqu'au bout avant de prendre le temps de rebondir au fur et à mesure sur tout ce qu'il venait d'ajouter. « Je suis une piètre danseuse. » Ça ne t'empêchait pas de danser, mais tu n'allais pas mourir parce que tu restais assise au bar à boire un verre et à ne pas danser. D'autant plus que sur la plage, il y avait rarement de la musique, les gens étaient plus du genre à se mettre à poil pour un petit bain de minuit. « Je ne vais pas mentir en disant que l'histoire me passionne, c'est à peine si je me souviens de mes grandes dates. » Tu pouvais toujours essayer de chercher mais tu ignorais à ce jour la date où l'Amériqué a été indépendante, encore moins quand le Commonwealth australien a été fondé. Autant te dire que tout ça t'était passé hors de la tête depuis belle lurette. Tu redécouvrirais tout ça quand Iris aurait l'âge d'aller au secondaire et qu'elle devrait les apprendre par cœur. Même si le programme serait sûrement différent puisque tu avais appris l'histoire américaine. « Mais les livres, ça peut être un sujet intéressant sauf si vous êtes branché biographie ou nature. » Autant dire que tu n'étais pas une passionnée de nature, chasse & pêche. Mais s'il y a bien une chose que tu détestes encore plus après tout ça, c'est les biographies. Souvent parce que les gens sont morts et que connaître comment s'est passé son enfance, ça ne te branchait pas trop, mais pour les gens encore vivants, tu ne comprenais pas trop l'intérêts. Les seuls auxquels tu apportais un peu de crédit, c'était ceux qui délivrait une histoire poignante, comme le journal d'Anne Frank. Une livre mêlant l'Histoire à la biographie.

Au vu du fait que la jeune femme est une piètre danseuse, Emrys se dit qu’elle n’a probablement pas envie de danser. Heureusement car sinon il aurait dû refuser poliment son invitation ou bien accepter mais à contre cœur, pour ne pas passer pour une personne totalement ingrate. Il peut l’être parfois mais il tente tout de même de bien se faire voir en société. Bien qu’en ce moment ce n’est plus vraiment le cas car il sort presque tous les soirs pour boire dans les bars jusqu’à finir saoul.
Si l’histoire est une passion pour lui, ce n’est pas vraiment le cas pour elle. Sunny lui révèle qu’elle se souvient à peine des grandes dates de l’histoire. Emrys n’est pas un expert absolu de l’histoire australienne, n’étant pas né dans ce pays il n’y a pas non plus étudié. Il s’en sort beaucoup mieux en ce qui concerne l’histoire anglaise ou française. Malgré tout il se renseigne beaucoup sur les différents événements survenus dans le pays, il doit donc avoir le même niveau qu’un professeur natif du pays. En réponse à la jeune femme il se contenta de hocher la tête.
Par contre elle semble aimer la littérature mais pas les biographies ou les livres sur la nature. Le jeune homme ne se restreint pas au genre, il lit à peu près de tout mais essentiellement des romans ou des livres historiques. Mais il lui arrive de lire également des biographies, du théâtre, de la poésie, tout sorte de choses. Chez lui il a une bibliothèque très fourni et n’a même plus de place pour tout ranger. Il doit vendre ou donner des livres pour pouvoir en acheter de nouveaux s’il ne veut pas vivre avec des piles de livres autour de lui. « Vous lisez quoi en ce moment ? » demanda-t-il pour faire la conversation. Peut-être est-ce une œuvre qu’il a déjà lu ou bien qu’il connaît.

