I'll never wake up | Xavier

Depuis des jours il y avait ses idées qui lui tournaient dans la tête, ses interrogations qui se bousculaient quand elle posait le regard sur l'enfant. Elle n'osait même plus parler à Xavier quand il venait chercher la petite, pourtant son comportement ne changerait rien, juste faire en sorte qu'Abygaël se pose des questions alors qu'il n'y avait, sans doute, rien à se poser. Peut-être qu'à cause de la tristesse et du choque, la blonde s'était imaginée n'importe quoi. Parce que quand elle pensait à l'homme, elle ne voyait rien de mal chez lui. Et ça, c'est ce qu'elle se répétait à longueur de journée, elle y pensait trop souvent. Quand elle essayait de changer, elle retombait toujours sur la même chose, pourtant devant lui, aucun mot, peut-être qu'ils devraient avoir une conversation pour qu'elle soit claire dans ses pensées. Parce qu'à se faire trop d'idées, elle se faisait peur. Ce soir, elle avait décidé de sortir pour boire, encore, c'était sans doute une mauvaise idée mais la petite était entre de bonne main et, c'est sûr qu'Adilyn ne reviendrait jamais bourrée. En chemin, elle tournait son regard sur tous les bâtiments, y compris la grande dame qui se hissait au centre de la ville, celle où elle n'avait jamais posée un pied mit à part le mariage de ses parents. Elle finissait par baisser les yeux par curiosité de voir qui sortait. Puis c'était comme le destin lui envoyait un message depuis des jours, Adilyn restait regarder Xavier sans rien dire, mais ses yeux ne quittaient pas l'homme. Qu'est-ce qu'il faisait là ? « Xavier ? » Adilyn ne pouvait pas le laisser partir comme la dernière fois.

Les derniers jours étaient un peu difficiles pour toi, tu avais le sentiments de faire les choses de travers. Comme si quelqu'un contrôlait ton corps, et que tu étais enfermé dans ton esprit. Les choses se faisaient sans que tu ne puisse avoir un contrôle sur quoique ce soit et ça ne te plaisait pas. Mais tu étais impuissant et tu ne savais pas quoi faire pour changer la donne. Alors ce soir, tu décidais d'aller à ta sempiternelle réunion. Tu avais redoublé les séances depuis l'autre soir. Pour expier ta faute, pour te permettre de surmonter tes doutes, tes craintes. Une heure, assis là, à écouter chacun prendre la parole, les encourager, les consoler. Tu avais toujours le coeur en vrac à chaque fois que tu sortais de là, mais ça t'aidait alors tu continuais. Tu enfilais ta veste pour sortir, allumant une cigarette. Tu fumais beaucoup trop Xavier, tu le savais et tu continuais. C'était ton substitut à l'alcool et tu faisais attention à ne pas fumer devant Aby. Une voix sortait de la rue et t'appelait. Une voix, que tu aurais aimé pourtant éviter. Tu te tournais dans la direction de la jeune femme, écrasant ta clope au sol. « Adilyn ? » demandais-tu doucement. Tu l'avais dit sur le ton d'une interrogation, comme si tu avais eu un doute, alors qu'il n'y en avait pas. Tu reconnaissais sa voix. Tu la voyais apparaître dans un rayon de lumière. Il n'y avait pas beaucoup de lampadaires dans ce coin, mais suffisamment de lumière pour voir son chemin. « Je.. Euh.. Bonsoir ? » bafouillais-tu un surpris de la voir là. Tu avais le sentiment d'être pris la main dans le sac alors que tu n'avais rien fait de mal concrètement. Et tu n'allais pas la fuir. Tu sentais que les choses avaient déjà trop changées entre vous pour continuer ainsi, surtout devant Aby. Elle n'était pas aveugle, elle voyait tout, elle savait tout, ou presque.

