Admiration [Xannushka]

Annushka ne connaissait pas encore très bien les rues de Bowen. Mais heureusement, elle avait beaucoup de temps libre et sa jambe la faisait de moins en moins souffrir. C'était donc l'occasion d'arpenter les rues pour enfin connaître la ville comme sa poche, puisqu'elle était assez bien parti pour y rester.
Dans sa grande épopée de la journée, la jeune Russe était arrivée dans la rue commerçante. Elle regardait toutes les boutiques avec attention, rentrant parfois dans certaines, visitant un peu, prenant note même. Elle pourrait allait faire des courses, du shopping même par ici, c'était vraiment pratique.
Cependant, une boutique plus que les autres attira son attention, celle d'un tailleur. Curieuse, Annushka entra, reconnaissant le nom même. Des yeux, elle chercha un vendeur ou du moins quelqu'un qui pouvait l'indiquer. Se rendant au comptoir, elle questionna la personne qui s'y trouvait de sa petite voix timide.

-Bonjour, est-ce que monsieur Black est ici ?

Tu avais ouvert la boutique, sans vraiment savoir comment tu avais atterri là. Tu ne pouvais pas vraiment dire que tu avais les idées claires et bien définie. Tu avais même oublié de fermer la porte derrière toi, laissant croire que tu étais ouvert. Tu n'avais pas les idées claires et tu décuvais. Clairement tu n'étais pas en grande forme. Tu allais jusqu'au comptoir pour t'asseoir sur ton siège. Tu posais ton coude sur la table et ta tête dessus. La cloche de la porte sonnait, signe qu'un client était présent. Tu ouvrais les yeux et une voix te demandant, te tirait de tes songes. Merde, comment faire ? Tu ne savais pas. En tout cas, on te demandait et tu allais essayer de faire illusion, même si tu n'allais pas réussir grand-chose dans cet état là. « A votre service ! » Tu t'étais redressé, droit comme un piquet, mettant ta main sur ton front, comme si tu étais au garde à vous. Tu regardais droit devant toi, mais tout te semblait tellement flou que tu ne voyais pas vraiment. Tu n'étais même pas certain que tout ça était un rêve. « En quoi puis-je vous aider ? » demandais-tu en essayant d'étirer un sourire, même si ça devait être plus une grande grimace qu'un sourire. Et puis l'odeur de tes vêtements allait vraiment te trahir.

Visiblement, Annushka venait justement de tomber sur le propriétaire des liens, ce lui la ravit davantage, lui étirant un large sourire sur le visage. Il s'était redressé dans une position qui ressemblait au garde-à-vous. Il avait l'air adorable cependant, son visage semblait fatigué. Peut-être avait-il déjà beaucoup travaillé ? Peut-être ne devrait-elle pas le déranger ? La Russe était devenue hésitante même si elle souriait toujours.

-Oh eh bien je...

Un peu trop timide par moment, elle ne semblait encore être assez douée avec l'anglais pour éviter de balbutier dans ce genre de situation.

-J'ai participé à un gala où vous aviez fait les robes et elles étaient vraiment magnifiques.

Elle laissa s'échapper un petit soupire, heureuse d'avoir réussi à aller jusque là dans ses propos.

-Mais je ne voudrais pas vous déranger...

C'était un homme important, il n'avait certainement pas le temps de lui faire la conversation pour parler ainsi de tout et de rien, mais surtout de lui et de ses créations.

Tu la regardais, essayant de voir les traits de son visage. Essayant de distinguer son visage parce qu'on ne pouvait pas dire que ta vision était bonne. Tu laissais donc tomber cette idée, ça ne servait pas à grand chose de t'acharner. Tu l'écoutais parler de toi, de ce que tu avais fait et de la façon dont elle te connaissait. Tu étais surpris. Tu ne t'y attendais pas du tout, mais c'était tout de même gratifiant de savoir qu'on retenait ton nom, et qu'on était capable de t'assimiler à une création. Preuve que ton travail était reconnu, même si tu avais mal au coeur parce que tu n'étais pas dans le meilleur de tes états. « Oh ! » Tu avais ouvert la bouche pour faire un joli "o", assez surpris par cette révélation. Tu ne t'attendais pas à croiser un jour une femme pour qui tu avais fait une robe. Pour un gala, et les seuls galas que tu avais fait, c'était ceux des danseuses étoiles. Tu aimais la danse classique, tu adorais le ballet du Lac des Cygnes. Les russes le dansaient mieux que personne, sûrement parce que c'était leurs origines, leurs héritages. « Vous ne me dérangez pas. » Tu ne dirais pas le contraire en tout cas. Même si tu voyais tout flou, et que tu avais mal à crâne, tu n'allais pas la jeter dehors. Tu n'étais pas certain de tout bien suivre, mais tu ferais les efforts nécessaire. « Que puis-je faire pour vous aider ? » demandais-tu doucement. Tu t'étais levé pour aller prendre un café, mais une fois debout, tu retombais aussi vite sur tes fesses.

