Besoin d'un coup de main (Natanaël Devon)

Premier samedi seule, à la maison, et une chose était claire : je m'ennuyais ! Mon pére n'était pas là, parti je ne sais où. J'étais même pas certaine qu'il soit rentré cette nuit en fait. Parce que quand je me suis levée ce matin, j'avais fait tout le tour de la maison et personne. J'avais pris sur moi et avais commencé à petit déjeuner devant la télévision, en soupirant. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire aujourd'hui ? Je n'avais pas encore d'ami avec qui sortir, et même je ne voulais pas m'en faire ici. Et je n'avais toujours pas le chien que je réclamai à mon père depuis toujours. A part faire un petit tour de la ville pour me repérer je ne voyais rien d'autre. Et je ne voulais pas rester enfermer, parce que me connaissant, je risquai d'y prendre goût et passer tous mes week-end sur internet ou derrière un jeu vidéo.

Vers midi, habillée d'un jean troué noir, et d'un t-shirt simple uni, bleu foncé, je sortis avec mon sac à dos. Je regardai sur la droite, là où mon père travaillé, vu que le garage était maintenant collé à la maison. Ca ne l'empêchait pas d'être en retard. Je soupirai avant de voir que devant chez nous, il y avait notre voiture. Je ne mis pas longtemps avant de me dire que j'allais plutôt faire un tour en voiture et non à pied. J'avais déjà vu conduire mon père, ca devrait pas être compliqué. Et j'étais certaine que je rentrerai avant lui et qu'il ne verrait même pas que j'avais emprunté sa voiture !

Une fois la machine démarrée, je commençais mon petit voyage. Tout se déroulait très bien, je conduisais bien et c'était une preuve supplémentaire pour moi pour que j'ai une voiture ! Ou une moto ! Qu'importe. Mais bien sûr papa était contre.

Mon portable vibra, et comme la dernière des débiles, je me penchai pour le prendre  - il était sur le siége passager- sauf que je tenais toujours le volant et il tourna en même temps que je me penchais... Accident. Rien de grave mais assez pour voir ma fin arriver. Mon père allait me tuer si je ramenai la voiture dans cette état. Le capot avait pris cher.
Un vieux monsieur s'était approché pour demander si j'avais besoin qu'il appelle les secours. Je lui répondis que non avant de me remettre en route avec la voiture qui faisait maintenant un drôle de bruit. Il me fallait un garage et pas celui de mon père !
Aprés une bonne quinzaine de minutes à chercher, j'en aperçus un, et allai me garer devant. Je sortis de la voiture rapidement, et couru vers la seule personne que je vis.

« Monsieur, euh faut que vous m'aidez. J'ai eu un accident et faut la réparer... Oh mon dieu mon père va me tuer. »

Je pris mon visage dans mes mains, paniquée de la réaction de mon père.

« Vous pouvez pas y jeter un coup d'oeil là ? Je vous payerai... pas aujourd'hui, j'ai pas de sous, mais quand je rentre je prends la carte de mon pére et... Ah mais je suis con il va le savoir si je fais ca Raaaaah ! »

Je ne sais pas si c'était de la chance ou non, mais dans mon malheur, j'avais réussi à tomber sur un garage. Direct je m'étais garée et avais cherché de vu quelqu'un qui pourrait m'aider. J'avoue que j'étais complètement paniquée, que j'avais parlé super vite, au point où je me demandai si le garagiste que j'avais en face de moi m'ait comprise ? J'avais qu'une chose qui traînait en boucle dans ma tête , c'était que mon père allait me tuer et pire encore : il allait me couper la wifi !

« Putain, monsieur, vous me sauvez ! »

C'était mon héro. Le gars, il voyait une hystérique rentrer dans son garage, sans un sous qui lui demandait  de réparer sa voiture, et il acceptait, tout en proposant un verre d'eau -que je refusais avec politesse-. J'allais pas faire de chichi sur ça ! J'étais tombé sur un chic type !
Ni une, ni deux, je le conduisis à ma voiture -enfin celle de mon père-. L'avant était  complètement défoncé.  Et je craignais que le moteur en ait pris un coup. Bien sûr, il fallait que j'explique comment j'avais fait mon compte.

« Et bien... Je conduisais, mon portable a vibré et quand j'ai voulu le prendre, j'ai dévié avec le volant et je suis rentrée dans l'arbre. »

Je marmonnai quelque peu. J'étais vraiment pas fière de moi.

