passionate affair + sunny

Ça faisait déjà quelques fois qu’on se voyait et que je prenais soin de laisser mon alliance dans ma voiture. Elle traînait dans les trous de ma voiture, plus précisément dans le coffre à gants dans une petite boîte, pas question de la perdre. Sienna en ferait tout un plat et se douterait de mes infidélités fréquentes. Et ce n’était pas le but. Ce n’était pas un mariage de convenance, mais j’avais l’impression que c’était tout comme. Je l’aimais bien, mais pas amoureusement. Je lui avais demandé sa main, je me disais qu’avec ce projet de sans-abris, elle ne serait guère enchantée, mais que ça aiderait à faire passer la pilule. Et effectivement, ça avait été le cas... Un an sans moi, elle survivrait bien. Je l’autoriserais peut-être même à venir me voir une fois aux deux semaines, même si ce serait de la tricherie sur mes études... Ça m’était égal, n’aurais-je pas le droit de tricher? Enfin, nous verrions bien la suite des évènements. D’ici là, j’allais chercher Sunny chez elle. J’arrêtais la voiture devant sa maison où elle sortirait très bientôt. Elle m’attendait sans doute, mais j’étais ponctuel. Une fois qu’elle entrait dans la voiture, je prenais ses lèvres en otage pour lui donner un fiévreux baiser. « J’ai trouvé un resto végétarien dans l’hôtel où je suis à Mackay... Un hôtel éco-énergétique. Qu’est-ce que tu en dis? » Mes yeux pétillaient, j’avais l’impression de revivre les premiers moments d’amour avec Sienna, sans même qu’elle n’y soit. Je retrouvais les petits papillons du départ, l’envie de plaire, l’art de la séduction. Sunny était magnifique et à une lettre près, son prénom était presque identique à celui de ma femme. « Tu es magnifique. »  

Adiran. Il n'y avait que ce prénom dans ta tête depuis quelques semaines déjà. Tu l'attendais de pied ferme, prête depuis quelques minutes déjà. Peut-être même une heure. Tu avais déposé un baiser sur le front d'Iris, en la laissant au soin de Laurel. Lorsqu'il se gara en bas de chez toi, tu descendais les escaliers à la vitesse de l’éclair, te précipitant vers la portière de sa voiture pour t'installer rapidement. Comme si il allait partir sans toi, si tu ne te dépêchais pas. Ce qui était idiot, mais tu ne te contrôlais plus vraiment quand il était dans les parages. « Bonsoir, Adrian. » ajoutais-tu un grand sourire, à peine installée sur ton siège. Il s'approchait de toi, et tu fermais les yeux, savourant ce baiser. Tu avais l'impression de revivre ta vie avec lui, de pouvoir avancer dans ta vie, même si Tom n'était jamais loin. Mais ça t'étais bien égale, tu ne voulais plus de lui, plus d'un menteur infidèle. Si seulement tu savais tout ce qui se tramait dans ta vie, tu réagirais de manière différente, mais pour le moment, tu avais surtout le sentiment d'être une adolescente qui vivait un premier amour. « J'en dis que ça me plait beaucoup ! » Tu affichais un grand sourire sur ton visage, excitée à l'idée de passer une nouvelle soirée de plus en sa compagnie. Tu attachais ta ceinture, reposant ton regard sur lui. Tu laissais ta main se poser sur sa cuisse pendant qu'il mettait le contact. « Tu es flatteur, mais merci ! » Et tu avais les joues rouges, flattée par ses mots. C'était si facile de se faire avoir, finalement.

