(intrigue) Tout ça à cause d'un chien... ¤ Maxence

Exténué, Maxence était arrivé au centre sportif tard le soir, il faisait presque nuit. Pourtant, la tempête ne semblait pas se calmer. Elle avait déjà fait d’énormes dégâts dans la ville, et elle avait encore quelques mots à leur dire. L’homme n’avait pu se rendre aussi rapidement que certains autres habitants dans ce refuge temporaire car il avait été coincé dans de nombreuses péripéties avant d’être finalement à l’abri. Maintenant que c’était chose faite, il ne voulait qu’une chose : dormir pour que le lendemain arrive plus vite. Pour que le calme après la tempête s’installe. Il s’appropria donc l’un des matelas disponible après avoir bu un thé vert apaisant. Ils étaient tous entassés dans les gymnases et la situation ne lui plaisait guère, mais en tant qu’homme de lois, il avait dû écouter les directives et suivre les règles émises par la mairie. Maxence avait du mal à respirer, et au départ il pensa que c’était lié à la nervosité des événements, mais non. Les éternuements qui accompagnaient son malaise ne pouvaient tromper personne. Quand il tourna la tête de l’autre côté, il aperçut un chien couché près d’une femme et deux chats dans une cage. Il soupira pour lui-même et se leva sans plus tarder, désirant trouver une toilette où il pourrait avoir accès à des mouchoirs et aussi à un peu d’air isolé de tous ces gens. Le juge arpenta donc les couloirs jusqu’à ce qu’il tombe sur une toilette mais, quand il poussa la porte de celle-ci, le chien de tout à l’heure s’engouffra dans le petit local avant lui, l’air tout heureux avec la queue qui s’agitait de gauche à droite. « Hé, shht. Va-t-en. » Disait-il au chien en abaissant le ton de sa voix pour ne pas réveiller les habitants. Le chien, ne comprenant pas du tout le rejet de Maxence, venait se coller à lui. « Non, non … Arrête … Dégage ! » Mais le chien restait dans le cadre de la porte, et Maxence était aussi déterminé que lui à démontrer qu’il s’agissait de son territoire.

Le chien, sentant probablement le ton menaçant de Maxence, avait décidé de se reculer jusqu’à l’arrière du local de toilettes. Il le regardait avec sa queue branlante et une sorte de sourire amusé – même si ce n’était qu’un chien. Maxence avait trois choix : attendre que le chien se lasse de ce petit jeu et parte, rentrer dans la salle de bain avec lui et ne pas pouvoir se remettre de ses allergies, ou fermer la porte et partir à la recherche d’une autre toilette mais le tout en enfermant le chien à l’intérieur malgré lui. Le troisième cas était hors de question, quand même. Entre-temps, une quatrième option se dessinait à l’horizon. Maxence se tourna la tête lorsqu’il entendit des pas provenant du bout du couloir. À une distance raisonnable de la jeune femme, il reconnut bien vite celle qui était sa voisine de matelas. Elle était donc la propriétaire du chien. « Oh, excusez-moi ! Votre chien, là. Il est ici. Il ne semble pas décidé à me céder son territoire. » Blagua-t-il, pointant l’intérieur de la salle de toilettes.

La voisine de matelas de Maxence s’approcha alors, levant la tête par-dessus l’épaule du juge pour y découvrir son chien, toujours au fond des toilettes. En voyant son maître, il s’avança un peu vers elle, donnant espoir à l’homme qu’il sortirait enfin de la pièce. La brunette s’avança elle aussi vers son animal pour l’attraper par son collier et le tirer vers elle. Le chien sortit ainsi finalement de la toilette. Maxence laissa la porte se refermer, sans pourtant y entrer. Après tout, c’aurait été plutôt grossier de seulement partir ainsi sans au moins converser un peu, par formalité et politesse, avec la jeune femme. Il allait la remercier quand son chien tira assez pour se défaire de l’emprise de son maître et venir lécher la main de Maxence. Ce dernier, surpris, releva la main et s’assura de ne laisser aucune partie de sa peau à découvert et « à portée de langue » du chien. La jeune femme s’excusa en justifiant les actions de l’animal. Maxence lui fit un sourire poli, mais tout de même un peu dérangé. « Le problème est que je suis extrêmement allergique aux animaux, et quand ça commence ça dure des jours, alors … » Un vrai grognon, cette nuit. Le juge s’arrêta dans sa plainte et releva les yeux vers la jeune femme, réalisant à quel point il paraissait bougon. « Je suis désolé. Je sais bien que ce n’est pas de votre faute. » Et puis ce n’était qu’un chien. Pas la peine d’en faire tout un cas. Maxence avait tendance à faire des procès à tout le monde. Pas pour rien qu’il était juge.