« Vous allez pouvoir y faire quelque chose ? Mon père ne sait pas que je lui ai emprunté. Il ne veut pas que je conduise en plus. Avec son discours : femme au volant égale accident... Bah là il a pas tord... Il avait complètement raison de ne pas me laisser conduire. »

Je parlais peut-être beaucoup, mais c'était le seul moyen que j'avais là pour évacuer la pression. C'était soi ça, soi je pleurai et me taper la honte. On ne pleure pas chez les Grant !

« Euh, si elle démarre normalement ? Je ne sais pas, mais elle a fait un drôle de bruit quand j'ai redémarré. »

C'est grave docteur ?

Il allait faire ce qu'il pouvait pour m'aider ! Ce type, un inconnu, avait toute ma reconnaissance parce qu'il acceptait de m'aider gratuitement. Et s'il réussissait à la réparer, même un peu pour faire passer ça pour autre chose qu'un accident que j'aurai pu provoqué, j'acceptai volontiers. Je pourrai toujours mentir aprés, dire à mon père qu'un con était rentré dans la voiture garée devant la maison et qu'il avait pris la fuite. Ouais, c'était un bon mensonge ça !

« Ouais je sais, j'ai été con de vouloir regarder mon portable, alors que j'engueule toujours mon père quand il le fait... »

Je soupirai. J'étais vraiment stupide ! J'étais la première à dire que ça provoquait des accidents, et je me retrouvai à faire un accident parce que je voulais regarder mon portable...
Je restai un peu en retrait, laissant le professionnel analyser visuellement la voiture, avant de hausser les épaules quand il me parla que les hommes avaient plus d'accident que les femmes.

« Je pense pas que si je sors cet argument à mon père, ça va calmer sa colère. »

Même si j'avais un petit espoir de m'en sortir sans punition, j'étais un peu résigné à ce que tout se passe mal et limite qu'il arrive là par surprise et qu'il m'engueule en public.

« Si vous pouviez la réparer pour ce soir ? Même léger ? Je pensais raconter à mon père qu'un débile était rentré dans sa voiture devant la maison... vous pensez que ça marche comme mensonge ? J'ai pas l'habitude de mentir, je sens que je vais me faire capter. »

Je soupirai, regardant mon portable. Si mon père rentrait et qu'il ne voyait pas sa voiture et ne me voyait pas non plus, il risquait forcément d'avoir la puce à l'oreille et m'appeler.

« J'suis désolée de vous presser comme ça, mais je peux pas me voir couper le wifi. J'm'ennuie déjà assez pour qu'on me retire internet. »

Si la voiture pouvait être réparée pour ce soir, avant que mon père ne rentre, ça serait super ! Après j'étais pas du genre à croire au miracle, le mécanicien était humain et il pourrait pas non plus faire de la magie pour que je m'en sorte comme si rien n'était arrivé. Mais s'il pouvait au moins faire un minimum qui pourrait éviter de faire penser à mon père que j'étais rentré dans un arbre...

« Vingt heure ? Okay mais... moi je rentre pas à pied pour revenir à pied. J'habite un peu de l'autre côté de la ville. Je suis pas fainéante non plus, c'est juste que j'aime pas me fatiguer pour rien. »

Je haussai les épaules. Je ne pouvais tout simplement pas rester ici ? Attendre ? Regarder ce qu'il faisait, même l'aider ? Mon père était mécano aussi et des fois je le regardai faire, je l'aidai un peu, parce que ça m'intéressait moi aussi ce petit monde des réparations des voitures.

« Je sais pas si je peux mais, si vous avez besoin d'un coup de main. Pas de problème pour moi. Je m'y connais un peu. »

A deux on irait forcément plus vite. Puis je n'avais pas l'attention de rentrer chez moi et revenir ce soir.

« Bah justement mon père est mécanicien... »

Marmonnai-je avant de fourrer mes mains dans les poches. Je soupirai en regardant la voiture.

« C'est sûr que même si je mens, il va capter. »

Je soupirai à nouveau avant de regarder avec surprise vers le mécano. Je fronçais les sourcils avant de lui répondre, comme si c'était évident.

« Bien sur que je m'ennuie. Ya rien ici, c'est nul. J'ai jamais voulu déménager dans cet endroit et perdre tous mes potes. »

Bowen c'était nul, à chier ! Je ne voulais pas être ici. D'ailleurs si on avait pas emménagé ici, sûr que je n'aurai pas eu cette accident. Tout ceci était un effet papillon à cause des décisions de mon père. Le responsable de cet accident, c'était lui !