Son souffle se coupait à la vue de Xavier, elle ne savait pas quoi dire. Elle pensait même un instant qu'elle hallucinait, ce n'était pas possible qu'il sorte d'une Église, qu'aurait-il fait là-bas ? La blonde aurait bien pu ne pas l'interpeller, elle ne savait pas vraiment quoi lui dire, mais maintenant que c'était fait, ses yeux brillants ne pouvaient pas se défaire de lui. La trentenaire le regardait avec un air surpris, déjà parce qu'elle ne savait pas trop quoi penser de lui, mais également parce qu'elle ne savait pas qu'il fumait et qu'elle redoutait le fait qu'elle le fasse devant Aby. Même s'il avait essayé de le cacher en écrasant sa clope, ça ne changeait rien, elle voyait tout. « Qu'est-ce que vous  … ? »  Il était croyant ? Est-ce que fumer était un péché ? Auquel cas il serait un peu raté comme pasteur. « Ah .. euh, oui … Bonsoir. »  Un peu gênée de ne pas avoir fait place à la politesse avant tout, il restait quand même ce qu'il était, ce n'était pas parce qu'il était lâchement parti, qu'elle devait passer outre. Baissant la tête en passant sa main dans ses cheveux pour commencer à jouer avec, essayant de cacher son malaise. « Je … je voulais m'excuser pour la dernière si je vous ai dit quelque chose de mal. Ce n'était pas dans mes attentions, j'étais un peu perdue avec votre arrivée et mes pensées. »  Au fond, elle n'avait peut-être pas le besoin de s'excuser, parce qu'elle ne se souvenait pas de ce qu'elle lui avait dit, mais tellement de choses lui passait dans la tête que ses paroles lui étaient passés au-dessus de la tête. Ils n'étaient que tous les deux ce soir, sans Abygaël dans les jambes, alors elle se permettait un peu de parler. Briser le silence qu'elle instaurait elle-même depuis quelques jours. « J’étais peut-être un peu trop … curieuse. » Mais ses mots ne faisaient que lui laisser des doutes l’autre soir et, ça la hantait encore aujourd’hui.

La question allait tomber, mais elle s'était ravisé à la dernière minute, jugeant qu'elle manquait de politesse. Elle ne t'avait pas salué. Tu l'aurais presque pas noté si elle ne l'avait pas fait. Après tout, toi même tu avais hésité à lui demander ce qu'elle pouvait bien faire ici au beau milieu de la nuit avant de réfléchir et de te dire que ce n'était pas la meilleure des approches. Tu ne voulais pas passer pour un connard non plus. Déjà que ton image ne devait pas être au top en ce moment avec elle, tu ne voulais pas descendre un peu plus bas dans son estime. Avec ton métier, tu apportais une certaine importante à l'impression que les autres pouvaient avoir de toi, c'est sûr ça que se basait ta réputation après tout. C'était peut-être idiot de prendre ne compte l'image que les autres ont de toi, mais tu avais l'habitude depuis tellement longtemps que ça en devenait une manie. Il fallait toujours sourire, donner le meilleur de soi et faire en sorte d'être toujours sous ton bon jour. Ce n'était pas facile tout le temps et l'autre soir, elle avait pu apercevoir l'homme brisé que tu étais. Loin de l'homme confiant et souriant que tu laissais toujours paraître. L'autre soir, tu étais juste un homme qui croulait sous le poids des secrets, de la culpabilité et des remords. L'autre soir, tu étais un homme quelconque et non pas Xavier Black. Elle s'excusait auprès de toi pour l'autre soir justement, et tu te sentais coupable. « Oh, non, ne vous excusez-pas, ce n'est pas votre faute ! » C'était la tienne, c'est toi qui avait poussé les choses, toi qui avait commencé les révélations pour la mettre en haleine et t'arrêter juste après. Elle avait été curieuse parce que tu lui avais donné de la matière. Rien de plus. « C'est juste que le passé devrait rester le passé parfois. » confessais-tu doucement. Tu ne voulais pas sortir les cadavres du placard, tu en avais trop peur, pourtant, ces derniers jours, ça n'arrêtait pas de te hanter, comme si le souvenir datait d'hier. Ça faisait trois ans que tu vivais avec, quand tout cela cesserait-il ? Tu n'en avais pas la moindre idée, et c'est ce qui t'effrayais le plus. « C'est moi qui suis désolé d'être parti comme un voleur et de vous fuir... » Tu baissais un peu le regard, toi aussi, peu fier de la manière dont tu te comportais avec elle. Mais tu ne savais pas comment réagir. Elle avait vu les brèches, elle serait capable des percer et de faire tomber l'homme que tu tenter d'être, au moins en apparence. Elle allait briser ton masque, ta carapace et changer le cours de vos vies, à tout jamais.