La demoiselle se plaça entre Maxence et le chien, comme pour faire une barrière de sorte à ce que le chien ne puisse plus l’atteindre. Vu la détermination de l’animal, Maxence se doutait bien que s’il avait fait de sa mission de le lécher jusqu’à ce que mort s’en suive, il y arriverait sans problème malgré l’obstacle humain. Bon, de toute façon, pour le moment, il semblait s’être calmé. Maxence aussi, par la même occasion – ce qui n’était pas trop tôt. « Non, ça va aller, merci. Ce ne sera que des problèmes respiratoires, donc il n’y a rien à faire. » Il avait tout essayé, même les pompes d’asthme et ça ne l’aidait pas trop. Il ne dormirait pas beaucoup cette nuit, c’est tout. Enfin, pour lui c’était assez grave, mais il n’en ferait pas tout un plat devant sa voisine de matelas. Il s’était déjà montré assez grognon comme cela. « Et puis c’est une situation hors du commun, n’est-ce pas ? Pas le choix de s’adapter aux circonstances diverses. » Raisonna-t-il. Tous ces habitants réunis en un seul établissement ; il était évident que ça ne ferait pas l’affaire de tous.

Maxence lui sourit, poliment. Il n’avait jamais essayé les huiles essentielles, c’était vrai. Pour lui, c’était quelque chose de naturel limite recette de grand-mère, mais il était vrai que les bénéfices de ces huiles étaient de plus en plus documentés. Peut-être devrait-il mettre de côté ses doutes et son pessimisme et essayer. Ça ne lui coûterait pas grand-chose, de toute façon. « Ça devrait aller. Nul besoin de nous inquiéter. » Ajouta-t-il. Sa respiration était déjà un peu difficile, et on l’entendait par les bruits anormaux que l’air qui pénétrait dans ses poumons faisait, mais c’était une réaction allergène tout à fait normale. Le jeune homme inclina alors la tête en regardant la jeune femme. « Êtes-vous dans l’équipe médicale sur place, alors ? J’ai entendu dire qu’une femme était grièvement blessée à son arrivée ici. Avons-nous des nouvelles de son état ? » Maxence n’avait qu’entendu cela au travers des branches, il savait qu’il ne la connaissait pas car il n’avait pas reconnu le nom, mais cela ne l’empêchait pas de s’en faire suite à cette terrible nouvelle.

Maxence hocha la tête, il avait dénoté dans le discours de la jeune femme un certain reproche, sans doute pas intentionnel, quant au fait qu’il ne s’était attardé qu’à ce cas alors qu’il y avait eu plusieurs blessés. Il ne releva toutefois pas la chose, ayant déjà été assez marabout pour le moment envers sa voisine, lui qui avait pour habitude d’être si gentil aux premiers abords – bon, aux deuxièmes aussi, avec la plupart des gens. « Bon, avec tout ça par contre, je ne sais pas si j’arriverai à me rendormir. » Il était déjà bien réveillé à force de marcher et de parler, et maintenant qu’il avait du mal à respirer, c’était au revoir la bonne nuit de sommeil. L’homme consulta sa montre et constata qu’il était deux heures du matin, heure à laquelle il n’était pas rare qu’il se lève de toute façon, pour monter en voiture jusqu’à Proserpine et ensuite prendre l’avion jusqu’à Brisbane. Alors qu’il ne dorme plus à partir de maintenant, ce n’était pas nouveau. « Je vais aller me prendre un café, du coup. Si vous comptiez retourner dormir, je ne vous retiendrai pas … » Dit-il, avec un sourire courtois.

La jeune femme refusa l’invitation de Maxence, alors ce dernier se contenta d’hocher la tête avec un simple visage compréhensif. « S’il pouvait juste dormir, il ne m’incommoderait pas, mais il semble me porter plus d’affection que je n’en demande. » Commenta le juge avec un petit sourire en regardant l’animal. Il ne détestait pas les animaux, malgré les apparences. Mais être allergique n’était pas sur sa liste de choses à faire et ça le handicapait énormément lorsqu’il avait des réactions. Alors il essayait de se tenir loin des bêtes à poil, la plupart du temps. D’ailleurs, quand la jeune femme s’écarta pour s’en retourner au gymnase, le chien vint confirmer les dires de Maxence en retournant vers lui pour se coller, se frotter, et lécher. L’homme secoua la tête avec un sourire, exaspéré mais amusé aussi. « Allez, va rejoindre ton maître ! » La brunette avait déjà fait quelques pas mais le chien était décidé à rester. Maxence commença lui aussi à marcher, oubliant totalement qu’il était venu ici pour des mouchoirs. Le chien le suivit. Pour le moment, pas de problème, il se dirigeait lui aussi vers le gymnase afin de se faufiler jusqu’aux tables où le café était disponible.