Le fait de danser passait vite à la trappe, de toute façon, ce n'était pas toi qui allait te trémousser sur la piste de danse, donc il n'avait vraiment rien à craindre s'il ne voulait pas danser non plus. Et peut-être que les sujets de conversations apportés étaient un peu limités mais ils évitaient toujours que vous vous regardiez dans le blanc des yeux, gênés par le silence. Tu n'aimais pas le silence. Tu n'aimais pas être gênée non plus d'ailleurs. Et vos verres étaient vides, l'occasion pour toi d'en commander de nouveaux. « Je viens juste de terminer L'Attrape-Cœur de Salinger. » Tu affichais un sourire, assez satisfaite de toi. Tu y avais mis pas mal de temps, surtout parce que tu avais peu de temps libre pour le lire et que le soir tu t'endormais souvent dessus mais maintenant tu pouvais l'ajouter à ta longue liste et tu n'en étais pas peu fière. « Et pour mon prochain livre, j'hésite encore. » confiais-tu doucement à cet homme. Tu étais une grande indécise quand il s'agissait de livre. En général, tu écoutais l'avis des autres, tu lisais les livres des autres. Si tu voyais une personne lire dans le bus, tu essayais de te rapprocher pour lire le titre et une fois chez toi, tu lisais le résumé sur internet pour voir si tu allais l'acheter ou non. Neuf fois sur dix, tu l'achetais et tu le lisais. Quatre fois sur dix, tu ne finissais pas le livre parce que tu te rendais compte que tu n'aimais pas tant le style, la façon dont c'était écrit ou même l'histoire. « Et vous, un roman en particulier ces jours-ci ? » Tu avais bien envie de savoir ce qu'il pouvait lire en ce moment, peut-être pour te permettre de trouver ton prochain livre, sauf si c'était quelque chose de déjà lu mais tu en doutais pas mal. S'il était fan d'histoires, il devait lire quand même pas mal de récits historiques et tu savais que ça serait vite ennuyant pour toi ce genre de lecture mais tu n'en serais pas moins curieuse pour autant.

La conversation se dirigeait vers un sujet qui plaît beaucoup plus au jeune homme, en effet à part l’histoire son autre passion est la littérature. Le premier sujet n’étant pas la tasse de thé de la jeune femme d’après ce qu’il comprend, celui-là devrait plus convenir. Emrys la questionna sur sa lecture du moment, un point de départ comme un autre pour débuter une discussion autour de la lecture. Sunny lui confia avoir récemment terminé l’attrape-cœur de Salinger. Il hocha la tête. Comme tout bon classique de la littérature, il l’a lu mais n’en ressort pas autant ébloui que certains. Sa lecture ne lui a pas déplut mais il n’a pas non plus trouvé l’écriture extraordinaire et malgré son nombre peu important de pages, il l’a trouvé étonnamment long. « Vous avez aimé ? » demanda-t-il intéressé de voir si la jeune femme partage son avis ou si au contraire elle a trouvé le roman généialissime.
La jeune femme ajouta ne pas encore savoir ce qu’elle lirait ensuite puis le questionna à son tour sur ses lectures. « J’ai toujours Anna Karénine sur ma table de chevet mais en ce moment je suis plongé dans chronique de l’oiseau à ressort d’Haruki Murakami. » autant dire que les pavés ce n’est pas ce qui le dérange puisque chacun des deux romans fait aux alentours de 900 pages, de quoi bien l’occuper. Cela ne fait pas très longtemps qu’il lit du Murakami, ne s’intéressant pas particulièrement à la littérature asiatique jusque là. Ce n’est qu’en lisant la nouvelle Sommeil du même auteur, qu’il s’y est mis, le personnage principal du livre lisant aussi Anna Karénine. Il hésite même à commencer à apprendre le Japonais, qu’il ne maîtrise pas vraiment, pour lire en version originale le roman. C’est en général pour cela qu’il décide de se lancer dans l’apprentissage d’une langue, pour ne pas passer par la traduction qu’il trouve parfois bancale. « Je pourrai vous conseiller si vous le souhaitez. » ajouta-t-il en la regardant. Il ne prétend pas être de très bons conseils mais il peut toujours lui proposer quelques lectures qui lui ont plu.