« J’en dis que ça me plait beaucoup! » Je souriais à pleines dents lui prenant un dernier baiser volage avant de me mettre en route alors que je posais ma main sur sa cuisse en direction de Mackay, nous avions un peu de route à faire, mais ce n’était pas plus mal. Elle savait que je la ramènerais en un morceau. Les Palladino étions tous très charmeur avec les femmes de notre entourage, mais toujours dans un respect profond pour celles-ci. « Flatteur? Je préfère dire réaliste. » Alors que la route se faisait entre quelques discussions de part et d’autres. Je parlais d’Einstein, elle me parlait d’Iris. Je parlais de ma famille et elle de la sienne. Nous étions un bon complément. Évidemment, je ne parlais aucunement de Sienna. Quelle importance elle avait dans une soirée comme celle-là ? Arrivés à l’hôtel, je ne tardais pas à me garer pour aller lui ouvrir la portière. Je souhaitais qu’elle se sente comme une princesse ce soir. Je la guidais donc en prenant sa main doucement vers le restaurant végétarien. « Je t’assure que ce resto est le meilleur de tout Mackay! J’avoue que je ne les ai pas tous testés, mais je suis sans doute biaisé par celui-ci. » Je lui faisais un sourire pour ensuite mentionner la réservation que j’avais fait à mon nom. Une surprise, sans doute... Que je lui avais révélé, mais d’un autre côté, il fallait bien qu’elle sache à quoi s’attendre. J’aimais planifier des surprises pour la gente féminine. Une fois qu’une hôtesse nous dirigeait vers la table, je tirais la chaise de Sunny. « Mademoiselle. » Puis une fois assise, je prenais place devant elle. Et puis les yeux ronds, je m’arrêtais. « Merde. J’ai oublié les fleurs. » Elle devait être à la chambre sur le bord de la porte. Elle me rendait nerveux, voilà. J’avais encore la chance d’aller les récupérer un peu plus tard. « Champagne? » lui demandais-je toujours avec un sourire aux lèvres. Je n’aimais pas montrer mon fric à qui voulait bien, mais pour les femmes, j’étais toujours prêt à tout.
 

Le chemin jusqu'à Mackay avait été bien agréable. La route n'était pas très longue, mais pendant tout le chemin, on avait pu entendre vos deux voix se parler, s'écouter et se répondre. Quelques éclats de rire quand tu parlais d'Iris parce qu'elle trouvait toujours le moyen de te faire craquer et que tu étais incapable de résister à sa petite tête d'ange. Une fois arrivés sur le parking de l'hôtel, alors que tu t'apprêtais à descendre, il était déjà devant ta portière, te tendant la main. Comme une princesse, tu ne pus t'empêcher de sourire à ce geste là. C'était un homme galant et tu ne te méfiais pas assez de ce qu'il cachait sous ses apparences d'homme parfait. Tu te laissais prendre au jeu, doutant d'être suffisamment habillé pour ce genre d'endroit. Ça avait l'air d'être un grand standing et tu ne te sentais pas spécialement à ta place. « Je te fais une confiance totale, je sais que tu as de très bons goûts et que je peux me fier à toi, les yeux clos. » C'était peut-être bien là le problème au fond, tu lui faisais un peu trop confiance. Comme s'il n'avait aucun secret pour toi, comme si tu étais prête à démarrer une nouvelle vie avec lui. Mais tu ne devais pas perdre de vue que tu ne sortais pas avec lui. Que pour le moment c'était une petite passade comme ça, mais qu'il n'y avait rien de sérieux. Et que ce n'était pas le moment pour avoir une vraie relation. « Merci. » Tu te laissais glisser sur ta chaise après l'avoir remercié. Il fit glisser une nouvelle fois ta chaise vers la table avant de prendre place en face de toi. Tu lui souriais, nerveuse. Tu ne savais pas pourquoi mais tu avais le trac ce soir. Comme s'il se passait quelque chose d'important alors que c'était un simple dîner avec Adrian. « Tu en as déjà fait beaucoup ! » ajoutais-tu doucement. Il en faisait toujours des tonnes, comme s'il cherchait toujours à t'impressionner, alors qu'il n'avait aucune raison de le faire. « On a quelque chose à fêter ? »