Elle ne savait pas pourquoi Xavier avait autant d'effet sur elle, peut-être parce qu'il était le père de la petite et qu'elle se sentait toujours observée et jugée par lui, ou c'était simplement sa présence qui dès le premier soir l'avait rassurée jusqu'à il y a peu. Maintenant, elle prenait ses distances sans raison, quitte à faire mal à son coeur, bien qu'il n'y a rien entre eux. Mais la distance qu'elle imposait voulait aussi dire que quand Aby allait habiter chez lui, elle ne pourrait plus la voir, parce qu'ils n'auraient pas réussi à s'entendre sur les derniers moments. Et même si elle ne voulait pas se servir de lui que pour la petite, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à l'avenir, à quand elle ne serait plus avec elle, dans sa maison, mais dans celle de Xavier, où sa vie serait sans doute plus belle, mais sans elle. Pas comme si elle allait se souvenir d'Adilyn toute sa vie, la petite Abygaël, mais c'est ça qui l'attristait, parce qu'elle l'aimait presque comme son propre enfant, alors qu'elle était loin de l'être, que maintenant elle avait un papa sur qui compter et que l'amour abusif que lui offrait l'infirmière ne servait à rien. Ses pensées la déprimaient d'un coup, elle n'avait plus le goût de rien faire ce soir, finalement. Elle croisait son regard brillant à celui de l'homme, s'excusant visiblement pour rien. « C'est ça … Mais j'ai l'impression que vous me cachez quelque chose … d'important. »  Mais elle n'était pas mieux, avec son histoire de prison, alors, même si elle voulait savoir ce que Xavier pouvait bien avoir fait pour s'identifier à des monstres, elle ne dirait rien pour l'instant. « Vous êtes juste parti au mauvais moment, sans me laisser de réponse et, même si je vous en ai voulu sur le moment, parce que j’ai été blessée de votre départ ... Je comprends … Et je préfère finalement vous voir loin de cette histoire. » La blonde ne se rendait pas vraiment compte que la fin de sa phrase pouvait porter à confusion, mais lui en faisait tout autant l’autre soir, puis il ne donnait pas de réponse … du moins pas les réponses qu’elle aurait voulus entendre. « Enfin … Comme vous dites, c’est passé. Je ne veux pas vous embêter avec ça. » Avec ses soucis et sa vie. Elle lui aurait bien dit, mais elle ne saurait pas contrôler sa réaction, elle ne voulait pas le voir fuir une nouvelle fois.

Ce n'était pas qu'une impression. Tu lui cachais quelque chose. Pourtant, pouvais-tu avoir confiance en elle ? Pouvais-tu lui livrer le plus sombre de tes démons ? Tu l'ignorais. Ton coeur te poussais à lui faire confiance, il te disait qu'elle pourrait comprendre les choses, qu'elle ne porterait pas de jugement sur ta personne. Mais ton esprit lui te criait de te taire. De ne surtout pas t'engager sur ce terrain. Tu étais tiraillé par tes émotions et ta raison. Et tu avais choisi ton camp. Tu avais cédé en l'écoutant parler. Après tout, si elle devait continuer de partager ta vie, comme ça, ne devait-elle pas tout savoir ? « Allons nous assoir. » Tu avais vu un banc un peu plus loin. Tu marchais en sa compagnie, sans dire un mot. Tu aurais tout le temps d'en dire par la suite. Et il y en avait des choses à dire. Tu prenais place, pour fixer l'horizon. La nuit sombre, le ciel caché par les nuages. La nuit était triste et elle ne faisait que commencer. Tu laissais trainer les choses encore quelques minutes, le temps de prendre ton courage à deux mains. De te lancer dans un long discours qui lui ferait aussi peur qu'à toi. Tu tournais lentement le regard vers elle, plantant tes iris dans les siens. Si tu devais lui dire, autant le faire en face. Pas de secret, pas de mensonges, tes yeux ne pouvaient pas mentir, pas pour ça. Tu ouvris la bouche et te mordis la langue. Que la vérité éclate. « Adilyn. J'ai un bagage, et si je vous le révèle, dès le moment, où vous saurez tout, vous prendrez la poudre d'escampette. Vous serez terrifiée. Vous trouverez un moyen de me retirez Aby, de me faire payer de m'être approchée d'elle, de vous. Alors, si vous vous croyez prête à l'entendre, je veux bien vous révéler mon passé. » Tu étais prêt à le faire. A jouer carte sur table avec elle, en sachant très bien que tu risquais de perdre Aby. Cette idée t'était insupportable, mais l'idée d'être distant, d'agir comme un homme étrange, ça ne te plaisait pas plus. Tu n'étais qu'un homme et elle avait réussi à percer ta carapace. Autant la faire tomber pour de bon. A tout jamais.

