Please Ezie. Stay with me until I fall asleep.

• Un petit point adossé contre un arbre. Tout petite, les genoux sous son menton. Peut-être que si elle fermait les yeux forts forts forts, même l'arbre oublierait son existence? Peut-être qui si elle se pinçait son esprit s'éveillerait au lieu de s’assujettir à son malheur. Peut-être que si elle restait cachée assez longtemps, les choses renteraient dans l'ordre d'elle-même comme dans les contes pour enfant. À cette instant, Lou ne savait même pas qui la haïssait le plus. Nevaeh ou sa conscience? Un voix intérieur lui susurrait des mots qui résonnait dans sa tête comme un plaidoyer à son propre bûché. Vera avait raison. Comment avait-elle pu faire ça à Lennox, lui qu'elle aimait tant. Juste à repenser aux mains de Woody sur sa peau et son estomac se révulsait. Elle était sale. Peut-être que les larmes que l'aveugle versaient suffirait à la nettoyer de cette acte horrible qu'elle avait laissé se produire. Comme quoi, elle pouvait toujours avoir espoir. De la simple eau salée n'allait pas effacer le mal que la brune avait fait à son entourage. Elle avait déçu tout sa ribambelle de personne qui formait sa famille Australienne. Un bruit de pas avait tiré Lou de son esprit enfin de lui offrir un repos. Il n'y avait qu'une personne qui pouvait s'acharner à la chercher dans toute la ville. « Ezie, j'ai tellement mal. » chuchotait l'aveugle comme un animal blessé avant d'éclater en sanglot. La québécoise avait regretté ses mots à l'instant qu'elle les avait prononcé. Elle aurait dû s'excuser à son amie, la remercier d'être là ou au moins lui fournir une explication.  Ezekielle n'avait pas à l'entendre se plaindre après l'éclat qu'elle avait provoqué.

La scène qui s'était déroulée quelques heures plus tôt en ville avait laissé un goût amer à la blondinette. Elle avait cherché parmi la foule, cette crinière brune et ondulée, ce regard bleu éclatant, transperçant, en vain. Même Isaiah ne lui avait été d'aucune aide, n'ayant pas aperçu la Québécoise passer en flèche. Ezekielle l'avait cherché en ville, dans les quartiers résidentiels, près de l'université, bref, dans tous les moindre recoins où Lou pourrait avoir eu envie de traîner. Elle avait essayé de l'appeler à au moins dix reprises, sans résultat. Elle ne décrochait pas son portable, et ça, c'était si elle l'avait sur elle. Puis la voyageuse se doutait bien que dans l'état émotionnel dans lequel elle se trouvait, le dernier endroit où Lou aurait voulu se trouver était chez elle. C'est ainsi qu'Ezekielle se dirigea vers la forêt, complètement à l'opposé de son chez soi douillet et réconfortant. Elle connaissait le côté amoureux de la nature de son amie et franchement, elle espérait plus que tout la trouver ici. Heureusement, Ezekielle ne se fit pas prier bien longtemps. Sa meilleure amie était adossée contre un arbre, en petite boule. «Ezie, j'ai tellement mal» avait-elle dit dans un murmure. Ezekielle pouvait ressentir toute la douleur à travers sa voix. Lou éclata en sanglots, impossible pour Ezekielle de ne pas avoir le coeur brisé à la vue de cette scène. «Lou...» débuta-t-elle sur un ton des plus rassurants, chaleureux. La blonde s'assit aux côtés de son amie et l'enveloppa de ses longs et fins bras. «Shhhhhut, je suis là. Fais-moi sortir toute cette tristesse, tout ce mal-être par tes larmes. C'est bénéfique.» Pour le corps et l'esprit, l'ancienne journaliste savait que le fait de pleurer procurait un grand bien.