On parlait de tout et de rien. Surtout de sa fille, Iris. Bien que je ne l’ai jamais rencontrée, je me doutais qu’elle avait un impact important sur la vie de sa mère qui me plaisait bien. Avec Sienna, on avait convenu que les enfants ce n’était pas pour nous. Avec nos emplois respectifs et nos horaires, nous étions ensemble avec la conviction que les enfants n’étaient pas nécessaires. Et de mon côté, bien que j’avais un peu honte de l’admettre, un homme avec un enfant avait moins de chances de séduire d’autres femmes. De son côté, Sunny me confiait qu’elle avait une confiance aveugle en mon jugement. « Moi, ce en quoi j’ai surtout confiance, c’est ma sélection de femme. Tu es magnifique, brillante et surtout la meilleure maman que je connaisse... Après la mienne, sans vouloir t’offusquer. » Je lui faisais un petit sourire à ma dernière blague et je l’invitais à sortir de la voiture pour déguster un repas unique à la hauteur de ses attentes. On s’installait à la table du restaurant alors qu’elle me remerciait pour mes manières et je riais doucement. Ce n’était rien pour moi. Elle me confiait que j’en avais déjà fait suffisamment. « Pour toi? Jamais assez, j’en ai bien peur. » lui confiais-je alors avec une petite mine triste qui s’effaçait. Je passais tellement de bon temps avec cette femme que j’en oubliais tout ce qui pouvait en être du reste. J’ouvrais la bouteille de bulles pour en glisser dans la coupe de mademoiselle qui me demandait si nous avions quelque chose à fêter. « La perspective de cette belle soirée? » risquais-je avec un léger sourire aux lèvres. « J’ai envie qu’on se gâte un peu ce soir, qu’on profite de la vie et de tout ce qu’elle a de bon à nous offrir. Qu’en dis-tu? » lui demandais-je alors que je remplissais sa coupe à la moitié et j’en faisais de même avec la mienne. « Qu’aimerais-tu faire, ce soir, Sunny? » Nous étions à Mackay, les possibilités différaient, mais il y avait toujours moyen de se débrouiller et je ferais mille et un kilomètres pour ses beaux yeux. 

C'était un des plus beaux compliments qu'il avait pu te faire. Pour toi, savoir que tu étais une bonne maman primait sur tous le reste. Depuis que tu avais Iris dans ta vie, tu faisais en sorte que ta vie entière tourne autour d'elle, d'autant plus depuis que vous vivez à deux. Tu ne voulais pas être le genre de parents pris dans sa vie professionnelle ou sentimentale au point de délaisser son enfant et de ne pas le voir grandir. Tu voulais être là pour chaque étape de la vie d'Iris et rien ni personne ne pourrait te faire briser cette promesse. « Ça me fait plaisir de savoir que je suis la deuxième meilleure maman ! » Tu repensais à la tienne de mère. A ce qu'elle avait fait pour vous, en pensant qu'elle avait été très restrictive. Elle vous avait privé de beaucoup de choses ton frère et toi, ce qui fait que dès que tu avais pu fuir son pouvoir, tu avais fuis avec Tom, à l'autre bout du monde. Pour vivre ta vie comme tu l'entendais. Tu n'étais plus obligée d'être végétarienne, plus obligé d'aller à l'Eglise tous les dimanches. Tu ne bannissais pas la religion, mais tu ne cherchais pas à être une bonne croyante. « Tu en fait bien trop, je t'assures, je n'ai pas besoin de tous ces artifices, tant que je t'ai toi, Adrian. » Tu aimais qu'on t'offre des fleurs ou des chocolats, avec Tom tu n'avais jamais eu bien plus. Ca ne faisait pas de lui un mauvais petit-ami, ni même un mauvais mari. Tu t'étais toujours contenté d'avoir si peu, qu'à chaque fois que tu voyais Adrian, tu avais le sentiment qu'il mettait les petits plats dans les grands, comme s'il cherchait toujours à en faire plus, à t'impressionner. Mais ce n'était que de la poudre aux yeux, tout ça, ça t'était égal. Une fois de temps en temps par contre, tu devais avouer que c'était plaisant d'être traitée comme si rien n'était trop beau pour toi. « Alors profitons de la vie ! » Tu appuyais ton verre contre le sien, esquissant un large sourire avant de le porter à tes lèvres. Tu les trempais juste, tu ignorais si le champagne était le genre d'alcool à faire apparaître tes petits soucis de santé et tu ne tenais pas à le savoir. Puis les bulles du champagne montaient souvent vite à la tête, tu ne voulais pas être retournée alors que le repas commençait tout juste. « Je ne sais pas, je crois que j'aimerais faire un truc fou, un truc interdit, un truc qui me donne de l'adrénaline, qui me fasse sentir comme si j'avais dix ans de moins, comme si je n'étais pas une femme, pas une maman mais une jeune adolescente insouciante de tout ! » annonçais-tu dans un murmure. Tu voulais de la folie ce soir, comme franchir une propriété privée pour vous baigner nus dans une piscine, ou alors tenter de faire l'amour dans un endroit un peu insolite. Tu ne savais pas encore ce que tu étais prête à faire ou non, mais tu étais prête à le faire avec lui.

