here in the dark, these final hours (maxine)

August esquissa un sourire. Il aurait voulu prendre un air faussement offusqué quand elle avait dit qu’elle ne lui offrirait pas de cadeau, mais en vérité, face au visage moqueur de Maxine, il n’arrivait pas à contenir son propre amusement. « Tu pourrais au moins me payer un verre … » Releva-t-il alors que tous les deux savaient très bien à quel point cela ne faisait pas de sens. Ils ne se rencontraient qu’ici, au Wojna’s, parce que nulle part ailleurs ne leur convenait aussi bien que cet endroit – heureusement pour August d’ailleurs -, et étant propriétaire, il pouvait bien s’offrir tous les verres qu’il désirait. Pas besoin que Maxine les paie pour lui. De toute façon, August n’aimait pas trop le concept de recevoir des cadeaux à son anniversaire. Certes, les dates historiques étaient importantes, mais à ses yeux les anniversaires l’étaient un peu moins. Après tout, ce n’était qu’un chiffre qui changeait, mais ce chiffre changeait constamment, au fond, si on considérait les décimales. Chaque jour vieillissait les gens. Chaque seconde aurait pu être un nouvel anniversaire. C’est pourquoi il ne voyait pas vraiment l’intérêt de souligner les journées de naissance de qui que ce soit, alors encore moins la sienne.

August et Maxine passèrent finalement aux choses sérieuses, c’est-à-dire un jeu d’alcool des plus simples qui leur permettraient de se rendre plus facilement au but : être ivres et nus. Dit comme ça, on aurait pu croire qu’August n’avait qu’en tête que l’idée de reluquer Maxine, et il y avait un peu de ça certes, mais c’était aussi pour le plaisir de la chose. Ils étaient seuls dans sa rhumerie, l’heure de fermeture était passée, c’était excitant. « Rêve toujours. » Et d’ailleurs, il avait bien raison d’être aussi assuré de sa victoire, parce que dès le tour de Maxine passé, celle-ci avait perdu ses deux essais. Elle avait donc bu l’équivalent d’un shooter et retiré ses chaussures. « T’as vraiment de belles chaussettes, ça me rend … tout chose. » Plaisanta August alors qu’il avait jeté un coup d’œil à ses pieds, maintenant qu’il l’avait rejointe de son côté du comptoir, assis au tabouret voisin du sien. « Et ce n’est pas une force surnaturelle, ma chère … c’est l’art de la suggestion. En vrai, la rhumerie et l’histoire, ce ne sont que des couvertures. J’suis hypnotiseur et pas n’importe lequel, vu que j’arrive même pas hypnotiser des pièces de monnaie … ! » Expliqua-t-il, ne se prenant pas du tout et sérieux et le but était bien de montrer à Maxine que ce n’était que le hasard qui faisait aussi bien les choses pour lui – et pas pour elle. À sa demande, August lui passa la pièce et se recula légèrement pour la laisser la lancer, après avoir dit : « Pile ! » Si le côté face était aussi têtu qu’avec Maxine, peut-être aurait-il plus de chance avec l’autre, lui aussi.

Ils jouèrent ainsi pendant une bonne dizaine de minutes encore, enfilant les gorgées de rhum, les rires, le soulagement et le déshabillement. Le hasard faisant parfois bien les choses pour tous les deux, ils en étaient à la dernière manche puisqu’il ne restait à Maxine que son soutien-gorge et sa petite culotte, et à August que son caleçon noir. « On continue ou tu te dégonfles ? » Demanda-t-il avec un sourire aux lèvres en la regardant sous l’éclairage tamisé. Elle était belle, Maxine, et il ne refuserait pas de la découvrir plus intimement encore.

