Je veux un chien (Aaron A. Grant)

J'en avais vraiment marre de mon père et de ses envies de recommencer une nouvelle vie dans une nouvelle ville ! Pourquoi il ne demandait pas mon avis ? Pourquoi il n'avait pas pensé que ça me ferait chier de m'en aller et en plus de ça aménager dans un trou paumé ? De toute manière, il devait se douter que je lui faisais la tête car ça faisait bien deux jours -après notre arrivée- que je ne lui parlai pas. Il me posait une question ? Je répondais par un grognement ou par un bon doigt d'honneur avant de m'enfuir dans ma chambre. Et je m'en foutais de ce qu'il pouvait me gueuler dessus. C'était de sa faute si j'étais au plus mal, que j'avais maintenant une connexion wifi pourri et que j'étais dégoûté de pas avoir un super anniversaire. C'était important les dix sept ans quand même. Je pouvais pas croire qu'il n'ait pas pensé à ça, que j'aurai aimé le faire avec mes amis.... Qui étaient maintenant très loin.

Mon humeur alla un peu mieux quand la connexion internet fut meilleure. Heureusement qu'il avait arrangé le problème rapidement, le vieux.
Un soir, je descendis de ma chambre, en pyjama et allai me poser sur le bord du canapé, prés du mon père. Je le fixais, avec une moue.Impossible de lui faire la tête toute la vie non plus.

« Papa... j'ai réfléchi, et je peux te pardonner si tu m'offres un chien. »

Je savais que depuis toujours il n'avait jamais voulu que j'en ai. J'avais eu un poisson rouge une fois, il est mort au bout de deux jours car je voulais lui faire boire mon coca... Bref.

« Je suis toute seule ici, j'ai besoin de ce chien pour me faire à tous ces changements que tu m'as imposé... donc on est d'accord ? C'est normal pour rattraper ton erreur. »

Je parlais comme si la réponse était évidente. Bien sûr qu'il devait accepter !

Comme je l'avais prévu,  malgré mon assurance dans ma demande, mon père ne voulait pas de ce chien. Je fronçais les sourcils, prête à m'énerver, faire une crise, lui crier dessus et finir de nouveau dans ma chambre à bouder. Sauf que si je faisais ça, je savais que je perdrai la bataille. Il fallait donc que je reste calme et que j'argumente en essayant de ne pas provoquer de dispute.  Aprés tout, maintenant j'avais dix-sept ans, j'étais une adulte et j'allais le prouver à  mon père qui ne faisait que de ne voir comme un bébé.

« Ton erreur c'est de m'avoir imposé le déménagement. De me faire quitter mes amis, ma vie stable de lycéenne avec une bonne moyenne, ou presque. Et surtout, de m'avoir fait passer mon anniversaire dans les cartons ! »

Malgré la maîtrise de ma colère, ma voix partait sur les aiguës et on sentait le sentiment de reproche que j'éprouvais.
Bon après, mon père savait caresser dans le sens du poil...

« Bien sûr  que je vais m'en sortir ! Je suis plus débrouillarde que toi... Mais quand même, ça me fait chier de devoir recommencer à zéro.. »

Il n'imaginait pas à quel point c'était difficile de s'intégrer dans un lycée ? De ce faire des amis ? Encore pire en milieu d'année ! J'allais être la bête de foire.

« Tu sais papa, la description que tu donnes du chien, ça te ressemble un peu. Je sais m'occuper de toi, alors je saurai m'occuper d'un petit chien. J'en réclame pas un gros. Un petit ou moyen, ça ira. »

Je m'approchai de lui, les yeux doux, et posai ma tête sur son épaule.

« Je t'aimerai toujours autant. C'est pas parce que j'aurai un chien que je te délaisserai. Au contraire, je t'aimerai encore plus. »

Chantage affectif.

J'avais essayé tous les arguments possibles en variant sur les reproches, ma solitude que je ressentais, l'affectif... Mais rien n'y faisait ça ne marchait pas. Et j'en avais marre qu'il ne veuille pas comprendre ! Et en plus de ça, il prenait tout de travers. Je me reculai de lui quand il m l'imposa, croisant les bras en le regardant avec cette moue qui voulait dire que dans peu de temps moi aussi j'allais gueuler. Même si j'étais pas gagnante dans ce concours de qui gueulera le plus fort, je le ferai quand même.

« Je t'ai pas insulté de con ni de clebs ! Tu prends tout mal ! Tu comprends rien à ce que j'essaie de te dire ! »

M’écriai-je en colère.
Puis je laissai tomber, puisqu'il prenait ce ton qui voulait dire qu'il n'y avait plus de discussion possible et que si je continuai j'allais être puni pendant mille ans. Alors je le fixai un instant avant de détourner le regard en soupirant.
Je finis par me lever, puisque visiblement ça ne servirait à rien que je continue à essayer la manière douce pour l'avoir. J'allais en attraper un de chien, l'imposer à la maison, il allait voir. J'en étais capable.
Quand je lui tournai le dos pour aller dans ma chambre, il recommençait avec cette histoire que je l'avais insulté de con. Je fis volte-face.

« Bah si tu le dis alors ! Tu l'es ! Va voir ailleurs ! J'en ai marre de toi ! J'aurai préféré avoir un autre pére que toi, parce que toi t'es vraiment nul ! »

Et avant qu'il ne se léve ou l'ouvre à nouveau pour m'engueuler, je m'enfuis à toute allure dans ma chambre, claquant la porte, avant de m'effondrer sur mon lit en pleure. Il m'énervait, il m'agaçait mais aprés... Tout ça c'était sur le coup de la colère...