C'était la question que tu attendais. Tu avais aussi pensé à "avez-vous réussi à ne pas décrocher ?" La réponse était la même pour les deux de toute façon. Mais tu ne savais pas si tu devais être honnête, ou sourire en maquillant un peu la vérité. Au pire, il pouvait bien te juger, tu t'en moquais, tu ne chercherais pas forcément à le revoir aussi vite. « En tout honnêteté, non. Tout le monde à l'air de dire que c'est un chef d'oeuvre, qu'il change la vie mais moi la mienne est toujours pareil et en plus de ça, je l'ai pas trouvé si génial que ça. » Tu n'irais pas jusqu'à lui dire que tu avais eu plus de plaisir à lire un livre de Musso mais c'était le cas. Peut-être parce que tu n'étais pas faite pour apprécier la grande littérature mais peut-être plus les romans de gares. Comme on pouvait le dire quand on parlait des Musso, des Levi ou tout autre registre ressemblant. Ce n'était pas de la grande littérature, tu étais bien d'accord sur ce point là, mais au moins, tu ressentais des choses, tu avais le stress, la peine et la joie qui se mélangeait à chaque page et qui grandissaient à mesure que tu approchais du dénouement final. « Je ne connais pas, de quoi ça parle exactement ? » Rien qu'au nom de l'auteur, tu imaginais quelque chose de japonais. Peut-être que c'était un cliché, que tu ne devais pas tirer des conclusions aussi rapidement mais tant que tu le gardais pour toi, ça pouvait aller. Il te proposait de te conseiller pour ta prochaine lecture et tu hochais la tête avec un grand sourire sur le visage. « Je suis ouverte à toute proposition. » Heureusement pour lui que tu avais un coup dans le nez, parce que tu serais rouge de honte pour avoir osé dire une phrase aussi suggestive que celle-là. C'était vraiment trop mais en même temps, ça se calait assez bien dans la conversation, tu ne faisais qu'accepter sa proposition d'aide, rien de plus.

Sunny semble partager son avis à propos du roman de Salinger. Elle non plus n’a pas été envoûtée par ce roman souvent adulé des adolescents en quête de raison de vivre et faisant leur crise. Il se dit que peut-être ils sont trop vieux pour comprendre la complexité de ce roman même si à titre personnel Emrys doute qu’il y en ait vraiment une. Il a bien tenté de comprendre l’intérêt que porte les lecteurs à cette œuvre mais il n’y parvint pas. Et puis cela ne le dérange pas de ne pas apprécier un roman connu comme un classique génial. Il hoche la tête à la réponse de la jeune femme. « Je partage totalement votre avis. » acquiesça-t-il.
Le jeune homme évoqua ensuite sa lecture du moment, un roman de Murakami. Sunny lui en demanda un résumé, ne connaissant pas ce livre. Cela ne l’étonnait pas vraiment car les œuvres les plus connues de l’auteur sont Kafka sur le rivage et 1Q84. Cependant il ne savait pas réellement que lui répondre mais il tenta tout de même de définir cette œuvre si particulière. « Et bien, il n’y a pas vraiment de résumé à faire. C’est plutôt un livre à vivre et à lire sans en connaître l’histoire. Il est vraiment très spécial et nécessite un peu de réflexion. C’est vraiment un roman troublant. » lui répondit-il. Le brun ne l’a pas encore terminé et en est à peu près à la moitié. Pourtant il sait qu’il n’oubliera pas ce livre de si tôt tant l’histoire est prenante et pourtant impossible à résumer.
Il proposa de la conseiller et elle répondit qu’elle était ouverte à toute proposition. Ayant but quelques verres, cette phrase qui, sortie de son contexte, pourrait prêter à confusion, fit sourire légèrement Emrys. Il se doutait bien qu’elle ne lui faisait pas d’avances mais l’idée d’un double sens le fit rire. Enfin rire tout est relative, ses lèvres s’étirèrent légèrement. « Il y a tellement de livres que je pourrai vous conseiller mais ça dépend de vos préférences. » il sait qu’elle n’aime pas les biographies ou les romans parlant de la nature mais il ne sait pas ce qu’elle apprécie.