Le compliment lui faisait à ravir et je lui faisais un sourire après ce constat. Ma mère était elle-même très aimante supportant tous mes projets, même les plus fous. Elle m’encourageait dans les pas de mon père, mais de faire ma propre trace dans mes études et mes propres expériences de vie. Elle ne tardait pas à me dire que j’en avais trop fait et je secouais la tête négativement. « Ce n’est pas des artifices, tu le sais bien. C’est pour voir ton sourire s’agrandir, pour voir tes yeux bleus qui pétillent un peu plus. C’est pour profiter de nous deux, Sunny. » lui dis-je avec moi-même des yeux brillants. « Tu mérites ce qu’il y a de mieux. » lui confiais-je très ouvertement. Elle acceptait mon offre de profiter de la vie alors qu’elle ne buvait qu’à peine. Je ne disais rien pour ne pas l’angoisser. « Un truc interdit, hein? » lui demandais-je avec un fin sourire aux lèvres. Je pensais à un tatouage, mais ce serait bien difficile de trouver un tatoueur ou je ne sais quoi. Un saut en parachute, peut-être était-il beaucoup trop tard pour ce genre de choses. « Un piercing, un tatouage? » suggérais-je finalement en réfléchissant. J’avais peut-être une autre petite idée qui demanderait quelques recherches, mais on verrait bien. « Baignade nocturne? » lui demandais-je avec ce même fin sourire un peu coquin. Je pourrais me délecter à la vue de sa peau et l’embrasser sans cesse. « Rouler toute la nuit jusqu’à ne plus savoir où on est? » lui suggérais-je toujours en réfléchissant à d’autres idées alors que le serveur se présentait pour prendre nos commandes respectives

Rien n'était trop beau pour toi, pour qu'il puisse voir ton sourire et tes yeux pétiller, c'est ce qu'il venait de te dire et tu te sentais flattée qu'il veuille voir ton sourire, qu'il veuille te rendre heureuse. Ça faisait bien longtemps qu'un homme ne s'était pas intéressé comme ça à toi. C'était dommage à dire pour Tom, mais à côté d'Adrian, tu te demandais bien ce que tu avais pu lui trouver. Il n'avait pas souvent été attentionné, depuis que vous aviez Iris il s'était éloigné et assez pour aller voir une autre mère de l'école. Aujourd'hui il voulait se racheter, mais il n'avait que les mots, à part le dire, il ne faisait rien. Il ne t'offrait que des fleurs et n'était même pas capable de savoir lesquelles te faisait plaisir. Quoiqu'il en soit, tu ne quittais pas ton amant des yeux écoutant toutes les idées qu'il te proposait, ne sachant pas vraiment laquelle choisir. Toi-même tu ne savais pas à quoi tu pensais quand tu avais suggéré quelque chose d'interdit. « Un piercing dans ma profession ce serait mal vu, mais le tatouage est pas mal.. » Même si là tu nageais dans le flou. Tu avais voulu t'en faire un quand tu avais 16 ans, mais le contrôle parental était tel que tu n'avais pas eu l'autorisation. Et quand tu avais fuit le pays à 18 ans aux bras de Tom, tu avais fini par mettre ses idées de côté. Tu avais retrouvé une certaine liberté, tu n'avais plus besoin de te rebeller, de faire des choses juste pour énerver ta mère. « Mais la baignade serait une très bonne option ! » ajoutais-tu avec un grand sourire alors qu'un serveur s'approchait de vous pour prendre vos commandes. Tu parlais la première puis tu laissais Adrian commander à son tour. Une fois reparti, tu reposais ton regard sur le jeune homme. Repensant à votre première rencontre, qui avait été le fruit du hasard, mais tu étais heureuse qu'il se soit trouvé sur ta route ce jour là.