Sa question quant au dégonflement de Maxine sembla réassurer cette dernière dans son désir d’aller jusqu’au bout. C’était l’effet voulu. De toute façon, connaissant la jeune femme, avec ou sans remarque de la part d’August, elle n’aurait pas reculé alors qu’ils étaient aussi près du but. Après tout, si elle avait d’abord accepté de jouer à ce jeu, ce n’était pas pour abandonner dès que la partie devenait intéressante. Ils étaient deux adultes consentants et, surtout, ils étaient seuls et plein de désir l’un pour l’autre. Ils ne se l’étaient jamais avoué de vive voix, ni l’un ni l’autre, mais à force de la voir s’asseoir en face de lui, soir après soir, de s’échanger des sourires et des regards séducteurs, le message s’était peu à peu rendu jusqu’à leurs têtes. Et leurs têtes, ce soir, n’étaient pas tout à fait là. Elles étaient dans les nuages, dans la brume créée par les vapeurs de l’alcool ingurgitée à coups de shooters. Un sourire se dessina sur les lèvres du trentenaire quand la blonde glissa ses mains dans son dos et dégrafa son soutien-gorge, avant de le laisser tomber sous les yeux d’August, qui baissa d’abord les yeux vers la lingerie, avant de les relever sur la poitrine de Maxine, qu’il prit le temps d’apprécier avant de daigner croiser son regard de nouveau. « Et quel avantage, d’ailleurs … » Souligna-t-il, parce que le corps de Maxine lui plaisait énormément. Ressentant probablement cette nouvelle tension qui s’était glissée entre eux, la jeune femme tenta de l’éliminer, de la réduire à néant, en posant ses pieds nus au sol et en supprimant toute distance entre eux. « J’en comprends qu’on change de jeu ? » Avait-il supposé, posant sa main dans le dos dénudé de Maxine, la glissant contre sa peau si douce. Il pressa légèrement la paume de sa main contre ses fesses afin de l’attirer contre lui, ouvrant les jambes afin de lui permettre de s’approcher davantage. La poitrine de Maxine se colla contre son torse alors qu’August brûla toutes les dernières étapes, posant ses lèvres sur celles de la jeune femme. Elles goûtaient le rhum, elles goûtaient le paradis, et August ne tarda pas à s’y perdre, tout comme ses mains qui cherchaient l’issu au labyrinthe de son corps, parcourant toutes les parcelles de sa peau.

Depuis que Maxine avait mis les pieds dans la rhumerie d’August, la toute première fois, le trentenaire avait cherché à connaître ses intentions. À deviner ce qui la poussait à revenir, soir après soir, ou du moins dès que lui-même se trouvait derrière le bar. Que ce soit pour un seul verre ou pour plusieurs, pour le temps d’un bonsoir ou d’une conversation, elle était là, assise sur ce même tabouret, penchée vers lui alors qu’ils se parlaient, se souriaient, se dévoraient du regard. S’ils avaient cherché pendant tout ce temps à faire grandir la tentation ou à se faire languir, ce soir était certainement la fin de ce jeu explosif. Ou alors le début du chaos après la détonation. Les doigts de la blonde chatouillèrent le torse d’August alors qu’elle les faisait glisser entre chaque courbe de ses muscles. Ses lèvres ne tardèrent pas à suivre le mouvement, goûtant chaque parcelle de sa peau. August, quant à lui, laissa sa main se perdre dans la chevelure de la jeune femme, ses doigts s’entremêlant entre quelques mèches avant qu’il ne l’oblige à remonter le visage vers le sien pour l’embrasser avec une intensité qu’on ne lui connaissait que lorsque la température grimpait. Il descendit à son tour de son tabouret, sans lâcher les lèvres de Maxine pour autant, et la poussa doucement vers l’arrière du bar, d’ordinaire réservé aux employés, et positionna ses mains sous ses cuisses afin de la soulever et de la déposer sur le comptoir, légèrement plus bas que celui de l’autre côté, ce qui lui permettait d’être tout juste à la bonne hauteur. Ses baisers quittèrent finalement ses lèvres pour découvrir, à son tour, le corps de la blonde. De ses mains, de ses lèvres, de ses doigts, de sa langue, August stimula l’excitation de Maxine. Il voulait l’entendre gémir de plaisir, il voulait l’entendre le supplier de mettre fin à son agréable supplice, il voulait l’amener le plus loin, le plus haut possible.