Annushka eut un petit sourire rassurée quand il lui assura qu'elle ne le dérangeait pas. Elle était heureuse de pouvoir rester là. Enfin, elle espérait qu'il ne disait pas ça par politesse mais qu'il le pensait vraiment. Elle avait, l'espace d'un instant, voulu lui demander s'il en était bien sûr mais elle ne voulait pas être lourde.

-Ouf alors.

Elle avait gardé son doux sourire en le regardant. Elle sentait son cœur battre fort, c'était tellement inhabituel pour elle de se tenir ainsi devant quelqu'un de connu. Quelqu'un de célèbre mais pas de son monde. A vrai dire, elle était toute excitée mais elle essayait de ne pas le montrer.

-Eh bien euh, pas grand chose en fait... Je voulais vous dire à quel point je trouvais vos créations superbes et...

Elle le vit se relever et se rasseoir presque aussitôt. Elle tourna les yeux vers ce qu'il semblait désirer et lui fit un nouveau sourire.

-Vous voulez que j'aille vous chercher un café ?

Elle paraissait soulagée, tu ne voyais pas encore en quoi elle aurait pu te déranger. Tu n'étais pas vraiment en état de travailler. Tu avais eu envie de dormir, mais tu avais fait l'erreur de laisser la boutique ouverte, que tu le veuilles ou non, une cliente était une cliente et tu ne voulais pas être impoli. Il en allait de te réputation, tu ne l'avais pas forgé en agissant comme un con. Bien que tu l'étais présentement. « Vous êtes une de ses danseuses russes non ? J'avais assisté à votre représentation, je crois que je n'avais jamais autant aimé un ballet. » C'était son accent dans la voix, peut-être qu'il était plus prononcé dans ta tête, mais tu avais tout de suite pensé aux costumes que tu avais réalisé pour un ballet. Ce n'était pas une commande originale, avec ta folie et ton imagination tu avais déjà réalisé des pièces plus folles. « Je vous remercie ! » Si tu avais été sobre, tu aurais pu prendre la grosse tête. Tu étais un peu vaniteux, mais tu aimais vraiment quand quelqu'un te complimentait pour ton travail. Tu avais le sentiment de réussite, d'acheminement. « Je.. Non.. J'ai encore quelques restes, mais ça va aller, ne vous en faites pas. » Tu n'avais pas besoin d'elle. Ni de personne. Tu saurais faire les choses par toi-même et tu leur prouverais à tous. Tu t’emmêlais peut-être un peu les pinceaux, mais tout ça n'avait pas d'importance. Si tu arrivais à te servir un café, tu arriverais à te sortir de cette mauvaise passe. Tu te levais, pour de bon cette fois, t'appuyant contre ton comptoir. Tu devais vraiment faire pitié à voir.

Cette fois, c'était au tour d'Annushka d'être flattée plus que de raison. Elle eut un large sourire heureux quand il lui demanda si elle était une des danseuse et surtout quand il avoua avoir apprécié le ballet. Elle hocha vigoureusement la tête pour acquiescer.

-Oui, je suis une des danseuses. Je suis vraiment heureuse que vous ayez aimé le spectacle, je sais que c'est un art pas forcément facile à apprécier.

Après tout, tout le monde n'aimait pas la danse, encore moins le classique.
La Russe eut un large sourire quand il la remercia. Elle le pensait sincèrement. Elle aimait réellement rendre les gens heureux, la brunette, c'était un peu comme un but dans sa vie de réaliser de bonnes actions.
Il refusa son aide, ce qui la dépita un peu à vrai dire mais elle n'en montra rien, se contentant de le regarder se servir son café en oscillant un peu. La brunette se dit qu'il devait guère apprécier qu'elle le guette dans la force dans ce qui était, visiblement, une situation de faiblesse.