J’accumulais les suggestions devant la belle dame qui refusait le piercing, j’échappais un sourire. C’était peut-être une idée un peu trop intense, mais son refus me rassurait d’un côté. Elle avait néanmoins approuvé le tatouage et c’est avec un grand sourire que je hochais la tête positivement. « Une flèche pour prouver la continuité vers le futur sans regarder derrière? » suggérais-je alors sans même avoir pensé à autre chose. « La date de naissance d’Iris? » risquais-je donc avec un petit sourire. De mon côté, je ne me ferais pas tatouer la date de naissance de sa fille, ce serait un peu étrange tout de même, mais je trouverais bien quelque chose, une ancre pourrait être une belle alternative... Mais pas sur la main, je trouvais bien particulier les tatouages sur la main. Était-ce même légal? Une étoile qui pourrait symboliser l’excellence, les points cardinaux pour que je sache moi-même me retrouver. Je me montrais un peu plus silencieux, mais songeur. « Dans tous les cas, saches que je te suivrai Sunny. » lui dis-je en lui adressant un clin d’œil séducteur. Sunny ne tardait pas non plus à approuver mon idée de baignade, me créant un sourire au coin des lèvres en sachant pertinemment que je ne serais pas insensible à son charme et à sa peau. Je laissais la charmante dame partager ses choix puis je ne tardais pas à en faire de même. Je mangeais toujours végétarien avec elle par respect, bien qu’une fois j’avais succombé à une mousse aux crevettes. « Tu as passé une belle semaine? Occupée, j’imagine? » lui demandais-je en me doutant qu’elle en avait fait encore la semaine de Super-Mom qu’elle était. Peut-être que cela m’inspirerait pour la suite des évènements...

« Tu as toujours de bonnes idées ! » t'exclamais-tu portant ta coupe à tes lèvres, pour te laisser enivrer par l'alcool, par la soirée, par Adrian. « Je vais me laisser tenter par le tatouage ! » Tu prendrais le temps du repas pour réfléchir au symbole que tu aimerais qu'il représente. Même si la date d'anniversaire d'Iris, ou simplement le prénom d'Iris traversait ton esprit, tout simplement. Après tout, elle était ton trésor, ta raison de te lever chaque matin. « Je me sens toute euphorique, comme si j'avais quinze ans et que j'allais le faire dans le dos de mes parents ! » L'idée de toujours faire ce qui pouvait déplaire à tes parents t'enchantait d'avantage. Ce besoin constant que tu avais de faire tout ce qui était en ton pouvoir pour être en conflit avec eux. Tu n'envisageais pas une relation saine, ça te semblait impossible. Ta mère aurait toujours un mot pour critiquer, elle était incapable d'être fière de toi et de tes choix de vie. « Un début un peu difficile, j'ai reçu un nouveau patient qui refusait de voir la maladie en face, qui refusait de comprendre qu'il n'y aurait pas de progrès sans efforts, que ce n'était pas à moi de faire les choses mais à lui. » Tu haussais doucement les épaules, quand tu commençais une thérapie avec un nouveau patient, ça se passait rarement bien. Mais il y avait des débuts plus difficiles que d'autres. « Mais je crois qu'il commence à se résoudre, à comprendre et peut-être même à accepter. » Tu ne lâchais rien, si toi tu abandonnais tout espoir, alors le patient n'aurait rien à quoi se raccrocher, rien à croire. C'était toi qui faisait que les patients avançaient, que les patients progressaient alors tu n'avais pas le droit de les abandonner. Sous aucun prétexte. « Et toi alors, ton doctorat, ça avance ? » demandais-tu, un large sourire sur le visage. Il t'en avait déjà un peu parlé vaguement, mais tu ignorais ce qu'il faisait, ou bien le projet qu'il avait en tête.