• Il y avait tant de mots qui aurait du sortir à la place de ce petit couinement. Lou aurait du expliquer tout le drama qui l'entourait, mais les larmes avaient été bien plus fortes que tout les mots. Ezekielle avait quelque chose de très maternelle alors qu'elle prenait l'aveugle dans ses bras. Même sa douce odeur de rose et de thym sentait la maison. Sous les conseils de la journaliste, Lou avait ouvert le torrent de son cœur. La brune avait pleuré jusqu'à ce qu'aucune larme ne veuille verser, jusqu'à se que sa tête veuille exploser, jusqu'à ce que son corps n'ai plus la force de supporter son chagrin. « Vera doit me détester maintenant. » dit-elle piteusement à son amie. Lou se sentait lâche d'avoir fuit de la fête comme elle l'avait fait, mais sur le coup elle n'avait pas pensé. Le désir d'être loin de tout se bordel avait été plus fort que toutes ses autres envies. «  J'ai l'impression que tu es toujours là pour me ramasser à la petite cuillère » La brune faisait allusion à leur première rencontre lorsqu'en temps que journaliste, Ezekielle avait couvert les événements de Mégantic. La bohémienne s'était révélée être une véritable amie pour l'aveugle qui demandait qu'à fuir la presse.

Comment se faisait-il que deux meilleures amies, celles qui se confiaient toujours tout, se retrouvaient dans une telle situation? Ezekielle l'ignorait. Tout comme elle ignorait ce qui s'était passé avant son arrivée, et certainement un tas d'autres trucs aussi. Et lorsque les sanglots, les pleurs de la brune ne se manifestèrent plus, elle prit finalement la parole. «Vera doit me détester maintenant.» Ezekielle caressa la chevelure de son amie. «Qu'est-ce que tu veux dire? Vera t'aimera toujours Lou, tout comme moi.» La jeune femme comprenait peu à peu qu'il devait s'être passé bien des choses dans la vie de sa douce amie dans les dernières semaines, et qu'elle en ignorait au moins une partie. «J'ai l'impression que tu es toujours là pour me ramasser à la petite cuillère» Un sourire en coin se forma sur ses lèvres. Il était vrai qu'elle avait vu Lou sous tous ses aspects, et qu'elle se trouvait souvent à ses côtés lors des moments plus difficiles. Mais au fond, ça la réjouissait un peu de savoir que dans ces moments, elle l'a savait en bonne compagnie. Avec une épaule sur laquelle pleurer. «Ça me fait plaisir, Lou... ne sois pas trop dure envers toi. Depuis le premier jour, et jusqu'à la fin, je serai là.» La voyageuse posa un baiser d'amitié sur la tête de son amie. «Mais... j'ai bien l'impression qu'il se passe quelque chose de sérieux et, je m'inquiète pour toi.» Leur vie respective avait été plutôt occupée dernièrement, Ez avait l'impression de faire un casse-tête duquel certains morceaux étaient manquants.

• Lou essayait de reprendre son souffle. Les phrases saccadées prononcées à tout va n'aidait clairement pas Ezie à comprendre quelque chose à toute cette histoire. Malgré la confusion des paroles de l'aveugle son amie s'appliquait à la calmer « Vera m'en veut. C'est notre petite dispute que à commencée le bordel. » Lou taisait la raison de la fameuse conversation. Avouer une nouvelle sa tromperie était par dessus ses forces. Déjà que la brune n'était pas fière du tout, la réaction de Vera la confortait dans l'idée de repousser l’aveu. Elle trouvait beaucoup plus simple de profité de la douceur de son amie de longue date avant de lui lâcher la bombe. Un coin de son esprit avait peur que Ezekielle l'aime un peu moins après tout ça. « Je le mérite mes remords, mais je mérite pas votre amitié. » Lou profitait des instants d'affection de la journaliste en espérant que se ne soit pas les derniers. Elle était terriblement pessimisme, mais les événements lui donnait une bonne raison de l'être. « J'ai trompé Lennox avec le frère de cette Nevaeh. » Déclarait-elle de but en blanc pour répondre aux questionnement de Ezekielle. Doucement, l'aveugle essayait de sortir des bras de son amie. Il était hors de question de sentir la journaliste la repousser lorsqu'elle comprendrait. «  Au début, je voulais seulement aller un peu mieux, mais après c'est arrivée tellement vite et je pouvais plus reculer. » Son explication sonnait comme une supplication.