Il était d'accord avec toi. Tu ne pensais pas qu'il serait de ton avis, mais tu étais ravie de savoir que c'était le cas. L'attrape-coeur n'avait pas su attraper le sien et encore moins le tien. Tu pourrais faire cette remarque à August pour en rire mais le connaissant, il n'allait pas approuver. Lui a tout les coups, devait avoir aimé ce livre, à la seule condition qu'il l'ait lu. Ce n'était pas très historique dans les faits alors peut-être qu'il n'avait pas plongé la tête dedans. D'ailleurs en y pensant, tu pourrais présenter August à Emrys, ils auraient sûrement pleins de faits historiques à se raconter - à moins qu'ils ne se connaissent déjà. Tu le demanderais à August en premier, tu n'étais pas encore assez proche de ton voisin de bar pour oser lui poser une telle question. Tu l'écoutais attentivement parler de son livre à lui. Intriguée, surprise. « C'est tellement intriguant la façon dont vous en parlez. » Tu avais envie d'avoir le livre entre tes mains pour le juger par sa couverture, pour comprendre pourquoi il disait ça comme ça. Un livre sans résumé, tu avais l'impression que c'était impossible mais en fait c'était juste japonais. Il n'y avait qu'eux pour faire un tel teasing de toute façon. Tu irais l'acheter demain, si tu n'étais pas trop ivre pour l'oublier quand tu rentrerais chez toi ce soir. « Vous n'avez qu'à m'en proposer trois de trois univers différents ? » Une alternative qui pourrait marcher. Tu ne savais pas ce qu'il avait en tête et tu n'étais pas très difficile en littérature. Tu avais déjà dit ce qui ne te plaisait pas, mais tu n'étais pas non plus assez cultivé pour avoir lu un livre de chaque mouvement littéraire. Il y avait tellement de possibilité, tellement de choix que tu ne devais même pas en connaître 10%. Alors tu étais curieuse de voir ce qu'il pourrait te proposer. Peut-être que tu allais apprécier ses choix ou au contraire, ne pas réussir à lire plus d'une page mais tu ne pourrais pas le savoir tant que tu n'aurais pas essayé.

Il n’arrive pas à résumer le livre qu’il lit en ce moment et pourtant d’habitude il y a arrive mais là non et puis il n’a pas non plus envie de donner un résumé bateau qui ne reflète pas l’âme de ce roman qui se vit plus qu’il ne se lit. En tout cas il a l’air de l’intéresser, peut-être qu’elle ira le lire. En tout cas il espère ne pas être de trop mauvais conseil. Et en parlant de conseil, elle lui propose de lui conseiller trois livres aux styles différents pour qu’elle en choisisse un. Parmi tous ceux qu’il a lu il est difficile de faire un choix mais il tente malgré en tout en choisissant des œuvres les plus éloignées possibles pour qu’avec un peu de chance, un plaise à Sunny. Emrys réfléchit pendant un certain temps tout en finissant son verre de vin. Finalement il relève la tête vers la jeune femme pour lui faire ses propositions. « Je ne sais pas si ce que je vais vous proposer vous plaira mais au moins, ce sont des œuvres très éloignées. D’abord je peux vous conseiller 1984, premier roman considéré comme dystopique, écrit par George Orwell. Il est très connu alors vous l’avez peut-être déjà lu. Il parle d’un futur totalitaire où tout le monde est surveillé, je ne vous en dis pas plus pour vous laisser la surprise si jamais vous souhaitez le lire. » Lorsqu’il s’agit de romans il peut s’avérer bien plus bavard que d’habitude et avec de l’alcool dans le sang, encore plus. Il enchaîne avec le deuxième roman. « Pour le second, il s’agit du Livre perdu des sortilèges premier tome d’une trilogie. Celui-ci est plus axé sur le fantastique et parle de sorcières, vampires et anciens manuscrits. Il y a également un peu d’amour si cela vous intéresse. » Il ne lit pas spécialement des romans d’amour mais ça peut lui arriver. Et ce livre ne traite pas seulement d’amour mais bien plus de sortilèges et de sorcières. « Finalement, je vais finir par une pièce de théâtre, qui peuvent être aussi très intéressantes à lire. Don Juan de Molière, aussi célèbre mais je ne suis pas sûre qu’en dehors des frontières françaises elle soit énormément étudiée. Toujours est-il que contrairement à ce qu’on pourrait penser cette pièce est extrêmement drôle. » Oui il est possible de rire avec une pièce écrite il y a plusieurs centaines d’années, certains gags sont intemporels.