-Je vais faire le tour de votre boutique.

Elle avait dit cela d'un ton enjoué, commençant à errer dans le magasin, jetant des regards intéressés à tous les modèles devant lesquels elle passait.

Tu avais fini par marcher jusqu'à la machine l'écoutant parler du ballet et de l'art en général. Pour le coup, tu n'étais pas vraiment d'accord, toi tu le comprenais assez bien. Peut-être parce que tu t'y étais intéressé très tôt. Tu avais lu pas mal de documentation, t'intéressant même aux œuvres originales. « Le ballet est un art qui me fascine depuis que je suis petit. C'est captivant et il y a tellement d'émotions qui passent.. » Tu t'étais remis derrière ton comptoir pour prendre ton café. Quelques secondes, une minute tout au plus, tu avais l'habitude de la chaleur à force que si tu le buvais bouillant, ça ne ferait aucune différence pour toi. Les émotions, ça te connaissait. Peut-être un peu trop, mais tu faisais avec ce que tu avais. De toute façon, tu ne pouvais pas vraiment changer. Une fois ton café terminé, tu le jetais rapidement, titubant vers elle pour la rejoindre. « Vous cherchez un costume de scène ? Une robe pour une première peut-être ? » demandais-tu innocemment. Tu n'avais pas remarqué son handicap. Tu n'avais même pas fait le lien parce que tu en avais entendu parler. Un accident de voiture, un bref moment qui avait changé la vie de la jeune femme, son destin même puisqu'elle ne pouvait plus danser. Une grande perte pour le ballet russe avais-tu pensé ce jour là. Et comme tu avais bu, tu étais incapable de la reconnaître, de faire le lien.

Un large sourire avait étiré les lèvres d'Annushka en entendant le couturier parler de balai. Elle était réellement heureuse de trouver quelqu'un de sensible à son art, ça ne courrait pas vraiment les rues à vrai dire. Les hommes qui fantasmaient sur les danseuses, ça oui, elle avait pu remarquer qu'il y en avait un certain nombre mais qui s'intéressait vraiment au ballet, c'était plus restreint.

-C'est vrai ? Vous avez commencé à vous y intéresser à quel âge ?

Alors qu'elle fouillait tranquillement entre les rayons, admirant les robes qu'elle trouvait plus belles les unes que les autres, il finissait tranquillement son café. Enfin, il lui semblait, parce qu'elle ne l'espionnait pas vraiment. A sa question, elle ne su tout d'abord répondre que par un petit sourire triste.

-J'admire juste les robes que je n'aurais plus l'occasion de mettre mais je ne sais pas si c'est très bon pour mon moral.

Elle évitait toujours de s'apitoyer sur son sort. Peut-être qu'elle aurait dû mentir, faire semblant d'aller bien parce qu'elle n'avait pas particulièrement envie de s'étendre sur l'accident.

-Elles sont toutes vraiment magnifiques.

Tu hochais la tête pour approuver, aussi loin que tu puisses te souvenir, tu avais eu des goûts assez particulier. Tu attirais la moquerie des autres qui te disait que tu devais changer de sexe, que tu étais une fille raté, mais ça t'étais égal. Tu aimais ce que tu voulais un point c'est tout. « J'avais une dizaine d'années, j'étais pas plus haut que trois pommes ! » ajoutais-tu en rigolant, montrant même avec ta main la taille que tu devais faire à l'époque. Malgré ton enfance compliquée, tu avais eu de très bons moments, de très bons souvenirs. Tu avais commencé la couture jeune, puis tu t'étais intéressé à la danse, aux ballets surtout puis aux représentations, alors lorsque tu avais vu le Lac des Cygnes à la télé, tu avais eu des étoiles plein les yeux. « Ne dites pas ça, il y a toujours des occasions. Vous êtes une grande danseuse, une étoile du ballet russe ! » t'exclamais-tu. Tu ne comprenais pas trop où elle voulait en venir. Peut-être que si tu avais été sobre tu aurais su, tu aurais deviné les choses, alors que là, tu te contentais de la regarder, un peu perplexe face à ses mots. « Y a-t-il un modèle qui vous ferait plaisir ? Ce serait un honneur pour moi de vous en offrir une ! » Un grand honneur oui, ce n'était pas souvent que tu avais une danseuse célèbre dans ta boutique. Ça arrivait parfois quand tu étais encore installé à Paris puisque c'était une grande capitale, mais à Bowen, tu ne pensais pas ça réalisable un jour. « Sauf si vous souhaitez un nouveau modèle. » demandais-tu doucement. Tu n'étais pas tellement en état de faire grand chose actuellement, mais pour elle, pour ses beaux yeux, tu serais prêt à te plier à ses moindres désirs. Tu sentais ton cœur s'emballer un peu fort à mesure que tu t'approchais d'elle. Elle avait un visage doux, mais aussi un visage triste à mesure qu'elle passait d'un modèle à un autre.