Lou avoua d'abord à son amie que Vera, la troisième mousquetaire de leur trio, lui en voulait. Elle éveilla sa curiosité, ignorant pourquoi leur amie pouvait lui en vouloir. Vera voyait toujours les deux côtés de la médaille. Puis, alors qu'Ezekielle caressait la chevelure de son amie comme une maman réconforterait son enfant, la Québécoise ajouta: «Je mérite mes remords, mais je mérite pas votre amitié.» La blonde fronça les sourcils, elle n'était pas d'accord avec ces affirmations. Peu importe les choix qu'elle ferait dans la vie, peu importe le chemin qu'elle déciderait d'emprunter, jamais tout ça ne jouerait sur leur amitié. Dans tous les cas, pas pour Ezekielle. Elle serait toujours à ses côtés, de près ou de loin. S'inquiétant pour son amie, elle lui partagea finalement l'émotion qu'elle ressentait, l'inquiétude, pour elle. Lou ne se fit pas prier plus longtemps. «J'ai trompé Lennox avec le frère de cette Nevaeh.» Son coeur manqua un battement. Elle projeta son regard à travers les troncs d'arbre, comme si elle cherchait une réponse. Le silence n'était pas toujours des plus agréables, mais parfois, c'était la meilleure intervention à faire. Le silence d'Ezekielle permit à Lou de poursuivre, sans se sentir bousculée par les pensées de son amie qui n'étaient pas tout à fait claires pour le moment. «Au début, je voulais seulement aller un peu mieux, mais après c'est arrivée tellement vite et je pouvais plus reculer.» Lou avait vécu des moments difficiles aux côtés de Lennox, mais la voyageuse ignorait que cela en avait atteint ce niveau. «Oh, Lou...» Elle caressa l'épaule de son amie, avant de poursuivre: «Et comment tu vas, là, maintenant?» Ezekielle voulait surtout savoir comment son amie allait, en faisant abstraction de la dernière scène à la fête de la mangue. Elle savait que son amie devait être complètement détruite à l'intérieur.

• Le calme de la voyageuse permettait à Lou de rassembler ses idées avant de les exposer. Tout les événements passés se mélangeaient dans sa tête et l'empêchait d'avoir des pensées claires. L'épuisement commençait à se faire sentir alors que le sang battait contre ses tympans dans une symphonie déchirante. Lorsque Lou avait évoqué la raison de ses tourments, elle avait eu peur de la réaction de Ezekielle. Et si elle réagissait aussi violemment que Vera? L'aveugle n'allait pas supporter qu'on lui brandisse sous le nez tout les maux du monde. Heureusement, Ezie n'était pas comme ça. Avec sa douceur légendaire, elle avait seulement attendu sans la lâcher parce que Lou n'avait que son amie pour la retenir. « Mal. » La pianiste se sentait vide. Vide comme un verre, comme un troue noir, comme son cœur. « J'ai l'impression d'avoir perdu la seule personne avec qui je me voyais faire ma vie» Parce qu'il ne l'avait pas dit à haute voix, mais il devait la détester d'une haine aussi puissance que son amour. « Il ne me reste qu'un goût amer. » Avouait-elle épuisée comme si la vie venait de mettre le poids de plusieurs années sur ses épaules. " J'ai trouvé une bague de mariage dans ses tiroirs pendant que je faisais le lavage. Il était sérieux, il voulait véritablement me marier." Ça faisait encore plus mal maintenant qu'elle le savait. Tout les doutes de la québécoise était sans fondement et ce n'est qu'après ses conneries qu'elle s'en rendait compte.