Il se prêtait au jeu. Au début tu avais eu peur qu'il soit un peu retissant mais au fond, il ne l'était pas. Il commençait à te parler du premier livre et tu le laissais faire sans oser le couper parce que c'était un grand classique de la littérature anglaise et comme grand classique, tu l'avais lu lors de ta période étudiante. Une fois qu'il avait fini, tu en profitais qu'il reprenne sa respiration pour le couper rapidement. « C'est un bon choix, j'ai déjà lu 1984. Une atmosphère assez flippante parce que vivre dans un monde aussi contrôlé, c'est effrayant ! » Toi tu n'aimerais pas vivre dans un tel monde. Tu n'aimerais pas avoir des caméras partout, être suivie tout le temps et que quelqu'un dans l'ombre puisse tout savoir de toi, puisse tout connaître de ta vie amoureuse, de tes échecs amoureux. Tout savoir sur ta fille. C'était peut-être ça le plus effrayant. Qu'on puisse utiliser ta fille contre toi. « Le second je ne connais pas mais ça me parle un peu plus. » Tu avais un peu peur de tomber sur un livre pour adolescent comme ça avait été le cas pour la saga Twilight. Il y avait eu une telle effervescence que tu avais été incapable de te plonger dans cette univers. Mais tu allais au moins prendre la peine d'essayer de lire ce qu'il te proposait. « C'est étranger non ? » demandais-tu. C'était la façon dont il l'avait prononcé, il y avait un l'espace d'un instant un accent qui sonnait étrange dans ton oreille. Un accent d'ailleurs, d'un pays lointain. C'était fascinant. Et un choix risqué mais tu voulais essayer. « Je pense que je vais lire les deux derniers proposés et si un jour j'ai la chance de vous recroiser, je vous ferais un débriefing ! » Tu esquissais un léger sourire en terminant ton nouveau verre.

Emrys en est presque essoufflé d’avoir autant parlé mais lorsqu’il s’agit de lectures à conseiller ou de critiques d’ouvrages, il peut devenir l’homme le plus bavard du monde. Il n’est pas habitué à parler autant mais avec l’alcool, sa langue se délie d’autant plus.
Sunny a déjà lu 1984 ce qui n’est pas très étonnant puisqu’il s’agit d’un classique dans les pays anglo-saxons et qu’il est revenu à la mode il y a peu, grâce aux dystopies et à l’élection de Donald Trump. Elle a trouvé l’atmosphère angoissante et ne faisant pas vraiment rêvé sur le futur, un monde où tout serait contrôlé. « C’est également ce que j’ai ressenti. J’espère que cela n’arrivera jamais ! » lui confia-t-il. Bien qu’ayant travaillé dans les services secrets et devant pas conséquent garder des secrets parfois terribles sur les techniques de renseignements de son pays ou des autres, Emrys reste, comme tout bon citoyen, attaché à sa liberté de pensée et de parole. Même s’il n’est pas très bavard il souhaite garder ses libertés.
Il semble être un bon vendeur puisque la demoiselle a envie de lire les deux autres œuvres qu’il lui propose. Il ne sait pas si elles lui plairont mais au moins il aura essayé. Après avoir parlé de Don Juan, Sunny lui demande si c’est étranger, il hoche la tête avant d’ajouter « Si je peux vous donner un avant goût : L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. » Il répète la citation en anglais et en français même s’il se doute qu’elle ne comprendra pas la version originale. Les propos d’un auteur sont toujours meilleurs en version originale. Le jeune homme ne partage aucunement les principes de Don Juan, étant quelqu’un de très attaché aux principes du mariage, à la constance, à l’amour. Pourtant il apprécie beaucoup cette pièce qu’il trouve très divertissante même si la fin l’a un peu déçu. « Je serai ravi que vous me donniez votre avis. » dit-il en esquissant un minuscule sourire lorsqu’elle lui propose de lui faire un debrief si jamais ils se revoient. C’est toujours un plaisir pour lui de parler livres.