Sa curiosité lui faisait toujours défaut, un peu trop, parce qu'elle ne voulait pas trop en apprendre sur cet homme, elle ne voulait pas être déçue et, même si la dernière fois il lui avait rappelé qu'elle en attendait trop de lui, que c'était sans doute vrai, elle ne pouvait pas s'en empêcher, le voir comme un bon homme, un bon père. Pas l'homme parfait, mais il devait s'en rapprocher à ses yeux, bien qu'elle digerait tout juste le fait qu'il l'avait manipulé pour voir et avoir l'enfant. Elle aurait voulu refuser d'aller savoir, rester dans sa bulle, ne pas accepter d'entendre qu'il n'était pas comme elle l'idéalisait. La vérité ne lui ferait que bien trop mal. Adilyn s'installait sans prêter un regard à Xavier, restant dans le déni le plus total pour ne pas affronter une quelconque réalité, elle s'imaginait toutes les possibilités, toutes les excuses, tout ce qui pourrait se rapprocher de près ou de loin à un meurtrier, mais elle ne voyait pas en lui un monstre, elle ne voulait pas le voir comme tel. La jeune femme tournait sa tête vers l'homme, pensant d'abord que son cœur allait s'arrêter quand il lui faisait son annonce. Qu'avait-il a caché ? Qu'est-ce que cette personne pouvait avoir fait de mal ? Faites toujours. Pensait-elle d'abord, elle ne pouvait rien promettre à Xavier, ses promesses s'étaient toujours envolées avec le temps. « Je ne ferai rien de tout ce que vous dites. Je ne suis pas monstre. »  C'est ce qu'elle se persuadait, Adilyn n'était pas un monstre, elle ne savait pas ce qu'elle était, une âme perdue parmi tant d'autres, à chercher la vérité, voir s'il y en a vraiment une. Elle patientait encore un peu, poussant au plus loin la vérité, celle qui allait sortir de la bouche de l'homme. « Vous pouvez y aller. » Qu’il se lance dans le vide, dans tous les cas, Adilyn serait là pour le rattraper, puisque son casier n’était pas vierge non plus, qu’elle cachait bien des mystères aussi, bien qu’elle ne veuille pas en parler, mais un jour il faudrait bien se lancer dans la gueule du loup, avouer à quelqu’un ce qu’elle a vécue et ce qu’elle avait sans doute fait ou non. Pas maintenant. Pas ce soir. Elle ne voulait se confier à quiconque. Elle n’en avait reparlé qu’avec peu de personnes, mais c'était déjà trop, la douleur étant toujours présente rien qu’en y pensant.