Elle me complimentait alors que je riais et que je secouais la tête négativement. « Ce ne sont pas de bonnes idées, ce sont des choix qui me paraissent logiques. » lui dis-je alors que pour moi la distinction était évidente. Sunny se laisserait donc tenter par le tatouage, je demandais bien à voir tout ça. La demoiselle se sentait euphorique ce qui me faisait bien rire. Carpe Diem, disait-on. « Mais tu n’as plus besoin de l’autorisation de tes parents maintenant... Tu es toi-même parent! » lui dis-je en riant tout seul. À ma question, elle répondait gentiment et je l’écoutais. Je soupirais doucement à sa première anecdote. « J’aurais aimé que tout soit plus facile pour toi. » lui dis-je en grimaçant doucement. « Et pour la suite, tu appréhendes? » questionnais-je davantage. Elle poursuivait en me donnant la réponse à ma question, je hochais la tête. « Et toi alors, ton doctorat, ça avance? » Je me raclais la gorge. « Je suis débordé par les séminaires, mais je m’en sors. C’est complexe et fascinant. Et je me considère encore chanceux d’avoir le support éternel de mes parents. » lui dis-je modestement en haussant les épaules. Et effectivement, j’en étais très reconnaissant. « Je devrai rendre le sujet de ma thèse prochainement... J’ai quelques idées, mais c’est encore vague. » confiais-je alors que je me disais que je devrais me plonger dans une communauté plus modeste. Les plats arrivaient à la table et je remerciais le serveur avant de souhaiter un bon appétit à la brunette pour mieux déguster mon repas à la suite.

Tu fronçais le nez, ne pouvant t'empêcher de rire en l'écoutant te reprendre sur ce que tu avais pu dire quelques secondes auparavant. Il avait un esprit un peu plus carré que le tien. C'était certes plaisant, mais parfois, il ne savait pas s'en empêcher. Toi tu trouvais ça charmant. « Tu es parfois trop rationnel, tu sais ? » ajoutais-tu un fin sourire sur les lèvres. Pour toi, c'était de bonnes idées, rien de plus. Tu n'irais pas plus loin, de toute façon tu ne faisais pas le poids face à lui. Tu n'avais aucune chance d'avoir le dernier mot, sauf s'il décidait d'être galant et de te le laisser. « Je sais et j'essaye de faire vraiment au mieux pour Iris. » Mais tu ne pouvais t'empêcher de te réjouir à l'idée de contrarier ta famille. Tu avais parfois le sentiment d'être un peu tordue.  Peut-être que tu aurais besoin de vor une psy pour régler tous tes problèmes familiaux. Ou alors peut-être était-ce ta mère qui en aurait besoin. Pour qu'elle comprenne qu'elle t'étouffait et que c'est pour ça que tu es partie. Par chance, la conversation avait dévié sur ton travail. « Rien n'est jamais facile. Ce n'est pas moi qui traverse le pire dans tout ça, c'est eux. C'est eux qui font preuve d'un courage, d'une force admirable. » Tu avais affaire à des gens que la vie n'avait pas épargné. Ce n'était pas toi qui te retrouvait en difficulté, ce n'était pas toi qui était privé de marcher, d'utiliser une partie de ton corps ou encore forcée d'abandonner tes passions, tes rêves. « J'appréhende la rechute, il en y a parfois et elle peut-être vraiment difficile à vivre. » Tu repensais à Jamie, chez qui les progrès étaient assez lents, mais ils étaient là. Pourtant lui ne les voyait pas, lui s'était renfermé sur lui, refusant presque de participer lors des séances. C'était ces moments là les plus durs pour toi, puisque tu te sentais impuissante. « Oh, tu me diras quand tu auras arrêté ton choix ? » demandais-tu, curieuse d'en savoir un peu plus à propos de tout ça. C'est vrai que tu le voyais depuis un petit moment maintenant et que tu n'en savais pas tellement sur ses projets universitaires.

« Tu es parfois trop rationnel, tu sais? »Je riais doucement en prenant la chose comme un compliment. Pour moi, ça en était un. Pourquoi d’ailleurs? Sans doute parce que c’était ce que tu avais besoin pour faire ta thèse. En attendant, je faisais de mon mieux dans mes études et elle en faisait tout autant pour Iris. « Et j’ai confiance que c’est ce que tu fais réellement pour ça. » lui dis-je en levant mon verre, je lui adressais un clin d’œil et je buvais une nouvelle gorgée. Je lui avais rapidement parlé de mes études, tout comme elle me parlait de ses patients avec une sorte d’admiration particulière. Je hochais la tête, j’étais d’accord avec elle pour une partie, moins sur l’autre. « J’approuve, mais parfois, ils perdent leurs repères et tu deviens leur nouveau. Forcément, tu as un mérite certain pour être aussi stable. » lui dis-je alors. Elle me disait alors qu’elle appréhendait les rechutes. « Tu ne peux être qu’un point d’ancrage dans tout ça. Ne te mets pas trop de pression, Sunny. » lui confiais-je en mangeant. « Oh, tu me diras quand tu auras arrêté ton choix? » me demandait-elle. J’esquissais un petit sourire. « On verra. » lui confiais-je alors que moi-même, je n’avais pas vraiment d’idées officielles devant moi. « Et toi, tu as arrêté ton choix sur le tatouage ou le piercing? » la taquinais-je gentiment en terminant le repas.