« Je crois que malheureusement, c'est ce qui arrive plus ou moins dans certains pays. » C'était comme ça que certains pays étaient décrits par les médias - et bien qu'il faille se méfier des médias, c'était aussi votre seule source. Tu n'étais pas allée en Chine ou en Corée du Nord pour voir comment cela se passait. Et même pour les étrangers, il devait y avoir des écrans de fumées afin de dissimuler la vérité aux touristes. « Cela a l'air vraiment prometteur ! » Tu ne savais pas vraiment de quoi parlait Don Juan mais tu connaissais l'expression qui y était attachée. Un Don Juan, un Casanova, pas besoin d'avoir fait du théâtre pour comprendre qu'il s'agit d'un garçon dont les filles tombent à ses pieds. Un garçon qui a des facilités avec la gente féminine. Tu avais vraiment envie de le lire pour connaître la morale de l'histoire, pour savoir s'il allait se faire avoir à son propre jeu, s'il allait tomber amoureux. Peut-être pas, comme dans de nombreuses pièces de théâtre, il trouverait sûrement la mort et ce n'était pas une idée plaisante mais tu ne le saurais pas tant que tu ne l'aurais pas lu. « Peut-être que le hasard fera bien les choses et que je vous retrouverais à cette même place disons dans quelques semaines ! » Parce que ce n'était pas dans les jours à venir que tu allais prendre le temps de lire ce qu'il venait de te recommander. Tu avais une charge de boulot incroyable et tu avais rarement du temps pour toi. Alors quelques semaines, ça pouvait te laisser de la marge tant que les semaines ne devenaient pas des mois, au quel cas, tu chercherais à ne pas le revoir, sûrement honteuse de l'avoir fait poireauter aussi longtemps. « Je peux vous offrir un dernier verre ? » Peut-être pas pour lui, mais en tout cas pour toi. Même si tu ne sortais pas souvent et que c'était l'occasion d'en profiter, tu avais aussi très envie de rentrer chez toi, de retirer tes talons et d'aller t'allonger près d'Iris pour lui faire un gros câlin.

Leur discussion sur les livres s’acheva par la demoiselle lui disant que peut-être ils se retrouveront dans quelques semaines, au même endroit ou non d’ailleurs, et qu’ils pourront en parler. Emrys aimerait beaucoup entendre ses retours sur les livres qu’il lui a conseillé, en espérant qu’ils lui plaisent. Après il ne la connaît pas assez pour cerner ses goûts et ce qu’elle pourrait particulièrement aimer en terme de livres. Il devrait peut-être devenir libraire et passer ses journées à lire et à conseiller des livres aux gens. Mais l’histoire lui manquerait trop, c’est son premier amour, il l’a déjà délaissé une fois mais il n’a pas envie que ça se reproduise. « Avec plaisir, nous verrons bien. » répond-il sobrement.
Elle lui proposa ensuite un dernier verre, il se fait plutôt tard, lui aussi devrait rentrer. Cette discussion lui a donné envie d’ouvrir un livre et de fermer la bouteille. La discussion qu’ils viennent d’avoir est comme une diversion qui lui fait un peu oublier son but premier : boire. « Oui, je vous le paie. » dit-il avant d’appeler le serveur. Il choisit de prendre un autre verre de vin et laisse la jeune femme faire son choix.