Je vous assure que vous ne voulez pas savoir. Tu aurais aimé être capable de lui dire ces mots là, mais tu ne pouvais pas te défiler une fois de plus. Elle avait promis, en quelques sortes de ne pas agir comme tu l'avais dit plus tôt. Le doute subsistait en toi. Mais trop tard, tu avais voulu jouer avec le feu Xavier, tu avais voulu t'obstiner l'autre soir. Il te fallait assumer les conséquences maintenant. Tu ne savais même pas par où commencer. « Il y a quatre ans de ça, je vivais encore en France. A Paris pour être exact. J'étais marié à Vivian, ma troisième femme. A cette période de ma vie, le succès me courrait après et je sombrais dans l'alcool. Je voyageais souvent en Angleterre, où j'avais ma résidence seconde, qui était ma résidence maritale. » Tu marquais une petite pause pour lui laisser le temps d'assimiler tout les détails, de prendre en compte ce que tu lui disais. Après tout, elle découvrait que tu avais été marié trois fois et ce n'était pas rien. « Un soir, que je rentrais du pub, plus ivre que jamais, je sentis un coup porté à l'arrière de mon crâne. » Tu ne quittais pas son regard, prenant plus de temps pour sortir les mots de ta bouche. Tu commençais à trembler comme une feuille. Tu aurais te dire que c'était encore un mauvais rêve et que tu pouvais t'en réveiller mais ce n'était malheureusement pas le cas. « Je ne sais pas comment je me suis relevé, je ne me souviens plus très bien de ce qui s'est passé. » Tu marquais un nouveau temps, elle avait sûrement deviné où tu voulais en venir, mais elle incliné la tête pour t’inciter à continuer ton récit. Tu avais beau la supplier du regard, tu comprenais que tu ne pouvais pas t'arrêter là, ce n'était pas possible. « Je me souviens du goût acre du sang dans ma bouche. De mon visage tuméfié et de la corde autour de son cou lorsque je lâchais enfin prise. Elle avait une expression si calme sur le visage, comme si elle savait que ça finirait ainsi et je crois que je ne comprendrais jamais comment elle a pu en arriver là.. » confessais-tu à voix basse. Tu avais les yeux brillants, le cœur palpitant et les mains tremblantes. Tu attendais maintenant de déceler la peur, l'horreur sur son visage. Attendant l'excuse bidon qui lui permettrait de prendre la fuite. La course qu'elle entamerait pour te fuir le plus vite possible, par peur que tu puisses la rattraper. Tu attendais, dans la nuit sombre, fébrile.

Le silence était pesant, mais c'était toujours plus agréable que la vérité, parce qu'elle avait l'air plus lourde que tout, alors cet instant sans un bruit, que celui de la ville qui s'animait dans la nuit était relaxant. Mais en même temps, elle voulait des réponses à ses questions alors, c'était un mal pour un bien, pour soulager sa conscience de ces interrogations qui lui bouffaient l'esprit depuis des jours. Et, il était le seul à pouvoir répondre. Même si elle n'était pas préparée à avoir des révélations ce soir, elle acceptait de l'écouter. Pourtant, rien que le début de son histoire la choquait, ou alors, la surprenait. Elle ne savait pas avec quel sentiment jongler, elle ne savait même pas ce qu'elle ressentait. Pas un mot, elle ne pouvait rien dire, elle voulait tout écouter et analyser ses paroles pour se faire une propre conclusion après, son regard restait planté dans celui de Xavier, était c'était le plus angoissant, voir que jamais, il ne tournait les yeux, que pour l'instant, il semblait bien décider à lui dire tout dans les détails, comme il avait commencé. Puis elle se sentait d'un coup inutile en le regardant trembler. Pourquoi est-ce que ça fallait si mal à Adilyn de le voir dans cet état alors que le reste de l'histoire ne promettait rien de beau ? Elle avait quand même un bout d'espoir, même si une histoire qui commence pareille ne se finit jamais bien et, elle était aussi certaine que ça n'avait pas de rapport avec un divorce. Elle rapprochait une main vers Xavier, pas pour qu'il la prenne, juste pour montrer qu'elle était là, qu'il ne fallait pas se faire aussi mal. Pourtant la fin de l'histoire devait le faire. Puis son regard devenu terne, la pire annonce qu'elle aurait pu espérer. Elle senti un pincement au cœur, puis elle reculait la main qu'elle venait d'avancer. Il avait tué quelqu'un. Rien que cette pensée lui donnait la nausée. Adilyn se retenait encore de pleurer, comme à chaque fois qu'elle semblait le croiser, mais les frissons qu'elle ressentait, elle ne pouvait pas les arrêter. « Vous ... »  Elle tournait la tête pour regarder ailleurs, ne plus avoir à confronter son regard à lui. « Vous … parlez comme si ... » Elle pouvait être entendre son cœur battre la chamade dans sa poitrine. « Comme si ça vous avait fait du bien. » Peut-être qu'elle s'embrouillait les pinceaux. Mais voir un visage calme, avoir du sang dans la bouche, savoir que ça allait se finir comme ça. C'était répugnant. Pourtant elle avait entendue pire, mais elle ne voulait pas que le pire sorte de la bouche de Xavier. « Vous l'avez tué. » Elle le répétait encore, puis bientôt, elle ne pouvait plus de créer de barrière pour ses larmes. Adilyn aurait voulu hurler pour avoir embrassé un meurtrier, pour avoir apprécié ce geste, lui avoir confié Abygaël sans crainte, lui avoir fait confiance jusqu'au bout. Elle l'avait surestimé, et son cœur saignait encore de cette erreur. « Xavier ... » Soufflait-elle tout bas. Comment avait-il pu le cacher aussi longtemps ?