Annushka eut un petit sourire à l’évocation du souvenir de Xavier sur la danse. Il s’y été intéressé si jeune ? La Russe trouvait cela admirable. Ce n’était pas forcément le genre de chose qui touchait n’importe quel petit garçon, surtout quand le ballet n’était pas ancré dans la culture du pays comme ça pouvait l’être en Russie.

-Et vous n’avez jamais essayé de pratiquer ?

Elle aurait pu dire que c’était dommage mais elle ne le fit pas, parce qu’il aurait été tout aussi dommage de se priver d’un talent tel que lui dans le domaine de la couture.
L’ex-ballerine pensait avoir fait déjà du chemin dans son deuil et l’acceptation de ne plus jamais pouvoir danser. Elle avait tort. A l’entente de l’exclamation de Xavier, elle sentit quelque chose se briser en elle. Elle était si faible que des larmes roulaient déjà sur ses joues alors que ses yeux s’étaient levés vers le propriétaire des lieux. Il se trompait tellement et il était si adorable dans son erreur qu’elle n’avait même pas le cœur à être en colère contre lui.

-Je ne le suis plus.

Elle avait soufflé sa réponse, même pas amer, juste profondément malheureuse. La brunette avait fini par poser les robes qu’elle admirait, ayant l’impression que la voix du couturier n’était qu’un vague murmure, prenant à peine le temps de saisir le sens de ses paroles. Elle ne pouvait plus danser. Elle ne ferait plus de gala. Elle e se parerait plus de magnifiques costumes, de belles robes, de ses chaussons de danse, plus jamais. Sans lâcher un mot de plus, elle s’assit sur une chaise, posant instinctivement la main sur sa jambe blessée. Oui, c’était à cause d’elle qu’elle ne pourrait plus.

Tu replongeais dans tes souvenirs le temps de quelques secondes. Tu te revoyais enfiler les chaussons de danse, avec un justaucorps noir. Tu te revoyais tenir la barre, essayant de te hisser sur les pointes de pieds, de faire quelques pas puis un tour sur toi-même. Tu revoyais aussi les chutes. Tu ressentais encore le vide, ça ne te procurait pas le même plaisir que lorsque tu étais spectateur. « J'ai essayé quand j'avais 17 ans, mais je préfère le regarder. Je ressens plus la magie de la danse, les émotions qui traversent mon corps. Être de l'autre côté de la scène c'est ce qui me plaît vraiment. » déclarais-tu tout souriant. Elle hochait la tête pour approuver tes paroles, comme si elle comprenait les choses. Puis les choses avaient changés. Son visage avait perdu son sourire à mesure que tu avançais dans tes propos. Mais tu ne l'avais pas vu de suite, non. C'était lorsqu'elle s'était assise en posant ses deux mains sur sa jambe, murmurant qu'elle ne l'était plus, que tu fus frappé par la réalité. Comment avais-tu pu être si maladroit ? « Je.. » Tu avalais difficilement ta salive. Tu t'en voulais d'être aussi bête. Tu t'en voulais d'avoir bu hier soir parce que si tu ne l'avais pas fait, tu aurais pu la reconnaître tout de suite, tu aurais pu savoir tout ça et éviter de faire une grosse bourde. L'alcool était ton ennemi, une fois de plus tu le réalisais, une fois de plus tu culpabilisais. « Je suis désolé Mlle, je ne voulais pas vous causer de la peine.. » ajoutais-tu en t'agenouillant près d'elle, posant une de tes mains sur les siennes. Tu levais ton regard vers elle, qui avait les yeux si triste. « Je peux vous apporter quelque chose ? Un verre d'eau peut-être ? » Tu ne quittais pas son regard. A ce moment, tu étais prêt à tout mettre en oeuvre pour chasser ses idées noires et remettre en place le joli sourire qu'elle avait lorsqu'elle était entrée.