Cette idée de hasard et de destin te plaisait pas mal. Tu aimais l'idée que la vie faisait bien les choses et que si il devait se retrouver sur ton chemin, alors ça se ferait. Et même si tu ne le savais pas encore, ça allait se réaliser. Bien plus vite que tu ne le pensais et tu n'aurais pas le temps d'en lire plus d'un. Mais tu savais déjà par lequel commencer, la pièce de théâtre française te donnait l'envie d'en découvrir plus, de connaître le dénouement et ce qui allait se jouer. « Si je vous l'offre, ce n'est pas à vous de me le payer, sinon ce n'est pas une offre ! » Et tu n'allais pas démordre, c'était ton offre, tu y tenais. Grâce à lui, tu avais de la lecture pour les prochains jours. Même pour les prochaines semaines parce que tu étais plutôt un escargot. Il prenait un verre de vin et tu l'accompagnais avec un verre de vin blanc. Il était peut-être aussi têtu que toi, mais tu avais sorti ton billet avant lui et tu l'avais donné au serveur lorsqu'il avait posé vos verres devant vous. « A la vôtre, aux livres et à l'histoire ! » Tu lui offrais un beau sourire en cognant ton verre contre le sien. Tu en prenais une grande gorgée, buvant une bonne partie de ton verre. Tu pourrais traîner pour en profiter mais il se faisait vraiment tard, tu allais le boire vite fait, en le savourant tout de même. Et pas trop vite pour éviter d'avoir la tête qui tourne et donner l'impression que tu étais ivre. Tout de même, terminer la soirée comme ça, ce ne serait pas très glorieux.

Elle veut payer mais pourquoi tu t’obstines toujours à vouloir offrir un verre à une femme ? Par galanterie ? Par gentillesse ? Arrête donc un peu de vouloir faire comme il y a cent ans. Le monde a changé, les femmes n’ont plus besoin qu’on leur paye des verres et qu’on leur tire leur chaise au restaurant. Bien sur, ça fait toujours plaisir mais pas besoin de jouer les gentleman et chevalier servant. Tu capitula lorsque le serveur revint avec vos verres et que Sunny sortit l’argent en première. Il faudra revoir tes réflexes mon vieux si tu veux être le plus rapide pour payer ! Ce n’est que partie remise. Si jamais vous vous revoyez, tu lui paieras un verre cette fois. Même si c’est vrai que tu lui en as déjà payé un au début de votre discussion, mais ça ne compte pas pour toi. Vous trinquez et tu répètes après elle « Aux livres et à l’histoire ! » Qui sont tes deux passions même si en ce moment le vin a pris une place de choix dans ton petit classement. L’alcool détruit tout sur son passage, toutes les choses que tu t’es efforcé de construire pour revivre depuis trois ans. Tu balayes tout ça en un verre de vin, puis un autre et encore un autre. N’auras-tu donc jamais le courage d’aller vraiment de l’avant ? Pauvre Emrys ! Tu bois ton verre de vin sans avoir l’air d’un homme assoiffé pourtant tu aimerais encore en boire dix comme ça. Tu n’as pas encore assez bu pour oublier où tu habites et c’est bien dommage parce que tu aimerais te perdre, te retrouver dans une forêt ou ailleurs, sur la plage et rêver que tu n’es plus toi, que tu n’as plus cette vie. « Merci pour cette soirée. » Au moins tu ne l’as pas passé seul à boire et c’est déjà ça.

hj : je tente des choses