Elle t'avait écouté, laissant parfois quelques expressions apparaître sur son visage. La surprise surtout lorsque tu avais mentionné 'troisième femme'. Elle n'avait peut-être pas imaginé que tu avais pu te marier autant de fois. Preuve qu'elle se trompait sur toi, qu'elle ne connaissait rien à rien de ta vie et qu'elle se contentait de se faire avoir par la belle image que tu dégageais. C'était là tout le piège qui se refermait sur toi. Si tu agissais normalement, si tu ne cherchais pas sans cesse à mettre les apparences en premier plan, elle n'aurait pas le déception qu'elle pouvait ressentir ce soir. Tu avais senti sa main approcher la tienne, effleurant tes doigts, enfin quelques secondes seulement puisqu'à ton annonce, elle avait repris sa main vers elle. Comme si ça la dégoutait à présent de te toucher. Elle avait détourné le regard et c'était mise à pleurer. Tu aurais voulu poser sa main sur son épaule, mais tu te contentais de les garder contre toi, tremblantes. D'autant plus horrifié par ce qu'elle semblait penser. « Non. J'en suis horrifié, j'en cauchemarde assez souvent. Si vous voulez mon avis, j'aurais du finir en prison. » Tu avais conscience de la manière dont tu avais dit les choses. Tu t'étais détaché de ton corps pour que les mots puisse sortir, tu aurais été incapable de lui dire sinon. Elle voulait la vérité, la voilà. Ce n'était pas ta faute si tu avais trouvé qu'elle avait eu un air calme sur le visage. Mais tu l'écoutais te dire que tu l'avais tué, comme si tu ne le savais pas. Tu avais l'impression d'être dans une autre conversation, que vous ne vous étiez pas compris. « Vous croyez que je ne le sais pas ? Que je n'ai pas assez de mal à vivre avec depuis 3 ans ? » ajoutais-tu en haussant un peu la voix, tremblotante. Tu sentais les larmes te monter aussi, et tu avais fini par baisser le regard. Tu ne savais pas à quoi tu pouvais t'attendre. C'était évident que ça se passerait ainsi. Elle était en colère, déçue et elle regrettait, comme tu l'avais prévenu. En entendant ton prénom dans un souffle de la nuit, tu laissais les larmes couler le long de ton visage. Prenant au moins deux bonnes minutes avant de lever à nouveau le regard vers elle. « Fuyez, partez Adilyn. Partez et ne vous retournez pas. » ajoutais-tu, fébrile. Tu n'étais pas non plus à plaindre. Tu avais voulu jouer franc jeu, tu récoltais ce que tu avais semé. Tu pouvais dire adieu à Adilyn, et tu pouvais aussi faire une croix sur ton adoption. Tu allais briser le coeur de ta fille. Elle ne comprendrait peut-être pas. Et tu serais bon pour déménager, faire ta vie ailleurs, ou commettre un délit mineur pour finir en prison. Là où était ta place, pensais-tu simplement.