Lou ne se fit pas prier pour répondre directement à la question de son amie. «Mal.» Oui, ça, elle s'en doutait. Et elle avait de bonnes raisons de se sentir mal, si l'on pouvait dire cela. «J'ai l'impression d'avoir perdu la seule personne avec qui je me voyais faire ma vie.» La blonde eut un petit pincement au coeur, pour son amie. Si elle devait perdre Isaiah un jour, Ezekielle avait du mal à imaginer comment elle réagirait. Comment elle ferait. C'était une femme forte, indépendante, et c'est toujours ce qu'elle était, d'ailleurs. Mais depuis qu'Isaiah était débarqué dans sa vie, tout était si différent. Il aimait les femmes et il n'était pas trop du genre relation de couple et compagnie. Il pourrait partir du jour au lendemain, réellement partir. Et Ezekielle devrait l'accepter, parce que la vie en aurait décidé ainsi. «Il ne me reste qu'un goût amer.» Ezekielle restait silencieuse, non pas parce qu'elle ne savait pas quoi répondre à son amie, mais plutôt parce qu'elle ne voulait pas l'interrompre. Elle ne voulait pas briser la chaîne d'idées qui se formait dans sa tête, qu'elle exprimait. «J'ai trouvé une bague de mariage dans ses tiroirs pendant que je faisais le lavage. Il était sérieux, il voulait véritablement me marier.» Son regard s'arrêta sur Lou. Se marier. Lennox avait de grands projets pour eux. Ezekielle serra sa meilleure amie dans ses bras, avant de se défaire de leur étreinte et appuyer son dos contre l'arbre, aux côtés de son amie. «Tu sais, Lou... on dit que bâtir une relation avec la personne que l'on aime, c'est comme un champ de bataille semé d'embûches. Et un chemin comblé d'embûches est celui qui mènera à la grandeur...» Ezekielle ignorait si elle avait été claire, empruntant ses mots à des citations qu'on lui avait déjà récitées, mais l'essentiel y était. En amour, les relations n'étaient jamais faciles, jamais simples. Et c'est ce qui en faisait qu'on les aimait autant. «Et tu sais... Vera ne te détestera jamais, ma Lou. Elle t'aime, autant que je t'aime. Et autant que tu nous aimes. Rien ne pourra jamais briser notre trio, promis.» Et elles seraient à ses côtés, pour remonter cette pente.

• Pendant un instant, Lou avait paniqué. Les bras de son amie avait abandonné leur étreinte et sur le coup, la jeune femme avait pensée que la jeune femme allait se lever et partir à son tour. L'aveugle avait eu peur, mais la voix d'Ezie avait rapidement résonné dans la foret pour la calmer. L'analogie  résonnait dans les oreilles de la brune. Un champs de bataille. Clairement. D'un côté, dans les tranchés, il y avait Lennox puis face à lui ce Woody. Dans une guerre parallèle, il y avait cette Neveah face à CJ alors qu'une Vera aviatrice laissait tomber des bombes.  Au centre de cette bataille, Lou se prenait des projectiles alors que les gens qu'elle aimait se prenait les balles perdues sous ses yeux. Comme seul image à sa cécité, elle aurait préféré se passer de celle-ci. La jeune femme comprenait les mots de son amie, mais la situation lui ne permettait pas de voir les bons côtés des choses. «  Y'a une différence entre oublier un anniversaire et tromper son copain....Il y a une différence entre détester la belle-mère et  cacher un enfant. On peut recoller des pages arrachées, mais on peut pas reconstituer une feuille brûlée. Il me déteste. Je sais même pas si on est encore un couple pour son temps de réflexions. » Si Lou contrôlait un peu mieux ses larmes; ses pensées elles partaient dans tout les sens. Au moins, Ezekielle avait trouver les mots pour réconforter l'aveugle pour le cas de Vera. «  Je veux tellement te croire Ezie parce que j'ai tellement besoin de vous en ce moment. » couinait-elle en sentant les larmes remonter.
  

«Y'a une différence entre oublier un anniversaire et tromper son copain....Il y a une différence entre détester la belle-mère et  cacher un enfant. On peut recoller des pages arrachées, mais on peut pas reconstituer une feuille brûlée. Il me déteste. Je sais même pas si on est encore un couple pour son temps de réflexion.» Les mots que lui lançait Lou, Ezekielle ne les comprenait pas tous. Elle qui semblait tellement connaître Lou, sa Lou, avait l'impression de découvrir des morceaux du casse-tête qu'elle ignorait. La blonde avait le coeur qui se serrait un peu, l'impression que la distance que leur vie avait prise durant quelques jours les avait vraiment séparées. «On peut toujours repartir sur une nouvelle feuille...» souffla-t-elle, à peine convaincue des mots qu'elle prononçait elle-même. Il était difficile pour Ezekielle de comprendre tout ce que pouvait vivre Lou, et tout ce par quoi elle passait à travers. Mais une chose était certaine, elle ne l'abandonnerait pas. Vera non plus. «Je veux tellement te croire Ezie parce que j'ai tellement besoin de vous en ce moment.» La voyageuse passa son bras par-dessus les épaules de son amie et l'approcha d'elle, leurs têtes se retrouvant collées l'une sur l'autre. «On sera là, ma belle» dit-elle en prenant sa main dans la sienne. Elle ne laisserait pas tomber sa meilleure amie, pas cette fois, ni jamais. Lou était comme sa soeur, comme une petite soeur qu'elle voulait protéger du monde entier, même si elles avaient le même âge, et que Lou avait déjà vécu de terribles choses avant qu'elles ne se rencontrent. Au moment où elles s'étaient rencontrées. «Si tu veux passer la nuit chez moi, tu es la bienvenue. Isaiah serait d'accord, j'en suis certaine. Ça pourrait te faire du bien de... d'être ailleurs.»