Tu n’étais pas une mauvaise mère. Tu n’avais peut-être pas eu le meilleur des modèles avec la tienne, mais tu savais ce qu’il ne fallait pas faire, tu savais les erreurs à éviter comme forcer Iris à faire ce qu’elle n’aimait pas parce que c’était bien vu de la société, comme choisir la couleur de ses vêtements et ne pas hésiter à émettre un commentaire méchant si ça ne lui va pas ou encore comme essayer de la marier à 12 ans. Après, pour ce qui était de faire les choses bien, parfois tu ne savais pas, mais tu finissais toujours par en parler avec Iris, pour savoir ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent et aussi ce qu’elle pourrait attendre de toi. Tu avais bien compris que la communication était quelque chose de primordiale. « J'ai juste envie de les aider tu sais.. » C’était quelque chose qui te prenait aux tripes. Tu savais que tu ne pouvais pas t’empêcher de t’impliquer autant dans la relation que tu avais avec tes patients, tu voulais les décharger de leurs poids, de leur misère. Tu voulais devenir le pilier de leur vie, mais tu ne pouvais pas prendre autant de charge sur tes épaules, au mieux tu pouvais être une canne pour les aider à marcher. Sauf que tu ne devais t’impliquer émotionnellement parce que quand ils rechutent, toi aussi tu tombais au fond du trou. Tu remettais en question ton travail, cherchant à en faire plus, à trouver à tout prix une solution. De toute façon, il avait très bien compris ce que tu voulais faire, puisqu’il te disait de ne pas te mettre trop de pression. Et tu tâcherais de l’écouter, parce qu’il avait raison. « Le tatouage ! » répondais-tu du tac au tac à sa question sans même hésiter une seule seconde de plus. Tu le voulais, tu allais l’avoir. Un petit truc discret sur le poignet qui représenterait ta relation avec Iris. Peut-être le cliché d’une mère mais tu l’assumerais parce que tu aimais ta fille plus que tout au monde, tu serais prête à mourir pour elle, ce qui n’était pas le cas de tous les parents, malheureusement. « Et je crois que je vais faire l'impasse sur le dessert pour cette fois. » Tu n’avais pas l’impression d’avoir tant manger que ça, mais là, tu n’en pouvais plus. Peut-être parce que tu avais une boule au ventre, une petite angoisse à l’idée que les aiguilles touchent ton bras, même si tu n’en avais pas spécialement peur. C’était surtout l’appréhension de la chose qui allait se passer dans l’heure à venir.

« J’ai juste envie de les aider tu sais... » « Tu as beaucoup d’empathie et tu es une merveilleuse kiné. » commentais-je avec un sourire. Je savais qu’elle ne pouvait pas s’empêcher d’aider les autres, d’être humaine. Et c’était l’un des trucs qui me plaisait vraiment chez Sunny. Ça et son imprévisibilité alors qu’elle choisissait le tatouage alors que j’avais un petit sourire naissant. « Parfait. » Je prenais alors mon téléphone quelques instants pour envoyer un message texte à un ami tatoueur, on trouverait bien le temps de s’amuser. Je remettais mon téléphone dans ma poche. « Tu m’excuseras cette grossière indécence. » Je lui adressais un clin d’œil. Sunny refusait le dessert et je fronçais les sourcils. « Tu en es certaine? » Ce n’était pas dans sa nature. « Nerveuse? » lui demandais-je, empathique. J’attrapais sa main que je caressais doucement du bout des doigts. « Ça ne fait pas mal, tu sais. » Je n’insisterais pas davantage, je me levais en laissant l’argent et un généreux pourboire sur la table sans même avoir reçu la facture. J’attrapais la main de Sunny et je l’invitais à me suivre vers de nouvelles aventures. « Allez viens, j’ai plein d’autres surprises. » lui dis-je avec un petit sourire pour la convaincre de me suivre une nouvelle fois.