Elle ne pouvait que le comprendre dans un sens, elle avait été parmi celles qui avaient retrouvés le corps de cette femme morte. Les gens se battaient toujours pour savoir si Adilyn était réellement la coupable, si elle est allée en prison, c'est parce qu'il y avait assez de preuves, pourtant, si elle en est sortie, c'est qu'il y avait bien une faille quelque part. Mais ça avait le don de perdre la pauvre femme qui ne savait plus vraiment ce qu'elle était ; une innocente ou une meurtrière en cavale ?  « Pourquoi vous n'y êtes pas, alors ? »  Qu'est-ce qu'il faisait assit à ses côtés si ça place était plus parmi ces gens. Ses yeux n'osaient même plus aller dans la direction où se trouvait Xavier, parce qu'il était un tueur et qu'il lui rappelait tous ces gens qu'elle avait croisé en prison. Parce qu'elle se sentait sale de l'avoir fait confiance pendant tellement de temps et, que ça aurait sans doute continuer longtemps s'il n'avait pas fait son apparition la dernière fois. Pourtant, avant de le dire à voix haute, qu'il avait tué quelqu'un, elle se croyait encore perdue dans un cauchemar. Pourquoi ces deux-là n'avaient tout simplement pas parlé, pour que ça ne finisse pas comme ça, qu'il ne soit pas considéré comme un meurtrier. Et elle, avait-elle le droit de laisser une petite fille rejoindre un meurtrier ? Ça fait que trois ans qu'il vit avec et, pourtant il allait encore des années à vivre. Puis, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'elle, elle allait rester dans l'interrogation pendant des années encore, à cause de sa propre histoire. Le bourdonnement qu'elle avait dans les oreilles l'empêchait de faire face à la réalité et, elle se perdait encore dans ses pensées. Ses chaudes larmes coulaient sur ses joues et lui donnait l'impression de se faire brûler, mais ce n'était qu'une douleur intérieure, une dont Adilyn ne savait pas si ça allait passer un jour. Partez. Son cœur se serrait encore. « Vous aviez raison. Nous devrions prendre des distances … pour quelques temps. »  Qu'elle s'imagine passer une vie sans lui, une vie où Abygaël n'aurait plus son père et, où ça serait sa faute si elle séparait les deux. « Et, la prison n'est pas un endroit magique. Vous ne seriez pas mieux là-bas, qu'ici. Vous l'avez tué, vous resterez un criminel dans tous les cas, à la différence que là-bas, tout le monde saura ce que vous avez fait. »  Elle lâchait un soupir de douleur avant de se lever et lui jeter un dernier regard. Peut-être bien le dernier. « Au revoir, Xavier. »  Même prononcer son nom faisait mal.  

Pourquoi ? C'était une bonne question. Tu avais pourtant plaidé coupable. Tu n'avais pas caché les choses, tu n'avais pas essayé de les maquiller. Il n'y avait rien à maquiller. Tu avais écopé de quelques heures de travaux d'intérêt mais rien de plus. Rien de plus. Ce n'était pas suffisant au fond. Si seulement tu avais eu du sursis, tu aurais pu violé la condition et tu aurais été là où tu méritais d'être, mais tu n'en avait pas eu. « Légitime défense qu'ils ont dit. J'aurais aimé que le jugement soit différent. » avouais-tu d'un ton las. Tu haussais les épaules. Elle approuvait ton idée, elle partait, au loin, à jamais. Non pas sans te prévenir que la prison n'était pas un endroit emplie de charme. Que pouvait-elle savoir de tout ça ? Après tout, qu'est-ce que ça pouvait faire que tout le monde le sache ? Tu avais tué ta femme, qui avait elle-même tenté de te tuer. Si tu avais pu choisir et revenir en arrière, tu te serais laissé faire. Tu pensais finir tes jours en prison après ça. Tu ne vivais pas ta vie. Avant qu'elle apparaisse un soir à la plage, tu vivais en ermite. Tu ne sortais pas, tu ne draguais pas. Tu vivais dans ton coin, essayant de te faire le plus petit possible. Tu avais gardé le regard baissé, la laissant partir. C'était mieux ainsi. « Adieu, Adilyn. » soufflais-tu dans la nuit. Elle ne pouvait plus t'entendre. Elle ne pouvait plus te voir. Ce soir, tu attrapais ta médaille des trois ans et tu la posais sur le banc. Ce soir, tu allais te perdre dans un bar et sombrer. Tu avais déjà tout perdu de toute façon, alors il ne restait rien à sauver.