• L'esprit de la brune s'emballait sans qu'elle maîtrise le moindre mouvements de ses pensées. Sa tête était une cacophonie qui avait bien besoin d'un maître d'orchestre pour reprendre un peu le contrôle. Par chance, c'était ce que lui offrait sa douce amie. Ezie avait toujours représenté l'espoir pour l'aveugle. Elle avait toujours les bons mots et savait comment la guider dans le noir -que ce soit celui de sa cécité ou celui de son cœur-. « Tu le crois vraiment quand tu me dis ça ? » Lou ne reconnaissait même pas sa propre voix. Cassé par les cris et roque par les pleures, elle était méconnaissable. «  Tu ne me dis pas ça seulement pour me faire plaisir ? » La pianiste voulait tellement y croire. Pourtant, les beaux jours semblaient beaucoup trop bien après tout ça. Elle avait blessé trop de personne pour que tout retrouve sa place comme par magie, mais au moins...Ezie et Vera seraient là. Les jeunes femmes ne lui avaient jamais menti donc Lou pouvait croire les paroles de sa meilleure amie. La proposition tombait comme un cadeau du ciel. La brune savait bien qu'elle ne supporterait pas les quatre murs qui composaient le condo de Lennox dans lesquels flottaient une sensation aussi glacer que le cœur des deux amants. Ils avaient besoin d'une pause et  après la crise de Nevaeh, l'aveugle avait aussi besoin de l’insouciance du couple.  « Je voudrais pas vous dérangez, Isaiah et toi. Déjà avec le feu, j'ai un peu abusé de votre hospitalité. » Rispostait-elle mollement plus par principe.  «  Tu devrais informer ton homme que tu m'as trouvé. » Lou offrait à son amie un premier sourire, bien qu'un peu forcé. Elle se doutait qu'Ezekielle avait informé son copain des événements et la pianiste ne voulait pas inquiéter son ami trop longtemps.

Le doute qui rongeait Lou en disait long sur l’état psychologique qui la hantait. Même si Ezekielle se tentait d’être rassurante, réconfortante, elle savait pertinemment qu’elle n’y arriverait pas à cent pour cent, sans faille. «Bien sûr que je le crois. Et je n’oserais pas le dire seulement pour te faire plaisir.» Ce n’était pas de plaisir dont la brunette avait besoin, présentement. C’était de bien plus que ça. C’était même pour certains la quête entière d’une vie. La voyageuse proposa à sa meilleure amie de s’installer chez elle, quelques temps. Ce serait probablement mieux pour elle, qu’elle se dit. «Je voudrais pas vous dérangez, Isaiah et toi. Déjà avec le feu, j'ai un peu abusé de votre hospitalité.» Lou était si peu convaincante, son désir de dire oui se bataillant avec la peur de déranger, d’être de trop. «Il y aura toujours une place pour toi, ma Lou. Tu ne seras jamais de trop, tu ne dérangeras jamais. Et il n’y a rien là, pour l’incendie ou pour autre chose, tant et aussi longtemps que je vivrai, tu seras chez toi, chez moi.» Elle caressa les boucles de son amie, ne s’inquiétant pas du tout de l’accord d’Isaiah quant à la visite de Lou. Sur ce point, il était comme elle. Sa porte était toujours grande ouverte pour les gens qu'il aimait. Ou pour une autre âme, tout simplement. «Tu devrais informer ton homme que tu m'as trouvé.» Ezekielle sourit, elle ne pouvait rien cacher à Lou. «Oui, je lui enverrai un texto rapide. Il sera rassuré aussi», poursuit-elle, un fin sourire aux lèvres. «Que dirais-tu qu’on rentre tranquillement?» Il commençait à faire nuit et son appartement serait probablement bien plus confortable que cette forêt, pour poursuivre la soirée.