Annushka eut un petit sourire quand il lui déclara avoir essayé mais ne pas avoir apprécié de la même façon. Elle savait qu'être spectateur et acteur étaient deux choses très différentes et si être spectateur lui plaisait mieux, elle n'allait pas le blâmer. C'était pour des gens comme lui qu'Annushka passait son temps à vouloir se perfectionner.

-Je ne peux que vous comprendre.

Les propos du couturier l'avaient blessés. Ils lui avaient rappelé tout ce qu'elle avait perdu dans cet accident. Elle était dans un espèce d'état second, ne ressentant que la douleur de sa jambe pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'elle l'entende s'excuser. Elle baissa ses yeux vers lui. Sa main contre la sienne lui donna des frissons. Cette situation était étrange. Elle détourna le regard ne sachant pas quoi lui dire, quoi faire. Elle n'avait besoin de rien, enfin de rien que lui puisse lui offrir. Ce dont elle avait besoin était plutôt proche du divin mais elle ne voulait pas qu'il continue d'être mal à l'aise. Au fond, il avait été maladroit, il ne l'avait pas fait exprès.

-Non... ça va. Ne vous inquiétez, ce n'est juste pas encore vraiment passé.

Elle essaya de prendre sur elle. Il fallait qu'elle se change les idées, qu'elle fasse quelque chose. Son regard couru de nouveau sur toutes les robes de la boutique.

-Je... Je pourrais en essayer ?

On ne pouvait pas dire que tu étais un homme maladroit, on ne pouvait pas dire que tu n'étais pas attentif au monde qui t'entourait parce que ça serait mentir. Mais on ne pouvait pas dire non plus que tu étais infaillible, qu'il ne t'arrivait jamais de faire une grosse boulette. Aujourd'hui, on pouvait dire que si. Et que tu les enchaînais en plus. Tu n'avais pas vraiment d'excuse en plus. Enfin si, l'alcool avait bon dos, comme toujours. Mais tu étais un minimum responsable de tes actes, de tes paroles. Tu la regardais pleurer sans pouvoir y faire grand chose et tu te sentais vraiment mal à l'aise par cette situation. Tu n'aimais pas quand une femme pleurait, encore moins quand tu en étais le principal responsable. Pourtant elle avait levé son regard vers les robes, te demandant si elle pouvait essayer. Tu avais une lueur d'espoir quant à son chagrin. Peut-être que tu serais capable de lui chasser ses idées noires et de lui venir en aide. Même si clairement, tu ne pourrais jamais lui donner ce à quoi elle doit rêver tous les soirs. Jamais tu ne pourrais lui redonner une jambe en parfait état de marche. « Toutes celles qui vous feront plaisir ! » Et ce n'était pas que des mots, tu étais bien prêt à tout pour chasser sa tristesse. Tu ne voulais pas être celui qui fait remonter les mauvais souvenirs, celui qui casse l'ambiance. Tu n'étais pas en grande forme, tu avais encore pas mal d'alcool dans le sang pour réfléchir correctement, mais ça ne t'empêcherait en rien d'agir. Peut-être maladroitement, mais ça serait fait dans le l'espoir de la faire sourire, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

Il réussit à lui arracher un sourire quand il lui dit qu'elle pouvait essayer toutes les robes qui lui feraient plaisir. C'était ce qu'elle avait besoin d'entendre. Peut-être qu'aujourd'hui elle avait besoin de se sentir un peu princesse pour oublier sa peine. Ballerine, c'était danser, c'était souffrir, c'était du sport de haut niveau mais c'était aussi enfiler des costumes fantastiques et des robes de soirée. Il y avait tellement de choses qui lui plaisaient dans ce métier... Alors, l'espace d'une après-midi avoir l'impression d'être encore un peu une princesse, elle pensait que ça pourrait lui faire du bien.

-Merci.

Elle avait soufflé sa réponse avant de se diriger vers les robes de soirée. Elle commença à toutes les regarder, les unes après les autres. Du fait de sa petite taille, elle ne pouvait pas en porter des trop longues, ça la rapetisserait encore plus et elle marcherait dessus, sauf si elle mettait vraiment de hauts talons.

-Vous me conseillerez laquelle ?