Je ne me voyais pas repartir chez moi pour revenir ce soir. Alors je voulais rester et acquiesçais quand le mécano me demanda si je voulais attendre ici. Même si ça ne serait pas amusant d'attendre qu'il fasse les réparations, c'était pas grave. Au pire je devais avoir un livre dans mon sac, et j'avais encore de la batterie sur mon portable.

« Au fait, vous vous appelez comment ? »

Que je sache le prénom de mon héro.

« Moi je m'appelle Cosima. »

Et puis, autant faire la conversation non ? Sauf s'il préférait travailler dans le silence total. Là ouais, j'allais trouver le temps long. Je préférai qu'il y ait un peu de conversation. Surtout que je lui avais proposé mon aide, chose qu'il accepta. J'étais plutôt contente de pas être tombée sur un macho qui m'aurait sorti que ce n'était pas pour les filles.
J'étais donc l'assistante de mon sauveur et lui passait ce dont il avait besoin, lui évitant de lui faire faire des aller retours pour attraper un outil. Heureusement que je savais de quoi il me parlait. Ca marchait plutôt bien comme travail d'équipe, même s'il faisait le plus gros. Le temps passait et on avançait plutôt bien.

« En fait, avant il travaillait pour un mec, qu'il aimait pas. Quand il a eu assez de côté, papa a cherché un garage pas trop cher pour s'y installer et travailler à son compte. Mais à cause de ça, on a dû déménager. Je suis contente pour lui, qu'il réalise son objectif, mais j'ai l'impression qu'il a pas pensé à moi quoi... »

Je soupirai à nouveau, jouant avec une clef à molette dans mes mains, distraite. Ca me faisait sourire que Nathanaël accepte de faire la discussion.

« La mer ouais, mais toute seule c'est nul et je sais pas nager. En plus c'est pas mon genre d’exhiber mon bide aux yeux de tous ! »

Je souris avant de me relever de là où j'étais assise pour voir le travail qu'il venait de faire. Il était vraiment doué et travaillé vite et bien. C'était tant mieux.

« J'm'en voudrai de rien te donner en retour alors que tu m'aides vachement. Mais je sais pas comment te payer, j'ai pas la tune... peut-être que tu voudrais un coup de main de temps en temps au garage ? Sinon je sais faire les crumbles...  »

Quand Natanaël me demanda de quel origine était mon prénom, je haussai les épaules. J'en savais rien, fallait demander à ma mère, sauf que je ne connaissais pas ma mère alors... Je préférai rapidement penser à autre chose et commencer à aider au mieux Nate dans la réparation de la voiture de mon père. Je m'en voulais un peu de le faire travailler à titre gratuit, il fallait que je réfléchisse à quelque chose pour le dédommager, même si c'était pas avec de l'argent.

« J'habitai à Millaroo. »

Marmonnai-je.

« Ouais facile ça dépend, je devais pas tant que ça être leur amie, car j'ai pas vraiment de nouvelle donc bon... qu'ils aillent se faire... »

Je haussai à nouveau les épaules. Mieux valait être seule que mal accompagnée, comme dirait mon père.

« Si je vais au lycée mais j'arrive pas à me faire de pote. Et pour le surf et la voile, je t'ai dit que je sais pas nager... ah attends j'ai un appel »

Je sortis mon portable de mon jean, avant de voir que c'était un appel de mon père. Je marmonnai un « merde », hésitant à décrocher, avant de le faire. Au bout du fil, c'était pas lui, c'était une voix inconnue. Je fronçais les sourcils, avant de me mettre à trembler.

« Q-q-quoi ? Vous êtes est qui vous ? Il est où mon père !?... il hein ? »

Je venais de faire un blocage. Mon père aurait eu un accident ? Il allait être transféré aux urgences ? C'est que c'était grave alors ? Il allait mourir. Mourir alors que je lui avais dit des méchancetés, que j'avais été la pire des filles, que j'avais défoncé sa voiture....
Je laissai retomber mon bras qui tenait mon portable. Il fallait que j'aille le voir. Mon père c'était un homme solide, il devait aller bien, il devait...

« Mon père a eu un accident. »

Bafouillai-je en me tournant vers Natanaël.

« Il faut que j'y aille c'est... c'est où ?L’hôpital... C'est loin ? »

Je regardai autour de moi toute tremblante.